lundi 18 octobre 2010

Les prières du vendredi menacent la société - Fereshteh Ghazi - 4 octobre 2010

Les familles des membres du mouvement de la liberté emprisonnés parlent à Rooz


Les membres des familles des vétérans du Mouvement de la Liberté en Iran (FMI) arrêtés le 1er octobre sous l’inculpation d’organiser des prières du vendredi « illégales » ont dit à Rooz : « Il est dommage d’être obligé d’obtenir une permission pour tenir des prières du vendredi en république islamique d’Iran alors que dans nul autre pays au monde cette permission n’est nécessaire. »

Les membres de la famille du Docteur Gharavi ont dit à Rooz qu’ils avaient pu parler avec leur prisonnier tandis que ceux du Docteur Yazdi et de Monsieur Razadi n’ont aucune information sur leurs détenus.

Ibrahim Yazdi, secrétaire général et Hashem Sabaghian, membre du comité central du FMI ont été arrêtés vendredi 1er octobre en même temps qu’Ali-Asghar Gharavi, Ghafari Farzadi et Ahad Rezaï, membres des bureaux de ce parti politique d’Ispahan, Tabriz et Zanjan, après leurs prières, sous l’inculpation de tenir des prières du vendredi illégales.

Messieurs Varyadi, Abbas Mosléhi et Haghighi du FMI ont également été arrêtés.

Immédiatement après l’arrestation, l’agence de presse d’état IRNA prétendait que ces militants politiques avaient été arrêtés à cause de « prières du vendredi illégales organisées par un vétéran Wahabite à Ispahan. »

Réplique des familles et dernières nouvelles des prisonniers.

Ghafari Farzadi, responsable de la section de Tabriz du FMI est l’un des détenus dont la famille a dit ne pas avoir de nouvelles. Amin Farzadi, son fils, nous a dit : « Je n’ai malheureusement pas de nouvelles de mon père depuis ce vendredi ; j’ignore où il se trouve et dans quel état il est. Mon père souffre d’une maladie de la prostate et le fait qu’il n’ait pas ses médicaments en temps et en heure nous inquiète beaucoup. Il était allé assister à une cérémonie et depuis nous n’avons plus de nouvelles. »

Khalil Yazdi, le fils d’Ibrahim Yazdi nous a aussi parlé : « Nous n’avons aucune nouvelle et ne savons que ce que les sites web ont publié. C’est la première fois que nous entendons dire que des prières du vendredi soient illégales et nous n’avons jamais eu de prières du vendredi illégales ; il est dommage d’avoir besoin d’une permission ne serait-ce que pour réciter nos prières dans une république islamique. Nulle part ailleurs dans le monde on ne fait cela. Même aux Etats-Unis ou en Israël, faire des prières ne nécessite pas d’autorisation. Même en Russie, les musulmans peuvent facilement organiser leurs prières. »

Le fils d’Ibrahim Yazdi a exprimé son souci sur la situation de son père : « C’est de la dernière cruauté et le gouvernement n’a même pas honte de dire qu’il a arrêté des gens parce qu’ils n’avaient pas d’autorisation. De tels problèmes n’ont jamais existé dans notre pays et je suis désolé d’en entendre parler. » Khalil Yazdi a également expliqué que ces mesures étaient prises pour mettre la pression sur son père pour le faire arrêter de militer politiquement. « Dans le passé, ils ont déjà mis la pression sur mon père pour qu’il arrête ses activités politiques et maintenant, ils l’empêchent de réciter ses prières. Il est malheureux que l’islam destiné à libérer les gens soit maintenant utilisé pour les emprisonner. »

C’est la troisième fois qu’Ibrahim Yazdi est arrêté et emprisonné depuis les élections présidentielles de l’année dernière.

Tahere Alizadeh, l’épouse du Docteur Gharavi a également parlé à Rooz de la détention de son époux. Elle a dit qu’Ibrahim Yazdi et Hashem Sabaghian avait été transférés à Téhéran : « Après les arrestations, je suis allée avec Monsieur Vahid Sabaghian au centre d’information du ministère du renseignement. Nous attendions que quelqu’un nous parle et avons vu une porte ouverte, Monsieur Sabaghian se trouvait dans la pièce. Nous lui avons parlé, il semblait se porter relativement bien. Nous avons également vu Monsieur Gharavi puis le personnel nous a empêché de parler et nous a demandé de partir en disant qu’ils nous tiendraient informés. Nous sommes donc partis ; le lendemain, j’ai eu un appel téléphonique du bureau d’information ; on m’a demandé si j’avais eu des nouvelles de mon mari. J’ai répondu qu’ils le détenaient et j’ai demandé pourquoi c’était à moi qu’ils le demandaient ; il me répondit que mon mari avait eu l’autorisation de m’appeler mais qu’il ne le voulait pas. Nous sommes donc retourné au tribunal révolutionnaire et au bureau d’information ; c’est là qu’ils nous dirent que Messieurs Sabaghian et Yazdi avaient été transférés à Téhéran tandis que les autres étaient toujours à Ispahan. Le Docteur Gharavi a appelé le 3 octobre au soir et a parlé avec mon fils ; il a demandé d’envoyer ses médicaments ainsi qu’un tabouret. Monsieur Gharavi souffre beaucoup de ses disques intervertébraux et ne peut ni s’asseoir ni marcher. Il a dit à notre fils qu’il était en prison, que son dos le faisait énormément souffrir et que ses jambes étaient paralysées, raison pour laquelle il demandait un tabouret. J’ai l’intention d’aller au bureau d’information pour y apporter ses médicaments et le tabouret et les informer qu’alors que mon mari était en pleine rééducation et qu’il était incarcéré, on ne lui donnait même pas un tabouret ! »

Des prières et de la sécurité de la société

Tahere Alizadeh, l’épouse du docteur Gharavi a déclaré à Rooz: « Les membres du FMI s’étaient rendus à Ispahan pour assister à une commémoration de la mort du docteur Meskin et lui témoigner leurs respects. [Le Docteur Meskin est un membre du FMI] Après la cérémonie à la mosquée, tout le monde devait se rendre au domicile docteur Meskin pour y déjeuner. En raison de l’état de santé de certains participants dont le Docteur Yazdi, Monsieur Farzadi et le Docteur Gharavi, le lieu du déjeuner a été changé. Nous sommes arrivés vers midi, avons récité nos prières, et c’est à ce moment qu’ils se sont engouffrés dans la maison et ont dit que les prières du vendredi étaient organisées illégalement. Nous n’avions pas décidé d’y réciter nos prières car le Docteur Gharavi était en congé maladie depuis trois mois. Nous en avons informé les agents de sécurité ajoutant que pendant trois mois, le Docteur Gharavi n’avait quitté son domicile que pour assister à l’enterrement de Mahsa (la fille de Monsieur Meskin) et à sa commémoration, ce qui ne les a pas empêché de l’arrêter.

Mehdi Moghadam, le gendre du Docteur Gharavi a dit à Rooz que les agents du ministère du renseignement venus arrêter les membres du FMI les avaient maltraités : « Ils étaient en civil, n’ont présenté ni carte ni mandat d’arrêt. Quand on les leur a demandés, ils ont simplement dit qu’ils étaient du ministère du renseignement. Certains se sont présentés comme Bassidj. Ils ont enfermé tout le monde dans la maison et ont distribué des questionnaires en nous demandant de les remplir. Ils sont partis quelques heures plus tard en emmenant Messieurs Yazdi, Gharavi, Sabaghian, Farzadi et Rezaï. »

Mehdi Moghadam a ajouté que parce qu’ils n’avaient pas présenté de carte, tout le monde dans la maison a manifesté contre leur présence et qu’ils avaient maltraité ceux qui résistaient à leur arrestation.

Suivant Monsieur Moghadam, les agents auraient dit : « Vous tenez illégalement des prières du vendredi en congrégation et nous avons été nommés pour les faire cesser car c’est la cause d’insécurité dans la société. »

Madame Alizadeh, fille du Docteur Gharavi a déclaré qu’il n’y avait pas de prières du vendredi illégales : « Nous croyons aux prières du vendredi. L’islam nous apprend que lorsque nous sommes au moins 5 nous pouvons prier en congrégation ; je leur ai également dit que Dieu nous demande de le faire et vous nous dites que c’est illégal ? Qui devrions-nous suivre ? Vous attendez de nous que nous ignorions les ordres divins alors que vous n’y croyez pas ? »

Madame Alizadeh a expliqué que l’ayatollah Ghaaravi avait l’habitude de tenir régulièrement des prières du vendredi en congrégation. Après son décès, le Docteur Gharavi a repris le flambeau jusqu’à ce que les agents du gouvernement investissent son domicile alors que lui-même était absent et qu’ils le convoquent au ministère du renseignement. Là, ils lui ont demandé de certifier qu’il ne tiendrait plus de prières du vendredi en congrégation. Il a alors cesser de le faire surtout que sa santé s’était détériorée. L’évènement de vendredi dernier n’était pas planifié d’après elle.

Quand Rooz lui a demandé pourquoi elle pensait que l’état était tellement sensible à propos des prières du vendredi, elle a dit: «  Peut-être parce qu’ils ont peur des rassemblements. Mais je ne sait pas vraiment où est le problème. »

Sources : http://www.roozonline.com/english/news/newsitem/article/2010/october/04//friday-congregational-prayers-threaten-society.html

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