Il aura fallu attendre dimanche soir pour que Clotilde Reiss franchisse enfin les portes de la prison d’Evin, où elle était enfermée depuis plus d’un mois. Interrogé à peine une heure plus tôt au journal de 20 heures sur France 2, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, avait fait part de son espoir d’une « libération imminente ». Au cours d’un entretien téléphonique avec Nicolas Sarkozy, l’universitaire s’est déclarée « soulagée ».
Clotilde Reiss était détenue depuis le 1er juillet. Accusée par les autorités iraniennes d’espionnage à l’occasion des manifestations d’opposition contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, elle avait été arrêtée à l’aéroport alors qu’elle s’apprêtait à rentrer en France après une escale au Liban. Lors de son procès qui avait débuté le 8 août, la jeune femme avait reconnu avoir envoyé des photos des manifestations, et avoir « écrit un rapport d’une page (…) » pour le patron de l’Institut français de recherche en Iran qui dépend de l’ambassade de France. Un dossier bien maigre, on l’aura compris, pour un tel chef d’accusation.
Le procès de la jeune fille, entamé le 8 août, avait paradoxalement marqué un premier pas vers sa libération puisqu’il avait permis une accélération des tractations entre les autorités françaises et iraniennes, qui avaient rapidement évoqué la possibilité d’une mise en liberté conditionnelle si l’universitaire s’engageait à demeurer à l’ambassade de France à Téhéran jusqu’à la décision des juges. Ce nouveau pas dans l’affaire Reiss est donc une bonne nouvelle, mais pas le dénouement d’une saga, qui reste conditionné à ce verdict. « C’est une première étape. Il faut maintenant laisser le processus judiciaire faire sa route. Il y en a probablement pour quelques semaines, j’espère moins, avec à la clé une deuxième étape, le retour définitif de Clotilde », a ainsi rappelé Rémi Reiss. L’Élysée a fait savoir que l’abandon de la procédure judiciaire à l’encontre de la jeune fille restait l’objectif prioritaire.
Le rôle de la Syrie pourrait ici être crucial. Considéré comme le principal allié de Téhéran dans la région, désireux de redorer son blason en Europe, Damas semble en effet s’être impliqué dans la médiation. C’est du moins l’analyse du politologue Ayman Abdel Nour, « la Syrie, affirme-t-il, est parvenue à faciliter le processus ». En visite officielle en Iran prochainement, Bachar Al Assad pourrait jouer de son influence auprès de Mahmoud Ahmadinejad afin d’obtenir un abandon des poursuites contre la jeune française et son retour en France.
La grande question reste le montant de la caution versée aux autorités iraniennes en échange de la liberté conditionnelle de Clotilde. Jeudi matin, Rémi Reiss avait évoqué une somme de « quelques centaines de milliers d’euros » sans en préciser davantage. Propos relativisés par Bernard Kouchner qui a évoqué dimanche une somme « pas énorme », « plusieurs centaines de milliers d’euros ». Hier, la presse iranienne évoquait cependant une caution d’environ 300 000 dollars.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire