mardi 14 décembre 2010

Déclaration de Madjid Dori pour le 16 Azar

Madjid Dori est un étudiant privé d’éducation et expulsé de l’université Allameh Tabatabaï de Téhéran. Il est emprisonné depuis le 9 juillet 2009 sans aucune libération provisoire. A l’occasion de la journée nationale de l’Etudiant (7 décembre), Madjid Dori a publié une déclaration depuis sa prison. En raison de problèmes oculaires et des restrictions qui lui sont imposées, cette déclaration a été publiée en retard.
Il est à noter que Madjid Dori a récemment refusé d’être enchainé pour un rendez-vous chez un ophtalmologiste en dehors de la prison. Ce refus lui a coûté cher puisque les fonctionnaires de la prison lui ont imposé de nouvelles restrictions. Voici le texte intégral de la déclaration de Madjid Dori.

Hommes et femmes en feu,
Leur chant le plus douloureux n’a pas encore été chanté
Le silence emplit l’air, le silence impatient
Comme il explose d’espérance
Ahmad Shamlou

Combien de temps encore sacrifierez-vous le Coran et fuirez-vous la réalité par l’oppression ? Combien de temps encore, au nom de la loi et de la religion, réprimerez-vous les dissidents et retarderez-vous l’inévitable ? Jusqu'à quand encore ignorerez-vous le mouvement Vert, le souillerez-vous de sang et le prendrez-vous au piège des ténèbres ?

C’est encore une fois le 16 Azar (7 décembre), la journée de l’Etudiant, le jour de nos universités, fer de lance des chercheurs, une journée qui a bien servi vos visées auparavant mais qui place désormais vos forces de sécurité en alerte. Votre peur, votre anxiété suffisent à prouver que nos universités sont Vertes de vie et non noires de mort. Nous sommes peut-être moins nombreux mais beaucoup plus tenaces. Les universités iraniennes misent sur le temps pour frapper votre sommeil paisible.

Que pensez-vous de nos universités ? Croyez-vous que vous les dirigez et que les étudiants sont vos soldats obéissants ? C’est un vœu pieux ! Les étudiants iraniens ne suivent pas aveuglement les ordres et s’élèvent contre la tyrannie sans tenir compte de votre pouvoir militaire. Nos universités ne s’inclinent pas devant des ignorants qui se prennent pour des hommes d’état pour ourdir notre destruction. Nous prendrons position résolument et nous saisirons nos chances dans cette bataille.

Nous méritons bien un gouvernement dont l’avènement a été bloqué par un homme dont les paroles sont basées sur des mensonges, un homme qui n’a pas peur de mentir. Les militants étudiants accueillent favorablement leur expulsion ; devenir une étoile est encore à la mode. Les responsables de nos universités ne pensent qu’à détruire et uniquement d’une poigne de fer.
Mon professeur de l’université Allameh était à quelques mètres de nous en prison. Mahdieh Golrou était dans la section des femmes. Empreints de fierté, ils ont arrêtés tous les étudiants et les professeurs, hommes comme femmes. Ils n’ont pas fait moins dans d’autres universités. D’innombrables étudiants ont été arrêtés et leurs peines d’emprisonnement qui s’accumulent prouvent que nos universités restent aux côtés de notre peuple et n’abandonnent pas le champ de bataille.

Nous avons été battus, mais nos universités l’ont supporté ; nous avons été massacrés mais nos universités ont tenu bon. On a attaqué nos cités universitaires mais nous avions pris position. Nous avons été tués mais nos universités ont continué le combat ; nous avons été emprisonnés mais nos universités ne se sont pas rendues. Voilà comment l’Iran est devenu une université et toute la population, des étudiants luttant pour la liberté et la démocratie. Université, nos cœurs t’embrassent, nos esprits se soucient de toi, nos lèvres crient ton nom.

Alors salut aux militants étudiants, aux héros, aux expulsés. Salut à tous les étudiants des facultés puisque être étudiant est devenu un crime. Salut à tous les professeurs d’ailleurs…. Salut aux indigents qui ont rejeté l’oppression et crié au nom de la liberté. Salut à un mouvement qui fut Vert, qui reste Vert et qui demeurera Vert.

La liberté approche sur la piste sanglante
Tellement imminente que j’en frémis
Que caches-tu dans ta main ?
Qu’est-ce qui enchaîne tes pieds ?
Liberté, arriverais-tu enchaînée ?

Humblement,
Madjid Dori - Prison de Behbahan
Azar 1389 (décembre 2010)
Source: http://persian2english.com/?p=17448

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