dimanche 7 novembre 2010

Le condamné à mort Hossein Khezri en appelle à l’ONU et aux organisations humanitaires

Hossein Khezri (parfois orthographié Khazri ou Khazari), prisonnier d’opinion en Iran et condamné à mort, écrit aux organisations internationales défendant les droits humains:

Je suis, Hossein Khezri, un prisonnier politique accusé d’activités contre la sécurité nationale par la première chambre du tribunal révolutionnaire. Cette accusation a été maintenue par la 10ème chambre de la cour d’appel d’Azerbaïdjan occidental et je suis condamné à mort.

Je vais tenter de révéler au peuple iranien et à la communauté internationale les méthodes utilisées pendant les interrogatoires, en dépit des efforts du tribunal pour m’interdire de même mentionner ces agissements ; on a même refusé d’accuser réception de ma lettre ouverte au ministère de la justice. Malgré tout cela, je vais tenter de relater au monde la condition dans laquelle je me trouve actuellement avec l’espoir que quelqu’un entende ma voix.

Je suis en détention depuis le 10 Mordad 1387 (31 juillet 2008). J’ai été arrêté à Kermanshah par les gardes révolutionnaires de Nabi Akram à la garde desquels je suis resté pendant 49 jours. Pendant tout ce temps, j’ai été soumis à d’intenses tortures physiques et psychologiques dont : 
  1. J’ai été battu plusieurs heures par jour
  2. Pressions émotionnelles et mentales et intimidations pendant les interrogatoires
  3. Menaces d’impliquer mon frère, mon beau-frère et ma famille dans des « agissements illégaux » contre le gouvernement
  4. Coups de pieds dans les organes génitaux qui leur ont causé des saignements et des inflammations graves
  5. Blessure ouverte sur la jambe droite d’environ 8 centimètres, causée par un coup de pied de celui qui m’interrogeait ; cette blessure n’est toujours pas refermée.
  6. Matraquage sévère pendant toutes les 49 nuits qui ont causé des meurtrissures et des inflammations sur tout le corps.

D’après l’article 38 de la constitution iranienne, il est strictement interdit d’avoir recours à la torture pour obtenir des aveux ; forcer quelqu’un à témoigner, à avouer ou à jurer sous la contrainte est illégal et tout résultat obtenu par ces méthodes est considéré comme nul et non avenu. Cette même loi indique de plus que ceux qui l’enfreignent seront poursuivis et punis. Alors la question est : qu’en est-il de cette loi ?

Comme je l’ai dit auparavant, j’ai été soumis à la torture et à des pressions physiques et psychologiques durant les interrogatoires ; alors pourquoi des preuves ainsi obtenues sont-elles non seulement considérées comme recevables par la cour mais encore utilisées pour me condamner à mort ?

J’ai été transféré de la prison Nabi Akram des gardes révolutionnaires de Kermanshah à la prison Al Mahdi d’Oroumieh le 27 Shahrivar 1387 (18 septembre 2008). Dans cette nouvelle prison, j’ai également été soumis à une pression mentale extrême et à de graves tortures physiques. J’ai encore été transféré au quartier général du ministère de l’information d’Azerbaïdjan occidental le 16 Dey 1387 (6 décembre 2008) et de nouveau torturé. Après mon transfert à la prison d’Oroumieh le 21 Ordibehesht 1388 (11 janvier 2009), j’ai été présenté au tribunal pour la première et la dernière fois, à l’une des chambres du tribunal révolutionnaire d’Oroumieh.

Le représentant du ministère du renseignement était présent au tribunal aux côtés du procureur d’Oroumieh. Avant l’arrivée de la cour, on m’a mis en garde : il ne fallait pas parler de torture ni des méthodes employées lors des interrogatoires ni de ce qui s’y était passé. On m’a également menacé si je mentionnais que mes « aveux » avaient été obtenus sous la torture.

Telle était l’atmosphère du tribunal ; on ne m’a pas laissé de temps pour préparer une déclaration ni donné assez de temps pour exposer mon cas. Et comment mon avocat ou moi-même aurions-nous pu plaider contre des accusations aussi lourdes en moins de 10 minutes ? Autre question : quel était le but de ma présence dans un tel tribunal de comédie si ce n’est uniquement pour prouver que j’avais bien eu un « procès » et que j’avais été « condamné » lors des procédures ? En dépit des menaces et des pressions, j’ai déclaré au juge Darvishi de la première chambre du tribunal révolutionnaire que j’avais réellement été torturé et que les aveux étaient frappés de nullité puisqu’ils m’avaient été dictés alors que j’étais sous une grave contrainte mentale et physique. Je lui ai aussi dit qu’on m’avait mis en garde pour que je ne mentionne pas la torture ou que je ne renie mes aveux. Mais hélas, il m’a condamné sans même essayer d’enquêter sur ma plainte pour torture et m’a condamné à mort en 10 minutes. Ce même verdict a été confirmé par la cour d’appel le 17 Mordad 1388 (7 juin 2009) et m’a été délivré à la prison d’Oroumieh.

Il faut dire qu’entre le premier verdict et celui de la cour d’appel, je n’ai pas relâché mes efforts  j’ai porté plainte auprès du procureur général des cours martiales d’Oroumieh. Ma plainte auprès de la cour martiale a été transférée à la juridiction civile et, en dépit de mes griefs sur la conduite de ceux qui m’avaient interrogés et des fonctionnaires des gardes d’Al Mahdi, en dépit des preuves médicales de torture que je leur ai présentées, ma requête ayant été transmise au service médical, le procureur de la 8ème chambre de m’a même pas demandé de faire un examen médical pour voir si je disais la vérité ou non.

Juste après avoir envoyé ma plainte et présenté mes preuves à l’examen médical, j’ai été emmené au ministère de l’information par des gardes en armes et j’y ai été gardé trois jours. Pendant ces trois jours, on m’a menacé pour la plainte que j’avais déposée et on m’a demandé pourquoi j’avais osé me plaindre ; on m’a aussi dit qu’il me faudrait être filmé et lire des aveux écrits pour moi et nier toute sorte de maltraitance. On m’a dit que, si je coopérais, ils pourraient minimiser les accusations et réduire la peine. Ces menaces directes et leur tentative de créer une fausse réalité, c’est comme s’il troquait la vie humaine.

Ma famille fut terrifiée quand elle apprit que j’avais été transféré au ministère du renseignement ; à chaque fois que mon père cherchait à avoir des informations à mon sujet, on ne lui donnait que des réponses confuses et contradictoires. Il avait tellement peur que j’aie déjà été exécuté qu’il a faut une attaque cardiaque au ministère du renseignement ; ils l’envoyèrent à l’hôpital où il mourut. Encore un autre chapitre des crimes de la république islamique : créer une telle peur parmi les familles des prisonniers de conscience, ce qui est encore pire qu’une exécution. Qui répondra de tels crimes.

20 jours ne s’étaient pas écoulés depuis le décès de mon père quand on m’exila à la prison de Ghazvin (environ 250 km). Je vous laisse imaginer mon état d’esprit, surtout après avoir été menotté et avoir eu les yeux bandés pendant des heures, sans aucune explication sur ce qui allait se passer. Après plusieurs heures dans cet état, on m’a simplement dit que j’allais être transféré dans une autre prison et « qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter ». Jusque là, personne n’avait répondu à mes plaintes ou à ma demande d’examen médical. Jusque là, on ne m’avait pas dit pourquoi mes plaintes n’étaient pas suivies d’effet.

Les 8 mois que j’ai passés à l’isolement ont tellement affecté mon état mental que j’ai fait deux tentatives de suicide. Je pensais que la mort valait beaucoup mieux que cette torture quotidienne et cette situation inhumaine. Comment est-il possible de nos jours de torturer quelqu’un pendant 8 mois sans le laisser voir un visiteur ou même contacter son avocat ?

Pour conclure, je suis Hossein Khezri, un prisonnier politique condamné à mort et tellement au secret que lorsque ma plainte est arrivée au tribunal, la prison a refusé de m’identifier par mon nom ou mes empreintes digitales et que la lettre elle-même a été confisquée. On ne m’a pas dit quand je serai exécuté, j’ignore si ce sera demain ou ce soir, je n’ai pas le droit de recevoir des visites et je ne peux même pas faire savoir que je suis encore en vie.

C’est pourquoi je demande à tous les défenseurs des droits humains, individus ou organisations, d’accepter ma demande et d’être ma voix devant l’humanité.

A partir de maintenant, je vous reconnais formellement comme mes avocats et je vous demande de m’aider à porter mon dossier devant un tribunal juste et équitable ; je répondrais à toutes vos questions ouvertement et sans rien cacher.

Enfin, je demande au Commissaire aux Droits Humains des Nations Unies de lire, publier et prendre soin de mon dossier.

Respectueusement,

Hossein Khezri
Prisonnier politique du couloir de la mort, prison centrale d’Oroumieh, bloc 12


Notes: Monsieur Hossein Khezri, 28 ans était détenu dans la ville d’Oroumieh ; suivant une information reçue le 11 avril 2010, il a été transféré vers un lieu inconnu avant son exécution. De plus, toutes ses affaires personnelles lui ont été confisquées. Monsieur Khezri a été arrêté le 31 juillet 2008 dans la ville de Kermanshah. Le 11 juillet 2009, il a été condamné pour moharebe (ennemi de Dieu) et « mise en danger de la sécurité de l’état ». Il a été tellement torturé et blessé lors de son séjour en prison que sa vue en a été gravement affectée.

Source : http://lissnup.posterous.com/32730095

1 commentaire:

  1. peuple vaillant d iran tous revolte vs pour avoir une certaine dignite ont vs appuie canada

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