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samedi 9 mai 2015

Des militants de la société civile et des prisonniers politiques appellent à la mise en place sans conditions de la déclaration des droits humains


Chers compatriotes,

Il y a 66 ans, l’Assemblée Générale des Nations Unies adoptait une déclaration, résultat de milliers d’années d’efforts et de lutte des hommes pour la reconnaissance de « la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine. » L’Assemblée Générale du 10 décembre 1948 a adopté les 30 articles de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et l’a proclamée « comme l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations ». En 1975, approuvée par le congrès national, cette déclaration a été adaptée en tant que loi en Iran.

De plus, selon les articles 3, 9 et 77 de l’actuelle constitution iranienne et l’article 9 du code civil du gouvernement actuel qui proclament que les règlementations sont basées sur les lois du Coran, cette déclaration est une loi obligatoire qui devrait être mise en œuvre et même supplanter les lois nationales. De plus, tout commentaire ou condition ajouté à la déclaration sera considéré comme une tentative du gouvernement d’esquiver l’exécution de cette loi internationale. L’examen et l’étude comparative de cette déclaration avec certaines lois constitutionnelles montrent qu’il n’existe aucune contradiction entre la déclaration des droits humains et la constitution nationale. Il n’existe donc aucune excuse pour ne pas mettre en œuvre la déclaration universelle.

Chers compatriotes,

Nous approchons du 10 décembre, anniversaire de l’adoption de la Déclaration des Droits de l’Homme et nous devons nous demander pourquoi nous n’avons pas réussi à instituer les bases des droits humains dans notre pays. Pourquoi ces droits fondamentaux ont été violés à de nombreuses reprises alors qu’il y a plus d’un siècle, le peuple d’Iran a pris part à la révolution constitutionnelle pour instituer la loi et des droits égaux et la même loi pour tous en acceptant de se conformer à la déclaration universelle des droits humains. Un exemple patent des violations des droits humains fondamentaux en Iran est la violation des droits de ceux qui ont été poursuivis illégalement et jugés devant des tribunaux illégaux et iniques uniquement à cause de leurs idées politiques et points de vue différents.

Nous sommes un groupe de prisonniers politiques de la prison de Radjaï-Shahr et nous demandons une mise en œuvre complète de la déclaration universelle des droits humains et nous invitons le peuple iranien à nous rejoindre pour commencer une campagne pour la mise en œuvre de cette déclaration pour démontrer que les Iraniens veulent et œuvrent pour la « liberté, la justice et de la paix dans le monde. »

Travaillons donc à la venue d’un monde dans lequel tout individu a droit à la « liberté d'opinion et d'expression » sans aucune crainte de pauvreté, d’ignorance ou d’oppression. Battons-nous  pour « les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine ». Nous sommes sûrs que nos efforts aideront à la compréhension mutuelle des  « droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine ». Cette campagne exposera notre détermination à construire un monde meilleur et un développement personnel et social.

Montrons notre réel désir des droits humains universels en rejoignant cette campagne et la conscience internationale. Oui, la mise en œuvre de la déclaration universelle des droits humains est notre rêve et notre désir.

Saïd Abedini
Shahram Ahmadi
Vahid Asghari
Hassan Ashtiani
Rassoul Bodaghi
Behnam Ebrahimzadeh
Farhad Fohandej
Asghar Ghotan
Assadollah Hadi
Afshine Heyratian
Latif Hosseini
Saïd Massouri
Fouad Moghaddam
Kamran Mortezaï
Keyvan Rahimian
Saïd Rezaï
Siamak Sadri
Seyed-Mohammad Seifzadeh
Ighan Shahidi
Heshmatollah Tabarzadi
Behrooz Tavakoli
Vahid Tizfahm
Shahrokh Zamani
 

lundi 26 janvier 2015

Lettre de Behnam Ebrahimzadeh

A tous les êtres épris de liberté

Je m’oppose à la nouvelle peine d’emprisonnement qui m’a été notifiée.

Je m’appelle Behnam Ebrahimzadeh et je vous écris de la prison de Radjaï-Shahr. Tout d’abord, je voudrais tous vous remercier pour votre soutien, mes chers amis d’Iran ou d’ailleurs, de par le vaste monde, j’y ai été très sensible. J’ai mis fin à ma grève de la faim à la demande de mon fils Nima, à celle de ma famille, des autres prisonniers, de mes camarades de travail, et de vous tous, si nombreux, qui m’avez soutenu de tout votre cœur. Mais je maintiens mes revendications ; la plus pressante est mon retour à la section 12, celle des prisonniers politiques à Radjaï-Shahr. Et comme j’ai fait une grève de la faim, mon état de santé est grave. Je suis sûr que vous savez que mon fils, Nima Ebrahimzadeh, lutte contre le cancer. Son état a empiré et il a été transféré à l’hôpital Hafte-Tir. Je veux le rejoindre immédiatement.

J’ai été condamné à cinq ans de prison ; j’en ai déjà purgé quatre. Mais j’ai été rejugé. Le tribunal n’a même pas autorisé mon avocate, Manijeh Mohammadi, à participer à mon procès. J’ai été jugé par les 26ème et 15ème chambres, présidées par le juge Salavati ; le verdict a été énoncé le 29 décembre. Les chefs d’accusation étaient rassemblements et collusion contre la sécurité nationale, relations avec l’OMPI, propagande contre le régime, relations avec Ahmad Shahid et possession d’antenne satellite. Je n’accepte pas le verdict et j’ai nié les relations avec l’OMPI. Je n’ai jamais eu de relations avec cette organisation. C’est une accusation forgée de toutes pièces.

Je ne suis pas un bandit, je n’ai commis aucun crime. Je suis un syndicaliste qui défend les droits des travailleurs, les droits des enfants et les droits humains. Voilà de quoi on m’accuse et j’ai été condamné à plus de neuf ans et quatre mois de prison pour ça. Cette nouvelle peine a touché mon fils malade Nima ; il a souffert d’un stress émotionnel et psychologique. Mon épouse et ma famille subissent des pressions énormes. J’insiste de nouveau et je veux que le monde entier entende ma voix : je m’oppose à ce verdict. Je réfute l’accusation de relations avec l’OMPI et je persiste dans mes demandes antérieures, et si je suis coupable, c’est de défendre l’humanité ; je suis, de toute façon, toujours un être humain qui défend les droits humains. Je voudrais demander à toutes les organisations de par le monde et à tous ceux qui entendront ma voix de me soutenir, moi et mes demandes.

Behnam Ebrahimzadeh

Source : https://hra-news.org/en/articles/behnam-ebrahimzadehs-letter-new-imprisonment-sentence

vendredi 2 janvier 2015

Nima! Je suis sûr que tu comprends – Behnam Ebrahimzadeh

Behnam Ebrahimzadeh, syndicaliste emprisonné à la prison de Radjaï Shahr, est en grève de la faim depuis le 3 décembre pour protester contre son transfert de la section politique à celle des meurtriers ; il est actuellement dans une situation critique.



Bonjour mon cher Nima,

20 jours de grève de la faim me fait comprendre ta douleur un petit mieux que d’habitude. Tu n’avais pas encore fini tes études quand je t’ai laissé seul, et maintenant cinq années très dures sont passées, des milliers de jours et de nuits à être éloignés l’un de l’autre.

Mon très cher fils,

De nouveau, on m’a ouvert un nouveau dossier à la 15ème chambre du tribunal révolutionnaire qui va énoncer un nouveau verdict. A mon retour du tribunal, on m’a persécuté et insulté puis transféré à la section des prisonniers dangereux, où les détenus sont condamnés à mort.

Nima,

Je suis sûr que tu comprends pourquoi je ne peux pas serrer ton corps brisé dans mes bras ni embrasser ton grand front.

Cher Nima,

Je suis désolé de t’écrire ces quelques lignes. Tu es peut-être en colère contre moi, ta patience est à bout, les douleurs du cancer te coupent la circulation.

Tu me pardonneras peut-être en grandissant et tu comprendras la douleur des pleurs d’un père emprisonné pour tenter de lutter contre le cancer du despotisme.

Mon fils,

La douleur de la faim me torture moins que la douleur d’être sans Nima.
Je suis dévoué à mon fils, ce héros, qui se dresse contre la tempête comme un cyprès.
Prends soin de ta mère et de toi-même.

Ton père

Source : https://hra-news.org/en/articles/nima-sure-understand-behnam-ebrahimzadeh

dimanche 23 novembre 2014

Lettre de Behnam Ebrahimzadeh, syndicaliste et prisonnier de Radjaï Shahr


Il y a eu le massacre de masse des enfants de Gaza, le massacre et le viol des femmes et des jeunes-filles de Shingal en Irak et de Kobanh en Syrie par Daesh, les milliers de vies perdues à cause du virus Ebola en Afrique Occidentale, et maintenant les attaques des femmes iraniennes à l’acide à Ispahan ont attiré l’attention des médias et des réseaux sociaux. Les attaques à l’acide sont aujourd’hui devenues l’évènement qui fait le buzz.

Il est intéressant de noter que la justice et les forces de sécurité n’ont pas réussi à attraper les criminels qui ont commis ces attaques acides. Le récent discours d’un membre du parlement iranien et plusieurs autres officiels indiquent clairement que ces attaques sont dans la droite ligne du décret religieux appelé « promotion de la vertu » qui a pour but le contrôle des femmes dans la société. Les attaques à l’acide ont créé une situation amère et lamentable pour tous. L’attaque brutale des femmes et le jet d’acide à leur visage est un acte sale, répugnant et inexcusable. Cette action vicieuse vise à miner la sécurité publique en utilisant les méthodes les plus inhumaines ; de mon point de vue, c’est le pire des crimes, comparable aux activités terroriste de Daesh.

Malheureusement, en dépit des grandes manifestations dans plusieurs régions d’Iran et surtout à Ispahan, les criminels qui ont commis ce crime barbare n’ont toujours pas été arrêtés. Il est évident que les forces de sécurité arrivent à arrêter immédiatement les militants politiques et sociaux qui préparent une manifestation, mais qu’ils n’arrivent pas à identifier les responsables de ces attaques acides. Leur conduite et leur pratique mettent la dignité et les valeurs humaines en question. L’empathie avec la peine et les souffrances des victimes de ce crime violent n’est qu’une petite étape il est du devoir de tous de soutenir les victimes pour alléger tant soit peu leur souffrance. Il est important en même temps d’extirper ce danger de la société et c’est ce que la population attend au minimum du gouvernement.

En conclusion, il est critique de renforcer l’unité sociale pour tenter de soigner les anxiétés et les peurs causées par des crimes aussi dérangeants. Les victimes des attaques acides devraient recevoir un traitement acceptable et répondant aux normes et bien sûr gratuitement. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour aider les victimes des attaques acides à guérir complètement et ne pas hésiter à remonter le moral de leurs familles. Nous devons condamner fermement les attaques acides contre les femmes.

Le 25 novembre est la journée internationale de protestation contre les violences faites aux femmes. C’est la meilleure occasion de manifester notre soutien aux victimes des attaques à l’acide et dénoncer toute violence faite aux femmes.

Behnam Ebrahimzadeh (Assad) prisonnier politique détenu à la prison de Radjaï-Shahr, section 4 du département 12, le 26 octobre 2014, Karadj, Iran

Source : https://hra-news.org/en/articles/throwing-acid-women-doomed-behnam-ebrahimzadeh

samedi 26 avril 2014

Témoignage d’Emad Bahavar sur l’attaque brutale contre les prisonniers politiques de la section 350

J’ai l’impression que la douleur a pris possession de mon corps. Je n’avais jamais encore tâté de la matraque  J’ai été arrêté le lendemain de l’élection de 2009 et je n’ai pas pu être aux côtés du peuple pendant les manifestations.

Quand huit personnes pesant chacune plus de 100 kilos s’agitent au-dessus de vous, vous donnant des coups de pieds, des gifles et des coups de matraques, on ne sent plus rien au bout de quelques minutes.

On ne ressent même pas si l’un de ses os a été fracturé, si l’on saigne, si l’on est blessé. Ce n’est que quelques heures après avoir été battu et agressé que l’on arrive à penser à s’examiner en détail pour vous ce qui nous est arrivé.

En plus des gardes, il y avait plusieurs hommes en civil qui nous battaient : un gros de 120 kilos qui portait une chemise blanche avec un col clergyman par-dessus son pantalon et qui avait une barbe assez longue, un autre de 130 kilos, athlétique, un peu plus grand, qui avait le lobe des oreilles arraché, une chemise blanche et rose, un autre de 140 kilos, qui mesurait environ deux mètres, portait des lunettes noires et un costume, et le reste, des bodybuilders de 100 kilos portant des jeans serrés et des tennis.

J’étais au premier étage et j’ignorais ce qui se passait en bas. J’entendais seulement les voix dont le volume allait augmentant. Je me suis dirigé vers l’entrée de la section pour voir ce qui se passait.

J’ai entendu les hurlements du hadj agha : « frappez-les » et les hommes en civil ont dévalé les escaliers.

C’est là que j’ai vu le gars de 120 kilos pour la première fois. Il a retiré sa veste, il était en colère. Il faisait tournoyer sa matraque au-dessus de sa tête en hurlant et en jurant.

En un instant, j’ai revu les scènes des vidéos de 2009 ; c’étaient les mêmes qui frappaient sauvagement la population dans la rue.

Je ne pouvais pas me contenter d’observer la bastonnade, j’ai retiré ma montre pour la jeter par terre. Je me suis dirigé vers le hadj agha et je lui ai crié : « Pourquoi les frappez-vous ? »
Ce qu’ils ont traduit par « Pourquoi ne me frappez-vous pas ? » D’un seul coup, plusieurs d’entre eux on fondu sur moi en me frappant et en me donnant des coups de pieds.

Hadji s’est dressé devant moi et m’a demandé qui j’étais. « Emad Bahavar, du quartier général de Monsieur Moussavi. » Le gars de 120 kilos m’a donné un coup de poing au visage. Il a commencé à cracher des injures sur Moussavi. Hadji a dit : « Moussavi et sa femme sont partis se cacher, la peur au ventre, dans un trou. »

Le gars de 130 kilos m’a crié : « Assieds-toi », je n’ai pas bougé. Je suis tombé sous une rafale de coups de poing, de pied et de matraque.

Je me suis relevé et me suis placé face à Hadji, le fixant dans les yeux. Le gars de 120 kilos a hurlé : « Baisse la tête ! Baisse les yeux ! » Je n’ai pas bougé. Le gars de 130 kilos a joint les mains entre mes jambes, m’a soulevé et projeté au sol. De nouveau, rafale de coups de pied, de poing et de matraque.

De nouveau, je me suis relevé et j’ai fait face à hadji : « Cela fait 5 ans que nous faisons face… »
Ils envoyaient toujours plus de gardes en bas, il y en avait environ 200. L’un des commandants a hurlé : « Que les soldats qui ne veulent pas participer au tabassage ne descendent pas. » Beaucoup sont restés à l’étage.

Ils emmenaient les gars un par un à l’étage jusqu’au bout de la section. Tous étaient menottés, certains avaient le visage en sang et pouvaient à peine marcher. Ils étaient obligés d’en porter certains en les portant par les bras et les jambes, à l’horizontale. Certains avaient été tellement battus qu’ils n’arrivaient plus à marcher. J’en ai reconnu trois : Khalghati, Ebrahimzadeh et Fouladvand. En tout, il y en avait environ 30.

Ils ont bandé les yeux de tout le monde. Ils m’ont aussi apporté un bandeau et des menottes. J’ai résisté et protesté un peu mais sans résultat.

Ils nous ont mis sur une rangée dans le couloir de la section 350, menottés et les yeux bandés, face au mur. Certains gémissaient. De nouveau, ils nous ont battus par derrière. Les gémissements sont devenus plus forts.

Les gardes ont formé un tunnel humain de la porte de sortie de la section jusqu’à un fourgon garé dehors. Ils nous ont forcés à traverser ce tunnel en nous battant, en nous donnant des coups de pied. Il y avait du sang tout le long du chemin jusqu’au fourgon et à l’intérieur.

Dans le fourgon, les gens s’annonçaient : Mohammad Davari, Gholamreza Khosravi, Mohammad Sedigh Kaboudband, Mehrdad Ahankhah, Madjid Assadi, Soheil Arabi

Apparemment, quelqu’un est intervenu pour moi, on m’a appelé et dit de quitter le fourgon. Ils ont emmené les autres.

Hadji, au milieu de ses hommes, me faisant face, m’a fait un discours éloquent contre le Mouvement Séditieux et Mir-Hossein et a parlé du pouvoir et de l’autorité du régime.

Le gars de 130 kilos m’a apporté un verre d’eau glacée. Le chef de la sécurité leur a ordonné de m’emmener au dispensaire de la prison. Ils y avaient emmené Esmaïl Barzegari auparavant. Il avait les côtes cassées. Plus tard, ils y ont emmené Omid Behrouzi dans des vêtements trempés de sang ; il avait eu le poignet ouvert par du verre brisé. Kamiar Sabeti avait eu un problème cardiaque.

J’ai entendu dire qu’ils avaient trouvé plusieurs portables et iPods. Voilà cinq ans qu’ils ont coupé le téléphone de la section. Tout ce « déploiement de force » parce que certains voulaient entendre la voix de leur famille ou apprécier quelques instants de calme au son de la musique. Il n’y a rien d’illégal à la 350, que de l’amour et de la musique.

J’ai mal dans tout le corps. Je ne veux pas dire la douleur et le mal des contusions au poignet dues aux menottes de métal, ni le mal à l’oreille gauche causé par les fortes gifles, ni le mal au cou venant des coups de poing à la tête et au cou, ni le mal à la langue qui était entre mes dents durant une rafale de coups de poing et de pied, ni le mal au dos des coups de matraques en plastique, ni le mal aux reins et aux genoux, contusionnés par les coups de pied.
Aucune de ces douleurs n’est importante et elles se calmeront bientôt. La source du mal est ailleurs. Les années de prison nous ont fait oublier les blessures de 2009. Nous avons oublié le mal et la souffrance que les mères et pères en deuil sont endurés.

Nous avons oublié la douleur de la perte de Neda, de Sohrab, d’Ali, de Taraneh et des autres martyrs. Nous avons oublié la douleur des balles et des matraques, des battes de base-ball, des poignards et des poings américains utilisés par les hommes en civil sur le peuple.

L’attaque du 17 avril contre la section 350 nous a rappelé toutes ces scènes et a ramené toutes ces douleurs dans nos âmes.

Quand Rouhani est arrivé, nous nous sommes dit que les souffrances de la population seraient réduites, que la situation s’améliorerait et que nous pourrions alors fermer les yeux sur tout ce que nous avions souffert. Certaines des mères en deuil ont aussi dit qu’elles étaient prêtes à pardonner.

Les évènements sanglants du 17 avril nous ont montré que la haine dans leurs cœurs noirs surpassait l’amour et le pardon des Verts.

J’aurais voulu murmurer ces mots à l’oreille d’hadj agha : « Nous voulions pardonner, souviens-toi, mais vous, vous ne le vouliez pas… »

Source : http://www.kaleme.com/1393/02/02/klm-181647/

lundi 10 juin 2013

Histoire d’une douleur : Lettre ouverte de Nima Ebrahimzadeh, fils de Behnam Ebrahimzadeh, dissident iranien et ouvrier emprisonné





Je m’appelle Nima Ebrahimzadeh, fils de Behnam Ebrahimzadeh et j’ai une question à vous poser.

Oui, j’ai une question à vous poser : où dois-je aller pour trouver refuge ? Où dois-je aller pour hurler ma souffrance et demander quel crime j’ai commis pour souffrir autant ?

Dites-moi de quoi je suis coupable.

Hé, vous ! Les êtres humains, vous à la conscience tranquille, vous qui avez fondé des associations et prétendez défendre les droits des enfants, vous qui prétendez être des institutions qui défendez les enfants qui souffrent du cancer, vous qui défendez l’humanité, vous les philanthropes, vous qui êtes des ouvriers comme mon père : j’ai besoin de votre aide aujourd’hui. Demain il sera peut-être trop tard.

En ces temps difficiles, je me tourne vers vous pour vous demander une chose, une seule chose, rien d’autre : la libération de mon père.

En ces temps difficiles de chimiothérapie, j’ai besoin de mon père à mon côté. Je veux que mon père soit à mon côté tandis que je combats le cancer. Est-ce trop demander ? Dites-moi.

Je m’appelle Nima Ebrahimzadeh, j’habite Téhéran. Il y a environ quatre mois, les médecins m’ont diagnostiqué une leucémie. Les docteurs de l’hôpital Mahak m’ont déjà beaucoup parlé des symptômes et du traitement. Mon traitement sera extrêmement difficile. C’est un cancer, ce n’est pas comme si j’avais un rhume. Ce n’est pas une plaisanterie. A certains moments, toutes ces pilules et ces médicaments me rendent anémique. Je me sens épuisé, mais alors, mon père, ma mère et mes bons amis m’encouragent à continuer et me disent que je peux guérir. Ils me disent sans arrêt de rester calme, patient et fort !

Dans ces conditions, dites-moi comment rester calme, patient et fort ?

Je ne sais si je dois vous décrire mes souffrances ou celles de mon père ! Y-a-t-il une différence ?

En tant qu’adultes mûrs et expérimentés, vous aurez peut-être une meilleure compréhension des difficultés que j’affronte en ce moment, de la douleur de chaque instant. J’ai l’impression qu’il n’y a pas de fin à cette douleur, qu’il n’y aura jamais de fin à la souffrance et aux difficultés qui me sont imposées.

Je suis constamment sur Internet pour étudier tout ce que je trouve sur ma maladie. On a découvert que les chocs et le stress nerveux sont l’une des principales causes de la survenue et du développement du cancer. Bien que les chercheurs ne puissent pas être sûrs du rôle exact que le choc excessif joue dans cette maladie, ils savent que le choc extrême rend la guérison plus longue et plus aléatoire.

Je vais vous le dire franchement : je veux survivre, je veux vivre. Est-ce trop demander ?

Je sais que la vie en ce monde est difficile, plus encore pour les enfants comme moi, mais l’idée de quitter ce monde damné, de briser le cœur de mes parents m’est encore plus dure à supporter.

Je ne veux pas que le chagrin de ma perte assombrisse encore plus leurs jours et leurs nuits. Pour vous dire la vérité, il m’arrive de m’enfouir la tête dans l’oreiller et de sangloter. Je pleure sur eux. Je pleure parce que je sais que ma perte rendra leurs jours et leurs vies beaucoup plus pénibles.

Vivre ces derniers mois, faire face au cancer, supporter l’absence de mon cher père m’a fait grandir beaucoup plus vite, m’a donné plus d’expérience. Mon père m’a toujours appris qu’on ne devrait bafouer les droits de personne. Mon père parle de la peine et des souffrances des ouvriers et des pauvres. Il me parle des enfants qui dorment sous les ponts avec des cartons en guise de lit. Mon père a toujours parlé du respect des droits humains.

Alors je voudrais savoir pourquoi ses mots logiques et sa compassion devraient l’envoyer en prison, loin de mon chevet. J’ai besoin de mon père. J’ai vraiment besoin de mon père. A chaque fois que j’ai le moral à zéro, il commence à me faire des blagues, à lutter avec moi, à jouer avec moi. Peu importe ce que cela lui coûte, il veut que je sois heureux. Est-ce que la prison est le bon endroit pour un père comme lui ?

Je sais que nous nous sommes faits de nombreux amis ces derniers temps, qu’ils nous ont soutenus de toutes les façons possibles. Je veux tous les remercier parce que c’est le genre de soutien qui a accordé des libérations provisoires à mon père de temps en temps pour qu’il puisse être à mes côtés, pour que je sente sa présence dans ma chair et dans mon être.

A chaque seconde, j’espère que le téléphone va sonner pour m’annoncer que mon père restera avec moi pour toujours en homme libre, comme si les geôliers nous laissaient en paix. Chaque appel téléphonique nous fait trembler tous les trois. Ça a été le cas aujourd’hui. Je ne sais si je dois me sentir affolé pour moi ou pour mon père : il a soupiré au téléphone, a crié : « Je vais retourner en prison, mais pas aujourd’hui, j’ai promis à mon fils de l’emmener chez le médecin ! » Je me sens désolé pour ma mère, pour ses larmes, pour ses malédictions qui englobent tout ce qui existe sur cette terre.

Je vous le demande à vous qui entendez ma voix et lisez mes mots : aidez-moi, aidez ma famille.

Est-ce trop demander de vouloir que son père soit libre et à son côté ? Dites-moi.

Nima Ebrahimzadeh, mardi 4 juin 2013, Téhéran, Iran.

Source : http://tavaana.org/en/content/story-pain-open-letter-nima-ebrahimzadeh-son-behnam-ebrahimzadeh-iranian-dissident-and-1