Ce qui suit a été écrit par un citoyenne journaliste iranienne de l’intérieur utilisant un pseudonyme pour protéger son identité.
Je suis en troisième année de lycée. J’ai d’excellentes notes. Mes professeurs espèrent que mon nom figurera en tête de classement du concours d’entrée à l’université. Mais je sais que même si je suis la première, je n’aurai pas ma place dans les universités iraniennes, comme ma sœur, étudiante en architecture de l’université Beheshti qui a été expulsée dès la deuxième année.
Lundi 15 décembre, un professeur d’université, l’ayatollah Moussavi Bodjnourdi a clairement exprimé le déni des droits civiques fondamentaux pour les bahaïs. « Nous n’avons jamais dit que les bahaïs avaient le droit à l’éducation. Ils n’ont aucun droit civique. Les chrétiens, les juifs et les zoroastriens ont des droits civiques et humains parce qu’ils pratiquent une religion abrahamique » a-t-il dit à l’agence de presse Fars.
J’ai une idée, me suis-je dit, quand ils nous disent eux-mêmes que nous n’avons aucun droit, auprès de qui puis-je protester ? Nous n’avons pas de représentant au parlement vers lequel nous tourner. J’ai alors décidé d’appeler quelques députés de la commission d’éducation et de leur demander, en tant qu’étudiante bahaïe de relancer mes droits en tant que citoyenne iranienne. Tous les trois sont des élus de Téhéran, sont titulaires d’un doctorat et enseignent dans une université ou un centre de recherche.
Zohreh Tabib-Zadeh-Nouri : « Convertissez-vous à l’islam et vous n’aurez plus de problème. »
Zohreh Tabib-Zadeh-Nouri est dentiste et enseigne à l’université Shahid Beheshti ; elle est membre du conseil scientifique de cette université. C’est l’une de celles qui ont posé des questions à l’ancien ministre des sciences Reza Faradji-Dana sur le retour des étudiants bahaïs dans les universités.
Bonjour madame Tabib-Zadeh, j’ai un problème et je voulais vous parlez
D’accord mais vite parce que je dois assister à une réunion tout de suite.
Je suis une lycéenne iranienne et tous mes professeurs espèrent que je serai parmi les premiers dans le concours d’entrée de l’année prochaine. Mais je n’ai aucune assurance de pouvoir intégrer l’université.
Comment cela ?
Parce que je suis bahaïe.
Comment avez-vous eu mon numéro ?
J’ai eu votre numéro par un ami journaliste. On m’a dit que vous feriez votre possible.
Ecoute ma fille. Vous, les bahaïs, êtes hostiles à l’islam et nous ne pouvons pas admettre des ennemis de l’islam à l’université. Vous entrez à l’université et vous commencez à convertir les autres. Maintenant, en raison de l’incurie de l’ancienne équipe de direction du ministère des sciences, plusieurs étudiants bahaïs sont entrés à l’université et des livrets de propagande bahaïs ont été distribués. Bien sûr, les musulmans ne vont pas être trompés par ces livrets, et les bahaïs le savent aussi, mais ils agissent ainsi à cause de leur animosité vis-à-vis de l’islam.
Vous voulez dire que vous ne pouvez rien faire ?
Ecoute ma chèrie. Va étudier le coran, apprends-en plus sur l’islam et prends ta décision. Je te promets que si tu l’étudies avec soin, si tu décides avec sagesse de choisir l’islam comme religion, alors tes problèmes disparaitront d’eux-mêmes. Si tu as besoin de quoi que ce soit pour étudier, tu peux contacter mon bureau. Note le numéro de mon bureau et appelle-moi. Que dieu d’accompagne. Je dois me rendre à ma réunion.
Mehdi Koutchek-Zadeh : “Quitte l’Iran.”
Mehdi Koutchek-Zadeh a un doctorat d’ingénieur hydraulique de l’université Modarrès et il est membre du conseil scientifique de cette université. C’est un député conservateur membre du front de la persévérance. Après deux heures d’entretien téléphonique avec son bureau et de coordination avec son secrétariat, j’ai finalement pu lui parler parce que j’ai insisté pour lui exposer mon problème en personne.
Bonjour Monsieur Koutchek-Zadeh. Je suis une lycéenne de bon niveau et mes professeurs espèrent que je me classerai dans les premiers lors du prochain concours d’entrée à l’université.
Si dieu le veut. Que puis-je pour vous ?
Je ne peux pas rentrer à l’université parce que je suis bahaïe.
(Rires) Nous n’avons pas besoin de vous dans nos universités. Vous avez votre propre université, votre propre organisation et plus encore. Allez à votre université secrète et ne nous faites pas perdre notre temps.
Monsieur Koutchek-Zadeh, quelle que soit ma religion, je suis iranienne et vous représentez tous les Iraniens. C’est votre seule réponse ?
Vous pouvez faire autre chose. Vous pouvez aller en Amérique ou en Israël et leur demander de l’aide. Dites-leur que vous êtes l’une des leurs et vous pourrez facilement entrer à l’université et obtenir un diplôme. Pourquoi rester ici et créer des problèmes pour vous-même et pour nous ?
Mais je veux vivre dans mon pays.
Alors, suis la loi. (Son portable sonne). Je n’ai plus le temps de discuter.
Mohammad Nabavian : « Les universités ne sont pas faites pour les bahaïs. »
Mohammad Nabavian est religieux et il a un doctorat de philosophie comparée. Il est professeur assistant au centre de recherche et d’éducation imam Khomeiny. Il a été l’étudiant de l’ayatollah conservateur Mesbah-Yazdi et a parlé plusieurs fois de rendre les universités plus islamiques.
Monsieur Nabavian, on me refuse l’entrée à l’université. Mes amis m’ont suggéré de vous contacter pour vous expliquer mon problème.
On vous a refusée ? On vous a expulsée de l’université ? Avez-vous un problème avec la morale ?
Non, je ne suis pas à l’université. Mais je crois qu’on m’en refusera l’entrée car je suis bahaïe. Est-ce exact ?
Oui, c’est exact; les universités ne sont pas faites pour les bahaïs. Les universités de pays islamiques doivent être islamiques.
Mais il y a des étudiants d’autres religions, non ?
Religions, oui. Mais le bahaïsme n’est pas une religion, c’est une secte. Une secte fabriquée de toute pièce.
Mais, quelle que soit ma religion, je suis iranienne et vous représentez tous les Iraniens.
Non, je ne vous représente pas. Je représente le peuple musulman d’Iran
Source : http://en.iranwire.com/features/6200/
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