mardi 18 juin 2013

Où est Arash Sadeghi ? Interview avec le père et l’avocat de l’étudiant emprisonné – Fereshteh Ghazi - 17 juin 2013



Environ 200 militants politiques ont signé une lettre déclarant qu’Arash Sadeghi avait commencé une grève de la faim en prison après avoir été battu et attaqué par les agents de sécurité. Ils y expriment leur inquiétude sur les spéculations qui entourent la situation et l’état du militant étudiant. Sur la toile, on a même supputé la mort d’Arash.

Où se trouve Arash Sadeghi ?
Quelle est sa situation actuelle, et pourquoi, contrairement aux autres prisonniers de conscience, n’est-il pas détenu dans une section publique ? Pourquoi est-il détenu à la section 209 de la prison d’Evine ? Ce sont des questions sans réponse de l’avocat et de la famille d’Arash, en dépit de leurs nombreuses demandes. Le père d’Arash, Hossein Sadeghi et son avocat, Alizadeh Tabatabaï, ont réfuté les rumeurs sur la mort d’Arash mais ont affirmé que leurs efforts pour enquêter sur sa situation ont été infructueuses.

Hossein Sadeghi a dit à Rooz : « Une source nous a dit qu’Arash faisait la grève de la faim et qu’il avait été rossé par les gardiens de prison. Nous n’avons reçu aucune réponse. »

Où Arash est-il détenu ?
Hossein Sadeghi : On nous a dit de ne pas parler et de faire en sorte que très peu d’informations soient publiées. On ne nous donne aucune information sur l’endroit où Arash se trouve, sa situation où la raison pour laquelle il est traité de la sorte…Nous savons seulement qu’il est en vie. » En raison des pressions exercées par les autorités sécuritaires sur sa famille, Hosseien Sadeghi n’a pas pu nous donner davantage d’information.

Alizadeh Tabatabaï : « Tout ce que je sais d’Arash c’est qu’il est détenu à la section 209. J’ai aussi entendu dire qu’il avait été attaqué et qu’il avait commencé une grève de la faim ; je ne sais rien d’autre malgré les efforts déployés pour suivre son dossier.

Maître Tabatabaï réfute les rumeurs selon lesquels il aurait commenté la mort d’Arash Sadeghi. « C’est complètement faux, et je nie en avoir parlé. Je ne sais rien de la situation d’Arash. J’ai suivi le dossier mais on ne me dit pas où il se trouve ou dans quel état il est. »

Maître Tabatabaï rappelle qu’il était l’avocat d’Arash lors de son premier procès mais qu’il ne le défend pas dans son dernier dossier. « J’ai utilisé mon mandat précédent d’avocat pour enquêter, mais cela n’a donné aucun résultat. »

Sur la détention probable d’Arash Sadeghi à la section 209 au lieu de la section générale, Maître Tabatabaï dit : « D’un point de vue légal, jusqu’à ce que l’acte d’accusation soit rédigé, le procureur peut demander l’avis d’un expert pour terminer l’enquête. Mais beaucoup d’experts judiciaires ne reconnaissent pas l’habilitation du ministère du renseignement à détenir l’accusé et la section 209 est sous la responsabilité du ministère du renseignement. Dans le premier procès d’Arash, le verdict a été énoncé mais je ne sais rien de son nouveau dossier puisque je n’ai reçu aucune réponse.

Arash Sadeghi est étudiant en Master de philosophie, membre de la campagne présidentielle de Mir-Hossein Moussavi en 2009 et membre de l’association islamique de l’université Allameh Tabatabaï. Il a été arrêté une première fois en juillet 2009, au début des manifestations populaires qui ont suivi l’élection présidentielle de 2009 en Iran. Il a été libéré sous caution mais en mars 2010, il a été de nouveau arrêté pour être encore libéré sous caution quelques semaines plus tard.

En novembre 2010, la mère de Monsieur Sadeghi a fait une attaque cardiaque et en est morte après l’attaque de son domicile de nuit par des agents de sécurité qui venaient arrêter son fils.
Dans une interview de Rooz, Arash Sadeghi a décrit l’attaque : « A environ quatre heures du matin, des agents de sécurité sont venus chez nous ; comme on ne leur a pas ouvert la porte, ils ont cassé une fenêtre et sont entrés par la porte qu’ils ont ouverte avec la clé qui se trouvait à l’intérieur. Ils hurlaient et ont beaucoup choqué, terrorisé la maisonnée pendant leur perquisition. Quand ils ont cassé la fenêtre pour rentrer dans notre maison, ma mère a fait une attaque cardiaque et est tombée de son lit. Elle est décédée quatre jours plus tard à l’hôpital. »

Arash Sadeghi a été condamné à six ans de prison et 74 coups de fouet par la 26ème chambre du tribunal révolutionnaire présidée par le juge Pir-Abbassi qui l’a condamné pour « collusion et conspiration contre le régime » et « diffusion de propagande contre le régime ». La peine a été réduite en appel à 5 ans de prison. D’après les normes légales, Arash devrait être transféré à la section publique pour purger sa peine mais il est toujours détenu à la section 209 de la prison d’Evine.

Arash a été arrêté une troisième fois le 15 janvier 2012 et est, depuis lors, détenu à la section 209 de la prison d’Evine.

Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2013/june/17/article/where-is-arash-sadeghi.html

Inquiétude des militants politiques et civiques
A cause de la situation décrite ci-dessus, 197 militants des droits humains et de la société civique ont écrit une lettre pour exprimer leur inquiétude sur la situation d’Arash Sadeghi et appeler à sa libération sans condition.

Extraits de cette lettre :
Arash Sadeghi est un militant étudiant de l’université Allameh Tabatabaï à qui on a interdit de poursuivre ses études. Il se trouve à la section 209 de la prison d’Evine depuis le 15 janvier 2012. Il a été battu par les gardiens de prison le 1er juin 2013 et a lancé une grève de la faim le jour même…

Au bout de 18 mois de prison, Arash Sadeghi a été libéré en décembre 2011. Cependant, il a été arrêté de nouveau trois semaines plus tard et il est depuis emprisonné. Après sa dernière arrestation, la troisième chambre du tribunal d’Evine a accusé Arash de « diffusion de propagande contre le régime » à cause d’une lettre qu’il avait envoyée au procureur.

Nous soussignés, exprimons notre grande inquiétude sur la situation inconnue d’Arash Sadeghi et nous croyons que détenir un prisonnier à l’isolement est un exemple patent de torture. Fondamentalement, détenir un prisonnier sans accusation formelle n’est pas légalement justifié. Nous, un groupe de journalistes, de militants politiques et des droits civiques et humains, rappelons au gouvernement iranien ses engagements internationaux sur les droits humains, dont son engagement à reconnaître et à soutenir la liberté d’expression stipulée dans diverses conventions dont l’article 19 de la déclaration universelle des droits humains et les sections 1 et 2 de l’article 19 du traité international sur les droits civiques et politiques. Nous demandons la libération sans condition d’Arash Sadeghi et tenons le régime iranien responsable de la vie et de la santé de ce prisonnier politique.

Source : http://persian2english.com/?p=24538

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