dimanche 29 juin 2014

Des prisons pleines de journalistes – Fereshteh Ghazi – 23 juin 2014

Ces deux derniers jours, nous avons été témoins d’assignations à comparaitre et d’arrestations de militants civiques et des médias en Iran. Mashallah Shamsolvaezine, journaliste éminent et membre de l’association iranienne des journalistes, a été convoqué et interdit de sortie du territoire, Reyhaneh Tabatabai, journaliste ayant travaillé pour le journal réformateur Shargh, a été arrêtée et envoyée à la prison d’Evine, Saba Azarpeik est toujours détenue à l’isolement depuis plus d’un mois et Mehdi Khazali, critique éminent des excès du gouvernement iranien qui a fait la une quand il a déclaré que l’ancien président Ahmadinejad avait des origines juives, a de nouveau été arrêté et emmené à la prison Radjai Shahr de Karaj.

Mohammad-Saleh Khazali, fils de Mehdi, a déclaré à Rooz qu’il ne savait pas pourquoi son père avait été arrêté. « Mes parents voyageaient au nord de l’Iran près de Mahmoudabad-Nour vendredi lorsque des agents ont arrêté mon père et l’ont transféré à la prison de Radjai Shahr. Ils n’ont donné aucune justification à son arrestation mais ils étaient bien en possession d’un mandat d’arrêt. Ils ne nous ont rien dit d’autre. On nous a appelés de la prison de Radjai Shahr et on a laissé un message sur le répondeur nous expliquant que notre prisonnier était en quarantaine. On nous a également dit que notre prisonnier était en bonne santé. »

Nous lui avons demandé si cette détention était liée au dossier précédent ou s’il s’agissait d’un nouveau dossier à son encontre, le fils Khazali a déclaré : « Je n’en ai aucune idée. S’il s’agit du dossier précédent, il a été amnistié par le guide suprême. S’il s’agit d’un nouveau dossier, on aurait alors dû le convoquer dans les règles pour lui expliquer la cause de cette arrestation. Ils se sont juste précipités et l’ont emmené. Mon père avait reçu une lourde peine de 14 ans et a été libéré suite à l’amnistie décrétée par le guide suprême. Quand on a vu que mon père continuait à travailler, ils ont remis l’amnistie en questions. »

Il y a quelques mois, Khazali a déclaré que le procureur d’Ispahan avait ouvert un nouveau dossier à son encontre pour trouble à l’ordre public et insulte à fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions. Il a dit que c’était son treizième dossier et a ajouté que ce dossier n’avait pas fait l’objet d’une instruction mais avait été envoyé directement au tribunal. Mehdi Khazali avait dit auparavant que le procès pour ce nouveau dossier devait avoir lieu en février/mars de cette année, qu’il ne s’était pas rendu au tribunal mais avait envoyé une requête pour connaitre l’identité du plaignant. Khazali a été incarcéré six fois depuis l’élection présidentielle controversée de 2009 et a fait de nombreuses grèves de la faim durant ses incarcérations.
Arrêtée et interdite de sortie du territoire.

Une autre journaliste, Reyhaneh Tabatabai a été envoyée à la section féminine d’Evine après son arrestation pour purger sa peine de six mois pour un nouveau dossier. Elle a été jugée coupable de « propagande contre le régime » accusation basée sur son adhésion à l’association de la jeunesse nationale durant l’élection présidentielle de 2013, sa participation à un rassemblement de jeunes réformateurs a Shahr-e-Kord, à ses voyages dans les provinces du Sistan-Baloutchistan et de Gorgan et à des insultes sur sa page Facebook contre les candidats Said Djalili et Mohammad-Bagher Ghalibaf. Une caution de 200 million de tomans (environ $60.000) a été déposée il y a quelques jours mais elle est toujours en prison pour purger sa précédente peine. Elle avait également été arrêtée auparavant à deux reprises en 2010 et 2012 et avait, les deux fois, été libérée sous caution.

Parlant à l’agence de presse estudiantine ISNA de son arrestation, Shamsolvaezin a déclaré : « J’ai reçu deux citations à comparaitre ce matin, la première du tribunal d’Evine me convoquant dans les trois jours pour fournir des explications, faute de quoi, je serai arrêté. La seconde ne précise pas qui me convoque mais m’annonce mon interdiction de sortie du territoire, ajoutant que je peux me rendre au tribunal dans un délai de 20 jours pour faire appel de cette interdiction. » Sa dernière arrestation était liée à l’élection de 2009 ; il avait alors été également interdit de sortie du territoire. Cette interdiction expirait l’année dernière.
Aucune nouvelle d’une autre journaliste

La situation de Saba Azarpeik reste obscure et elle n’a eu aucun contact avec les membres de sa famille depuis son incarcération le 28 mai. Sa mère a posté une note sur sa page Facebook : on lui a intimé l’ordre de ne pas parler et de ne pas diffuser de nouvelles de la détention de sa fille faute de quoi, on l’a menacée de s’en prendre à sa fille.

Madame Azarpeik a expliqué : « Saba est restée à l’isolement pendant 24 jours, nous n’avions aucune nouvelle d’elle et de la cause de son incarcération. Il est très dommage que dans un pays islamique, dont les dirigeants se prétendent des fidèles de l’islam, où ceux qui interrogent les détenus et les enquêteurs se qualifient de musulmans, la plupart des droits des musulmans ne soient pas respectés. Ils me menacent en disant que si je poste quoi que ce soit sur Facebook, le dossier de ma fille serait en danger. Je ne connais pas de religion où les enfants soient otages et où l’on menace les mères de mettre en danger la vie de leurs enfants.
Je me suis rendue au tribunal pendant deux jours mais je n’ai pas reçu ce qu’on m’avait promis. J’ai rêvé que ma fille me contactait et qu’on la forçait à me dire de ne parler à personne de sa visite sinon, si le premier assesseur du tribunal l’apprendrait et cela jouerait contre elle. Je ne l’ai pas revue après cela. Je dis à ceux qui l’interrogent, si mon angoisse pour ma fille vous réjouit, alors au moins MAN UP  et relâchez-la : sa grand-mère ne peut plus manger, on est obligé de la nourrir à la cuiller, elle réclame sans arrêt sa petite-fille, récite des poèmes en pleurant et ne dort plus de la nuit. Où est l’humanité, où est l’islam ? »

D’après sa mère, Saba est accusée de propagande contre le régime.

Saba a été arrêtée le 28 mai ; les autorités ont contacté sa famille une seule fois mais sans lui donner les raisons de son arrestation.

Elle a été arrêtée en même temps que 18 autres journalistes la fois précédente. Sa mère a expliqué que, lorsqu’ils avaient envahi leur domicile, ils avaient giflé son fils alors que toute la scène était filmée, puis l’avaient emmenée devant ses yeux. « Je voudrais dire aux autorités que ce n’est pas une façon de traiter les jeunes. La prison n’est pas une solution, elle produira l’effet contraire. »

Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2014/june/23/article/filling-prisons-with-journalists.html

samedi 28 juin 2014

Semaine 26 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Hamed Ahmadi, condamné à mort en grève de la faim, hospitalisé pour hémorragie stomacale.
  • Mansour Arvand, condamné à mort, transféré de la prison d’Oroumieh vers un lieu inconnu.
  • Le Docteur Kamran Ayazi transféré d’Evine à Redjaï Shahr.
  • Le Docteur Latif Hassani, en grève de la faim depuis le 10 mai, hospitalisé puis transféré à Evine.
  • Behnam Irani, prêtre récemment converti, transféré du centre de détention du renseignement d’Alborz à Redjaï Shahr.
  • Mehdi Khazali transféré de la prison d’Evine à celle de Redjaï Shahr.
  • Kasra Nouri transféré de la prison d’Adel Abad à celle de Nezam.
  • Shahram Tchinian-Miandoab transféré à l’isolement à Radjaï Shahr.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Sivan Hosseinpour, photographe et caricaturiste kurde, arrêté à son domicile à Mahabad.
  • Bahman Khaleghi, militant azéri, commence à purger sa peine de 6 mois à Tabriz.
  • Madjid Moghadam arrêté lors du 5ème anniversaire de la mort de Neda Agha-Soltan, libéré le lendemain.
  • L’ Hodjatoleslam Seyed Hamid Mahdavi-Eghdam commence à purger sa peine à la prison de Tabriz.
  • Mamousta Abdol-Salam Golnavaz, religieux kurde, convoqué au tribunal religieux de Tabriz et arrêté ; il est relâché le lendemain suite aux manifestations populaires.
  • Behnam Moussivand arrêté lors du 5ème anniversaire de la mort de Neda Agha-Soltan, libéré le lendemain.
  • Afshine Nadimi, syndicaliste kurde, commence à purger sa peine de 6 ans à la prison de Sanandaj.
  • Reyhaneh Tabatabaï, journaliste, commence à purger sa peine de 6 mois à Evine.
  • Des femmes fans de foot arrêtées puis libérées par l’intervention de la présidence de la république.

C-Libérations
  • Leva Khandjani libérée à la fin de sa peine.
  • Amir Khorram en liberté provisoire.

D-Autres Nouvelles
  • Reza Akbari-Monfared est en grève de la faim dans la prison de Radjaï Shahr pour soutenir Reza Shahabi.
  • Mohammad Banazadeh-Amirkhizi est en grève de la faim dans la prison de Radjaï Shahr pour soutenir Reza Shahabi.
  • Le Docteur Asghar Ghotan est en grève de la faim dans la prison de Radjaï Shahr pour soutenir Reza Shahabi.
  • Afshine Heiratian est en grève de la faim dans la prison de Radjaï Shahr pour soutenir Reza Shahabi.
  • Khaled Herdani est en grève de la faim dans la prison de Radjaï Shahr pour soutenir Reza Shahabi.
  • Saleh Kohandel est en grève de la faim dans la prison de Radjaï Shahr pour soutenir Reza Shahabi.
  • Mohammad-Ali (Pirouz) Mansouri est en grève de la faim dans la prison de Radjaï Shahr pour soutenir Reza Shahabi.
  • Ali Moezi interdit de visites.
  • Ali Salanpour est en grève de la faim dans la prison de Radjaï Shahr pour soutenir Reza Shahabi.
  • Shahrokh Zamani est en grève de la faim dans la prison de Radjaï Shahr pour soutenir Reza Shahabi.
Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Mashallah Shamsolvaezine, journaliste, interdit de sortie du territoire.
  • 5 pendaisons à la prison de Birdjand.
  • 8 pendaisons à Rasht lundi.
  • 2 pendaisons à Radjaï Shahr mercredi.
  • 11 pendaisons à Ghezel Hesar jeudi.

L’université – la Culture
  • Shahr e Sokhteh inscrite au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO.
  • Deux peintures du poète iranien Sohrab Sepehri vendues aux enchères pour plus de $1 million à Téhéran.
  • Les étudiants iraniens au Royaume-Uni empêchés d’assister aux cours dispensés par Kaplan à cause des sanctions américaines.
  • L’association islamique de l’université de technologie de Shiraz de nouveau ouverte après 4 ans.

Manifestations 
  • Les habitants de Téhéran célèbrent le grand match de leur équipe de football contre l’Argentine dans la rue.
  • Des métallurgistes retraités manifestent contre le non-paiement de leur retraite.
  • Les journalistes de la radio nationale d’Ardebil en grève pour leurs salaires impayés.
  • Des mineurs manifestent contre la privatisation de l’entreprise et réussissent à l’arrêter.

L’Iran à l’étranger 
  • Zarif rencontre la ministre soudanaise du développement à Téhéran.
  • Une délégation parlementaire française reçue au parlement iranien.
  • Les Iraniens opèrent des drones depuis une ancienne base américaine en Irak.

L’économie en Iran 
  • La Turquie vend 200 tonnes d’or secret à l’Iran.
  • L’Inde paie $550 millions pour du pétrole à l’Iran..

Politique en Iran
  • La police lance une nouvelle campagne de destruction des antennes satellite.
  • Gholamali Djafarzadeh, membre de la commission du planning et du budget appelle à la mise en examen d’Ahmadinejad.
  • 75% des gouverneurs de province remplacés l’année dernière.
  • La vasectomie passible de 2 à 5 ans de prison.
  • Le ministre de la santé défie la loi contre le contrôle des naissances.

Nouvelles en vrac
  • Iran-Argentine : 0-1 grâce à l’arbitre.
  • L’Iran se prépare à sa meilleure année pour le tourisme en une génération.
  • Les pèlerins iraniens capturés par l’EIIL ont été libérés; ils sont de retour en Iran.
  • L’Iran a le taux le plus élevé de cancer à cause de la mauvaise qualité de l’essence.


Sur le blog cette semaine

Et toujours, la liste des prisonniers politiques en Iran (en Anglais) : http://hyperactivist.info/ipr.html
Aidez-nous à la tenir à jour

mardi 24 juin 2014

Lettre des professeurs bahaïs incarcérés à la prison de Radjaï-Shahr aux intellectuels du pays

Professeurs, étudiants et amoureux du savoir,

Vous intellectuels, érudits et amoureux du savoir, connaissez la place de la science et du savoir dans la découverte des relations, la consolidation des bases de la société, le progrès culturel et l’amélioration de l’humanité. Dans le monde de l’humanité, il n’existe pas d’attribut plus haut que la science, pas de service plus honorable que l’éducation ou la promotion de la diffusion du savoir humain, vous serez d’accord, nous en sommes sûrs, et, au cours de l’histoire, la généralisation de l’éducation a été vantée par de nombreuses nations.

Actuellement, dans cette ère éclairée par la science et le savoir, quand les efforts des géants de ces domaines illuminent la terre et conquièrent l’univers, un groupe est emprisonné pour avoir éduqué la jeunesse de ce pays. Nous, signataires de cette lettre, sommes emprisonnés pour avoir prodigué des cours universitaires et avoir collaboré avec l’Institut Bahaï d’Education Supérieure (BIHE) ; plus qu’à aucun autre moment, nous sommes choqués de l’injustice et de la discrimination qui nous frappent.

Il y a trois ans, le 22 mai 2011, de manière concertée, plus de 35 endroits différents dans des villes différentes ont été attaqués par les agents du gouvernement, et plusieurs dirigeants du BIHE, des professeurs et des consultants ont été arrêtés et accusés d’avoir enseigné dans cet institut et d’y avoir collaboré ; ils ont été condamnés à de longues peines de prison. Actuellement, dix de ces éducateurs purgent leurs peines à la prison de Radjaï-Shahr et trois sont emprisonnées dans la section féminine de la prison d’Evine ; les autres attendent d’être convoqués pour purger leurs peines ou le verdict du tribunal.

Le BIHE a été fondé il y a 27 ans en 1987 pour répondre à l’exclusion des bahaïs de l’université pour que le feu du savoir ne s’éteigne pas dans les cœurs de ces jeunes défavorisés.

Et ceci alors que la Déclaration Universelle des Droits Humains reconnaît le droit à l’éducation comme droit fondamental de tous les êtres humains et que la Constitution de la république islamique d’Iran interdit explicitement de priver quelqu’un de ses droits à cause de la religion et reconnaît l’éducation comme le droit de tout Iranien. Il est quand même surprenant qu’en dépit de toutes les stipulations des lois tant nationales qu’internationales, ce droit fondamental à l’éducation des bahaïs est toujours violé et toute tentative de les éduquer rencontre des obstacles énormes.

Les questions fondamentales sont : « La discrimination et l’exclusion d’un groupe de citoyens iraniens de l’éducation supérieure vont-elles aider notre pays bien-aimé à se développer ? Vont-elles accroître le savoir humain ? Cette discrimination va-t-elle résoudre les problèmes économiques et culturels de notre société ? Est-elle source de fierté et de gloire pour l’Iran ? A-t-elle distingué l’Iran sur la scène internationale ? »

Vous serez sûrement d’accord : la science et le savoir, comme le soleil et la pluie, sont des privilèges universels et des dons divins qui devraient être également disponibles au noble comme au roturier et nous nous demandons pourquoi la pluie de la miséricorde et le soleil de la gloire devraient être octroyés à un groupe de privilégiés et refusés à un autre groupe.

Et donc, si l’on vous demande d’enseigner et d’éduquer ceux qui en ont besoin, vous ne refuserez sûrement pas, vous ne garderez pas votre savoir pour vous seuls et un groupe spécifique.

Croyez-vous qu’il soit juste que des personnes complètement privées de l’égalité des chances et de facilités font tout ce qu’ils peuvent pour entrer dans la science et le savoir pour éduquer les jeunes pour le progrès et l’honneur de ce pays, ils soient dépossédés, interdits et condamnés à ce point pour avoir éduqué et enseigné ?

En tant que serviteurs du mouvement scientifique et universitaire, nous croyons que vous, épris de science et de savoir, estimez aussi la noblesse humaine et l’honneur scientifique et que vous nous considérez pas la discrimination et l’injustice comme licite. Nous espérons que vous, compatriotes bien-aimés, cheminerez en harmonie avec nous pour planter la pure graine du savoir dans le cœur de nos enfants et pour ranimer la flamme du désir ardent de l’éducation en leurs âmes, pour montrer par nos actes que l’Iran est resté le berceau de la civilisation et de la science qu’il était dans les anciens temps.

Sur la scène de la science et de l’éducation, nous avons tous des responsabilités, vous qui vivez librement et ceux d’entre nous qui sommes en prison. Pour honorer le savoir, nous demandons qu’en protestant contre la discrimination et l’injustice, vous, les intellectuels, puissiez créer les conditions nécessaires pour que tous les membres de la société aient droit à l’éducation et à l’égalité des chances, tous quelles que soient leur ethnie, leur race, leur religion et leurs convictions.

Prison de Radjaï Shahr

Mahmoud Badavam - Kamran Rahimian - Keyvan Rahimian – Riazollah Sobhani – Farhad Sedighi – Kamran Mortezaï – Foad Moghadam – Shahin Negari

Source : http://www.irangreenvoice.com/article/2014/jun/12/44119

lundi 23 juin 2014

Nasrine Sotoudeh : tout ce que je veux, c’est mettre fin aux arrestations – Lara Marlowe – 20 juin 2014

Le barreau de Téhéran a donné l’autorisation à Nasrine Sotoudeh de reprendre ses activités. Elle défend des dossiers de bahaïs, de prisonniers politiques et de mineurs.

L’attitude de l’Iran vis-à-vis des bahaïs est l’un des sujets les plus sensibles du pays. Comme leur religion a été fondée après l’Islam, ils sont considérés comme membres d’une « secte déviante ». Les bahaïs occupaient des postes de premier plan sous le shah et leur quartier général est situé à Haïfa en Israël, ce qui nourrit les suspicions du régime. D’après un rapport de l’ONU sur les droits humains en Iran, 136 bahaïs étaient emprisonnés fin janvier.

Il y avait dix bahaïes à la section 290 d’Evine avec Nasrine Sotoudeh. « Je suis devenue amie avec l’une d’elles, Mahvash Shariari » dit-elle.

Mahvash Shariari et l’une des sept dirigeants bahaïs condamnés à huit ans de prison en 2008. On lui avait interdit d’enseigner depuis la révolution. « Nous avons passé beaucoup de temps ensemble à lire et à discuter des livres, dont l’un sur la réforme protestante. »

Les intellectuels réformateurs croient que l’islam révolutionnaire d’Iran est prêt à être réformé.

Elever la voix

Des signes montrent que la proscription dont souffrent les bahaïs pourrait craquer. Avant sa mort en 2009, le grand ayatollah Hossein-Ali Montazéri a publié une déclaration disant que les bahaïs avaient « droit à la citoyenneté et à la vie dans ce pays. » D’autres personnalités de premier plan ont élevé la voix contre leur persécution, dont l’ayatollah Abdol-Hamid Massoumi-Téhérani. Le mois dernier, il a rejoint Nasrine Sotoudeh et d’autres pour commémorer le sixième anniversaire de l’arrestation des dirigeants bahaïs.

« L’élection du président Rouhani a un peu libéré la société iranienne. D’autre part, le nombre d’exécutions est monté en flèche. La justice est encore entre les mains des durs et ils veulent montrer leur puissance. »

20 prisonniers politiques ont été libérés en même temps que Nasrine Sotoudeh. Mais on en a arrêté d’autres. Lors d’une conférence de presse, le 14 juin, Rouhani a promis de s’intéresser à l’arrestation de Sabah Azar-Peyk, journaliste indépendante qui couvrait le parlement.

« Personne ne sait pourquoi elle a été arrêtée parce qu’elle est à la section 209 et il est très difficile de faire sortir des informations de cette section » dit Nasrine Sotoudeh.

« Propagande » en ligne

Une autre journaliste, Maryam Shafipour, a été condamnée en mars à sept ans de prison et deux ans d’interdiction d’accès à Internet. Elle avait utilisé internet pour « diffuser de la propagande contre le régime » et avait participé aux manifestations qui avaient suivi l’élection présidentielle contestée de 2009.

Dans le bureau de Nasrine Sotoudeh, il y a une statue de déesse en bronze tenant la balance de la justice. C’est un cadeau d’un des signataires d’une pétition demandant la fin de la discrimination des sexes dont la plupart ont été arrêtés en 2007. Nasrine Sotoudeh les a défendus.

Nasrine Sotoudeh ignore les comparaisons avec la lauréate du prix Nobel Shirine Ebadi. « Tout ce que je veux, c’est la fin des arrestations. Ce n’est pas encore arrivé. Je veux des procès justes et la fin de la peine capitale. Et ça non plus, ce n’est pas arrivé. »

Source : http://www.irishtimes.com/news/world/middle-east/nasrin-sotoudeh-the-only-thing-i-want-is-to-put-an-end-to-arrests-1.1838730?page=2

dimanche 22 juin 2014

Arrêtez de mettre la pression sur les militants – Nasrin Sotoudeh – 16 juin 2014

Une nouvelle vague de tactiques de pression déferle sur les militants civiques et politiques.

L’attaque impitoyable contre la section 350 de la prison d’Evine et l’arrestation de nombreux militants civiques et de journalistes ainsi que l’exécution de Gholamreza Khosravi, un prisonnier politique exécuté au milieu de grandes manifestations, tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur, des militants des droits humains, sont les marqueurs de ce nouvel assaut judiciaire.

L’atmosphère de menaces et de peur mélangées qui prédomine parmi les prisonniers et leurs familles ces derniers jours laisse entendre que cette dernière exécution n’était rien d’autre qu’une démonstration de force contre ceux qui ont protesté contre l’attaque contre la section de la prison où sont détenus les prisonniers politiques.

C’est particulièrement pertinent quand on remarque que Khosravi était l’un des manifestants les plus efficaces contre les violences commises contre les prisonniers politiques le 17 avril de cette année.

Le silence de l’administration a laissé les mains libres à ceux qui ont perpétré ces violences ; ils pourront continuer les actes criminels ; le résultat : non seulement le mépris pour ces manifestations mais surtout, le transfert du chef de la prison à un poste dans la justice ; il pourra maintenant continuer à tuer pour des raisons de vengeance personnelle. J’insiste donc pour obtenir la fin des pressions judiciaires sur les militants, j’appelle à une enquête sur les violences impitoyables commises contre les prisonniers politiques, qui sont en fait traités comme des otages, je demande la fin de toutes les exécutions, surtout celles des prisonniers politiques qui ne sont que l’assouvissement de vengeances personnelles contre les prisonniers.

Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2014/june/16/article/end-the-pressure-on-activists.html

Le journaliste mort – Issa Saharkhiz – 1er juin 2014

Il est probablement vrai que les durs du régime iranien craignent ceux qui diffusent les informations, les militants des médias, les journalistes et les reporters. Ils les voient comme les anciens Américains voyaient les Indiens : le seul bon Indien est un Indien mort (attribué au général américain Sheridan en 1869).

C’est pourquoi les journalistes représentent le groupe le plus important parmi les prisonniers politiques en Iran, si l’on excepte les bahaïs, considérés comme une minorité.

C’est peut-être ce à quoi Behzad Nabavi lui aussi pensait à sa sortie de prison quand il m’a donné ce conseil sur la conduite que nous devrions avoir : « le mieux pour nous est de la fermer. » C’est aussi ce qu’il disait à ceux qui venaient le voir en prison. Il en a aussi parlé dans une lettre au président iranien Hassan Rouhani : il conseillait au président récemment élu de ne pas avoir la libération des prisonniers politiques comme premier objectif mais de plutôt se concentrer sur les solutions à apporter au problème de l’énergie nucléaire et aux problèmes économiques du pays.

Moi-même, quand j’étais prisonnier, je faisais passer le même message à mes visiteurs : les prisonniers politiques, dont des journalistes et des bloggeurs incarcérés dans les prisons d’Evine et de Radjai Shahr portions le même message ; ils ne s’attendaient pas à ce que le nouveau cabinet mette leur libération en top-priorité. J’ai bien sûr assuré Nabavi que nous la fermions tous et que c’était la censure et l’autocensure qui avaient le dernier mot dans les medias nationaux.

Ce que je n’ai pas dit c’est que régime totalitaire qui gouverne l’Iran considérait quiconque impliqué dans les médias de la même façon que le Ku Klux Klan considérait les Indiens et les noirs dans leur pays. Je n’ai pas non plus dit que la plupart des journalistes et des bloggeurs étaient victimes du juge Moghisseh et de ses longues peines de prison, le même juge qui énonçait des peines de mort dans les années 1980, dans une situation complètement différente, et qui, en 2009, a dit que les sympathisants du Mouvement Vert devaient être pendus.

Et maintenant nous lisons que samedi, « les forces de sécurité ont pénétré dans les bureaux de l’hebdomadaire ‘Tedjarat e Farda’ (le commerce de demain), arrêté Saba Azarpeik et l’ont emmenée vers un lieu inconnu. Et en même temps, nous apprenons cette nouvelle incroyable : le juge Moghisseh a condamné huit utilisateurs de Facebook à 123 ans de prison.
Alors que les détails de cette arrestation et de ces verdicts ne sont pas encore publiés, nous savons déjà que c’est l’unité spécialisée dans la cyber-délinquance des gardes révolutionnaires qui avait arrêté les utilisateurs des médias sociaux l’année dernière. Ils sont proches de ceux qui avaient auparavant causé la mort de Sattar Beheshti.

A ce scandale, à ce désastre, il faut encore ajouter la récente décision d’un juge de la région du Fars. Il a cité le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg à comparaître, même s’il semblerait qu’il ait, sous la pression, nié l’avoir fait.

Il a dû entendre dire que les autorités judiciaires défient le président et font tout ce qu’elles peuvent pour lui faire perdre la face, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, lui permettant ainsi de se joindre à la curée, mais il semble avoir oublié sa position dans la hiérarchie. Il est peut-être victime de sa propre ignorance des jeux médiatiques et politiques qui se déroulent à la capitale. Il est devenu célèbre pour son ignorance en partie parce qu’on dit qu’il aurait demandé à un prisonnier pourquoi il avait caché ses emails dans son ordinateur portable.

Ces nouvelles violations et transgressions sont peut-être dues au fait que nous avons envoyé à Rouhani un message, ne pas mettre nos problèmes et notre liberté au nombre de ses priorités et se concentrer surtout sur l’évolution du droit des citoyens, sur les problèmes d’eau et de nourriture des habitants des villes et des campagnes et du bétail.

Dans cette situation, les durs et les autoritaires du régime sont libres de violer toutes les lois dans tous les domaines ; ils peuvent même violer les bureaux des hebdomadaires et les domiciles des journalistes. C’est peut-être à cause de nos recommandations que la cyber-police se sent autorisée à pénétrer le cyberespace et l’intimité des gens, de déposer des plaintes basées sur les écrits personnels et les murmures pour finir par les condamner sous des prétextes comme « activités contre la sécurité nationale », « insultes contre le guide suprême », « propagande contre le régime », « insulte contre la doctrine islamique », etc..

Le résultat en est évident : 123 ans de prison pour huit utilisateurs d’Internet et 20 ans de prison pour Roya Saberinejad-Nobakht et Amir Golestani, Massoud Ghassamkhani et Fariborz Kardarfar condamnés respectivement à 19 ans, 91 ans, 18 ans et 91 ans de prison.
Alors, même si nous acceptons de la fermer à cause de problèmes plus importants et pour notre propre sécurité et par le fait même nous acceptons la censure et l’autocensure, nous continuons et nous continuerons à écrire et à parler de l’emprisonnement des dirigeants du Mouvement Vert, à rendre visite aux proches des prisonniers politiques, à critiquer le régime dans des limites acceptables, à chanter des chants et des poèmes de protestation  et à écrire sur les évènements de l’élection présidentielle de 2009. C’est notre façon de vivre et notre vision de la vie ; dans le même temps, les totalitaires peuvent continuer et continueront à nous voir de la même façon : « le meilleur journaliste est un journaliste mort ».

Source : http://www.roozonline.com/english/opinion/opinion-article/archive/2014/june/01/article/the-dead-reporter.html

samedi 21 juin 2014

Semaine 25 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Hamed Ahmadi, militant kurde sunnite, transféré à Ghezel Hessar.
  • Le Docteur Assadollah Assadi a été transféré à l’isolement à la section 290 d’Evine suite à sa grève de la faim et de la soif.
  • Djahangir et Djamshid Dehghani, militants kurdes sunnites, transférés à Ghezel Hessar.
  • Mehdi Farahi-Shandiz, militant politique, transféré à la prison de Redjaï Shahr.
  • Saeed Matinpour est de retour à la section 350 d’Evine.
  • Kamal Molaï, militant kurde sunnite, transféré à Ghezel Hessar.
  • Seyyed Hossein Ronaghi-Maleki transféré à l’hôpital Hashemizadeh puis de retour à Evine sans traitement.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Danial Babayani, cyber-activiste azéri, arrêté pour purger sa peine de 23 mois de prison.
  • Habibollah Beigzadeh, cyber-activiste azéri, arrêté pour purger sa peine de 23 mois de prison.
  • Abdolhossein Harati, récemment rentré en Iran, arrêté.
  • Nematollah Kami, cyber-activiste azéri, arrêté pour purger sa peine de 23 mois de prison.
  • Mehdi Khazali a été arrêté pour la septième fois, il lance une grève de la faim.
  • Mehdi Tadini se rend à Evine pour commencer à purger ses 2 ans de prison.
  • 2 arrestations sur la tombe de Neda Agha-Soltan lors de la commémoration du 5ème anniversaire de sa mort.

C-Libérations
  • Adel Fanaian, bahaï, en liberté conditionnelle.
  • Rahman Ghahremanpour-Bonab libéré à la fin de sa peine.
  • Massoumeh Gholizadeh libérée sous une caution de 100 million de tomans de la prison de Tabriz.
  • Hossein Nouraninejad a été libéré sous une caution de 200 million de tomans.
  • Abbas Samadian, militant politique, libéré sous une caution de 150 million de tomans.
  • Ali Shariati, militant politique, libéré sous une caution de 150 million de tomans.

D-Autres Nouvelles
  • Mohsen Ghashghaeizadeh est en grève de la faim pour protester contre la disparition de sa mère.
  • 80 prisonniers politiques de Redjaï Shahr sont en grève de la faim pour soutenir 4 condamnés à mort transférés à Ghezel Hessar.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Ghassem Ebrahimpour, militant politique kurde, condamné en appel à 2 ans de prison.
  • Ali-Asghar Honarmand, fondateur du site Web Narendji, condamné à 11 ans de prison.
  • Djamal Mina-Shiri, militant politique kurde, condamné en appel à 3.5 ans de prison.
  • Ebrahim Mostafapour, militant politique kurde, condamné en appel à 2 ans de prison.
  • Hossein Nozari, travaillant avec le site Web Narendji, condamné à 7 ans de prison.
  • Ehsan Paknejad, rédacteur technique du site Web Narendji, condamné à 5 ans de prison
  • ,Hadi Tavanmand militant politique kurde, condamné en appel à 3.5 ans de prison.
  • Abbas Vahedi, rédacteur du site Web Narendji, condamné à 2.5 ans de prison.
  • 10 pendaisons à la prison d’Oroumieh mercredi, 2 autres pardonnés par les familles des victimes.
  • 3 pendaisons à la prison de Yazd.

L’université – la Culture
  • 1.000 films étrangers participent au festival du court-métrage de Téhéran.
  • Mohammad-Reza Shajarian sera fait la semaine prochaine Chevalier des Arts et Lettres.
  • Neda ye Enghelab, site web affilié aux Gardiens de la Révolution, se ferme.

Manifestations 
  • Les salariés de Téhéran Tires manifestent de nouveau.
  • Un groupe de femmes manifestent contre leur interdiction d’entrer dans le stade devant la fédération de volleyball.
  • Le personnel d’Iran Air en grève à l’aéroport de Mehrabad.

L’Iran à l’étranger 
  • Le premier Vice-Président Eshagh Jahangiri rencontre le président bolivien Evo Morales à Santa Cruz.
  • Zarif rencontre le ministre des affaires étrangères sud-africain à Téhéran.
  • Les membres de l’amitié parlementaire algéro-iranienne rencontre le président du parlement Laridjani à Téhéran.
  • Le premier ministre du Kurdistan est à Téhéran pour discuter de la situation en Irak.
  • Le premier ministre britannique déclare « les circonstances sont bonnes pour rouvrir notre ambassade à Téhéran ».
  • Le comité légal de l’assemblée générale de l’ONU élit un Iranien au poste de vice-président.

L’économie en Iran 
  • Le ministre du pétrole annule les contrats signés sous Ahmadinejad.

Politique en Iran
  • Les députés demandent un durcissement de l’application de la loi sur le voile.
  • Rouhani ordonne une enquête pour étudier la possibilité pour les femmes d’entrer dans les stades.
  • Rafsandjani demande au guide suprême la libération de Moussavi et Karroubi.

Nouvelles en vrac
  • Zabol dans le noir à cause d’une tempête de sable.
  • La musique est interdite dans tous les lieux publics de Varamine y compris les taxis, les bus et les trains.
  • L’Iran l’emporte sur l’Italie 19 à 8 en volleyball.

Et toujours, la liste des prisonniers politiques en Iran (en Anglais) : http://hyperactivist.info/ipr.html
Aidez-nous à la tenir à jour

samedi 14 juin 2014

Semaine 24 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts

  • Behzad Arabgol, militant politique, transféré d’Evine à Redjaï Shahr.
  • Abed Bampouri, militant politique baloutche condamné à mort, transféré à l’isolement à la prisond de Zahedan.
  • Abdolghani Gangouzeh, militant politique baloutche condamné à mort, transféré à l’isolement à la prisond de Zahedan.
  • Le pasteur Behnam Irani transféré de Redjaï Shahr vers un lieu inconnu.
  • Mamousta Ali Karami transféré de Redjaï Shahr vers Sanandaj.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Nima Abbaspour arrêté pendant une manifestation pour le lac d’Oroumieh.
  • Akbar Abolzadeh arrêté pendant une manifestation pour le lac d’Oroumieh.
  • Afshine Esmailzadeh arrêté pendant une manifestation pour le lac d’Oroumieh.
  • Soheil Ghaderi arrêté pendant une manifestation pour le lac d’Oroumieh.
  • Mahnaz Ghaem-Mohammadi, épouse de Djafar Panahi, commence à purger sa peine de 5 ans de prison.
  • Mir-Yassin Hosseini, étudiant, arrêté pendant une manifestation pour le lac d’Oroumieh.
  • Sadjad Khalilnejad arrêté pendant une manifestation pour le lac d’Oroumieh.
  • Djalal Mohammadloo, membre du front de la participation, arrêté chez lui.
  • Vahid Valizadeh arrêté pendant une manifestation pour le lac d’Oroumieh.
  • Arman Zaker arrêté pendant une manifestation pour le lac d’Oroumieh.

C-Libérations
  • Madjid Dori étudiant militant, libéré à la fin de sa peine.
  • Arash Mohammadi, étudiant de gauche, libéré à la fin de sa peine.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Peyman Aref condamné à un an de prison de plus.
  • Seyed Khaled Moussavi, militant d’Ahvaz, a été exécuté.
  • Ali Tchabishat, militant d’Ahvaz, a été exécuté.
  • Une pendaison à Redjaï Shahr lundi.
  • Une pendaison à Zahedan lundi.
  • Une pendaison à Ghazvine mardi.
  • 3 pendaisons à Redjaï Shahr mercredi.
  • 3 pendaisons à Bandar Abbas jeudi.

L’université – la Culture
  • Les musiciennes interdites de scène à Ispahan.
  • La pièce de théâtre « Hot Egg Tango » interdite à Téhéran.
  • L’atelier avec Kelly James Clark interdit à Téhéran.

Manifestations 
  • Plus de 100 boulangers de Sanandaj manifestent contre le gel de leurs salaires pour la troisième année consécutive.
  • 23 jours de grève de 5,000 ouvriers de l’entreprise Bafog Iron Ore.
  • Des durs et des réformateurs en viennent aux mains lors d’un discours d’Aref à l’université de Shiraz.

L’Iran à l’étranger 
  • Environ 230 députés iraniens félicitent Assad pour sa victoire.
  • Zarif rencontre la présidente du parlement de Singapour à Téhéran.
  • Rouhani en visite en Turquie pour discuter de la Syrie et signer des contrats.
  • Deux bataillons de la force Ghods Forces sont entrés en Irak et luttent aux côtés des forces irakiennes.
  • Nouvel ambassadeur iranien en Suisse : Gholam Ali Khoshroo, secrétaire d’état aux affaires étrangères sous Khatami.

L’économie en Iran 
  • Fermeture de l’usine de vaccins de Mahabad : 120 ouvriers perdent leur emploi.

Politique en Iran
  • L’ayatollah Sanaei regrette l’arrestation du journaliste Siradjedin MirDamadi.
  • L’Iran condamne l’attaque terroriste contre l’Irak.

Nouvelles en vrac
  • Sécheresse grave dans la région de Kerman.
  • Deuxième tempête à Téhéran en une semaine, 15 blessés cette fois.
  • En volleyball, l’Iran bat le Brésil 3-0 au Brésil.

Sur le blog cette semaine


Et toujours, la liste des prisonniers politiques en Iran (en Anglais) : http://hyperactivist.info/ipr.html
Aidez-nous à la tenir à jour

dimanche 8 juin 2014

Reste un moment avec moi - Ramin Zibaï




Cher compatriote,

Je m’adresse à toi, témoin de mes souffrances et qui y es indifférent, ainsi qu’à toi qui montres de l’empathie pour mes souffrances et celles d’autres dans cette société. Vois ma douleur. Entends mes lamentations silencieuses. Réfléchis un instant et réponds à ma question. Partage cette réponse, non seulement avec moi mais aussi avec tous les autres et vois où nous en sommes à cette époque historique.

Allez, laisse tomber cette belle mélodie et écoute la musique triste de cette harpe brisée. Reste avec moi un moment et médite sur ce que je dis.

Te crois-tu plus noble que les autres êtres humains ? Crois-tu que l’on t’a créé supérieur à moi ? Ton sang est-il plus pur que le mien ? Pries-tu Dieu mieux que moi ? Est-ce que Dieu t’aime et ne m’aime pas? Qu’en penses-tu ? 

Si tu crois qu’il n’y a pas eu de différences au moment de la création, alors pourquoi toutes ces autres différences ?

Es-tu plus iranien que moi ? Crois-tu aimer ta patrie plus que moi ? Es-tu de ce pays et de la race arienne alors que je viendrais d’un autre pays, d’une autre race ? Et même si c’était le cas, cela changerait-il quelque chose à notre noblesse d’êtres humains ?

Alors, si nous sommes d’un même pays, d'une même race, qu’est-ce qui cause ces différences et ta supériorité sur moi ? Pourquoi devrais-tu avoir un autre espace de vie, pourquoi devrais-tu avoir le droit de te développer et pas moi ? Pourquoi aurais-tu ce droit que l’on m’enlève ? Qu’est-ce qui te fais croire que tu es digne de ces droits et pas moi ? Qu’est-ce qui fait que l’on te donne ces droits dont tu me prives ?

As-tu le monopole du bonheur, du succès et du droit à l’éducation ?

Nous sommes tous deux nés dans le même pays, au même endroit, dans la même patrie. Alors pourquoi aurais-tu le droit de grandir et de te développer dans cette patrie alors que je suis privé de ce droit ?

Si tu conviens que ces distinctions n’ont pas de fondement, alors fais montre d’empathie et accompagne-moi sur le chemin. Profite de tes pensées, de ton point de vue sur le monde et de tes actions pour atteindre la justice, et comprends que ton sentiment de supériorité sur moi nous sépare et nous éloigne.

Alors, n’hésites pas à mettre fin à la discrimination dans la façon dont tu te comportes !

As-tu oublié qu’il y a 14 siècles, du temps du prophète Mahomet, un prisonnier qui éduquait un homme libre était libéré ? Maintenant, c’est le contraire : désormais des hommes et des femmes nobles sont en prison pour en avoir éduqué d’autres. Il y a bien longtemps, l’éducation et le savoir avaient beaucoup de valeur parce qu’ils amenaient la liberté et la rédemption, alors que dans notre monde progressiste et éclairé, ils causent la captivité et l’emprisonnement.

Explique-moi ce qui nous a fait oublier la sagesse et la valeur de l’éducation ?

Dis-moi, compatriote bien-aimé, combien cette discrimination va-t-elle encore durer ? Quand changeras-tu ta façon de penser le monde ?

Voilà maintenant trois ans que mes collègues et moi sommes emprisonnés pour avoir enseigné à l’université bahaïe et nous n’avons pas vu ne serait-ce qu’une lueur de justice. Nous avons sacrifié notre liberté et goûté l’amertume de la captivité pour que toi, mon cher ami, tu puisses te souvenir de la valeur que tes ancêtres accordaient au savoir, qu’ils libéraient les prisonniers de guerre pour honorer ce même savoir et que tu te rendes compte combien, à notre époque, nous avons oublié notre glorieux passé.

Nous continuons à espérer un changement dans ta vision du monde.

Et sois sûr que cela aussi sera accepté et même accepté avec honneur !

Ecrit le troisième anniversaire de mon incarcération, le 21 mai 2014
Ramin Zibaï - Pison de Radjaï-Shahr 

Source: http://www.rahesabz.net/story/82872/

samedi 7 juin 2014

L’avocate des droits humains libérée continue le combat – Simon Tisdall – 01 juin 2014

L’arrestation et l’emprisonnement de Nasrine Sotoudeh avait causé la réprobation internationale. Elle parle ici de son épreuve.


Nasrine Sotoudeh et son fils, Nima, après sa libération l’année dernière - Behrouz Mehri/AFP/Getty Images

Nima, le fils de sept ans de Nasrine Sotoudeh veut sortir jouer. Sa mère, l’avocate iranienne des droits humains dont l’arrestation arbitraire avait suscité une campagne internationale pour la libérer, parle depuis des siècles. Nima s’ennuie.

A la porte de leur appartement, au nord-ouest de Téhéran, Nasrine prend Nima dans ses bras. Le garçon se tient sur la pointe des pieds pour embrasser sa mère. Ils restent embrassés pendant plus d’une minute, comme s’ils ne supportaient pas d’être séparés.

Si c’est le cas, ce n’est guère étonnant. Nima n’avait que trois ans quand les hommes du ministère du renseignement sont venus en silence chercher sa mère en 2009. Personne ne savait si elle reviendrait un jour. Sa condamnation initiale était de 11 ans de prison. Elle était détenue à l’isolement, interdite de visites et de téléphone. Sa santé se détériorait, elle perdait du poids. Des rumeurs couraient sur sa disparition. Et puis, Nasrine Sotoudeh a été libérée à l’improviste, sans explication ni excuses en septembre dernier.

Parlant franchement au Guardian malgré les risques de représailles que cette interview pourrait déclencher de la part des autorités, Nasrine Sotoudeh a expliqué que c’était Nima qui était indirectement responsable de sa première grève de la faim qui avait attiré l’attention internationale sur sa situation difficile.

« Avant l’élection de 2009, j’ai été menacée à de nombreuses reprises pour le travail que je faisais en tant qu’avocate des droits humains, mais je n’ai pas eu de problème sérieux. Mais après, les choses ont changé. J’étais à une réunion de l’association professionnelle des avocates quand soudain, la porte a été brutalement ouverte et des policiers du renseignement sont entrés. Ils m’ont montré un mandat d’arrêt émanant du tribunal et m’ont dit de me présenter devant la cour dans trois jours. J’y suis allée et j’ai été arrêtée. En même temps, cinq hommes ont perquisitionné mon domicile. Ils ont emmené certains de mes effets personnels. Je tenais un journal sur Nima depuis sa naissance, et ce journal, ils l’ont emmené. Une fois en prison, je leur ai demandé de me rendre le journal et d’autres affaires personnelles. Pendant deux semaines, je n’ai même pas pu appeler mon mari au téléphone. Alors j’ai fait une grève de la faim de trois jours, j’ai eu droit au téléphone et mes affaires ont été rapportées chez moi. »

C’était une victoire, petite mais importante ; l’incarcération de Sotoudeh ne faisait que commencer. Apres des interrogatoires longs et souvent effrayants, elle a été accusée d’ « actes contre la sécurité nationale » et « propagande à l’encontre du régime ».

Sotoudeh a été condamnée à 11 ans de prison, 20 ans d’interdiction d’exercer une profession juridique et à l’interdiction de quitter le territoire. Le verdict a été réduit en appel à six ans de prison et 10 ans d’interdiction d’exercer une profession juridique.

En mai 2010, neuf mois après son arrestation, Nasrine a écrit à Nima depuis la célèbre prison Evine de Téhéran ; elle était alors détenue à la section 209, réservée aux prisonniers politiques et sous la supervision du ministère du renseignement. Elle a écrit sur des mouchoirs en papier (le seul papier dont elle disposait) pour tenter d’expliquer l’inexplicable et combler le gouffre de peur et d’incompréhension qui se creusait entre elle et son fils, d’après ses craintes.

« Bonjour Nima, mon bien-aimé, t’écrire une lettre est tellement difficile mon cher Nima. Comment te dire où je suis alors que tu es tellement innocent et trop jeune pour comprendre la réelle signification de mots comme prison, arrestations, verdict, jugement, injustice, censure, oppression qui sont les contraires de libération, liberté, justice, égalité ? Comment t’expliquer que rentrer à la maison ne dépend pas de moi, que je ne suis pas libre de me précipiter vers toi, alors que je sais que tu as dit à ton père de me demander d’arrêter de travailler pour que je rentre à la maison ? Comment t’expliquer que ces six derniers mois on ne m’a pas permis de te voir ne serait-ce qu’une heure ?

Mon cher Nima, durant ces six derniers mois, j’ai pleuré sans pouvoir me contrôler à deux occasions, la première, lors du décès de mon père, quand on ne m’a pas interdit de faire mon deuil et d’assister aux funérailles, la deuxième quand tu m’as demandé de rentrer à la maison et que je n’ai pas pu rentrer avec toi. Je suis retournée dans ma cellule et j’ai sangloté sans contrôle. »

Il y a eu d’autres moments difficiles, beaucoup même pour dire la vérité, bien que Nasrine Sotoudeh soit une femme modeste et effacée, répugnant à dramatiser ses expériences. Pour beaucoup d’Iraniens, et surtout de jeunes Iraniennes, c’est une héroïne nationale, bien qu’on ne la loue qu’en privé et à voix basse. Elle a gagné le prix Sakharov 2012 du parlement européen et beaucoup d’autres récompenses, mais elle dit se sentir étonnée à chaque fois qu’on lui dit qu’elle est célèbre. 

A 50 ans, mince et de taille moyenne, les cheveux châtains coupés court, le sourire éclatant, Narine Sotoudeh semble heureuse chez elle. Mais des cernes sous les yeux et une certaine nervosité trahissent une réalité différente, plus sombre. Elle avoue que sa vue a baissé en prison, mais se dit en bonne santé par ailleurs. Vu tout ce qui lui est arrivé d’horrible, elle semble remarquablement optimiste.

« J’ai commencé à travailler comme avocate après avoir eu mon diplôme, ce qui m’a pris huit ans. Je me suis tout de suite occupée de dossiers de droits humains. Je me suis spécialisée dans le droit des enfants. J’étais très sensible à la peine de mort, surtout pour les mineurs, et c’est toujours un problème en Iran. Je m’intéressais aux droits des femmes, des militants politiques, des journalistes et des minorités religieuses. J’ai travaillé pendant dix ans sur ces dossiers.  »

En plus de sa clientèle privée, Nasrine a travaillé avec ou aide à la fondation de plusieurs ONGs dont le Centre de Défense des Droits Humains, fondé par la lauréate 2003 du prix Nobel de la Paix Shirine Ebadi, et le Comité pour le Droit des Enfants. Le Centre des Droits Humains a été fermé par le gouvernement en 2008.

Avant son arrestation, elle avait représenté Issa Saharkhiz, journaliste réformateur, Heshmat Tabarzadi, militant politique d’opposition et Parvine Ardalan, fondatrice de la campagne Un Million de Signatures pour des droits égaux pour les femmes et lauréate du prix Olof Palme 2008

« J’étais aussi impliquée dans le dossier d’Arash Rahmanipour, arrêté avant l’élection ; on a prétendu qu’il avait été arrêté après, durant les manifestations, c’était un mensonge. Ils étaient très en colère contre moi. On n’aime pas que je défende des dossiers comme celui-là. On m’a demandé à plusieurs reprises de quitter mon travail. On n’aimait pas non plus ce que je disais lors des interviews avec des médias nationaux et internationaux. Lors de mon arrestation, on m’a dit avoir fait un CD de toutes mes interviews. J’ai répondu que je n’avais rien fait de mal. »

Les interrogatoires et le procès ont eu lieu devant un tribunal d’exception à huis clos à la prison d’Evine. « C’était le pire endroit. Les interrogatoires étaient menés par des représentants du ministère du renseignement. Ils étaient vraiment durs, méchants et effrayants. J’ai demandé ma mise en liberté. Leur réponse ? Ils m’ont ajouté un chef d’accusation, adhésion au Centre des Défenseurs des Droits Humains, passible d’une peine de cinq ans. 

Je suis restée à l’isolement jusqu'au bout. Aucune communication. Il y avait cinq cellules dans le couloir, mais uniquement le silence et l’isolement. Le pire moment, c’est lorsqu’un jour je me suis retrouvée enfermée seule avec un homme qui m’interrogeait. Ce n’est pas une situation normale, d’être seule avec un enquêteur. Je me souviens qu’il n’y avait qu’une petite fenêtre. J’ai hurlé. Alors, le sous-directeur de la prison est arrivé en compagnie d’une femme. Il a donné l’ordre qu’elle soit présente tout au long des interrogatoires. Si vous me le demandez, je vous dirais que je n’ai pas été maltraitée physiquement, mais j’ai fait l’objet de beaucoup de menaces psychologiques. Celui qui m’interrogeait m’a dit : « je ne vais pas te libérer, je vais te faire donner une peine de 10 ans. » En fait, j’ai pris 11 ans. Il se conduisait comme s’il avait le pouvoir d’obtenir des juges ce qu’il voulait. Et ils obéissaient. »

Plus tard, Nasrine Sotoudeh a raconté que le responsable de ceux qui l’interrogeaient lui a suggéré de donner des interviews favorables au régime aux medias pour diminuer sa « faute ». Je lui ai ri au nez et lui ai demandé ‘Est-ce que vous pensez de moi ?’ 

Cette suggestion, criante de désespoir, a peut-être été soufflée par la campagne internationale pour libérer Sotoudeh, par sa nomination par Amnesty International en tant que prisonnière de conscience, ainsi que les déclarations d’inquiétude sur la façon dont elle était traitée par les gouvernements américain et autres.

Human Rights Watch, la Commission Internationale des Juristes, la Fédération Internationale des Droits Humains et le Parlement Européen sont tous intervenus en sa faveur, ainsi que certains medias occidentaux et la Société Juridique d’Angleterre et du Pays de Galles qui a appelé à sa libération en janvier 2011.

Quelques mois plus tard, cette même personne est revenue : « Il m’a dit : ‘OK, ne donne plus d’interviews. Contente-toi de tes réunions avec les avocats et informe-nous’. Je lui ai encore ri au nez. Il est revenu à de nombreuses reprises en me menaçant : ‘Je vais te casser. Je vais te faire mordre la poussière et tu y resteras pour toujours.’ »

Nasrine Sotoudeh dit que la séparation d’avec ses enfants, Nima et sa fille Mehraveh, 11 ans à l’époque de son arrestation, a peut-être été l’épreuve la plus difficile à supporter. Mais ses enfants, aussi jeunes qu’ils aient été, ont fait montre d’un grand courage.

En octobre 2012, elle a commencé une nouvelle grève de la faim qui a duré 49 jours pour protester contre sa situation en prison, y compris contre les restrictions appliquées aux visites de sa famille et contre l’interdiction de sortie du territoire de son époux Reza Khandan et de Mehraveh.

A cette époque, lors d’une rare visite de Mehraveh, derrière une vitre, Nasrine Soutoudeh a dit que les autorités de la prison distribuaient ce qu’on appelait une feuille de pardon, qui permettaient aux prisonniers de demander une libération provisoire en échange de l’aveu de leur culpabilité.

« Ce jour-là, ma fille était très soucieuse, alors on l’a laissée s’approcher de moi. Je l’ai serrée dans mes bras. Je sentais qu’elle était très inquiète pour moi. Je lui ai expliqué qu’on distribuait la feuille de pardon. Je lui ai dit : ‘Je peux en prendre une’. Mais ma fille m’a répondu : ‘N’y pense même pas.’ »

C’est l’époque où Reza Khandan a exprimé ses craintes pour la vie de son épouse, disant qu’elle souffrait de vertiges, d’une détérioration de la vue, d’hypotension et qu’elle avait perdu beaucoup de poids. On a fini par accéder à ses demandes, l’interdiction de sortie du territoire a été levée et elle a mis fin à sa grève de la faim.

A-t-elle jamais pensé à abandonner ou à se soumettre ? Elle répond que oui, qu’elle a eu plus que sa part de moments noirs.

« Nous sommes tous des êtres humains. Quelquefois on se sent faible et des pensées démoniaques nous viennent de Satan. Mais je peux vous dire qu’en ce qui concerne les interviews en leur faveur ou la coopération avec eux, je n’ai jamais eu le moindre doute.»

Nasrine Soutoudeh nous dit que sa libération sans condition en septembre de l’année dernière a été une surprise. Elle a coïncidé avec l’arrivée au pouvoir d’un nouveau président iranien, à la ligne moins dure, le centriste Hassan Rouhani et avec le voyage de haut-niveau qu’il effectuait pour l’assemblée générale de l’ONU à New York. Elle a dit que 20 autres prisonniers politiques avaient aussi été libérés, sans explication.

« Malheureusement, ce processus a pris fin depuis » nous dit Nasrine Sotoudeh, notant que jusqu'à 800 prisonniers politiques restent détenus. « Je me sens mal par rapport aux autres prisonnières que j’ai laissées derrière moi. Nous avons vécu ensemble pendant trois ans, certaines venaient de minorités ethniques, il y avait aussi des bahaïes, des chrétiennes, des militantes politiques des Vertes, des femmes de gauche, des communistes, mais aussi des journalistes et des écrivaines. Je les connais. J’ai été libérée sans l’avoir demandé. Nous espérions qu’elles aussi seraient libérées, mais ce n’est pas ce qui s’est passé… Mais j’espère toujours que le gouvernement le fera. A une époque, nous étions 30 prisonnières, maintenant, elles ne sont plus que 14. La bonne nouvelle est qu’ils n’en ont pas rajouté et que le total continue à baisser. »

De retour chez elle, son ardoise judiciaire apparemment effacée et malgré ou peut-être à cause de son épreuve de trois ans, Nasrine Sotoudeh a repris son travail d’avocate des droits humains. Elle s’occupe actuellement de deux dossiers de délinquants mineurs accusés de meurtre, et elle envisage d’en prendre un troisième, politique cette fois. Elle a aussi réactivé son Association Professionnelle des Avocates et le Comité des Droits des Enfants, et a lancé une campagne avec sept autres personnes pour l’abolition graduelle de la peine capitale en Iran.

« Ceux qui font campagne pour les droits humains devraient se concentrer sur deux choses : d’abord la réduction de la peine capitale dont l’occurrence a augmenté sous le nouveau gouvernement, et deuxièmement, presser Monsieur Rouhani de réagir aux actions contraires aux droits humains en Iran, comme l’attaque contre les prisonniers d’Evine il y a trois semaines. Si Monsieur Rouhani ne peut réagir correctement à de telles crises, il ne va pas tarder de perdre son soutien dans la société.»

A-t-elle peur que son retour sur le champ de bataille des droits humains puisse avoir de nouvelles conséquences négatives pour elle-même et sa famille ? Nasrine Sotoudeh ne se dit pas concernée. « Depuis ma libération, on ne m’a pas inquiétée, on ne m’a pas contactée. »

Tout de même, ce n’est peut-être pas une coïncidence si son appartement a été cambriolé il y a quatre mois, peu de temps après sa libération. Et son époux a récemment reçu une menace anonyme de lui lancer de l’acide au visage.

Nasrine sourit ; Nima est rentré, maintenant la discussion est terminée. Il veut jouer un air au piano pour sa mère et son invité. Il joue, nous écoutons. Et nous espérons que tout ira pour le mieux.

Source : http://www.theguardian.com/world/2014/jun/01/iran-rights-lawyer-nasrin-sotoudeh?CMP=twt_gu