« Nous n’avons absolument pas d’exécutions politiques en Iran ; les personnes exécutées ont pris les armes contre le régime. Ce n’est pas une activité politique. De plus, d’après les lois de la république islamique, la peine capitale n’est pas le seul châtiment de ceux qui ont commis des actes contraires à la sécurité nationale du pays. Si vous affirmez que nous avons exécuté des personnes uniquement pour cela, alors publiez leurs noms. » C’est une partie des remarques de Sadegh Laridjani, chef de la justice ; sous son mandat, des dizaines de prisonniers politiques ont été exécutés et beaucoup sont encore dans le couloir de la mort.
L’exécution de prisonniers politiques et d’opposants en république islamique a commencé tout de suite après la victoire de la révolution en 1979 par l’exécution de personnalités associées à l’ancien régime : des personnes qui avaient des postes à responsabilité ou étaient, d’une façon ou d’une autre associées à la monarchie. Mais il y avait aussi des personnes qui s’étaient battu pour la victoire de la révolution de 1979 et d’autres qui avaient été aux responsabilités dans la toute nouvelle république islamique mais qui avaient critiqué ou s’étaient opposées aux orientations des nouveaux dirigeants. Tous ont fait face aux pelotons d’exécution.
Dans les premières années de la république islamique, les nouvelles et les photos des personnes exécutées remplissaient les pages des médias locaux. Mais la couverture médiatique des exécutions a diminué petit à petit au point que les autorités de différents niveaux hiérarchiques ont même commencé à les nier ou à empêcher leur publication. C’est pourquoi monsieur Laridjani prétend qu’ « il n’y a pas d’exécutions politiques en Iran. »
Les années 80 sont généralement qualifiées de décennie d’exécution en république islamique. C’est durant cette période que des milliers de militants politiques, dont des critiques et des opposants de la république islamique, ont été envoyés à la mort. Le pire eut lieu en septembre 1989 : des centaines de prisonniers politiques ont été exécutés ensemble d’après les rapports de témoins oculaires ou de membres de familles. Les fonctionnaires et les autorités de la république islamique ont depuis gardé le silence sur ces exécutions et n’ont pas dévoilé leur point de vue sur ces assassinats.
Ces exécutions ont continué la décennie suivante si bien qu’aujourd’hui il y a une liste de prisonniers politiques emprisonnés qui ont été condamnés à mort. Dans le sud du pays, des personnes comme Mohammad Ali Anvari, Hashem Shabani, Hadi Rashedi, Seyed Djaber Alboshokeh et son frère Mokhtar Alboshokeh ont été condamnés à mort pour « actes contre la sécurité nationale » et ils pourrissent en prison. Les cinq étaient membres d’une association culturelle Alhavar qui avait été autorisée sous la présidence de Mohammad Khatami en 2002. Son nom, qui signifie dialogue, avait été choisi précisément parce que Khatami diffusait tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, sa célèbre idée du dialogue des civilisations. Ses activités étaient culturelles, elles visaient à sauvegarder la langue arabe par des réunions de poésie, des chants en langue arabe, l’organisation de cours d’Arabe et des cérémonies, en gardant le contact avec les familles qui ne permettaient pas à ses filles de poursuivre leurs études.
Dans la célèbre prison Evine de Téhéran, Mohsen et Ahmad Daneshpour Moghadam, arrêtés le jour de l’Ashoura 2099 (le jour où les chiites commémorent l’assassinat historique de leurs imams il y a 1400 ans) ont été condamnés à mort pour « guerre contre Dieu et coopération avec l’organisation des Moudjahidines du Peuple ». Mais, lors d’interviews avec Rooz, Meysam, le fils de Mohsen a déclaré : « Les membres de ma famille n’avaient aucune activité politique. Malheureusement, un de mes frères est en Irak et nous n’avons pas de contact avec lui. Non seulement nous ne nous intéressons pas aux Moudjahidines du Peuple, mais nous les considérons comme une organisation terroriste. Notre seul contact avec l’Irak a eu lieu quand ma mère s’y est rendue. Pendant son voyage et même après son retour, il n’y a eu aucun problème avec les autorités et on ne lui a rien demandé. Mais le jour de l’Ashoura, nos mère, père, frère, un ami de mon père et une autre connaissance ont été arrêtés. Quand je suis rentré à la maison, j’ai trouvé une simple note m’indiquant qu’ils avaient été arrêtés par le ministère du renseignement. »
Vahid Asghari et Ahmad-Reza Hashempour sont aussi des prisonniers politiques condamnés à mort et contrairement aux allégations du responsable de la justice ils n’ont pas pris les armes contre la république islamique. Vahid est emprisonné depuis cinq ans et les membres de sa famille expliquent qu’il étudiait en Inde. Il était venu rendre visite à sa famille mais a été arrêté à l’aéroport alors qu’il voulait rentrer. Il est accusé avec d’autres de diriger des sites contraires à la religion.
Zaniar et Loghman Moradi sont prisonniers politiques à la prison de Radjaï Shahr près de Téhéran ; contrairement aux allégations du responsable de la justice, ils n’ont jamais pris les armes contre la république islamique ; ils sont quand même condamnés à mort. Ils sont accusés avec Madjid Bakhtiar et Hodjabr Ebrahimi de complicité dans le meurtre de Saïdi, fils de l’imam du vendredi de Marivan en 2009. Ils sont aussi accusés d’être des agents britanniques. Une vidéo a été diffusée sur le canal en Anglais de la télévision de la république islamique : plusieurs individus dont apparemment Zaniar et Loghman y prétendent être responsables du meurtre du fils de l’imam. Mais les membres de leur famille disent qu’il s’agit de faux grossiers et que leurs enfants n’ont fait ces déclarations que sous la pression. Peu de temps après, Zaniar et Loghman ont publié une lettre ouverte annonçant que ces aveux avaient été extorqués sous la torture et qu’ils avaient été violés par ceux qui les interrogeaient.
Au Kurdistan, Habibollah Golparipour, Habibollah Latifi et Shirkou Moarefi font partie des prisonniers politiques condamnés à mort pour moharebeh (être ennemi de Dieu). Leur père rejette l’accusation et a dit à Rooz qu’il s’occupait d’activités culturelles et que, lors de son arrestation, les livres qu’il portait lui avaient été confisqués. Il n’y avait pas d’arme à feu et il n’avait aucune activité armée a dit son père. « Le crime de mon fils c’est la possession de quelques livres. Je ne sais pas sur quelle loi ils se sont basés pour porter ces accusations contre mon fils. »
Shirkou Moarefi est un militant politique et civique kurde arrêté en 2008 dans la ville kurde de Saghez. Il a été condamné à mort pour « actes contre la sécurité nationale » et adhésion au parti Komeleh. Son avocat dit que Shirkou n’était pas membre du Komeleh, uniquement sympathisant. L’avocat ajoute que son client ayant rendu son arme aux autorités et s’étant livré de lui-même, il n’aurait pas dû être qualifié de « moharebeh » comme prétendu par l’état.
Ce ne sont que quelques exemples de politiques condamnés à mort. Ces prisonniers n’ont pas eu de procès public et leurs avocats n’ont pas pu défendre leurs clients. La plupart d’entre eux ont avoué sous la torture.
Alors, contrairement à l’affirmation de monsieur Laridjani, il y a eu beaucoup de prisonniers politiques d’exécutés durant son mandat de responsable de la justice. Dans beaucoup de cas, le corps des victimes n’a même pas été rendue à leurs familles dont Farzad Kamangar, Shirine Elmhouli, Djaafar Kazemi, Ali Aghadjari, Ali Saremi, Arash Rahmanipour, Mohammad Alizamani et Zahra Bahrami.
Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2013/april/29/article/the-long-list-of-executions-during-larijanis-term.html
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