vendredi 24 décembre 2010

Biographie de Habibollah Latifi

Préparée par le Comité des Militants des Droits Humains du Kurdistan et basée sur les informations de la famille et des amis de Monsieur Latifi.

Habibollah Latifi est le septième enfant de Soghra et Abbas Latifi. Il est né le 21 mars 1981 – 1er jour du printemps et le début de l’année iranienne – à Sanandadj. Il passe les sept premières années de sa vie, durant la guerre Iran-Irak au village de Taysar près de Sanandadj.
Il aime le sport et est très bon en football. Il a joué dans plusieurs équipes de foot y compris Sanandadj Shahrdari (équipe municipale). Il a cependant du abandonner le sport avant d’entrer à l’université, l’une des conditions pour pouvoir jouer étant d’être membre de la milice bassidj. Latifi étudie l’ingénierie industrielle. Il aime la nature et la topographie du Kurdistan. Il s’est donc tourné vers l’alpinisme et a escaladé beaucoup des sommets du Kurdistan.

Bien qu’issu d’une famille aisée, il est toujours habillé modestement. C’est un étudiant brillant qui obtient son baccalauréat en 2001 et entre à l’université d’Ilam en 2002 pour y étudier l’ingénierie civile.

Habibollah Latifi s’intéresse beaucoup à ses études, aux discussions et débats sur les problèmes sociaux et politiques en Iran. Il est plus particulièrement intéressé par les problèmes spécifiques du Kurdistan. Avec ses amis, il s’engage dans des activités civiques, culturelles, écologiques et politiques en militant dans des ONGs et en ayant des activités plus politiques. Il a aussi l’honneur de faire partie des associations écologistes Jianeh Vah et Shahou. 

Habibollah Latifi est arrêté un soir de l’automne 2007 rue Adab à Sanandadj. 11 agents du renseignement l’arrêtent alors qu’il sort d’une boutique d’ordinateurs. Il n’a aucun contact avec le mode extérieur pendant 4 mois. Il est à l’isolement et soumis à des tortures vicieuses par les agents du renseignement. Le 9ème jour après son arrestation, il est transféré à l’hôpital de Sanandadj pour une hémorragie rénale. Il y croise, par hasard, un membre de sa famille qui décrit son état comme grave : « Un jeune homme aux yeux gonflés, à la peau grise, aux lèvres déchirées. Il est incapable de se tenir debout. Trois personnes le traînaient pendant que 8 personnes, militaires et civils l’escortaient. » On a découvert plus tard qu’il a failli mourir, frappé à coups de pied, à coups de poing par environ six personnes utilisant des matraques. Pendant quatre semaines, il n’a pu se mouvoir qu’en rampant.

Il a le crâne brisé en trois endroits et les coups de pied répétés lui ont déchiré les lèvres. Il est à noter que Habibollah Latifi a protesté des traitements infligés auprès de Kamyani, le juge en charge de son dossier. Le juge le rencontre dans sa cellule d’isolement pour l’interroger. « Kamyani a nié toute torture et accusé Habibollah Latifi de mensonge.»

Dans le même temps, le responsable régional du renseignement (à l’époque Amdjadi) a une conversation avec Habibollah Latifi par le judas de la porte de sa cellule. Il lui promet de l’aider ainsi que Yasser Goli (l’ami de Habib) à s’évader uniquement si Habib fait des aveux chargeant ses amis et s’il remet un rapport mensuel sur deux personnes (dont il ne mentionne pas les noms). Devant le refus de Habib, Amdjadi le menace de la peine de mort.

Après le calvaire de l’interrogatoire, Habibollah Latifi est transféré dans une autre section de la prison où il peut enfin voir le soleil et sa famille au bout de quatre longs mois. A l’été 2008, lors d’un procès qui ne dure que quelques minutes et hors la présence de sa famille, Habibollah Latifi est jugé coupable d’agissements contre la sécurité nationale et le régime. Le juge Babaï qui préside la cour, cite un verset du coran et certains chapitres du livre de l’ayatollah Khomeiny pour conclure que Habibollah Latifi est un Mohareb (un ennemi combattant Dieu). En conséquence, il est condamné à mort. Habibollah Latifi a nié toutes les accusations.

La cour d’appel confirme le verdict illégal à l’hiver 2009.

Le juge Babaï lui dit : « De toutes façons, vous êtes condamné à mort. Vous devriez endosser la responsabilité des crimes des autres inculpés innocents dont j’ai les dossiers dans les mains, je pourrais ainsi clore leurs instructions. »

Il faut mentionner qu’avant l’exécution d’Ehsan Fattahian et alors que la mère de Habibollah s’était jointe à la grève de la faim des prisonniers pour protester contre les peines de mort (elle a aussi menacé de s’immoler par le feu), Babaï menace Elaheh (la sœur d’Habibollah que avait donné des interviews à des médias étranger) d’emprisonnement et de poursuites légales dures. Auparavant, quand Omid (le frère d’Habib) s’était rendu au tribunal pour y suivre le dossier de son frère, il avait été détenu une demi-journée et battu en public par le responsable de la sécurité du tribunal.

En prison, la bronchite dont Habib souffre depuis son enfance s’aggrave. De plus, il fait une infection de l’estomac et a des problèmes dentaires (causés par l’hygiène déplorable de la prison et la mauvaise qualité de la nourriture servie dans les cellules d’isolement), ce qui ne fait qu’aggraver ses souffrances morales. En dépit des nombreuses requêtes de sa famille et de son avocat, les autorités lui interdissent les soins médicaux. Il ne se rendra à l’hôpital qu’une seule fois pour un examen auditif dont les résultats ont d’ailleurs été perdus.

Massoud Mehreban, l’ancien directeur de la prison centrale de Sanandadj et Mohammad Khosravi (responsable de la prison de Sanandadn) harcèlent et persécutent continuellement Habibollah Latifi en contrôlant toutes ses relations et en le privant des visites de sa famille et de ses contacts téléphoniques.

Une semaine seulement après l’envoi du dossier à la cour suprême, au début du printemps 2009, l’appel est rejeté. Le dossier vient ensuite devant le comité des grâces de la cour suprême. Après 10 mois de secret, son avocat, le docteur Nikbakht est informé que le comité a refusé d’examiner le dossier.

La révélation de cette décision et la déclaration d’Eskandari (responsable de la mise en œuvre des verdicts à Sanandadj) disant qu’il n’existait pas d’obstacle à l’exécution de la peine de mort, la probabilité de l’exécution de Habibollah est plus forte que jamais. 

Il n’y a aucune possibilité de commuer la condamnation à mort de Habibollah. 

Il faut mentionner que la famille Latifi a fait confiance à quelques fonctionnaires du renseignement et de la justice pour lui sauver la vie. Ces individus se targuaient de pouvoir influencer le résultat du procès et ont escroqué la famille mais ils n’ont pas tenu leurs promesses. La famille a essayé de prendre rendez-vous avec les responsables de la justice (actuels et anciens) mais leur demande a été rejetée.

Habibollah Latifi a tenté sans relâche de stopper l’exécution d’Ehsan Fattahian en participant à une grève de la faim. Ces tentatives ont eu pour résultat davantage de pression sur lui de la part des autorités de la prison. Ils ont fouillé et confisqué ses effets personnels et annulé ses droits de visite et de conversations téléphoniques avec sa famille.

En décembre, il est retourné à l’isolement pendant quatre jours pour y être torturé.

De plus, lors de la visite de l’ayatollah Khamenei au Kurdistan, des agents du renseignement se sont rendus au domicile de son père au milieu de la nuit pour intimider la famille. Il en a résulté une attaque cardiaque pour la mère de Habibollah.

La famille de Habibollah demande l’aide des organisations défendant les droits humains pour le sauver de son exécution, maintenant prévue à 6h30 du matin dimanche 26 décembre.

Source : http://is.gd/jmERm

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