Au nom du Dieu aimant et compatissant,
Au guide suprême de la république islamique d’Iran,
Nous vous écrivons aujourd’hui parce que, bien qu’ayant épuisé toutes les voies et procédures légales en ce qui concerne l’arrestation et la détention de Mohammad Nourizad, nous sommes blessés au-delà de ce que nous pouvons exprimer et nos questions sont restées sans réponse. Nous aurions voulu nous adresser à vous en vous appelant « père » mais en raison de la situation difficile que nous avons subi et continuons de subir, nous venons à vous comme des citoyens ordinaires, espérant trouver quelque soulagement dans notre douleur infinie.
Monsieur Khamenei, vous souvenez-vous d’une jeune fille aux mains tremblantes qui vous aborda il y a si longtemps au milieu d’une foule qui vous regardait les yeux enamourés ? Elle vous a dit : « Monsieur, je ne sais comment m’adresser à vous. Certains vous appellent mon imam Ali, d’autres Seyed, Moghtada ou guide suprême. Comment dois-je vous appeler ? » Vous avez répondu : « Appelez moi Khamenei ». La jeune fille a dit : « Monsieur Khamenei, je suis ici pour vous critiquer mais je voudrais que vous lisiez cette lettre vous-même plutôt que de la donner aux deux hommes qui vous accompagnent, parce qu’ils ne veulent pas que l’on vous critique. » Vous l’avez regardée avec aménité, avez pris la lettre pliée de sa main et l’avez placée sous votre manteau. Vous êtes parti sans savoir ce que les agents de sécurité et les frères présents avaient fait à cette jeune fille. Elle tremblait et pleurait pendant son interrogatoire, mais au fond de son cœur elle était heureuse parce que Monsieur Khamenei avait dit qu’il lirait sa lettre.
Monsieur Khamenei, voilà ce que la jeune fille avait écrit dans sa lettre : « Le jour des manifestations de Qods, j’ai regardé votre discours sur la télévision nationale. Je me souviens que vous avez parlé de l’imam Ali, de ceux qui ont connu de longues périodes de culte, ceux qui, au sommet du pouvoir et dans les périodes amères d’isolement n’ont jamais cessé d’accueillir les orphelins et n’ont jamais brisé le cœur de personne. Je me souviens qu’un homme s’est levé. Il semblait vouloir vous donner une lettre et cependant, vous l’avez amèrement ignoré devant des milliers de gens. Que Dieu me pardonne si je vous insulte de quelque manière que ce soit. Mon intention n’est pas de vous insulter mais plutôt de vous poser une question. Ce n’était peut-être pas la situation idéale pour que cette personne vous approche, mais il ressentira toujours le fait d’avoir été exclus et ignoré par le guide suprême et le gouvernement islamique. La seule erreur de cet homme était le choix de l’heure et une voix forte. Excusez-moi s’il vous plait de vous dire ceci, mais vous avez n’avez pas été à la hauteur de votre rôle de gardien de la loi islamique alors que vous parliez de l’imam Ali. » La jeune fille disait ensuite, à la fin de sa lettre : « Je ne vous considère ps comme le Mehdi, le dernier imam. Même si ma lettre est adressée qu bureau du guide suprême, il n’y a aucun moyen de s’assurer que les lettres vous arrivent réellement… »
Monsieur Khamenei, nous comprenons que vous recevez beaucoup de lettres. Nous savons que vous recevez beaucoup de plaintes, de pleurs et de plaidoiries par le courrier, mais très peu ont vraiment réussi à recevoir une réponse à leurs lettres. Par cet acte courageux, cette jeune fille est rentrée dans l’histoire. Elle a présenté une critique simple, directe et osée a reçu une réponse, étrangement. Voici votre réponse : « Chère jeune fille, je vous remercie pour votre note et j’espère que Dieu nous pardonnera tous nos nombreuses erreurs, petites ou grandes. Je ne peux répondre à ce que vous m’avez rappelé dans votre lettre. De temps en temps, à cause d’un ton amer, les orateurs sont moins conscients que ceux qui les écoutent parler. Dans cette affaire, nous devons tous demander au Tout Puissant d’amender celui qui a prononcé ces paroles et si possible de lui indiquer la bonne direction. Je demande donc également à Dieu votre bonheur et votre succès. »
Monsieur Khamenei, cette jeune fille ne peut plus s’adresser à vous fièrement pour vous dire : « Monsieur Khamenei, je voudrais vous critiquer ». Voilà un an que Mohammad Nourizad, son père, est incarcéré pour vous avoir critiqué. Sa famille a été privée de son droit de le voir et de l’entendre. Les honorables et estimés agents de sécurité ont traité sa femme et ses enfants avec tant de grâce et de gentillesse, ne faisant montre d’aucun respect pour les mots qu’ils exprimaient dans leurs nombreuses lettres décrivant leur situation difficile.
Monsieur Khamenei, on nous a dit que vous avez passé beaucoup de temps en prison, que vous aussi vous avez frissonné dans une cellule glaciale et pleuré d’être séparé de votre famille. Peut-être y avez-vous entendu parler de grève de la faim et de la soif. Mohammad Nourizad est en grève de la faim et de la soif depuis plus d’une semaine. Il n’a rien mangé ou bu depuis une semaine. Comme tout autre famille dans un tel cauchemar, nous avons fait tout ce que nous avons pu pour nous informer de son état. Nous avons écrit aux autorités judiciaires et rendu visite aux sommités religieuses dans l’espoir que quelqu’un nous donne la possibilité d’entendre sa voix et nous soulage de nos peines et soucis infinis.
Monsieur Khamenei, les sommités religieuses nous ont demandé de la patience. A midi, au jour de l’Ashoura, la lèvre sèche et le cœur brisé, nous nous sommes assis devant la prison d’Evine ; à la demande des agents de sécurité, nous avons prié en silence en ce jour sacré de l’Ashoura. Soudain, surgis de nulle part, nos honorables frères en civil sont apparus, ont interrompu nos prières, arraché nos hidjabs et commencé à nous battre. Dieu nous est témoin de ce qu’ils nous ont fait et de ce qui nous est arrivé à midi au jour de l’Ashoura ! L’image de notre mère, traînée sur le sol dans la rue alors qu’elle murmurait « Salut à toi Zeynab » persiste dans nos esprits.
Monsieur Khamenei, notre mère se trouve en soins intensifs en raison de ces agissements haineux et couards et notre famille n’a plus maintenant plus ni mère ni père, a passé la nuit de deuil de l’Ashoura en pleurs, nous consolant les uns les autres et soignant nos blessures.
Monsieur Khamenei, nous aurions souhaité que, lorsqu’ils battaient et arrêtaient l’épouse et les enfants de Mohammad Nourizad, lorsqu’ils les interrogeaient et finissaient par les relâcher, ils nous donnent au moins des informations sur sa situation ou, à tout le moins, qu’ils nous indiquent à qui nous adresser pour obtenir des réponses à nos questions.
Monsieur Khamenei, nous ne nous appellerons pas « père » c’est ainsi que nous nous adressons à notre propre père. Avec votre permission, nous vous appellerons par votre nom et vous adresserons une mère au cœur brisé, un père âgé et qui a travaillé dure toute sa vie, un frère ancien combattant, une épouse blessée et en mauvaise santé et des enfants qui ne font que se poser des questions. Ils ignorent toujours à qui s’adresser et qui est responsable des blessures et des meurtrissures de leurs corps et de leurs âmes.
Nous demandons refuge au Dieu de la liberté
Famille Nourizad
Samedi 18 décembre 2010
Source: http://www.kaleme.com/1389/09/27/klm-41257/
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