U4I: Comment se porte Madjid actuellement ? A-t-on des nouvelles fraîches ?
Madjid est maintenant emprisonné à la prison de Radjaï Shahr de Karadj. Son moral est bon. Il souffre cependant physiquement à cause de sa grève de la faim d’il y a quelques mois. Le traitement médical qui lui est fourni ne lui suffit pas. Suivant les lois de la république islamique d’Iran, tous les prisonniers doivent obtenir une liberté provisoire pour rendre visite à leurs familles. On ne lui accorde cependant pas ce droit. De plus, jusqu’à il y a un mois, il n’a pas pu recevoir de visites de sa famille en prison alors que c’est l’un des droits fondamentaux mentionnés dans la loi.
U4I : qu’est-ce qui a poussé Madjid à militer surtout en connaissant les risques ?
J’ai partagé une chambre avec Madjid pendant deux semestres. Au début de ses études, il était croyant et soutenait le gouvernement. Au fil du temps, il a commencé à participer à des activités critiques organisées par des groupes étudiants d’opposition et a participé la publication d’un journal étudiant « Khat-é-Sefr ». Il a publié des articles critiquant la théocratie et de la domination des religieux en politique. En fait, il est devenu un religieux réformiste… Nous étions étudiants et militants politiques défendant et soutenant les droits humains. Je considère Madjid à la fois comme un étudiant et un dirigeant politique réformiste ayant foi dans les droits humains et essayant de les promouvoir.
U4I : Sait-il que l’on fait des campagnes en sa faveur ?
Oui, il est en contact avec ses amis hors de la prison par téléphone. Il est informé des campagnes et des activités des militants des droits humains et il apprécie tous les efforts faits pour lui et les autres prisonniers de conscience.
U4I : Pouvez-vous nous parlez du rôle des gens ordinaires dans le monde entier qui agissent au nom de Madjid et de tous ceux qui subissent des mauvais traitements semblables en Iran ?
Actuellement, toute action est communiquée en Iran et de là aux prisonniers par des intermédiaires. En tant que militants des droits humains et d’un mouvement démocratique, nous apprécions le soutien des autres nations pour les droits humains. Les droits humains sont universels et leurs violations doivent provoquer des réactions au niveau global.
C’est très important, pour ces militants qui risquent leurs vies, d’être reconnus soit par leurs compatriotes soit à l’extérieur du pays De plus, si la communauté internationale est informée de la situation en Iran, cela poussera l’IRI à se conformer à la Déclaration Universelle des Droits Humains.
U4I : Quand Madjid a prononcé son discours lors de la journée de l’Etudiant l’année dernière, pensez-vous qu’il s’attendait à être arrêté ?
J’étais en contact avec Madjid avant son arrestation lors de le Journée de l’Etudiant [7 décembre 2009]. En fait l’idée du site « Daneshjoonews.com » était la sienne. Je le dis uniquement pour souligner qu’il tentait aussi d’encourager les militants au-dehors à être plus impliqués dans le mouvement.
Avant la Journée de l’Etudiant il m’a dit, ainsi qu’à quelques amis, qu’il avait décidé de prononcer un discours à l’université Amir-Kabir contre la répression du gouvernement. Nous étions sûrs que s’il assistait à ce rassemblement et y prononçait un discours, il serait arrêté, surtout que ses activités antérieures lui avaient déjà valu d’être arrêté à deux reprises.
Des amis proches et moi-même avons essayé de le convaincre de changer d’avis mais il a persisté. Il disait que si nous cédions sur nos droits fondamentaux comme nous rassembler pacifiquement sur le campus, nous céderions aussi jusqu’à laisser faire la pire dictature. Il disait qu’en tant que dirigeant étudiant de premier plan, son discours donnerait le courage aux autres étudiants de s’élever pour leurs droits. Il disait « La liberté n’est pas gratuite. »
Il est très intelligent et il savait que sa présence à ce rassemblement aurait un grand effet sur le militantisme étudiant et l’encouragerait à s’engager plus activement dans des activités sociales et politiques, et c’est bien ce qui s’est passé.
U4I: Comment a-t-il pris cette question du hidjab qui a suivi son arrestation ? Savait-il que des milliers d’hommes à travers le monde se sont habillés en femmes pour le soutenir ?
Il était très calme et ne l’a jamais regretté. Autant que je sache, il ne portait pas de hidjab lors de son arrestation. Il l’a utilisé pour échapper aux gardes de l’université et aux agents du renseignement. Mais il a été arrêté 30 minutes après son évasion, sans hidjab. Quand on l’a emmené en prison et qu’on l’a questionné sur son évasion, il a avoué avoir utilisé le hidjab pour distraire et piéger les gardes. Après ses aveux, ils l’ont forcé à porter un voile pour simuler son apparence pendant son évasion. Ils ont pris des photos et l’ont forcé à faire des aveux filmés mais il n’a pas obéi et a résister aux aveux enregistrés.
Je dois dire que nous avons tous été choqués par les réactions qui s’en sont suivies, par la façon dont les Iraniens ainsi que la communauté internationale ont réagi. La campagne pour le soutenir avec des hommes habillés en femmes était une idée géniale et a prouvé que les hommes ont beaucoup évolué. Quand il a découvert la campagne des hommes portant le hidjab, il a été émerveillé par les réactions.
Pendant sa période initiale de détention, il a passé presque 6 mois à l’isolement. Il n’était pas au courant des réactions en dehors de la prison ni de la campagne pour le soutenir. Il a dit à ses amis que lorsqu’il était à l’isolement, ceux qui l’interrogeaient lui avaient montré des photos de lui portant un voile postées sur des sites Web. On lui avait dit qu’en dehors de la prison on se moquait de lui et même que ses amis et ses copains avaient signé une déclaration pour condamner ses agissements. Quand il est sorti de l’isolement, on lui a appris l’étonnante campagne menée en sa faveur.
Source: http://united4iran.org/2010/11/%E2%80%9Cfreedom-is-not-free%E2%80%9D-conversation-with-former-roommate-of-majid-tavakoli/
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