samedi 25 juin 2011

Semaine 25 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Zahra Jabbari, irano-hollandaise, transférée dans un hôpital psychiatrique.
B- Arrestations/Incarcérations
  • Mohsen Aminzadeh, ancien secrétaire d’état aux affaires étrangères, de retour en prison à la fin de sa permission. Il se joint à la grève de la faim.
  • Afrooz Faramandari, bahaïe, arrêtée et mise à l’isolement.
  • Noushine Khadem, bahaïe,  arrêtée et mise à l’isolement.
  • Behfar Khanjani, bahaï, commence à purger sa peine de 4 ans à la prison de Semnan.
  • Maryam Majd, journaliste d'images spécialisée dans le sport, arrêtée avant son départ pour l’Allemagne.
  • Mohammad Malekzadeh arrêté.
  • Mohammad Moniri, enseignant kurde, envoyé à la prison de Saqqez pour y purger sa peine de 6 mois ; il avait été condamné en 1ère instance à 5 ans.
  • Forough Mostafavi, bahaïe qui apprenait à lire et à écrire aux enfants afghans de Rafsandjan, a été arrêtée pour contact avec l’étranger.
  • Hossein Ronaghi Maleki de retour en prison après une seconde opération des reins.
  • Mohammad Hassan Youssef Pourseifi, militant du droit des enfants, arrêté le 22 juin.
  • La journaliste Zahra Yazdani arrêtée.
  • Maraveh Zareyan, bahaïe qui apprenait à lire et à écrire aux enfants afghans de Rafsandjan, a été arrêtée pour contact avec l’étranger.
  • Des dizaines d’arrestations à Kermanshah pour cause de hijab non-conforme.
C- Libérations
  • Arsalan Abadi, militant étudiant, bénéficie d’une libération provisoire.
  • Le musicien Mehrdad Ahmadzadeh libéré à Ispahan ; il avait été arrêté en plein concert.
  • Abbas Amirifar libéré au bout de 50 jours.
  • Emadeddine Baghi, journaliste en grève de la faim, libéré à la fin de sa peine.
  • Le journaliste Rahman Bouzari libéré après 21 jours.
  • Babak Dahshab, militant étudiant, bénéficie d’une libération provisoire.
  • Hossein Derakhshan, le « blogfather » condamné à 19.5 ans de prison, en liberté provisoire.
  • Nadia Farhadi, bahaïe arrêtée le 4 juin a été libérée.
  • Ramtin Ghafari libéré à l’issue de sa peine d’un an de prison.
  • Meysam Imamzadeh, étudiant de Semnan, a été arrêté jeudi.
  • Kiarash Kamrani, militant étudiant, bénéficie d’une libération provisoire.
  • Sharareh Kashani Néjad, bahaïe arrêtée le 4 juin a été libérée.
  • Mohammad Hossein Khorbak arrêté le 22 octobre 2009 bénéficie d’une liberté provisoire.
  • Misagh Laghaï, bahaï de 78 ans et sa fille Mahvand arrêtés le 4 juin ont été libérés.
  • Mohammad Javad Mozaffar libéré pour assister aux obsèques de sa mère.
  • Pejman Nikounéjad, bahaï arrêté le 4 juin a été libéré.
  • Rahim Rostami, kurde, libéré sous caution.
  • Le journaliste Farid Salavati est libéré ; il avait été arrêté pour avoir révélé le viol d’une femme par 50 hommes.
  • La journaliste Hengameh Shahidi bénéficie d’une libération provisoire pour raison médicale.
D-Autres Nouvelles
  • 12 prisonniers politiques de la prison d'Evine en grève de la faim pour protester contre les meurtres de Haleh Sahabi et Hoda Saber : Bahman Amouï, Hassan Assadi Zeidabadi, Emad Baghi, Emad Bahavar, Mohammad Davari, Ghorban Behzadian Nejad, Amir Khosro Dali Sani, Feyzollah Arabsorkhi, Abolfazl Ghadyani, Mohammad Djavad Mozaffar, Mohammad Reza Moghayseh et Abdollah Momeni .
  • Mehdi Eghbal se joint à la grève de la faim à la libération d’Emad Baghi.
  • 6 prisonniers politiques de la prison de Radjaï Shahr se mettent en grève de la faim en solidarité avec ceux d’Evin : Keyvan Samimi, Issa Saharkhiz, Massoud Bastani, Heshmatollah Tabarzadeh, Ali Ajami et Jafar Eghdami.
  • Kaveh Olad se suicide à sa sortie de prison à Shiraz.
  • Plusieurs personnalités demandent aux prisonniers d’arrêter leur grève de la faim. Les familles de Hoda Saber et Haleh Sahabi se déplacent même à Evine pour le leur demander.
  • Abdollah Momeini et Abolfazl Ghadiani brièvement traités à l’infirmerie d’Evine mercredi.
  • Ali Ajami est attaqué mercredi par les gardes de la prison de Redjaï Shahr ; il se trouve à l’infirmerie.
  • Kouhyar Goudarzi, ancien prisonnier politique, rejoint la grève de la faim.
  • Mehdi Kouhkan risque l’amputation si sa jambe n’est pas traitée.
  • Saïd Pourheydar, journaliste, ancien prisonnier politique, actuellement demandeur d’asile en Turquie, se joint à la grève de la faim.
  • Adbollah Momeni, Mohsen Aminzadeh, Abolfazl Ghadyani, Mehdi Karimiyan Eghbal et Bahman Ahmadi Amoui, en grève de la faim à Evine, sont transférés vendredi à l’infirmerie de la prison
  • D’après le Guardian, des lettres prouvent que le régime iranien utilise le viol comme torture de façon systématique pour les prisonniers ; il va même jusqu’à distribuer des capotes à ceux qui mènent les interrogatoires.
  • Depuis 2003, 17 prisonniers politique sont morts en prison.
Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Mohsen Barzegar, étudiant de l’IUT nourshirvani de Babol, condamné à 2 ans de prison.
  • Début du procès en appel du syndicaliste et défenseur du droit des enfants Behnam Ebrahimzadeh.
  • Mohammad Khaled Hosseini, syndicaliste, condamné à un an de prison avec un sursis de 5 ans.
  • Mohammad Moniri, enseignant de Saqqez, condamné à 5 ans de prison.
  • Mehdi Sadat Sharif, militant politique est condamné à 6 ans de prison. Il st en grève de la faim depuis 12 jours.
  • Tara Sepehrifar, étudiante expulsée et libérée sous caution, condamnée par contumace à 7 ans et 74 coups de fouet.
  • Une pendaison à Shahré Kord samedi matin.
  • Flagellation publique à Masjed e Soleiman.
  • La victime d'un viol collectif a été emprisonnée, les violeurs aussi, mais toujours pas jugés après 1 mois ½.
  • 2 exécutions dimanche à Ispahan dont celle d’un Afghan.
  • 3 pendaisons lundi à Zabol.
  • Les randonneurs américains seront jugés le 31 juillet.
  • 14 derviches Gonabadi ont été flagellés comme ils y avaient été condamnés.
L’université - La culture
  • L’interdiction du quotidien réformiste Etemad est levée.
  • Le film une séparation gagne le grand prix du festival de cinéma de Sydney.
  • Le caravansérail « Galeh Shour » près d’Ispahan au bord de la destruction.
  • Téhéran va organiser un festival culturel dédié à l’Afghanistan.
  • Ségrégation des sexes à l’université à partir de cet automne.
L’économie de l’Iran
  • 20% d’augmentation du prix du ticket de métro le 21 juin.
  • 13.5% de chômage l’année dernière suivant l’institut statistique
  • En raison de la privatisation, Iran Khodro et Saïpa se rachète mutuellement.
  • Les ouvriers des filatures de Kashan n’ont pas été payés depuis 33 mois.
  • L’Iran privatise la vente et la distribution de gaz.
  • La vente de devises désormais interdite dans les officines de changeurs et réservée aux aéroports.
  • L’Iran diminue fortement le budget qu’il consacre au hezbollah.
  • La société Tabod de Ghazvine, affilié à la fondation des vétérans et employant 300 personnes va fermer.
  • 10.000 ouvriers au chômage après la fermeture des briqueteries consécutives à la fin des subventions.
  • Le taux de chômage officiel de 14% ne comptabilise pas les femmes (ni les étudiants ni les soldats)
Les manifestations
  • Les étudiants de l’université polytechnique organisent un rassemblement de soutien aux prisonniers en grève de la faim.
L’Iran à l’étranger
  • Le ministre de la défense, Vahidi, se rend en Afghanistan.
  • Le gouvernement nigérien accuse l’ambassade d’Iran de trafic d’êtres humains.
  • La construction de la nouvelle ambassade d’Iran à Londres arrêtée par le Prince Charles.
  • IRISLine accusé de tenter d’envoyer de l’argent clandestinement aux USA.
  • L’Iran annonce qu’il va construire deux hôpitaux à Nadjaf et Kerbala.
  • L’union européenne cherche à sanctionner 3 Iraniens qui aident à la répression en Syrie.
  • La délégation iranienne attaquée à Baghdad.
  • Iranair sanctionné par les USA.
La politique en Iran
  • Le nouveau gouverneur de Sari démis de ses fonctions pour n’avoir pas obtenu l’approbation divine.
  • Le ministre des affaires étrangères menacé de limogeage.
  • Salehi annonce officiellement que Malekzadeh sera son secrétaire d’état.
  • Le lendemain, Malekzadeh démissionne (il sera arrêté le lendemain) et Salehi est confirmé par le parlement.
  • Le ministre des sports est lui refusé par le parlement.
  • Mojtaba Zolnour, représentant du guide auprès de l’IRGC prend sa retraite (ou est limogé)
  • Incendie volontaire dans les bureaux du conseil de surveillance lundi.
  • Le président du parlement rencontre les réformistes pour leur demander de participer aux élections législatives à venir. Shakourirad, du Front de la Participation déclare que les réformistes n’y participeront pas dans les conditions actuelles. Laridjani dément par la suite cette rencontre et menace l'agence de presse qui avait révélé la nouvelle de poursuites judiciaires.
Nouvelles en vrac
  • Affrontements entre les forces de sécurité et les paysans de la région de Mashhad.
  • 2 rebelles kurdes tués lors d’escarmouches samedi
  • 13 Cas de choléra déclarés en Iran.
  • Une partie de la forêt de Tchitgar sera réservée aux femmes.
  • 5 prisonniers de droit commun s’évadent de la prison de Sabzevar.
  • 4 membres du groupe armé Jundollah arrêtés à la frontière pakistanaise.
  • La police de Téhéran saisit les chiens qui sont dans des véhicules ainsi que les véhicules.
  • Un patient déposé sur le bord de la route à Kerman par le personnel de l’hôpital parce qu’il ne pouvait pas payer.
  • A Khorramshahr, 14.000 familles vivent sous le seuil de pauvreté sans électricité ; 3 millions de litres de liquides provenant des égoûts se déversent directement dans le réseau d’eau potable.
Sur le blog cette semaine



dimanche 19 juin 2011

Alain Juppé: La France n'oublie pas l'Iran

Il y a deux ans, dans un mouvement de contestation sans précédent, des millions d'Iraniens exprimaient avec courage et espoir des aspirations très similaires à celles que chacun regarde avec admiration aujourd'hui se développer dans le monde arabe : des aspirations simples, irrépressibles et universelles à la liberté, à la justice et à la dignité.

Depuis, malheureusement, l'Iran s'est orienté vers une tout autre voie, une voie sans issue. Celle de la répression et de l'autoritarisme, celle du repli sur soi et de l'isolement. Autrement dit celle qui est rejetée par toute la jeunesse de la région.

N'oublions donc pas l'Iran. Depuis deux ans, la situation des droits de l'homme ne cesse de s'y dégrader, comme en témoigne la multiplication des informations qui nous parviennent sur les arrestations à grande échelle, les mauvais traitements et les tortures subis par les détenus, le caractère arbitraire des peines prononcées et la multiplication des exécutions capitales qui s'élèvent déjà à plus de trois cents depuis le début de l'année.

N'oublions pas l'Iran, où les atteintes à la liberté d'information et d'expression sont devenues systématiques, avec le contrôle et la censure d'Internet, les arrestations de journalistes et la condamnation à l'emprisonnement de personnalités engagés, tels que le cinéaste Jafar Panahi, condamné à six ans de prison et à vingt ans d'interdiction d'exercice de son activité de création, ou l'avocate Nasrin Sotoudeh qui purge une peine de prison de onze ans.

N'oublions pas l'Iran, où les autorités iraniennes refusent à leur population le droit de manifester pacifiquement et où les responsables de mouvements d'opposition, Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, l'un ancien premier ministre, l'autre ancien président du Parlement, sont maintenus à l'isolement, au mépris de la loi.

Fidèle à ses valeurs, la France ne peut rester silencieuse devant une telle dégradation de la situation des droits fondamentaux. En Iran comme ailleurs, il n'y a pas à transiger avec le socle même des libertés individuelles, d'opinion, d'expression, de manifestation pacifique ; il n'y a pas à transiger avec le respect de la dignité due à tout être humain. Ces valeurs universelles, défendues si courageusement par les peuples de la région jusqu'en Iran, sont celles de la France.

C'est dans cet esprit que la France a adopté, avec ses partenaires européens, des sanctions à l'encontre de trente-deux responsables de la répression en Iran. C'est dans cet esprit que nous appelons les autorités iraniennes à respecter le droit à la liberté d'expression, à libérer immédiatement tous les prisonniers arbitrairement détenus, et à rendre leur pleine liberté à MM. Moussavi et Karoubi.

Le déni des aspirations de la population iranienne, et la poursuite d'un programme nucléaire, sans objectif civil crédible et en violation de la légalité internationale, conduisent à voir l'Iran mise au ban de la communauté des nations. Celle-ci n'a d'autre possibilité, face aux choix faits par les dirigeants iraniens, que d'accroître aujourd'hui les sanctions à leur encontre.

Cela est d'autant plus regrettable que l'Iran pourrait occuper dans la région une place éminente, celle qui lui revient légitimement. Héritier d'une civilisation millénaire respectée et admirée de tous, le gouvernement iranien pourrait nouer avec la France une relation d'amitié et de coopération. Cela suppose toutefois qu'il fasse le choix de l'ouverture et non du repli.

Alors, au moment où la jeunesse du monde arabe retrouve enfin sa liberté, je souhaite dire, en cette date anniversaire, que nous n'oublions pas le peuple iranien et que nos pensées vont aussi vers lui et tout particulièrement vers sa jeunesse, qui a droit, elle aussi, à un avenir de liberté.

Alain Juppé, ministre des affaires étrangères et européennes

samedi 18 juin 2011

Paris Flashmob (Juin 2011) pour marquer le 2ème anniversaire de l'élection du 12 Juin 2009


Message de la mère de Farzad Kamangar


Je l’ai déjà dit à de nombreuses reprises dans mes messages et je vais le redire : nous devons penser à nos prisonniers bien-aimés et ne pas les laisser enfermés, torturés, tués en prison. Aucun prisonnier ne sera libéré si nous ne faisons rien car ceux qui décident du sort des prisonniers sont les individus les plus cruels et les plus indifférents. Pour briser ce verrou, la solidarité est essentielle.

La solidarité doit exister entre les familles, et tous doivent les aider. Certainement, cette assistance n’existe pas. Nous devons demander pourquoi nos êtres chers sont en prison alors qu’ils sont innocents ; nous devons demander ce qui autorise les autorités à tuer nos enfants. En dépit des années écoulées, beaucoup de familles ignorent encore dans quelle prison leurs enfants sont enfermés ou même s’ils sont encore en vie ou s’ils ont déjà été massacrés. Les familles dont les enfants ont été abattus ne savent pas où ils ont été enterrés.

Des milliers de familles errent comme moi de ville en ville. Quelle loi, quel Dieu et quel humain peut l’accepter. Quel crime mon Farzad avait-il commis ? Il s’est contenté de dire qu’un être humain devait vivre comme un être humain. C’est pour ça que les autorités ont emprisonné mon fils et l’ont exécuté.

Bien sûr, il y a d’autres jeunes qui veulent vivre comme des êtres humains et expriment les mêmes désirs que mon fils. Pourquoi devraient-ils être en prison ? Combien de temps les mères souffriront-elles, pleureront-elles et s’habilleront-elles en noir pour le deuil ? Je suis une mère qui a beaucoup souffert, quand mon fils Farzad était en prison et qui souffre encore maintenant que les autorités me l’ont pris. Je comprends ce que les autres mères traversent, jour et nuit, pour leurs enfants. Je suis une mère moi-même et je ne souhaite donc ni douleur, ni souffrance à personne, pas même à mes ennemis. Je ne veux qu’aucune mère ne gémisse pour son enfant.

Mon discours s’adresse à toutes les familles de prisonniers politiques et à tous les êtres humains. La seule solution à cette situation réside dans la solidarité. Il nous faut nous unir, à la fois à l’intérieur du pays et à l’étranger. Je demande à toutes les organisations de défense de droits humains de ne pas oublier la jeunesse de ce pays et de ne pas laisser les autorités emprisonner nos jeunes et les assassiner. Cela suffit comme ça.

Je vous embrasse tous.


Lettre de Nasrine Sotoudeh à Haleh Sahabi 15 juin 2011


Ma très chère Haleh,

La mort n’est pas le bout du chemin pour une colombe.

Ca ne fait que trois jours que tu es brusquement partie, et j’ai encore tellement de mal à y croire. Malgré notre tristesse lorsque nous avons appris cette triste nouvelle, nous continuons à prier pour qu’elle soit fausse. Durant ces trois derniers jours, le bloc des prisonnières politiques d’Evine a répété ton nom dans des chants d’amour et de liberté. 

Ta noble histoire s’étend sur trois générations qui toutes ont souffert sur le chemin de la liberté et de la démocratie, jusqu’à cette nuit quand nous t’avons toutes accompagnée en pleurs lorsque tu as quitté la prison pour que ta présence puisse rendre ses forces à feu ton père qui avait voué sa vie à la dignité et à la prospérité de notre pays.

….mais hélas, mais plutôt que de consoler un père décédé, la nation iranienne a également perdu une fille…

Du peu qui ait filtré en prison, il semblerait que tu as perdu la vie en protégeant le droit de ta famille à pleurer la perte de ton père, un droit qui a été refusé à de multiples reprises à trop de familles iraniennes méprisées. Celles d’entre nous qui ont eu l’honneur de mieux te connaître pendant que tu étais derrière les barreaux ont vu que, même lorsque ton père était hospitalisé, tu n’étais pas prête  à renoncer à ton droit à manifester, car tel était ton engagement. Nous qui te connaissons, savons que tu étais le type de femme courageuse, prête à donner sa vie si nécessaire pour défendre tes droits, t’élevant fermement contre ceux qui ignorent la loi.

Tu as défendu tes droits avec tant de simplicité et d’innocence qu’on t’a finalement libérée de prison ; comme si on avait fini par reconnaître tes droits…

Tu as demandé tes droits sans équivoque et sans aucun affrontement ; un état d’esprit qui a sans aucun doute joué un rôle capital dans chaque avancée que tu faisais.

Ma très chère Haleh, tu as compris la situation difficile et la douleur des familles de prisonniers, car ta famille a souvent eu un membre derrière les barreaux, et à la fin, toi aussi, tu t’es dirigée vers la prison…oui, ta famille a souvent eu de nobles prisonniers.


Te souviens-tu avec quelle patience, dignité et joie tu as accueilli ton verdict, un verdict que tu ne méritais pas ?

Te souviens-tu que tu disais que la prison c’était amusant, une expérience dans le genre du camping ? Te souviens-tu combien tu aimais tout le monde et combien tu étais aimée en retour ?

Bien que ta vie paisible ait été courte, l’histoire de ta noblesse nous restera comme un souvenir au milieu des fleurs de ton tchador. 

L’iris que tu avais cueilli dans la cour ce dernier soir lors de ton retour du bureau du procureur s’est fané ce matin, comme s’il avait été au courant de ton départ avant nous…

Nasrine Sotoudeh – Bloc des prisonnières politiques – Prison d’Evine - Juin 2011

Source: Facebook Page for the Feminist School: http://on.fb.me/lvgTgP

Semaine 24 pour un Iran Libre et Démocratique


Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Abbas Amirifar libéré mercredi après 40 jours à l’isolement et immédiatement de nouveau arrêté par la cour spéciale du clergé.
  • Mostafa Daneshjou, avocat des derviches Gonabadi, transféré au bloc des drogués pour avoir donné des consultations juridiques gratuites dans la prison de Sari.
B- Arrestations/Incarcérations
  • Mehdi Abdollahi Tadjik, étudiant, convoqué à Evine pour purger sa peine de 2 ans de prison associée à 15 ans d’interdiction d’activités journalistique.
  • Mehrdad Ahmadzadeh, militant culturel, arrêté.
  • La journaliste Salmaz Aikar arretée lundi lors des funérailles d’Hoda Saber.
  • Les Docteurs Soroush et Soushimant Azami Khah arrêtés en envoyés à Evine.
  • Mansoureh Behkish arrêtée le 12 juin à Téhéran ; 6 personnes de sa famille avaient été exécutées en 1988.
  • Ali Moezzi, ancien prisonnier politique des années 80s, arrêté de nouveau.
  • Le Docteur Vida Pirzadeh arrêtée et envoyée à Evine.
  • Nima Pouryaghoub, militant étudiant, arrêté à Tabriz.
  • Akbar Rohani, bloggeur et militant vert arrêté à Qom dimanche.
  • Farid Salavati, journaliste et militant politique, arrêté à Ispahan.
  • Ryaz Sobhani, bahaï, arrêté mercredi lors d’une attaque de son domicile.
  • Sassan Vahebi Vash, étudiant de l’université Azad de Tabriz, arrêté le 10 juin.
  • Samir Youssefi, Bahaï de Sari, commence à purger sa peine d’un an.
  • Sharokh Zamani, peintre en bâtiment syndicaliste, a été arrêté le 7 juin à Tabriz.
  • De nombreuses arrestations pour non respect du code vestimentaire islamique.
C- Libérations
  • Kamiar Alaei, médecin spécialiste du Sida, emprisonné depuis deux ans est libéré depuis janvier; son frère Arash reste en prison. Il reçoivent une récompense pour leur travail sur le traitement des malades du Sida.
  • Mohsen Aminzadeh, ancien secrétaire d’état aux affaires étrangères, en liberté provisoire pour raison médicale.
  • Milad Assadi, étudiant de l’université Khajeh Nasir en liberté provisoire pendant 3 jours.
  • Mostafa Badkoubehi Hazavehi, poète proche des Verts, libéré sous caution après 3 mois de prison.
  • Reza Rafii Foroushani, journaliste, libéré au bout de 2 ans.
  • Simak Koushi libéré sous caution au bout de 13 jours.
  • Hamid Réza "Mahan" Mohammadi obtient une libération provisoire après plus de 2 ans à Evine.
  • Soheil Ghanbari, bahaï arrêté lors des raids contre le BIHE libéré à Téhéran.
  • Sadaf Sabetian, bahaïe arrêtée lors des raids contre le BIHE libérée à Téhéran
  • Mostafa Tadjzadeh obtient une liberté provisoire de 3 jours.
D-Autres Nouvelles 
  • Mehdi Khodaï commence une grève de la faim pour protester contre le meurtre d’Hoda Saber.
  • Loghman et Zaniar Moradi, condamnés à mort kurdes, interdits de visites.
  • Hossein Ronaghi Maleki, bloggeur opéré une deuxième fois.
  • Sam Mahmoudi, journaliste à Shargh, voit sa détention provisoire étendue de 2 mois.
  • Hoda Saber, journaliste et militant des droits de l’homme était en grève de la faim pour protester contre l’assassinat de Haleh Sahabi ; il fait un infarctus vendredi soir, est sévèrement battu lors de son transfert au dispensaire de la prison et meurt samedi soir. Sa famille n’est prévenue que dimanche matin. 10 parlementaires demandent une enquête pour déterminer les causes de la mort.
  • Ahmad Shah-Rezaï, commence une grève de la faim pour protester contre le meurtre d’Hoda Saber.
Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Osman Ahsan condamné à 12 ans de prison à Radjaï Shahr.
  • Mostafa Akhavand, étudiant en aéronautique, condamné à un an de prison.
  • Hossein Djavadi condamné à 12 ans de prison à Radjaï Shahr.
  • Abdollah Khosrozadeh, militant kurde, condamné à 5 ans de prison.
  • Hessam Mohammadi, militant kurde, condamné à 5 ans de prison.
  • La cour suprême infirme la condamnation de l’étudiante azérie de l’université Azad de Tabriz Fatemeh Nassirpour.
  • Ali Nejati, syndicaliste sera rejugé.
  • L’économiste et écrivain, le Docteur Fariborz Raïs Dana, condamné à un an de prison.
  • Heyman Mohammadi Takhti, militant kurde, condamné à 5 ans de prison.
  • Ali Karimi, 42 ans, tué par les agents venus saisir son antenne satellite à Gorgan.
  • 2 pendaisons à Dezfoul dimanche matin.
  • De 10 jours à 2 mois de prison pour ne pas avoir un hijab correct.
  • Une pendaison publique à Nairiz, région du Fars.
L’université  - La culture
  • Mohammad Azizi, étudiant azéri proche du camp Karroubi, interdit de poursuivre ses études supérieures.
  • 9 Dey, journal proche d’Ahmadinejad, interdit pour avoir publié une caricature de Khatami.
  • L’interdiction du journal Ettemad, proche des réformistes, serait levée.
L’économie de l’Iran
  • 25% d’augmentation des prix alimentaires et 34% sur le prix des loyers en un an.
  • L’eau, l’électricité et le carburant ont augmenté de 90% en un mois.
  • L’usine de viande Zyaran ferme ; elle employait 100 ouvriers.
  • 2500 ouvriers des usines Saveh Steel et Safa Pipes n’ont pas été payés depuis 3 mois.
  • 6 cadres de l’industrie pétrolière arrêtés et relâchés sous caution.
  • 50% des fermes d’élevage et des poulaillers fermés suite à la réforme des subventions.
Les manifestations
  • Manifestation contre la police et la justice à Khomeiny Shahr samedi.
  • Le 10 juin, les forces de sécurité ont attaqué un match de football à Bandar Anzali ; il y a au moins 2 morts.
  • Pour les manifestations du 12 juin, voir ci-dessous l’article dans le blog
L’Iran à l’étranger
  • A l’occasion de l’anniversaire du coup d’état, le Foreign Office répète qu’il n’a pas oublié l’Iran.
  • L’Iran est accusé de trafic d’armes.
  • Anonymous lance une série d’attaques sur les sites gouvernementaux iraniens pour commémorer le deuxième anniversaire du coup d’état.
  • Les dossiers des détenus de Guantanamo montrent que Mashhad et  Téhéran sont des villes de transit pour Al Qaedah.
  • Le régime iranien tente d’acheter des banques et des bureaux de change pour contourner les sanctions.
  • IRISL attaque l’union européenne en justice pour contrer les sanctions.
  • La république islamique se réjouit du nouveau gouvernement Hezbollah au Liban.
  • La république islamique dément aider à la répression en Syrie.
  • Clinton publie une déclaration à l’occasion du second anniversaire du soulèvement iranien.
  • La police de Nouvelle Zelande découvre pour 2.38 millions de dollars de méthamphétamines importées d’Iran.
  • Des Iraniens arrêtés en Afghanistan.
La politique en Iran
  • Ahmad Djannati nommé directeur de la prochaine commission électorale.
  • Le conseil des gardiens refuse la fusion des ministères.
  • Hamid Sadjadi nommé ministre des sports et présenté au parlement par Ahmadinejad.
  • Le ministre du renseignement révoqué du conseil économique par Ahmadinejad.
Nouvelles en vrac
  • La pollution à Téhéran, Kerman, Tabriz et Qom atteint un niveau inquiétant.
  • 62% des femmes tuées en Iran le sont au sein de leur famille.
  • La grippe aviaire présente à Téhéran et dans trois autres provinces.
  • 7 gardes révolutionnaires tués lors d’une explosion.
  • La justice iranienne n’acceptera plus de prisonnier drogué  pour réduire la surpopulation carcérale.
Sur le blog cette semaine




jeudi 16 juin 2011

Message de Parvine Fahimi, mère du martyr Sohrab A’rabi, à ses concitoyens de l’étranger.


Au Nom de Dieu,

Je vous salue respectueusement, Mesdames et Messieurs, mes chers compatriotes vivant à l’étranger. J’aimerais tant vous rencontrer dans notre pays. 

Comme vous le savez, deux années se sont écoulées depuis le mois de juin 2009, une éternité pour beaucoup d’entre nous. Je voudrais tous vous remercier vous qui luttez sans relâche pour la liberté, la justice et la démocratie, où que vous vous trouviez dans le monde, vous tous qui de façon patiente et persistante y avez mis tout votre cœur, laissant de côté tout objectif égoïste.

Ce sont des gens qui réfléchissent à des problèmes plus grands qu’eux-mêmes. Si la façon dont nos enfants sont morts nous avait tous poussé à relancer ce sujet et à poursuivre notre action, nous n’aurions peut-être pas été les témoins aujourd’hui de meurtres de personnes comme Mohammad Mokhtari, Sane Jaleh ou Haleh Sahabi.

Luttant ensemble et continuellement, il n’aurait pas été si difficile d’atteindre la paix, la démocratie et les droits humains, ainsi que suffisamment de tolérance pour respecter les droits de tous, même ceux de nos adversaires. Mais il nous faut faire notre examen de conscience.

Pour conclure, tous les enfants de cette terre sont pour moi des Sohrabs et je veux que tous les Sohrabs aillent bien et luttent ensemble à la construction d’un Iran libre et prospère. J’attends ce jour avec impatience et vous envoie tous mes vœux de santé et de réussite à vous tous qui m’êtes chers et vivez à l’étranger

Parvin Fahimi 12 juin 2011

lundi 13 juin 2011

En souvenir amical de Hoda Saber, mon camarade de cellule à Evine – Saïd Pourheydar

Le 12 juin 2011 - 20:30 heure de Téhéran

Les larmes continuent de rouler sur mes joues. Je ne sais pas quoi écrire. Hoda nous a quittés lui aussi ; un homme que j’aimais, que j’adorais ; un amour et une admiration jamais ressenties avant de le rencontrer. Hoda et moi partagions la cellule 3 du bloc 350 d’Evine. Hoda était un modèle de dignité et d’humanité.
Saïd Matinpour, Hoda et moi avions l’habitude de cuisiner pour nos camarades de cellule. Chaque soir, nous arpentions le couloir et bavardions pendant une demi-heure. Nous parlions du Mouvement Vert et de son futur, nous parlions de l’alliance nationale religieuse* [le groupe politique Melli-Mashabi], nous parlions de l’histoire de la résistance en Iran et d’Ezzatollah Sahabi**.

 Je savais que Hoda ne supporterait pas le départ d’Ezzatollah et Haleh. La nouvelle de sa grève de la faim ainsi que celle d’Amir Khosrow  [Dalirsani] m’a beaucoup inquiété. Je connaissais sa condition physique, l’indifférence des autorités de la prison ainsi que des responsables du dispensaire, ce qui n’a fait qu’augmenter mes inquiétudes. Je comprenais totalement sa situation précaire.

Je me souviens qu’une fois, sa tension avait tellement chuté qu’il s’était évanoui et nous l’avions porté au dispensaire. Une demi-heure plus tard, au lieu de le transporter à l’hôpital, ils l’ont ramené en cellule dans le même mauvais état physique. Ils lui avaient donné de l’eau sucrée et lui avaient fait une intraveineuse et le considéraient donc comme guéri. Il était un petit peu pâle mais il était comme toujours solide et inébranlable. J’avais l’habitude d'échanger mes clémentines contre ses pommes. Il disait toujours que les clémentines sucrées étaient bonnes pour lui.

Quand j’ai appris le décès d’Ezzatollah Sahabi, j’ai demandé à Dieu de faire en sorte d’épargner la nouvelle à Hoda. J’ai même souhaité qu’on le transfère à l’isolement ce jour-là, parce que je savais qu’il ne le supporterait pas. Bien que Hoda n’ait pas été assez solide pour supporter une grève de la faim, je savais qu’il en commencerait une pour protester contre la mort de Haleh. Je savais qu’il la poursuivrait jusqu’au bout…. Et c’est ce qu’il a fait…

Je suis incapable d’écrire… Je suis submergé de larmes – Mon corps est envahi d’un sentiment total de tristesse et de colère… 

Notes de la traduction:
* L’Alliance Nationale Religieuse est formée d’un groupe de militants qui prônent la réforme politique et demandent la mise en place de la constitution pour maintenir un état de droit. Ce groupe, qui n’a pas de structure formelle, s’est rassemblé pour contester les élections parlementaires de 2000.

** Feu Ezzatollah Sahabi, erudite iranien, humaniste, militant démocrate, politician, ancient parlementaire et dirigeant de l’Alliance Nationale Religieuse, est décédé le 31 mai 2011. Sa fille, Haleh Sahabi, humaniste et militante démocrate, est décédée d’un arrêt cardiaque le 1er juin 2011 lors des funérailles de son père après l’attaque de voyous en civil tentant d’empêcher la procession funèbre.

 Le 12 juin 2011 - 21:30 heure de Téhéran

Mon cher Hoda, as-tu souffert ? As-tu gémi jusqu’à l’aube à cause d’une douleur dans la poitrine sans personne qui vienne à ton secours ? Hoda, te souviens-tu quand j’ai eu mal dans la poitrine et que tu m’as mis un comprimé sous la langue au milieu de la nuit ? Où étais-je Hoda pour soigner ton cœur douloureux ? Je voudrais que tu te soies souvenu que les comprimés étaient encore sous le lit, là où tu me les avais laissés la dernière fois que tu m’en avais donnés… DIEU, m’entends-tu ????????!!!!!!!!!!!


Source: Saeed Pourheydar's Facebook http://www.facebook.com/saeed.pourheydar?sk=wall

Les Sahabi, père et fille, meurent avec un seul jour d'écart - Fereshteh Ghazi - 2 juin 2011

Alors qu’Ezzatollah Sahabi, dirigeant des nationaux-religieux iraniens et critique muet du régime islamique est décédé mardi après un mois de coma, sa fille Haleh Sahabi est morte lors d’une échauffourée avec les forces de sécurité durant l’enterrement de son père mercredi. Des membres de la famille proche ont parlé à Rooz du décès du père et ont déclaré que le régime islamique craignait le cadavre de Sahabi autant qu’il le craignait de son vivant. Tandis que le père est mort au bout d’un mois de coma, la fille, Haleh est morte lors de l’enterrement de son père, affrontant des agents de sécurité qui auraient essayé de lui arracher une photographie de son père. Haleh était une militante des droits civiques et humains reconnue et jouissait d’un grand respect dans la société iranienne. 


Le meilleur exemple de la peur du régime est peut-être la pression exercée par les forces de sécurité sur la famille d’Ezzatollah juste après sa mort. Le ministère du renseignement et les agents de sécurité ordonnèrent à la famille en termes très clairs qu’un enterrement rapide et tranquille de Sahabi, le père, était la seule attitude à avoir, en dépit de la résistance et des protestations de la famille à ce sujet.  Haleh Sahabi et Yahya Mashayekhi, la fille et le petit-fils de Sahabi ont dit à Rooz avant la mort d’Haleh, qu’à cause de ces pressions, ils ont dû avancer l’heure  de la cérémonie de 8h30 à 7h00, bien que moins de personnes aient été à même de participer à la procession de la maison du défunt au cimetière qui n’est pas très loin. Monsieur Mashayekhi a dit à ce propos : « Nous avons accepté ce changement d’une heure et demi pour éviter toute autre demande plus importante qui aurait pu complètement empêcher la tenue de la cérémonie. » 

Ezzatollah Sahabi avait été hospitalisé ce 29 avril  après un infarctus qui l’avait laissé totalement paralysé et dans le coma à l’hôpital Modarres de Téhéran. Sa fille, Haleh Sahabi, a dit à Rooz mardi soir qu’alors que son père était décédé à 14h30, on ne les avait prévenus qu’à 18h00. 

Les agents de sécurité s’apprêtaient à l’enterrer 

Avant d’informer les membres de la famille d’ Ezzatollah Sahabi de son décès, les agents de sécurité et de renseignement s’étaient positionnés autour du domicile des Sahabis à Lavassan. D’après un reporter de Rooz, les agents étaient présents de l’autoroute Babaï jusqu’à la porte de leur maison soit une distance d’environ 15 kilomètres. Les agents de sécurité étaient aussi postés devant le domicile des Sahabiis, où nombre de membres de Nehzate Azadi (Parti Iranien de la Liberté) et de membres du bureau des nationaux-religieux ont été arrêtés puis relâchés quelques heures plus tard après interrogatoires. Réza Tadjik et Yasser Massoumi font partie de ceux qui ont été interrogés au ministère du renseignement après leur arrestation mardi devant le domicile des Sahabi. Mais les agents de sécurité ne se sont pas contentés de rester à l’extérieur. Ils ont pénétré au domicile des Sahabi à plusieurs reprises pour rappeler que le défunt devait être enterré rapidement, menaçant de mettre en œuvre les règlements du bureau de sécurité provinciale. 

Le petit-fils de Sahabi Yahya Mashayekhi a dit à Rooz : « Les agents du renseignement nous pressaient de faire une courte cérémonie deuil et un enterrement rapide, ce que la famille n’a pas accepté. Ils nous ont alors menacé de davantage de problèmes si nous n’obéissions pas. » Mashayekhi explique que ces pressions durent depuis que Sahabi est tombé dans le coma, il y a un mois. Ils ont donné des ordres pour les détails de la cérémonie de deuil, de l’enterrement, etc, indiquant qu’ils avaient déjà réfléchi à ce qui devrait se passer après la mort de Sahabi. Sa fille Haleh, qui était en liberté provisoire quand son père est mort, a dit à Rooz : « Nous avons fait une courte cérémonie et nous voulons aller à pieds de son domicile au cimetière, mais nous ne sommes pas sûrs qu’ils l’accepteront »

Peur d’un cadavre  

Le Docteur Mohammad Maleki, ami proche de Sahabi et membre du conseil religieux-national, a dit à Rooz que la façon dont les agents de sécurité et de renseignement ont insisté sur un enterrement rapide et sans trop de bruit montrait combien le régime avait peur du cadavre de Sahabi en raison de sa popularité. Il a ajouté que ces agents avaient même menacé de s’emparer du corps pour l’enterrer eux-mêmes avant l’arrivée de l’assistance si on ne respectait pas leurs exigences, une chose à laquelle Haleh avait également fait allusion.  La dernière fois que Haleh Sahabi avait vu son père, s’était pendant les vacances de Nowrooz (Nouvel An), quand il lui avait rendu visite à a prison d’Evine. Elle a dit qu’il semblait aller bien à l’époque. « Avant même de me demander comment j’allais, il m’a demandé des nouvelles d’autres prisonnières étudiantes comme Bahareh et m’a dit qu’il était inquiet de leur sort, parce qu’à l’époque elles étaient interdites de visites et en grève de la faim. » Haleh a dit à Rooz mardi qu’elle ne comprenait pas pourquoi les autorités de la prison lui avaient accordé une liberté provisoire quelques jours avant la mort de son père.  « Je n’ai appris que mon père était à l’hôpital et la gravité de son état qu’en arrivant à la maison.  Quand je l’ai vu à l’hôpital, il était inconscient ; je lui ai quand même lu des poèmes, je lui ai parlé mais il ne pouvait pas me répondre. De temps en temps, une larme perlait dans ses yeux. » Son fils Yahya a expliqué qu’il n’était pas sûr de la durée de la liberté provisoire de sa mère. 

Haleh a déclaré à Rooz que, ces deux dernières années, Sahabi s’inquiétait pour le Mouvement Vert tout en le soutenant totalement. « Il croyait, il avait foi en la nouvelle génération. » « Cette génération comprend ce qu’est le dialogue et la justice et rejette le mensonge. » lui aurait-il dit.  Lors des dernières visites de son père en prison, il était encore debout avant son coma, il lui a parlé de sa propre expérience en prison pour soulager sa douleur et sa situation difficile. 

Sahabi était l’un des militants les plus influents de ce que l’Iran appelle les groupes nationaux-religieux. C’était l’un des politiciens les plus populaires et les plus respectés, connu pour son honnêteté, sa sincérité et son amour pour l’Iran. Dans une lettre ouverte de 2010, il demandait à Dieu de sauver l’Iran ou de mettre fin à sa vie. « Où puis-je porter la douleur des jeunes hommes et femmes de ce pays ? » est une réflexion sur les nombreux militants emprisonnés depuis les élections présidentielles controversées de 2009.

Réactions à la mort de Sahabi
  • Les medias d’état n’ont pas publié la nouvelle de la mort d’Ezzatollah Sahabi mais des groupes politiques et religieux ainsi que des personnalités ont publié leurs condoléances et des déclarations à l’occasion de la cérémonie à sa mémoire. 
  • Plusieurs journaux de droite n’ont pas publié la nouvelle de son décès mais uniquement les condoléances d’Hashémi Rafsandjani. 
  • Plusieurs journaux réformateurs et indépendants ont, au contraire, non seulement publié la nouvelle du décès du réformateur mais aussi des anecdotes de sa vie et ont expliqué son rôle dans le paysage politique iranien et ont ajouté des photos. 
  • Iran Farda a publié beaucoup d’articles sur Sahabi et a pris le deuil pour le décès de celui qu’il a appelé la dignité iranienne. Le conseil, comprenant des groupes religieux et nationalistes et qui était présidé par Sahabi, a publié une déclaration : « A partir de maintenant, chacun est un Sahabi ». Cette déclaration indique que Sahabi était un militant total qui voulait que l’Iran appartienne à chacun ; à cause de cela, il a passé de nombreuses années en prison sous la torture. Il était inquiet du sort de l’Iran ces dernières années, se lamentant de n’avoir rien pu faire pour sa patrie. 
  • Shirine Ebadi, la seule lauréate iranienne du Prix Nobel s’est également exprimée sur l’évènement, disant que le seul souci de Sahabi était l’Iran qui menaçait ruines. 
  • Hashémi Rafsandjani, président le puissant conseil national des gardiens, a également envoyé un message de condoléances, comme Ahmad Montazéri (fils de feu le grand ayatollah réformiste). Le message de ce dernier déclare que ceux qui ont soumis Sahabi et d’autres à la torture et à d’autres souffrances devront en répondre dans l’autre monde.
  • L’Association des Enseignants du Séminaire de Théologie de Qom a également publié une déclaration offrant Sahabi, qui a toujours essayé de faire avancer la cause de son pays, comme modèle à la jeunesse.
  • Parmi les religieux les plus importants, les ayatollahs Saneï et Bayat Zandajani ont tous deux envoyé des messages de condoléances bien sentis, louant Sahabi pour sa morale politique et ses rêves d’amour de la liberté pour son pays, qui avaient joué un rôle important dans l’établissement de la république islamique d’Iran.
  • La plus grande organisation étudiante, Sazemane Danesh-Amookhtegane Iran Eslami, plus connue sous le nom d’ Advare Tahkim Vahdat a également envoyé un message de condoléances pour exprimer sa fierté et sa sympathie pour un homme qui a connu les prisons du Shah et celles de la république islamique, car ni l’un ni l’autre ne toléraient une quelconque dissidence. Le groupe estudiantin a appelé tous les étudiants à participer aux cérémonies d’hommage et de deuil pour Sahabi.
  • Le Conseil de Coordination du Mouvement Vert a également publié une déclaration appelant les Iraniens à participer aux cérémonies marquant le décès de Sahabi.
  • Le Front de la Participation d’Iran, dont beaucoup de sympathisants sont encore derrière les barreaux, a également publié une déclaration louant les efforts que Sahabi a déployés tout au long de sa vie pour son pays et pour les Iraniens.

dimanche 12 juin 2011

Les évènements de la journée du 12 Juin 2011 (22 Khordad 1390)

Pour marquer le deuxième anniversaire de l'élection présidentielle du 12 juin 2009, plusieurs groupes de l'opposition iranienne ont appelé à manifester en Iran. Nous allons suivre les principaux évènements de cette journée sur cette page. 
  • Hoda Saber, un activiste proche du mouvement national et religieux qui était en grève de la faim depuis la mort de Haleh Sahabi, vient de décéder d'un arrêt cardiaque, d'après le site d'information TahavoleSabz. Hoda Saber exigeait par ce geste courageux que toute la lumière soit faite sur les circonstances de la mort de Haleh Sahabi. C'est indiscutablement une nouvelle tragédie qui vient nous rappeler l’extrême précarité de la situation des prisonniers politiques en Iran. 
saber
  • L'appel des plusieurs groupes de l'opposition iranienne demandait aux Iraniens de manifester en silence dans l'après midi (18h-20h) de la journée du 12 juin en empruntant uniquement les trottoirs de la grande avenue Vali-e-Asr (entre les places Vali-e-Asr et Vanak). Les revendications étaient formulées à l'avance: 1) libération des prisonniers politiques, 2) tenue d'élections libres et 3) amélioration de la situation économique et en particulier de l'emploi. La manifestation en silence et l'utilisation des trottoirs (pour ne pas bloquer la circulation) étaient motivées par la volonté de ne pas donner d'excuses aux forces de l'ordre pour réprimer cette manifestation. (liens vers ces appels: source)
  • Or cette demande de "manifester en silence", a été bien controversée (certains groupes de l'opposition et d'éditorialistes demandant une action "moins silencieuse et plus énergique"). Le porte-parole de Mir Hossein Moussavi actuellement à l’étranger a indiqué que le Conseil de Coordination du Chemin Vert de l'Espoir "allait appeler à d'autres actions, pas nécessairement silencieuses, après le rendez-vous clé du 12 juin". 
  • Le souvenir d'Ezatollah Sahabi et de Haleh Sahabi a été omniprésent ces derniers jours. Avec la mort de Hoda Saber ce matin, un prisonnier en grève de la faim, le sentiment d’injustice est véritablement à son apogée. La mobilisation des Iraniens sera un test important aujourd'hui pour jauger la vigueur du mouvement vert et sa capacité à mobiliser les masses deux ans après l'élection controversée de Mahmoud Ahmadinejad. 
  • Plusieurs sites internet gouvernementaux semblent être inaccessibles après avoir été attaqués par "Anonymous", un groupe qui a publié la vidéo ci-dessous pour marquer cette date d'anniversaire. 
  • Cette journée de mobilisation s'inscrit aussi dans un contexte d'intenses luttes internes au plus haut sommet de l'Etat iranien. Le clan Ahmadinejad est sous le feu des conservateurs modérés et des ultras, proche du guide de la révolution Ali Khamanei. Jamais la tension entre les clans Khamenei et Ahmadinejad n'a été aussi palpable. Plusieurs proches d'Ahmadinejad ont été arrêtés ou écartés de leurs fonctions ces dernières semaines. Certaines rumeurs indiquent que le très controversé chef du cabinet d'Ahmadinejad, Esfandiar Rahim-Mashaei serait en résidence surveillée. Le Parlement a par ailleurs invalidé plusieurs initiatives d'Ahmadinejad notamment pour la fusion de 3 ministères. 
  • BBC affirme que Hoda Saber avait été transféré dans un hôpital vendredi dernier à la suite d'un choc cardiaque dû à sa grève de la faim et qu'il est décédé samedi. Or sa famille n'a été informée qu'aujourd'hui dimanche.
  • Il est 17:30 heure de Téhéran. De nombreux sites de l'opposition donnent plus de détails sur la mort de Hoda Saber.
  • La place Vanak serait remplie de forces de l'ordre qui n'attaquent pas encore les manifestants. Des minibus transportant des miliciens habillés en civil ont été déployés vers la parc Daneshjou. Depuis 14:30 heure locale, aucun étudiant n'est autorisé d'entrer dans l'université de Téhéran. Les forces de l'ordre sont stationnées de l'avenue Tavanir jusqu'à la place Vanak et Parkway. Les trottoirs sont de ce parcours sont remplis de "passants". Il y a des miliciens en moto, criant des chants pour faire peur. (source)
  • La situation est très intense à l’université Sharif. Quelques étudiants auraient été arrêtés. 
  • La situation autour de l'hôpital Modaress est tendue. L'épouse de Hoda Saber exige qu'on lui rende le corps de son mari. Un rassemblement d'amis, de militants et de journalistes s'est rapidement formé devant l'hôpital avec des chants d'Allah Akbar. Des forces de l'ordre se rendent sur place pour contrôler la situation. source - source
  • Il est 18h, heure de Téhéran. Le corps de Hoda Saber a été placé dans une ambulance par les forces de l'ordre pour être transporté de l'hôpital Modaress vers la médecine légale. Le corps n'a donc pas été livré à la famille. Cette vidéo montre le rassemblement devant l'hôpital Modaress. 

  • Un nombre important de manifestants s'approchent du site de la Radio et TV d'Etat (IRIB). Ce site se trouve également sur l'avenue Vali-e Asr.
  • 18:40 heure de Téhéran: un grand nombre de manifestants sur la place Vanak. Leur nombre n'arrête pas de croître. 
  • 5 prisonniers politiques sont toujours en grève de la faim en signe de protestation contre la mort de Haleh Sahabi - source. Leur sort devient une priorité absolue pour le mouvement, vue la fin tragique de Hoda Saber. Les prisonniers politiques prennent tous les risques pour faire vivre ce mouvement.
  • La police stationne dans chaque rue adjacente à l'Avenue Vali-e Asr, les gens défilent sur l'axe principale. Les boutiques et galeries marchandes de l'Avenue Vali-e Asr fermées de force, il y a foule, atmosphère tendue. (source)
  • Le site HRANA vient de signaler qu'un manifestant a été arrêté après avoir été frappé par les forces de l'ordre vers la place Vali-e Asr. source
  • Le boulevard Mirdamad est aussi rempli de manifestants. Les gens se dirigent vers les 2 directions des avenues Shariati et Vali-e Asr. 
  • Affrontements sur l'Avenue Vali-e Asr, la police et les milices attaquent la foule à coups de matraque sur les trottoirs. 
  • Plus de 20 manifestants arrêtés vers 18:30 sur la place Vanak. Deux autres arrêtés vers 19h à une des intersections. Le nombre de manifestants est considérable. source.  
  • Les manifestants défilent toujours en silence. Leur nombre continue de croître. source
  • De nouveaux appels à manifester commencent à circuler pour les journées du 15 et du 16 juin coïncidant avec la manifestation monstre du 15 Juin 2009 où plus de 3 millions de manifestants avaient défilé dans les rues de Téhéran. source
  • Le défilé massif mais silencieux des manifestants à Téhéran aujourd'hui n'a fait qu'accroître la confusion chez les forces de l'ordre. source
  • Le site Kaleme annonce plusieurs centaines d’arrestations ce jour. 
  • L'avocat de Hoda Saber Mohammad Sharif a porté plainte contre les responsables de la prison d'Evine. Entretien avec Euronews.
  • Vidéos de l'ambiance militaire de la ville de Téhéran
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