mardi 30 novembre 2010

Le Viol en Iran - Kate Allen

« Le viol n’est pas un coup porté à une personne mais à toute une famille. Une victime de viol ne guérit jamais au fil du temps qui passe. A chaque regard du père, les blessures se rouvrent. » Bahareh Maghami victime de viol en Iran, Avril 2010

Répercutant les rapports des groupes de droits humains, les médias britanniques se sont récemment fait l’écho du cas d’une jeune femme d’Iran, « Leyla » qui a été enlevée, détenue et violée par les forces de sécurité de ce pays parce que son fiancé était impliqué dans les manifestations qui ont suivi les élections présidentielles controversées de l’année dernière.

C’est une histoire terrible et malheureusement pas unique. Suite aux manifestations post-électorales, les autorités iraniennes ont réprimé avec une incroyable sévérité quiconque ressenti comme impliqué dans la critique du statu quo. Des milliers de personnes ont été arrêtées, les étudiants, les avocats, les journalistes, les syndicalistes et les militants des droits humains étaient plus principalement visés. Des centaines de personnes ont ensuite été jugées de façon inéquitable lors de « procès mis en scène » de masse et certains ont été exécutés. Mais au fur à mesure des libérations, les détails des maltraitances, y compris de viol d’hommes et de femmes, revenaient de plus en plus souvent.

Les autorités iraniennes reconnaissent quelques maltraitance au centre de détention de Kharizak, dont les anciens détenus sont sortis avec des histoires de viol, de torture et d’une situation atterrante qui a conduit a au moins trois morts, mais en dehors de ça, la réaction du gouvernement iranien a été de réfuter et de réprimer toutes les autres allégations de maltraitance.

Ebrahim Sharifi, étudiant de Téhéran de 24 ans, a été arrêté par des fonctionnaires de la sécurité en civil en juin 2009 et été mis à l’isolement pendant une semaine avant d’être relâché. Il a dit à Amnesty avoir été attaché, les yeux bandés et battu avant d’être violé. Il a aussi été soumis à des séries de coups et à des simulacres d’exécution.

Quand il a tenté de porter plainte, les agents du renseignement l’auraient menacé ainsi que sa famille. Le juge en charge du dossier lui a dit : « Peut-être vous a-t-on payé…si vous persistez dans votre plainte, vous le paierez certainement en enfer. » La commission d’enquête judiciaire a déclaré que ses allégations de viol étaient fabriquées de toutes pièces et avaient des motifs politiques.

Deux anciens membres de la milice bassidj soutenue par le gouvernement et vivant désormais au Royaume Uni ont dit aux médias britanniques qu’ils ont été témoins de viols systématiques d’hommes et même de jeunes hommes dans un parc de la ville méridionale de Shiraz. D’autres membres de la bassidj ont poussés des jeunes hommes et même de jeunes garçons dans des conteneurs maritimes dans le parc où les viols avaient lieu. Ils se sont plaints tous les deux à leurs supérieurs ce qui les a conduit à être obligés de quitter l’Iran.

Les détenues relatent fréquemment des insultes sexuelles et des menaces de viol. Zahra Kamali, étudiante arrêtée en juillet 2009, a raconté à Amnesty International que ceux qui l’interrogeaient l’avaient accusé de vouloir coucher avec d’autres hommes et avaient tripoté sa poitrine. Elle a dit que sa codétenue d’alors, une militante féministe, avait été encore plus maltraitée. « Elle nous a dit qu’on lui avait fixé des câbles électriques sur les mamelons et donner des chocs électriques. Elle allait si mal qu’elle s’évanouissait parfois dans la cellule. »

Ce sont les femmes qui sont le plus discriminées par la loi iranienne ; le témoignage d’une femme au tribunal par exemple ne vaut que la moitié de celui d’un homme. Ceux qui font campagne pour les droits des femmes continuent à être harcelés, intimidés et arrêtés. Amnesty fait campagne pour Ronak Safazadeh, qui a fait campagne pour les droits des femmes, emprisonnée en 2009 pour 5 ans sur des accusations qui semblent forgées de toutes pièces.

Tous les viols sont de graves violations des droits humains. Mais la violation a encore plus de sens quand le violeur est un fonctionnaire. Le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture affirme que le viol est une torture quand il est perpétré par des fonctionnaires ou à leur instigation. Les organismes internationaux et régionaux de défense des droits humains ont entériné le fait que le viol par des fonctionnaires est toujours une torture et ne peut être considéré comme un simple acte criminel.

L’usage du viol comme forme de torture (ou comme une arme de guerre) ne se limite certainement pas à l’Iran. Mais ça ne veut pas dire que ces rapports puissent être ignorés. Une enquête international sur les droits humains en Iran a été refusée par le gouvernement : il n’a pas donné son autorisation d’entrée à 8 rapporteurs des droits humains de l’ONU et il utilise les réunions de l’ONU pour réfuté les rapports sur les violations des droits humains.

La situation des droits humains en Iran est devenue si terrible qu’Amnesty International, Human Rights Watch et d’autres organisations en ont appelé la semaine dernière au Secrétaire Général de l’ONU pour qu’il nomme un émissaire spécial pour enquêter et faire un rapport plus détaillé sur la situation des droits humains en Iran.

Tout ceci n’améliorera pas beaucoup la situation de ceux mentionnés dans cet article comme Leyla, Ebrahim et Zahra. Mais la communauté internationale doit s’assurer, pour eux et pour d’autres innombrables Iraniens, qu’on ne se concentra pas uniquement sur les plans nucléaires de l’Iran mais aussi sur les droits humains de son peuple.

Kate Allen, Directrice d’Amnesty International pour le Royaume Uni

Source: http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/middleeast/iran/8102358/Rape-in-Irans-prisons-the-cruellest-torture.html

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