samedi 28 juillet 2012

Semaine 30 pour un Iran Libre et Démocratique


Nouvelles des Prisonniers
A- Transferts
  • Au 56ème jour de sa grève de la faim, le militant des droits humains Mohammad Sedigh Kaboudvand a été hospitalisé deux heures puis reconduit en cellule.
  • Nargues Mohammadi est de retour en prison.
  • Vahid Rastgou au bloc methadone de la prison de Tabriz.

B- Arrestations/Incarcérations
  • Mitra Aali a été transférée au bloc 350 d’Evine pour commencer à purger sa peine d’un an de prison.
  • Ashkan Alhayari commence à purger sa peine de 1 an à Evine.
  • Goudarz Beidaghi, bahaï de Semnan, commence à purger sa peine d’1 an de prison.
  • Abtin Djahanian commence à purger sa peine de 3 ans à Evine.
  • Habib Halefi, militant politique arabe, arrêté à Hamidieh.
  • Adibeh Kalantari, étudiante kurde, arrêtée.
  • Le Docteur Ehsam Firouzi, militant des droits humains, commence à purger sa peine 18 mois à la prison d’Evine.
  • Ali Mola Hadji, étudiant de l’université de Ghazvine, commence à purger sa peine de 3 ans à Evine.
  • Mansour Naghipour, militant des droits humains, commence à purger sa peine de 7 ans à Evine.
  • Shamim Naïmi, bahaï de Téhéran, arrêté après convocation.
  • Zohreh Nikaïn, mère d’un bébé de cinq mois, commence à purger sa peine de 23 mois.
  • Le bahaï Aziz Samandari emprisonné pour 5 ans.
  • Ahmad Shariat bloggeur pro-régime arrêté.
  • Davoud Shiri, écologiste, condamné à 4 mois de prison.
  • Taraneh Torabi convoquée pour commencer à purger sa peine de 20 mois de prison alors qu’elle est mere d’un bébé d’un mois.
  • Nahid Zahraï, bahaïe de Téhéran, arrêtée à son domicile.

C-Libérations
  • Mojtaba Karimi, militant étudiant de l’université d’Ispahan, libéré sous caution.
  • Ali Malihi, membre d’Advar, en liberté provisoire sous caution.
  • Le militant de la société civique Hashem Mirzaei libéré sous caution de la prison de Tabriz.
  • Erfan Mohammadi, militant étudiant de l’université d’Ispahan, libéré sous caution.
  • Farahnaz Naïmi, baha’ie, libérée sous caution.
  • Bakhtiar et Farin Rasekhi, bahaïs, libérés sous caution.
  • Amin Zargarnejad libéré sous caution.

D-Autres Nouvelles 
  • Le prisonnier politique kurde né en Syrie Ramezan Ahmad Kamal qui purge une peine de 10-ans, est en grève de la faim.
  • Le journaliste et militant des droits humains kurde Mohammad Sedigh Kaboudvand a mis fin à sa grève de la faim.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Nasser Behdjati condamné à 1.5 ans de prison à Mahabad.
  • Ali Borna condamné à 3 ans de prison à Mahabad.
  • Mohammad Ebrahimzadeh condamné à 1 ans de prison à Mahabad.
  • Le bahaï Ehsan Erfani a été condamné à 1 an de prison par le tribunal révolutionnaire de Semnan.
  • Akbar Gavili, écologiste kurde, condamné à 2 ans de prison à Sanandaj.
  • Osman Ghadernejad condamné à 4 ans de prison à Mahabad.
  • Mohammad-Amin Ghaderzadeh condamné à 4 ans de prison à Mahabad.
  • Zanyar Ghaderzadeh condamné à 3 ans de prison à Mahabad.
  • Esmail Hamzehpour condamné à 5 ans de prison à Mahabad.
  • Morad Hassanzadeh condamné à 1 an de prison à Mahabad.
  • Le militant politique et civique Rouzbeh Khanpayeh a été condamné à 4.5 ans de prison + 8 mois avec sursis.
  • Gholamreza Khosravi Savadjani doit être exécuté le 11 août.
  • Veria Khosravi, écologiste kurde, condamné à 4 ans de prison à Sanandaj.
  • L’ancien député et membre du Front de la Participation Radjabali MazrouÏ a été condaùné à 1.5 an de prison + 5 ans d’interdiction d’exercer le journalisme.
  • Ali et Tchia Molanejad condamnés à 5 ans de prison chacun à Mahabad.
  • Osman Molanejad condamné à 10 ans de prison à Mahabad.
  • Samkou Osmani condamné à 1.5 ans de prison à Mahabad.
  • Le militant des droits humains le Docteur Youssef Pourseifi est condamné à 5.5 ans de prison.
  • Ghassem Rahimi condamné à 1 an de prison à Mahabad.
  • Kamran Rahimi, écologiste kurde, condamné à 3 ans de prison à Sanandaj.
  • Soleiman Rahimzadeh condamné à 4 ans de prison à Mahabad.
  • Kaveh et Loghman Saleki condamné à 4 ans de prison chacun à Mahabad.
  • Nasser Tarighi condamné à 5 ans de prison à Mahabad.
  • Soleiman Tcheragh-Manan condamné à 4 ans de prison à Mahabad.
  • Anwar et Mohammad Yazid-Doust condamné à 2 ans de prison chacun à Mahabad.
  • Un homme de 22 ans, coupable d’avoir coupé le doigt d’un autre homme lors d’une bagarre, condamné à avoir la main tranchée en compensation.
  • Le magazine Siyasat Rooz bénéficie d’un non-lieu ; il était accusé d’avoir publié de fausses informations.
  • Un adolescent de 17 ans condamné à mort pour un meurtre commis quand il en avait 15.
  • Une pendaison à Ilam mardi.

L’université - La culture
  • La police continue d’attaquer les domiciles pour confisquer les antennes satellites, cette fois à Bokan.
  • Le ministre de la culture a interdit les affiches pour les voyages à l’étranger sauf pour les pèlerinages.
  • Parviz Piran, proéminent professeur de sociologie expulsé de l’université Allameh Tabatabaie .

Les manifestations
  • Première manifestation pour motifs économiques à Nishapour (voir sur le blog)

L’économie de l’Iran
  • L’Iran introduit un taux de change à trois degrés : $ = 1226, 1500, et 1910 tomans.
  • L’Iran va importer 20.000 tonnes de poulet surgelés du Brésil.
  • Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 37% depuis le ramadan de l’année dernière.
  • Les ouvriers du barrage de Ziviea n’ont pas été payés depuis 4 mois.
  • L’Iran va importer du blé du Pakistan en échange d’engrais chimiques.
  • Le constructeur Iran Khodro dit pouvoir se passer de l'aide de PSA.
  • Les ouvriers de l’usine Ahvaz Pipe n’ont pas été payés depuis 20 mois.
  • L’Iran arrête de vendre des devises à un prix subventionné aux Iraniens se rendant à l’étranger.

L’Iran à l’étranger
  • Nouvelle crise diplomatique : les autorités yéménites menacent d’expulser tous les diplomates de l’ambassade d’Iran.
  • L’Inde interdit 3 banques iraniennes pour des raisons de sécurité.
  • L’Iran réfute la mort de Ghassem Soleimani, commandant de l’unité Ghods à Damas.
  • Le premier prix  Elizabeth Taylor de l’histoire décerné à Arash et Kamran Alaei pour leur travail sur le HIV/SIDA en Iran.
  • L'Iran a construit un premier pétrolier pour le Venezuela.
  • Ali Saïdlou, vice-président pour les affaires étrangères a reçu le vice-premier ministre syrien à Téhéran et a appelé au développement du commerce entre les deux pays.
  • Les étudiants bassidjs protestent contre la présence de Bahrein au sommet des hon-alignés qui doit se tenir à Téhéran.

 La politique en Iran
  • L’Iran a commencé à louer des terres agricoles à l’Iran depuis 8 mois.
  • Mojtaba Vahedi coupe les ponts avec Karroubi pour pouvoir poursuivre la lutte pour renverser le régime.
  • Le frère du commandant de l’unité Ghods, Ghassem Soleimani, arrêté pour corruption. 
  • Les immigrants illégaux « traités » par milliers d’après un officiel.
  • La province iranienne de Kohgiluyeh et Boyer-Ahmad interdit le transport de poulets à l’intérieur de ses frontières.
  • Sohrab Soleymani Directeur Général des prisons de la province de Téhéran démis de ses fonctions et arrêté pour détournement de fonds ; il détournait les rations alimentaires des gardiens et des prisonniers.

Nouvelles en vrac 
  • 65% du lac d’Oroumieh est déjà asséché.
  • Un établissement d’énergie nucléaire iranien touché par un virus qui joue AC/DC à plein tube. 
  • 143 cafés traditionnels fermés à Karadj.

Sur le Blog cette semaine 

mercredi 25 juillet 2012

Réactions contre l'envolée des prix en Iran - manifestation à Mashhad - 23 Juillet 2012


La "Révolte du Poulet", suite. 

Après Neishabour hier, c'était le tour de Mashhad de témoigner du grand désarroi de la population contre l'envolée des prix. Le fameux poulet est affiché au prix officiel de 4,500 Tomans/kg mais est en réalité vendu à 8000 ou 9000 Tomans/kg (1 US$ vaut environ 1,900 Tomans en ce moment).

Dans cette vidéo apparemment anodine, on l'entend "Mort à la Vie Chère", le chant "Yar-e Dabestani" véritable signature des manifestations de 2009, une manifestante prenant la parole, "Azadi, Azadi" (liberté en Persan), "Référendum, Référendum, c'est la volonté du peuple", l'attaque des forces de sécurité lourdement armées, un manifestant gravement blessé, des manifestants qui volent à son secours, des manifestants qui interpellent les forces de l'ordre.

Le régime prend très au sérieux ces mécontentements et essaye à tout prix d'éviter qu'ils ne servent d'étincelles à une nouvelle vague de manifestations de rue. La propagande du régime met en avant la lutte du gouvernement contre la vie chère. Le procès du "Sultan de la Viande", homme d'affaires possédant plusieurs entreprises, est très médiatisé. Le ministre "de la vie chère" (nom donné par la faction anti-Ahmadinejad du Parlement) est convoqué au Parlement pour un éventuel vote de confiance. 


Mashhad, Iran - 23 Juillet 2012


Neishabour, Iran - 22 Juillet 2012

dimanche 22 juillet 2012

Lettre de Shabnam Madadzadeh


Au nom de Dieu

Ce n'est hélas pas une feuille qui se fane, c'est une forêt que l'on change en désert.

Aux amis et compagnons qui savent ce que c’est que souffrir, à tous les cœurs battants pour les êtres humains, pour l’humanité et pour toutes les valeurs, au-delà des frontières géographiques.

Je parle en tant que témoin, témoin des jours terribles d’une ville où la mort a déposé le poids de son manteau sur un mur, un endroit où l’on ne peut plus respirer. Les noirs donjons aux hauts plafonds, sans fenêtres, sans lumière du jour, deux cents femmes par cellule, surpeuplées et bruyantes, les détenues, désespérées et agitées, les bagarres et les mauvaises nouvelles…Je les ai vus, de mes yeux vus : « le massacre de l’humanité, j’en ai été témoin de mes yeux. » Je parle en tant que témoin, témoin des moments incertains, du regard confondu de la mort coulant des yeux des prisonnières et des matraques des unités spéciales pour les calmer.

Je parle en tant que témoin des bagarres pour s’approprier la nourriture et le pain dans un endroit dénommé réfectoire. Tout le jeu des acteurs, les faux-semblants et les décorations n’ont abouti à rien. Ce qu’on servait aux prisonnières en tant que ration alimentaire était si maigre que les prisonnières affamées ramassaient les restes sur les assiettes et bientôt des bagarres éclataient pour les restes de nourriture. Les plateaux et les chaises volaient. Et le sol sale et glissant en faisait glisser et tomber certaines. Un endroit appelé réfectoire mais dénommé par les prisonnières « salle de tabassage ».

Je parle en tant que témoin. J’ai vu leurs gros efforts pour montrer aux familles en visite le revers d’une situation déplorable. La salle que nous traversons avec ses ruines et ses dolines pour atteindre la salle des visites, possède, de l’autre côté du mur, près de l’entrée, des jardins remplis de fleurs, je l’ai remarqué le jour où j’ai été transférée à Evine, pour que les familles, dans cette roselière, se sentent heureuses de voir quelques fleurs et oublient que leurs propres fleurs se fanent à l’intérieur. Hélas !

Le procureur national était présent à Ghartchak le jour-même où l’on nous transférait de nouveau à Evine ; il était venu réfuter tous les rapports dans les médias, tant nationaux qu’étrangers, sur la situation de Ghartchak, ce qui est, en soi, une preuve de la situation déplorable de cette prison. Ils voulaient nier quelque chose. Ce même réfectoire, qui avait été nettoyé de fond en comble pour les caméras, avait un carrelage maculé de sang les jours précédents. Les jours qui ont suivi notre retour à Evine, voilà ce que j’ai entendu des gardes et de ceux qui ont fait l’aller-retour entre Evine et Ghartchak : cet endroit n’est qu’un trou d’enfer, d’après les geôliers eux-mêmes. Qu’y a-t-il d’autre à nier ?

Oui ! Je parle en tant que témoin d’un terrain vague dénommé prison, d’une ville sans signe de vie, où même les plantes arrêtent de croître. Un endroit où j’ai été transférée de temps en temps. J’ai qualifié sa situation de déplorable et inhumaine, non seulement pour moi mais pour toutes les femmes qui y sont incarcérées, quel que soit le mobile de leur incarcération. C’est un camp de la mort, pas une prison. Un endroit de mort lente. Et j’entends encore le bruit de la dignité humaine que l’on écrase jusqu’à la faire expirer. Un an et demi se sont écoulé depuis cette époque mais, de nouveau, je me souviens de ces moments.

Après le transfert de Kobra Banazadeh Amirkhizi, une femme de 60 ans et de Sedigheh Moradi à la prison de Ghartchak mercredi 11 juillet, je me suis de nouveau sentie au milieu de ces femmes, dans les mêmes conditions. Mon  cœur  se serre mais j’ai les mains liées, je ne pourrais rien faire. A l’âge que j’ai et dans mon état physique, il m’était très difficile de supporter cet endroit, alors pour ces deux femmes qui sont malades…Les murs grandissent et les barreaux de métal se referment. Je sens la chaleur de ma respiration sur mon visage. Une sensation inexprimable par des mots. Croyez-moi, je ne peux pas exprimer par des mots cette sensation indescriptible.

Je parle encore en tant que témoin, quelqu’un qui a rencontré Madame Banazadeh il y a plus de deux ans dans la prison de Gohardasht (Radjaï Shahr) et qui a rencontré Sedigheh Moradi à Evine il y a plus de huit mois. Pendant cette période, j’ai été témoin de la dégradation de leur état de santé dans cet horrible endroit, assiégées par des barreaux de métal dans des conditions inhumaines. Témoin de l’opération des yeux ratée de Madame Banazadeh qui lui a fait perdre la vue à cause de l’irresponsabilité des fonctionnaires, témoin de son arthrose au cou et au dos, témoin de son ostéoporose. Il n’y a que deux semaines que Madame Banazadeh était hospitalisée pour passer une angiographie cardiaque. Mercredi, elle s’attendait à passer une échographie cardiaque, pas à être envoyée à Ghartchak. Témoin des problèmes de dos de Sedigheh Moradi, de son arthrose du cou et de la colonne vertébrale et de ses problèmes cardiaques.

Quant à moi, j’ai mis en route une mission de libération ; de ce chemin rempli d’injustice, mon corps a gardé les blessures causées par la persécution, l’exil, le bannissement ; les restrictions font maintenant partie de ma vie. Je crois profondément que nous devons nous comporter comme l’eau d’une rivière, couler sur son lit, quelque dur et difficile qu’il soit, effaçant tous les obstacles, nous frayant un chemin, surgissant et déferlant jusqu’à la mer ; je crois que nous devons mettre fin à la tyrannie, nous devons rester fermes.

Mercredi, j’ai été témoin d’une cruauté éhontée : ils ne se satisfont même pas des verdicts de leurs propres tribunaux injustes et inéquitables. J’ai été témoin qu’à leur bon plaisir, ils ignorent les jugements des tribunaux et se forgent les leurs. A ce moment, j’ai ressenti dans tout mon être que si, au lieu de l’ordre de levée d’écrou d’une camarade de cellule nous apprenions qu’elle était condamnée à mort, nous ne pourrions rien faire.

Compagnons et amis qui partagez la même douleur ! J’ai commencé cette lettre sans préambule car ma plume et mon esprit n’avaient pas la force d’assembler les mots. Une fois de plus, mes mains liées se tendent vers vous, pour que, comme par le passé vous deveniez mes mains pour arracher les voiles et mettre à nu ces jeux de pantins des soi-disant honneurs et dignités des femmes !!! Une fois de plus, je vous crie ma douleur, pour que comme une montagne, vous faisiez écho à ma voix. Je suis dans un endroit où l’on ne peut respirer, alors hurler votre ire tonitruante.

Je demande à toutes les organisations défendant les droits humains et à tous ceux qui, ne serait-ce qu’un instant, se sont souciés de l’humanité, où qu’ils soient dans le monde, de n’épargner aucun effort pour que ces deux femmes sortent de cet obscur endroit.

Shabnam Madadzadeh
14 juillet 2012
Prison d’Evine

samedi 21 juillet 2012

Survivre au Viol dans le Prisons Iraniennes - Mojtaba Saminejad @madyar


Nom : Mojtaba Saminejad
Lieu de Naissance : Téhéran, Iran
Date de Naissance : 30 septembre 1980
Profession : Bloggeur, journaliste, militant des droits humains
Interviewer : Iran Human Rights Documentation Center (IHRDC)
Date de l’Interview : 4 février 2011

Cette déclaration a été préparée suite à un entretien aves Mojtaba Saminejad. Elle a été approuvée par Monsieur Saminejad le 18 mai 2011.

Je m’appelle Mojtaba Saminejad. Je suis né le 30 septembre 1980. J’étudiais le journalisme et la communication à l’université de Téhéran.

J’ai été arrêté deux fois, la première le 31 octobre 2004 ; j’ai été libéré sous caution au bout de 88 jours. Après deux semaines, le 12 février 2005, j’ai été arrêté de nouveau et je suis resté incarcéré pendant 21 mois.

La première fois, j’ai été arrêté pour avoir publié l’incarcération de trois bloggers de mon blog. Mais j’ai été accusé d’autres choses, en autres pour des articles que j’avais publiés sur mon blog. Certaines accusations étaient très graves comme insultes contre le Prophète Mahomet, passibles de la peine de mort si prouvées, insultes contre les ayatollahs Khomeini et Khamenei, crimes contre la sécurité nationale, troubles à l’opinion publique, propagande contre la république islamique et, par-dessus tout, insultes contre le prophète Mahomet.

Il était près de 20h00 quand j’ai été arrêté pour la première fois. J’étais chez moi avec ma mère, l’un de mes frères et un ami. Quatre personnes sont arrivées et m’ont demandé. Je suis allé voir qui ils étaient. Ils m’ont montré mon portrait et m’ont demandé si c’était bien moi, ce que j’ai confirmé. Ils m’ont montré un dossier qui contenait mes écrits et se sont présentés comme agents du maintien de l’ordre. Ils ont forcé l’entrée et ont dit qu’ils voulaient perquisitionner. J’ai demandé un mandat. Ils n’en ont produit aucun. Ma mère et moi avons reformulé notre demande d’un mandat et de qui ils étaient. Mais ils ont répété qu’ils étaient des agents de maintien de l’ordre. L’un d’eux a dit s’appeler monsieur Teherani.

Plus tard, durant les interrogatoires et les conversations avec ceux qui m’interrogeaient, j’ai découvert qu’ils appartenaient à un comité spécial illégalement institué par la Sepah (le conseil des gardes révolutionnaires, IRGC) sous la direction des juges Saïd Mortazavi et Moghadis (plus tard assassiné) pour lutter contre la cybercriminalité et réprimer les bloggeurs.

Ce comité, appelé « Bureau Internet » n’était pas officiellement établi. Il était néanmoins actif et visait les bloggeurs. J’avais posté sur mon blog un article sur leurs activités illégales avant mon arrestation. Les médias étaient plus ou moins au courant de l’existence de ce comité mais le gouvernement ne la confirmait pas.

Ils ont perquisitionné pendant une heure et demie. Pendant cette perquisition, mon père est arrivé. Il leur a aussi demandé le mandat de perquisition mais ils n’ont rien montré. Ils nous ont maudits et insultés durant la perquisition et m’ont menacé. L’un d’eux m’a forcé à accéder à mon blog pour en changer le contenu. Ils voulaient surtout que je réfute que les trois bloggeurs aient été arrêtés pour raison politique et voulaient que j’écrive que c’était pour avoir bu lors d’une soirée. Je ne l’ai pas écrit. L’un d’eux voulait utiliser la force et la violence. Ma mère et mon frère l’en ont empêché. Il m’a dit que je serai emprisonné pendant des années si je ne changeais pas le contenu de mon blog. J’ai écrit ce qu’il m’avait demandé mais de façon telle que les lecteurs flairent l’embrouille. Par exemple, j’ai écrit que j’allais à Shiraz pour participer à une foire aux livres. C’était pendant le mois du Ramadan et chacun sait que les foires aux livres n’ont jamais lieu pendant ce mois-là.

Je crois que, même si j’avais nié l’arrestation des trois bloggeurs, ils ne m’auraient pas relâché. Ils étaient venus pour m’arrêter. Ils ont ramassé tous mes documents personnels durant la perquisition.

Ils m’ont sorti de la maison, m’ont bandé les yeux et ont dit à mon père qu’ils avaient quelques questions à me poser et qu’ils me relâcheraient le lendemain. Deux voitures attendaient dehors. L’une d’elle était une fourgonnette et l’autre une Peugeot. Ils m’ont mis dans l’une d’elles et m’ont forcé à me mettre la tête entre les jambes.

Je ne savais pas où ils m’emmenaient. Au bout d’une demi-heure, la voiture s’arrêta. J’ai compris plus tard qu’il s’agissait de la prison d’Evine. J’ai passé un examen médical et on m’a posé quelques questions sur mon historique médical. Ils m’ont laissé debout devant un mur pendant 45 minutes puis m’ont conduit dans une cellule du bloc 2A administré par l’IRGC. Je suppose que ce bloc est situé au sud-est d’Evine. Ils continuaient à me menacer de me garder en prison pendant des années et de me soumettre au « poulet ». J’ai compris plus tard ce que cela signifiait. « Poulet » était le nom d’une torture. On attachait les prisonniers sur une planche, on le suspendait et on le fouettait.

De nuit, ils m’ont transféré dans une cellule d’isolement. J’y suis resté quatre nuits. On m’a donné un stylo et une feuille de papier et on m’a dit d’écrire si je voulais utiliser les toilettes et de passer le papier par la trappe. Il y avait une petite trappe en bas de la porte par laquelle on me passait ma nourriture. C’est vers cette époque que j’ai vu par hasard un bloggeur dans la prison ; son épouse avait rapporté sur son blog qu’il avait trouvé la mort dans un accident de voiture à Ahvaz. J’ai été surpris de le voir vivant.

La quatrième nuit, les interrogatoires ont commencé. J’ai eu environ 13 personnes pour m’interroger. Il semblerait qu’ils étaient tous membres d’une même équipe supervisée par le comité spécial établi pour réprimer les bloggeurs. L’un d’eux s’appelait Seyed Amir. Il y a quatre ans, j’ai découvert qu’il avait été nommé chef de la sécurité de l’université Allameh Tabatabaï. Je suppose qu’il l’est toujours. Au bout de quatre nuits, on m’a emmené pour m’interroger mais on m’a remmené en cellule immédiatement. J’ai vu qu’il y avait six salles d’interrogatoires dans notre bloc. Après m’avoir demandé mon identité, celui qui m’interrogé a ordonné au garde de m’emmener et de me ramener quand j’aurai fini de prier. Une demi-heure plus tard, on m’amena pour m’interroger. Dès que je suis arrivé, on m’a giflé et poussé contre le mur. Alors, cinq ou six personnes ont commencé à me frapper. On ne m’a posé aucune question pendant une demi-heure, on m’a juste frappé. Lorsque j’ai commencé à saigner, ils ont arrêté de me frapper. On m’a alors assis sur une chaise. Personne ne m’a dit de quoi j’étais accusé. Au bout d’un moment, on m’a remis à un garde qui m’a reconduit en cellule.

Le lendemain, vers quatre heures, un nommé Mohebi du bureau 21 du procureur de Téhéran a écrit ce dont j’étais accusé et m’a demandé de signer le papier. J’étais accusé de crimes contre la sécurité nationale et de troubles à l’opinion publique. Il a inscrit le montant de 150 millions de tomans en tant que caution sur la même feuille et m’a demandé de la signer. Je lui ai demandé ce qu’était ce montant et il m’a dit que c’était ma caution. Je lui ai demandé si ma famille était au courant et il m’a assuré que oui. Il mentait. Ma famille ne savait même pas où je me trouvais. Il n’a pas expliqué le pourquoi de ces accusations. J’ai demandé à rencontrer un avocat. Il m’a dit que je n’avais pas droit à un conseil juridique et que personne n’accepterait de me défendre.

La fois suivante, on m’a enveloppé la tête dans un sac plastique, menotté, couché sur le sol et attaché les pieds avec une corde. Puis on m’a choqué. Je suppose que c’était un choc électrique. J’ai eu très mal à la tête. Ce genre de mauvais traitements a continué pendant quelque temps. Après quelque temps, ceux qui m’interrogeaient m’ont dit qu’ils ne viendraient plus me parler à moins que je n’avoue et que je ne dévoile le nom et l’adresse de mes amis bloggeurs. Je ne connaissais pas les noms et adresses de mes amis bloggeurs. J’ai dit que je ne les savais pas. On me raccompagna en cellule. Personne ne vint me voir pendant 12 jours. Je me sentais insupportablement seul. Ceux qui m’interrogeaient étaient mon seul contact avec le monde extérieur. Ne les voyant pas revenir, je me suis mis en grève et je n’ai rien mangé pendant deux jours. Au bout de 12 jours, ils sont revenus. Pendant un moment, la pression a diminué. Ensuite, ceux qui m’interrogeaient n’ont plus utilisé la violence jusqu’à ce qu’ils soient remplacés et que les mauvais traitements recommencent.

Après quelques temps, j’ai découvert que 21 bloggeurs dont Hossein Reissi, Mohammad-Reza Khansari, Kaveh Ramezani, Afshin Zarieh ainsi que les trois bloggeurs dont j’avais dit qu’ils avaient été arrêtés sur mon blog, Mohammad Blodi, Omid Sheikhan et Peivand Sharif étaient tous dans la même prison que moi. Certaines nuits, on menait de front les interrogatoires des six bloggeurs dans les six salles. On nous battait. Ces nuits étaient terrifiantes. Une nuit, j’ai entendu que dans la salle adjacente à la mienne, on demandait aux deux hommes, deux bloggeurs, d’avouer qu’ils avaient des relations sexuelles illicites entre eux.

L’un d’eux était dans la cellule d’à côté. Il était jeune et m’a raconté une histoire très triste. Nous parlions à travers les petites trappes du bas des portes. Il me dit que plusieurs fois, un garde de service était entré dans sa cellule et lui avait demandé d’avoir des relations sexuelles. Il y avait six gardes de service en trois équipes. Il m’a dit avoir pleuré. Cet homme m’a dit qu’il était terrorisé par le garde et que, lorsqu’il était de service, il n’osait pas aller aux toilettes. Il était en grande difficulté

Nous frappions au mur de nos voisins quand nous voulions leur parler. J’ai frappé au mur pour lui demander de venir parler. Pendant deux nuits, il n’est pas venu. La troisième nuit, il est venu et il m’a dit qu’il avait été forcé à avoir des relations sexuelles avec le garde. Je crois que c’était la troisième semaine après mon arrestation. Habituellement, le garde entrait dans sa cellule à minuit. C’était juste pour le plaisir sexuel. Je l’ai poussé à porter plainte mais il ne voulait pas. Il était accusé de crimes graves. Il avait peur que son dépôt de plainte puisse le mettre encore plus en danger et alourdir sa peine. Il a plus tard été condamné à quatre ans de prison. Au bout d’un mois, la plupart des prisonniers ont été relâchés.

Au bout d’un moment, j’ai pu brièvement appeler ma famille pour l’informer que j’allais bien. La conversation n’a duré qu’une minute.

Je pense que c’était un mois et demi après mon arrestation ; j’ai rencontré un ami bloggeur aux toilettes. Il était très en colère. Il a pris le temps de m’expliquer combien il avait été maltraité la nuit précédente. On lui a ordonné soit de coopérer soit de manger un bol plein d’excréments. Comme il n’a pas avoué, il a été obligé de l’avaler. Il m’a dit qu’il l’avait fait.

Cette nuit-là, quand on m’a emmené pour m’interroger, j’ai remarqué que l’ancienne grossière équipe était de retour. Ils m’ont de nouveau demandé les noms et adresses de mes amis bloggeurs. Sincèrement, il y avait certains bloggeurs que je ne connaissais pas. Je suis devenu ami avec eux en ligne et j’ai posté des commentaires sur leurs pages. On m’a davantage maltraité qu’avant. Il était minuit. Ils m’ont montré un bol plein d’excréments, une feuille de papier et un stylo pour écrire. Ils m’ont donné un choix basique : avouer ou manger. J’ai dit que je ne savais pas. On m’a alors poussé la tête dans le bol d’excréments et me les ont fait manger. J’y ai été obligé. Il y avait environ quatre personnes dans la salle cette nuit-là.

Après cet incident, j’ai fait une nouvelle grève de la faim pendant cinq ou six jours. Les interrogatoires n’ont pas cessé. On me frappait moins mais la pression psychologique  augmentait. On m’a par exemple dit qu’on avait arrêté mon père parce qu’il demandait sans cesse de mes nouvelles. Une fois, on a insulté ma mère. Cela m’était insupportable et je me suis battu avec celui qui m’interrogeait. Une autre fois, on m’a montré de faux aveux d’un ami qui avait dit beaucoup de choses à mon propos. On m’a menacé d’une peine lourde. Ils voulaient en savoir plus sur les autres bloggeurs et continuaient à me poser des questions à leur sujet. On m’a par exemple interrogé sur Behzad, un bloggeur qui avait écrit des articles sur la religion sur son blog. Je ne le connaissais pas. On m’a dit de dévoiler ses coordonnées sinon je serai violé avec une matraque.

Les intimidations et les discussions sexuelles faisaient partie intégrante de beaucoup d’interrogatoires. Quelquefois, ils décrivaient un viol avec des détails tellement horribles que j'en vomissais. Par exemple, on m’expliquait comment je serai violé. Durant les interrogatoires, on me posait des questions sur mes relations sexuelles avec mes amies. On voulait par exemple que j’avoue des relations sexuelles avec mes amies. Une de mes amies était journaliste. Ils voulaient que j’avoue avoir eu des relations sexuelles avec elle. J’ai parlé avec elle il y a quelques temps, après sa libération après les manifestations post-électorales de 2009. On lui avait posé le même genre de questions durant sa détention. On voulait aussi que je décrive l’acte sexuel d’un de mes ami avec sa fiancée.

Quelques temps plus tard, je crois que c’était après ma deuxième grève  de la faim, un religieux est venu me voir. J’avais les yeux bandés et j’étais menotté. Il m’a fait asseoir sur une chaise pendant six ou sept heures. En parlant, il mangeait des fruits secs. Il m’a expliqué le genre d’ennuis que j’aurai si je n’avouais pas. Il a parlé des élections américaines et iraniennes. Cette nuit-là, j’ai découvert que ma détention provisoire avait été renouvelée pour deux mois.

Je me suis mis en grève pour la troisième fois. On m’a alors permis de rencontrer ma famille et j’ai arrêté ma grève. Ma famille ignorait où je me trouvais. Ils étaient allé dans différents endroits pour demander de mes nouvelles. Nulle part on ne leur a dit que j’étais détenu.

Après 60 jours, on m’a pressé de donner une interview filmée. On m’a demandé de parler d’Internet et de témoigner que ceux qui l’utilisaient seraient corrompus. Je n’ai pas accepté cette interview filmée. Néanmoins, après huit jours, la pression a diminué et j’ai été libéré sous caution après 88 jours. J’avais passé tout ce temps à l’isolement.

Le soir où j’ai été libéré, je me suis créé un nouveau blog où j’ai écrit ce qui m’étais arrivé en prison. Deux ou trois jours plus tard, je me suis rendu au bureau de Shirin Ebadi, le Centre de Défense des Droits Humains, où j’ai demandé asile. J’ai porté plainte auprès de la Commission Islamique des Droits Humains et j’ai écrit à Khatami, le président d’alors, et à l’ayatollah Shahroudi, chef de la justice.

Deux semaines plus tard, le 13 février 2006, j’ai donc été de nouveau arrêté. J’ai reçu une sommation à comparaître au bureau du procureur de la 21ème chambre de Téhéran. Là, Mohebi, celui qui m’avait interrogé, m’a dit qu’il m’avait averti de ne pas parler de mon expérience en Iran avec qui que ce soit. Il a ensuite rédigé les accusations : crime contre la sécurité nationale, trouble à l’opinion publique, publication de faux pour troubler l’opinion publique, négation de l’avènement du Mahdi (crime qui n’existe pas dans le code pénal), propagation de l’immoralité, relations sexuelles illicites, insultes aux prophètes et aux ayatollahs Khomeiny et Khamenei.

Mohebi voulait que je signe cet acte d’accusation. Je ne l’ai pas signé. J’avais deux avocats : Mohammad Seifzadeh et Fereydoun Shami. J’ai dit que je voulais rencontrer mon avocat avant la signature de l’acte d’accusation. Il m’a dit que si je ne signais pas, je serai arrêté. Je n’ai pas signé et Mohebi a ordonné mon arrestation. J’ai été transféré à Evine et mis en quarantaine. A Evine, on m’a enregistré mais on n’a pas fait d’examen médical. Je suis resté deux jours en quarantaine puis j’ai été transféré à Ghezel Hessar.

Après mon admission, j’ai été transféré au bloc trois. Ghezel Hessar compte huit blocs. Ceux qui m’interrogeaient m’ont rendu visite à de nombreuses reprises à Ghezel Hessar et m’ont interrogé. Les interrogatoires portaient de nouveau sur mes relations sexuelles. Ils voulaient connaître mes relations avec une femme qui vivant à l’étranger. J’ai entendu dire qu’après son retour, on l’avait poussé à porter plainte contre moi pour agression sexuelle. Mais elle ne l’a pas fait.

Après quelques temps, on m’a transféré dans un autre bloc. Les drogues étaient facilement disponibles. J’ai assisté au viol de jeunes prisonniers par des prisonniers plus âgés ; à plusieurs reprises. Les prisonniers qui y étaient le plus sujets étaient les jeunes hommes qui sortaient de maisons de correction une fois leurs 18 ans atteints. Les prisonniers voyous qui étaient plus forts pratiquaient communément des abus sexuels sur les plus jeunes et les violaient. La première salle du bloc trois abritaient les prisonniers de moins de 24 ans. J’y ai vu beaucoup de victimes de viols. Quelquefois, quand l’un deux s’opposait aux gardes, il était puni et envoyé dans une autre salle. Là, parmi les voyous, il était vulnérable et facilement violé.

Je n’ai pas eu connaissance de viols commis sur ces hommes par les gardes. J’ai rapporté le viol des prisonniers aux autorités mais ils ne s’en sont pas occupés. J’ai eu connaissance du viol des prisonniers dès la première semaine. J’étais à la douche. Il y avait six ou sept salles dans notre bloc. Les portes n’étaient que partielles et on voyait les pieds et les têtes des prisonniers. Une fois dans les douches et plusieurs fois à l’intérieur du bloc, j’ai été témoin de viols. Beaucoup de prisonniers de Ghezel Hessar ont bien connu ce genre de situation.

Après quelques temps, le chef de notre bloc m’a donné comme tâche de lui rapporter le nombre de prisonniers dans chaque salle tous les soirs. J’allais donc dans les toutes autres salles pour y compter les prisonniers. J’ai vu à plusieurs reprises que les prisonniers les plus âgés agressaient sexuellement les plus jeunes dans ces salles.

J’ai vécu six mois parmi les prisonniers afghans. Ils étaient très mal traités en prison. Je ne me souviens plus de la date Tôt le matin, nous avons été réveillé par un cri extrêmement fort. Le chef de notre bloc nous a dit qu’un Afghan s’était querellé avec un garde et qu’on l’avait amené au bureau principal et que c’était sa voix. Il avait raison, c’était bien la sienne. On le violait avec une matraque là-bas. On le ramena dans la salle au bout de deux heures et c’est là que je l’ai vu.

Après le viol, deux prisonniers afghans l’ont emmené à l’infirmerie. Quand il est revenu, mes camarades de cellule afghans m’ont demandé de faire quelque chose pour lui. J’ai contacté Mohsen Beigui pour lui demander conseil. Nous avons décidé d’écrire une lettre pour se plaindre des gardes. Le prisonnier agressé l’a signée. Mes camarades de cellule ont signé en tant que témoins. Le prisonnier agressé s’est rendu au bureau principal pour remettre la plainte. Il était accompagné par notre représentant de bloc. Trois ou quatre heures plus tard, ils sont revenus avec des sacs de bonbons, de chocolats et de fruits secs. J’ai compris qu’on lui avait aussi remis de l’argent. Le garde l’avait convaincu de retirer sa plainte et il avait accepté.

On m’a ensuite convoqué au bureau principal. On m’a menacé au cas où je poursuivrais cette plainte ; on m’a dit que si je le faisais, je serais en grave danger puisqu’ils avaient réussi obliger le prisonnier à retirer sa plainte.

Les gardes étaient au courant des viols en prison mais ils ne voulaient pas s’en occuper. Ils les considéraient comme un phénomène carcéral ordinaire et routinier au même titre que les bagarres et les drogues. Quand je leur en ai parlé, ils m’ont dit être incapables de les contrôler. En fait, ils ne voulaient pas s’en occuper ou de les contrôler. Ils les ignoraient et laissaient faire. Ils ne tentaient pas de prévenir les agressions ou de punir, ne serait-ce que symboliquement, les agresseurs.

J’ai été jugé par trois tribunaux. La 13ème chambre du tribunal révolutionnaire m’a jugé pour crime contre la sécurité nationale et insultes contre les ayatollahs Khomeiny et Khamenei. Elle m’a déclaré non-coupable de crime contre la sécurité nationale mais coupable d’insultes contre les ayatollahs Khomeiny et Khamenei et m’a condamné à la peine maximale, deux ans de prison. Les autres chefs d’accusation, propagation de l’immoralité, trouble à l’opinion publique par diffusion de fausses informations et relations sexuelles illicites ont été jugés par le tribunal spécial de conduite du 21ème district de Téhéran. On m’a jugé non coupable de prostitution mais coupable de trouble à l’opinion publique et condamné à 10 mois de prison. Pour relations sexuelles illicites, j’ai été condamné à une amende de 100.000 tomans. Mon procès le plus dur était pour insulte contre le prophète qui s’est tenu à la 16ème chambre du tribunal criminel, qui m’a déclaré non-coupable. En tout, j’ai été condamné à 36 mois de prison et à 100.000 tomans d’amende.

Je suis resté en prison 21 mois puis j’ai été libéré sous caution. Je suis resté en Iran deux autres années et je suis parti en 2008.

Source : http://www.iranhrdc.org/english/publications/reports/3401-surviving-rape-in-iran-s-prisons.html#.UAaOZrS7W2A

Jugez le guide suprême ! - Mohammad Nourizad


Extraits de la lettre de l’ancien prisonnier politique Mohammad Nourizad au responsable de la justice, l’ayatollah Sadegh Laridjani : Jugez le guide suprême ! 

Dans cette lettre, il critique le manque d’indépendance du système judiciaire et appelle le responsable de la justice à mettre en examen ses frères, le président du parlement Ali Laridjani et le responsable des droits humains Djavad Laridjani, ainsi que le président Ahmadinejad et le guide suprême Khamenei.

Nourizad commence sa lettre en disant à Laridjani qu’en tant que responsable de la justice, il se classe sixième personne la plus influente et puissante de la justice ; il nomme Raïssi, le procureur général Edjeï, Hedjazi et les juges Salavati, Pirabbassi et Moghayeseh comme personnes plus influentes et puissantes que le responsable de la justice.

Nourizad continue en signalant huit actions à prendre pour démontrer l’indépendance du système judiciaire :

1-« Mettez vos frères en examen, les deux, le président du parlement et votre autre frère, l’humoriste, celui qui raconte des blagues tout le temps. Celui qui, depuis l’estrade effrayante des droits humains, proclame qu’il n’y a, en Iran, ni prisonniers politiques ni torture, que le système est totalement intact, intègre, sain, équitable et juste. »

Nourizad continue en critiquant l’implication politique du frère du responsable de la justice, le président du parlement Ali Laridjani, alors qu’il est militaire. Il poursuit en disant qu’il possède des documents prouvent qu’Ali Laridjani a détourné des fonds publics et lui demande de le mettre en examen pour sa conduite.

Il poursuit en s’interrogeant sur la grande étendue de terrains acquise ses dernières années à Varamine par le frère du responsable de la justice, Djavad Laridjani. Il traite aussi Djavad Laridjani de menteur pour sa négation de l’existence des prisonniers politiques en Iran et de la torture dans les prisons iraniennes. « Nous savons mieux que quiconque ce qui se passe dans notre système judiciaire. Le couteau coupe-t-il son manche ? Demandez-lui si nous aurions pu mettre en examen et incarcérer ces bassidjis qui ont attaqué la cité universitaire de Téhéran, tabassé les étudiants, volant et détruisant leurs biens ?

2-Si vous croyez diriger la justice et être indépendant, alors, en tant que procureur général, pour une fois, juste pour une fois, mettez Monsieur Ahmadinejad en accusation pour avoir humilié le peuple iranien pendant des années, avoir pillé leurs richesses et avoir nommé des voleurs à des postes de pouvoir et de responsabilité. Comme vous êtes timides, vous les trois frères ! Tout votre tumulte n’est rien que des slogans grandiloquents. Même si Ahmadinejad n’est pas moins un lanceur de slogans que vous trois, au moins il ose. Inspirez-vous en. Un frère au parlement, un autre à la tête de l’appareil des droits humains et vous dans votre poste, unissez vos influences et créer une symphonie en laissant un peu de côté votre timidité, voyons. On ne meurt qu’une fois, de quoi avez-vous peur ?

3-Je n’irai pas plus avant. La seule raison qui justifie votre poste à la tête de la justice, vous, une personne sans expérience ni qualification, c’est votre capacité à obéir aux ordres et bien sûr à être une machine à signer.

4-Si j’avais voulu être très idéaliste, j’aurais dit : en tant que chef de la justice, vous devez mettre le guide suprême en accusation pour sa conduite, tant publique que privée de violations des droits justes du peuple. Par exemple, je l’interrogerais sur ses comptes cachés et indéterminés. Pourquoi ne révèle-t-il pas le montant exact de l’argent et de la richesse du peuple et pourquoi effectue-t-il des dépôts sur de nombreux comptes inconnus sans la permission du peuple ? Vos déclarations comme : « Nous continuons à respecter son excellence le guide suprême » alors que vous devriez en fait être indépendant, ne font rire personne. »

Nourizad continue de critiquer le chef de la justice Laridjani pour le manque d’indépendance de la justice en Iran. Il critique également les gardes révolutionnaires et le ministère du renseignement pour n’avoir pas rendu tous les effets personnels qui lui ont été confisqués par leurs agents il y a trois ans. Il conclut sa lettre en défiant Laridjani de montrer son indépendance et son autorité en tant que numéro un à la barre de la justice en lui rendant des effets personnels confisqués.

Source : http://www.kaleme.com/1391/04/23/klm-106180/

Semaine 29 pour un Iran Libre et Démocratique


Nouvelles des Prisonniers
A- Transferts
  • Le journaliste emprisonné Reza Ansari Rad souffre d’une attaque nerveuse et de convulsions ; il est transféré au dispensaire.
  • Ahmad Ghabel hospitalisé à l’hôpital Milad de Téhéran.
  • Mohammad Sadegh Kaboudvand hospitalisé hors de la prison dans un état critique.
  • Le bahaï Afif Na`imi transféré à l’hôpital.
  • Afshin Yavari transféré de la prison de Redjaï Shahr à l’hôpital.

B- Arrestations/Incarcérations
  • Fin de liberté provisoire pour Hassan Assadi Zeidabadi, il est de retour à Evine.
  • Hamid Eslami, bahaï de Shiraz et envoyé au centre de détention du renseignement (Pelak 100).
  • Massoum Fardis de retour au bloc 350 d’Evine à la fin de sa liberté provisoire.
  • Faran Hessami commence à purger sa peine de 4 ans.
  • Amir Maghami-Far, bahaï, a été arrêté la semaine dernière au domicile d’Adel Naïmi.
  • Sarah Mahboubi, baha’ïe, commence à purger sa peine de 10 mois à la prison de Sari.
  • Amir Mazidi, bahaï, a été arrêté la semaine dernière.
  • Mohsen Mohagheghi de retour au bloc 350 d’Evine à la fin de sa liberté provisoire.
  • Navid Nezhat, militant étudiant, commence à purger sa peine d’un an à Evine.
  • Rahman Vafaï, bahaï de Shiraz et envoyé au centre de détention du renseignement (Pelak 100).

C-Libérations
  • Meiad Afshar, étudiant bahaï expulsé de l’université, libéré sous une caution de 60 millions de tomans.
  • Nourollah Ghebeitizadeh, chrétien, libéré au bout de 16 mois de prison.

D-Autres Nouvelles 
  • Ashraf Alikhani en grève de la faim pour protester contre le transfert de deux camarades de cellule à la prison de Gharchak.
  • Après 80 jours, les journalistes Mahsa Amrabadi incarcérée à Evine et son mari Massoud Bastani à Radjaï Shahr ont pu se rencontrer.
  • Après sa grève de la faim, Mohammad Sadegh Kaboudvand commence une grève de la soif.
  • Mehdi Karroubi autorisé à rencontrer sa famille 4 jours après le décès de sa sœur.
  • La liberté provisoire de Hossein Ronaghi Maleki étendue jusqu’au 1er août.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Mansoureh Behkish, membre des Mères en Deuil du parc Laleh Park condamnée en appel à 6 mois de prison + 3.5 ans avec un sursis de 5 ans.
  • Le prisonnier politique Asghar Mahmoudian condamné à 6 ans à purger à la prison de Semnan.
  • Fouad Moghaddam, bahaï de Shiraz, condamné à 5 ans de prison.
  • Amanollah Mostaghim, bahaï de Shiraz, condamné à 5 ans de prison.
  • Le syndicaliste Pedram Nasrollahi condamné à 3 ans supplémentaires à Sanandaj.
  • 3 pendaisons à la prison de Kerman lundi.
  • 3 pendaisons à Ghazvine mardi.
  • 1 pendaison à Zahedan jeudi.
  • 1 pendaison publique à Shiraz jeudi.

L’université - La culture
  • Peyman Aref interdit une fois de plus de continuer ses études.
  • Le militant étudiant Ali Ajami expulsé de l’université.
  • L’Iran célèbre l’inscription du tissage des tapis de Kerman et du jardin Fin de Kashan sur les listes de l’UNESCO

Les manifestations
  • Plus de 300 ouvriers de Makin Darya, liée à Khatam ol Anbiya, la filiale consacrée à la construction des gardes révolutionnaires, à Bandar Abbas font grève depuis le 7 juillet. Ils manifestent contre un retard de 4 mois dans le paiement de leurs salaires.
  • Un groupe d’intérimaires du textile d’Iran Barak de Rasht ont brièvement arrêté le travail le 7 juillet et ont envoyé une lettre à la direction de l’usine.
  • Les retraités de Shoushtar annonce une manifestation [les retraites ne suivent pas l’inflation].

L’économie de l’Iran
  • Un syndicaliste de Boroudjerd a annoncé que des milliers de salariés municipaux n’ont pas été payés depuis 2 mois.
  • Le principal acheteur indien de pétrole iranien se tourne vers l’Azerbaïdjan et l’Arabie Saoudite.
  • Renault refuse d’abandonner l’Iran.
  • HSBC accusée d'avoir réalisé des transactions secrètes avec l’Iran.

L’Iran à l’étranger
  • La république islamique critique le nouveau président égyptien.
  • Une délégation iranienne en Corée du Nord pour des discussions.
  • Le Yémen dévoile un réseau d’espionnage iranien dirigé par un ancien commandant des gardes révolutionnaires, actif depuis 7 ans.
  • L’Iran condamne l’explosion de Damas, met en garde contre l’ingérence étrangère pour résoudre le conflit syrien ; Salami dit aux officiers des gardes révolutionnaires de ne pas craindre la puissance américaine.
  • L’Iran dément toute implication dans l’attentat en Bulgarie et condamne l’attaque.

La politique en Iran
  • Les réfugiés afghans interdits dans les provinces de Mazandaran et de Hormozgan.
  • Le maire de Téhéran Ghalibaf en lice pour les élections présidentielles de 2013.
  • Ali Akbar Salehi déclare que l’Iran est en contact avec l’opposition syrienne.
  • 2000 volaillers ont reçu une amende totale de $750,000 à cause de la cherté de leurs poulets.
  • Le ministère du renseignement au Khouzestan met en garde les familles musulmanes contre tout contact avec les familles bahaïes.
  • Le président du parlement rencontre les « Marjas » de Qom.
  • L’ayatollah Mesbah Yazdi decline les nombreux appels du maire de Téhéran Mohammad-Bagher Ghalibaf à le rencontrer.
  • Le vice-président de l’Union Patriotique du Kurdistan (PUK), Barham Salih, a rencontré le ministre des affaires étrangères Ali Akbar Salehi. Il doit aussi rencontrer d’autres dirigeants comme Ahmadinejad, le président du parlement Ali Laridjani et le secrétaire du conseil suprême de la sécurité nationale (SNSC) Saïd Djalili. C’est la troisième visite de Salih à Téhéran.

Nouvelles en vrac 
  • Ahwaz au cœur d’une crise de l’eau, la pire sécheresse depuis des décennies.
  • La police de Téhéran arrête 130 délinquants et les expose au public sur une estrade ; 30 autres arrêtés lors d’une nouvelle vague.
  • La police intensifie l’appropriation des antennes satellites à Oroumieh.
  • La police a confisqué 540 antennes satellites à Ardebil ces 3 derniers mois.
  • Une grande usine d’Ahvaz change les horaires de travail durant le Ramadan : de 23h00 à 07h00.
  • Un poste de la police islamique attaqué dans l’est de Téhéran.

Sur le Blog cette semaine 



samedi 14 juillet 2012

Appels à une intervention militaire étrangère - Massoud Behnoud


Appels à une intervention militaire étrangère - Massoud Behnoud - 2 juillet 2012

Durant ces deux derniers mois, même si les discussions sur le programme nucléaire iranien ont repris entre les représentants des pays du P5+1 et l’Iran, trois dissidents iraniens de premier plan ont été invités par deux gouvernements européens pour rencontrer séparément les ministres des affaires étrangères d’un gouvernement européen et le chef de l’opposition. Le sujet de la discussion était de savoir ce que feraient les trois opposants si l’occident lançait une attaque militaire contre la république islamique. Tous trois ont répondu qu’ils s’opposaient à une attaque militaire contre l’Iran et ont dit que si cela devait arriver, ils rentreraient dans leur pays pour se joindre au peuple d’Iran pour déterminer leur sort.

La question suivante, posée par les Européens, était le pourcentage de population urbaine en Iran favorable à une telle attaque qui pourrait mener à la chute de la république islamique. D’après les rapports, tous les trois, avec quelques petites différences, ont dit que la plus grande partie de la population urbaine iranienne y était opposée et que leur opposition était déterminée.

Apparemment, les réponses des Iraniens, lors des deux sessions, ont surpris leurs hôtes qui ont alors demandé comment il se faisait qu’une telle opposition n’était pas apparue en Afghanistan, en Irak ou en Lybie. D’après ce qu’ont dit les représentants européens, l’opposition en exil de ces trois pays avait accueilli favorablement l’intervention des Etats-Unis, de l’Europe et de l’OTAN, y avait coopéré et s’en était servi pour libérer leur pays. Alors, ils ont demandé pourquoi les groupes iraniens d’opposition ne voulaient-ils pas faire un tel investissement, ajoutant qu’ils craignaient peut-être l’échec de ces opérations, ce qui leur coûterait beaucoup.

Une histoire de xénophobie

Les différences des points de vue, politique, historique et social et leurs raisons entre les Iraniens et leurs voisins, voilà un sujet sur lequel on a beaucoup discuté et écrit. Les expériences et les évènements récents s’y ajoutent. Les pays qui ont réussi, durant cette décennie, à se libérer de leurs régimes autocratiques semblent être très différents de l’Iran. Les peuples des pays qui étaient dirigés par le Mollah Omar, Saddam et Kadhafi n’avaient aucune réserve à faire appel à l’aide étrangère ou à monter sur des tanks étrangers pour retourner chez eux. Ils ont ainsi réussi à apporter des changements majeurs dans leurs pays et, en général, à se libérer de leurs régimes autocratiques, violents et répressifs. Mais il semble que, même le succès de leur libération n’a pas incité les Iraniens à agir de même.

La cause de cette différence tient-elle dans l’histoire et dans une unité historique ? Un pays qui se targue d’une civilisation qui dure depuis des millénaires est certainement différent de ceux qui ont été créés au vingtième siècle. Le premier possède une littérature et une histoire qui ont toujours méprisé la coopération avec les étrangers, tandis que les derniers n’ont pas ce problème. On ne peut prétendre que la littérature et l’histoire ne jouent qu’un petit rôle dans la vie des peuples.

Est-ce à cause des mouvements historiques du peuple et de ses efforts pour lutter pour la liberté qu’un tel point de vue voit le jour ? En d’autres termes, une nation comme l’Iran, qui a réussi, il y a 150 ans, par la première révolution du Moyen-Orient, à limiter les pouvoirs de son dirigeant, à une époque où seulement la moitié des Européens avaient des gouvernements démocratiques, se comporte-t-elle de la même manière que des peuples qui n’ont rien connu d’autre que la dictature depuis la naissance de leur nation ?

Lors de ces dernière 150 années, le peuple iranien a lancé une révolution constitutionnelle, été témoin d’un mouvement d’opposition durant une dictature mineure, la démocratie et le chaos sous le règne d’Ahmad Shah, la dictature constructive de Reza Shah, les réformes qui ont suivi la seconde guerre mondiale, le mouvement de nationalisation de son pétrole, la dictature moderne de Mohammad-Reza Shah, la révolution qui a apporté la république islamique, le mouvement réformiste du 2 khordad (lancé en 1997) et finalement le Mouvement Vert pour obtenir et instituer des élections libres. Durant toute son histoire, son but et son slogan a été l’opposition à l’autocratie et aux interventions étrangères. Cela est différent des pays dont l’acte de naissance a été signé par une personne dont le fils ou le petit-fils dirige encore le territoire aujourd’hui.

C’est à cause de cette histoire que, jusqu’à ce jour, l’accusation la plus forte et la plus répandue contre les dissidents iraniens est l’allégation, par ceux qui sont au pouvoir en Iran, que les dissidents sont affiliés aux étrangers. De la même façon, la faiblesse la plus puissante invoquée par l’opposition contre un régime ou un gouvernement, est qu’il a rendu le pays plus dépendant de l’étranger sous son autorité. Quand on fait de tels constats et allégations, le dossier du plaignant ne joue aucun rôle. Mahmoud Ahmadinad a surpassé les religieux depuis deux décennies en lançant des cris xénophobes ; il a braqué le monde entier contre lui, ce qui lui a apporté le soutien des peuples défavorisés de la région ; il a détruit la production nationale ; il continue d’apparaître comme le chef de l’anti-américanisme et a, en pratique , changé l’Iran en colonie politique de la Russie et économique de la Chine ; comment ses slogans peuvent-ils être pris au sérieux ?

Quand on a dit au dernier monarque iranien, qui était un allié des Etats-Unis et de l’occident, ce qui était patent pour tous, que le ministre des sciences de son cabinet avait une Green Card américaine, il a ordonné qu’on le démette de ses fonctions et n’a prêté aucune attention aux explications du professeur Samii : il avait pris une Green Card pour éviter les longues files d’attente à chaque fois qu’il voulait retourner dans l’université américaine où il avait étudié. Mais Ahmadinejad, considéré par les défavorisés comme un héros de la lutte contre les Etats-Unis et Israël, a deux ministres de son cabinet et sept conseillers qui ont la nationalité américaine ou européenne. Plus récemment, il a choisi comme président de la banque Melli un citoyen canadien.

Quand Nasser-el-Din Sahh, qui a dirigé l’Iran pendant 50 ans et n’a jamais prétendu être un nationaliste ou un xénophobe, a été obligé d’accepter très jeune Mirza Agha Khan Nouri comme premier ministre, il a mis une condition à sa nomination : le premier ministre devait déchirer son passeport britannique avant que le roi ne signe le décret de nomination. 

De la même façon, si nous considérons la deuxième guerre mondiale, les deux rois Pahlavi ont, à tort ou à raison, ont été accusés d’avoir été portés au pouvoir avec l’aide de l’étranger, plus particulièrement de la Grande Bretagne ; si nous considérons les deux coups d’état du 3 esfand (21 février 1921), qui a porté Reza Shah au pouvoir, et du 28 mordad (19 août 1953), qui a remis Mohammad Reza Shah sur le trône et les évènements du 20 Shahrivar (11 septembre 2009), lorsque la république islamique a violemment réprimé les manifestations populaires contre les élections truquées, il devient évident que lorsque les conditions étaient réunies pour défier les puissances étrangères, ces dirigeants n’ont rien fait de moins que ceux qui ont méprisé les allégations d’être non-alignés ; d’après une théorie historique, Reza Shah et son fils ont précipité leur chute en tentant de laver leur nom de la honte en se livrant à des actions extrêmement xénophobes.

Si des rois, accusés d'être dépendants de l’occident, se sont conduits de cette manière, qu’espérer de militants politiques aspirant à la liberté pour leur pays, aux votes de leurs concitoyens qui présentent ces caractéristiques et qui abandonnent leurs rêves et leur idéalisme pour une poignée de grain et ajoutent ainsi plus de péchés à leurs péchés préexistants sans justification ?

Exemples Historiques

Si nous acceptons que le despotisme et l’impérialisme soient les deux forces motrices qui motivent les peuples épris de liberté à se soulever et à agir, il faut quand même noter que des héros iraniens de premier plan comme le Docteur Mossadegh ont gagné leur réputation parce qu’ils ont récusé les puissances étrangères.

Amir Kabir, premier ministre du 19ème siècle a accepté la mort plutôt que de trouver refuge dans une ambassade étrangère et a déclaré, comme attesté par l’histoire : « Je veux que les drapeaux de sept pays étrangers se soumettent au drapeau iranien, comment pourrais-je mettre le drapeau d’un pays étranger sur mon toit ? » J’ai entendu le Docteur Shariati dire que les rois Pahlavi auraient un sort différent des autres rois parce que les autres rois étaient arrivés au pouvoir en luttant contre des pays étrangers et pour défendre leur patrie tandis que Reza Shah n’a non seulement jamais fait la guerre aux étrangers mais on sait qu’il a accédé au trône en raison des désirs des britanniques.

L’acte le plus honteux de l’histoire, c’est le moment où Mohammad-Ali Shah s’est réfugié à l’ambassade de Russie par peur des révolutionnaires.

Reza Shah a développé le pays de milliers de façons tandis qu’Ahmad Shah n’a rien laissé derrière lui, mais quand les alliés l’ont fait prisonnier, on distribuait des sucreries et des pâtisseries dans les rues. 16 ans auparavant, dans les mêmes circonstances, les mêmes scandaient des slogans en faveur d’Ahmad Shah et pour déplorer son absence. Le premier roi est, à tort ou a raison, accusé d’être arrivé au pouvoir sur les recommandations du général Ironside tandis que l’autre est connu, à tort ou à raison pour s’être élevé contre les transgressions du gouvernement britannique et n’a pas signé l’accord de 1919 qui partageait l’Iran. Mon professeur, Sheikh-ol-Islam avait l’habitude de dire que ce n’est pas ainsi que les choses s’étaient passées, mais que puis-je faire puisque c’est ce que le peuple en est arrivé à penser.

On pourrait citer des dizaines d’exemples similaires. Je suspecte que l’argument que les temps ont changé et que la tradition de recherche de l’indépendance et de lutte contre l’étranger n’a plus cours, comme l’écrivait l’un de mes respectés professeur en sciences politiques, ne peut annihiler toutes les autres preuves du contraire et ne peut pas faire bouger cette société imprégnée de traditions.

C’est pour cela que je pense que ceux qui écrivent pour inviter les Américains à intervenir militairement en Iran, quelle que soit la forme de l’écrit, s’y efforcent en vain. Il est peut-être possible d’en dire autant de ceux qui écrivent le contraire, je veux dire que ceux qui écrivent des articles féroces contre l’intervention militaire des Etats-Unis perdent également leur temps.
Quand la situation internationale est aussi menaçante qu’aujourd’hui et que les médias sont tellement plein de conjectures, on attend des groupes politiques et des partis qu’ils exposent leurs politiques ouvertement. Personne n’attend de ces rédacteurs dont les points de vue ne sont pas partagés ni même pris en considération en Iran, dont les jugements ne poussent personne à la guerre ou à la paix qui continuent à exprimer leurs points de vue. Je pense que ces écrits héroïques n’ont d’autre impact que de représenter le patriotisme des rédacteurs devant un tribunal de fantaisie.

Absence de la personne

Il faut rappeler à ceux qui s’opposent à une action militaire en Iran qu’à ce jour, aucun groupe politique n’a soutenu une frappe militaire contre l’Iran, pas même le seul groupe armé opposé à la république islamique qui avait une base militaire en Irak et dont les représentants sont en train d’errer dans les palais gouvernementaux et les parlements du monde pour tenter de se trouver des amis. Les monarchistes ont rejeté une telle politique. Et les supporters de la république ont également exprimé leur condamnation de toute forme d’attaque étrangère.

Il ne reste que quelques écrivains exilés et affligés qui utilisent la liberté à eux octroyée par leurs pays d’accueil pour écrire leurs opinions. Il semble qu’ils prennent en exemple la deuxième guerre mondiale, quand les attaques militaires des alliés ont fini par changer la vie des gens de ces pays. Ils soutiennent que les Iraniens ne devraient pas se comparer à l’Afghanistan, l’Irak ou la Lybie mais à l’Allemagne ou au Japon.

Il semble que le débat sur les pour et les contre d’une attaque militaire devrait être abandonné ; il faudrait plutôt chercher à savoir si un quelconque politicien de premier plan a informé les Américains ou les Européens qu’il est prêt à jouer le rôle de Hamid Karzaï en Iran. Je ne pense pas que ce soit le cas pour l’instant. Au lieu de ça, lors des rencontres entre les Iraniens et les gouvernements ou les autorités parlementaires étrangères, il semble que plusieurs personnes ont annoncé qu’ils étaient prêts à jouer le rôle de l’ayatollah Khomeini en 1979, de Jalal Talebani en Irak, ou de Morsi ou d’Ahmad Shafigh en Egypte aujourd’hui.

Les partis étrangers qui négocient savent très bien que la condition préalable pour jouer un tel rôle est d’avoir suffisamment de partisans pour remplir les rues, ce que l’on n’a pas vu ces dernières années. Quand cela est arrivé en 2009, quand les manifestants sont descendu dans la rue pour protester contre l’annonce des résultats officiels de la dernière élection présidentielle en Iran, nul ne voulait assumer un rôle plus important que celui de président de la république islamique.

Source : http://www.roozonline.com/english/opinion/opinion-article/archive/2012/july/02/article/calls-for-foreign-military-intervention.html