Plutôt que de secouer le régime, le jeu que le parlementaire Ali Motahari joue seul au parlement pourrait aboutir à l’échec des plans des réformateurs pour la prochaine législature de l’année prochaine. Ce jeu pourrait créer encore plus de différents au sein du camp réformateur et même mettre en question leur stratégie électorale.
Tout d’abord, les organisateurs du « rassemblement National des réformateurs », satisfaits et pleins d’espoir au bout de six ans d’effort et grâce à l’aide apportée par le gouvernement actuel, ont réussi à rassembler les dirigeants des partis membre du conseil de coordination du front réformateur « Shoraye Hamahangui Jebhe Eslahat » ; ils doivent trouver une solution à ce phénomène puisque, selon leurs dires, le but de ce rassemblement est de « maintenir l’unité » lors des prochaines élections.
La question-clé aujourd’hui est : qu’a fait un député idéologue de l’intégrisme pour mettre en question tout le travail fait par la majorité des réformateurs, qui ont réussi à se glisser au parlement et pourquoi devrait-on voter pour les réformateurs lors des élections législatives de l’année prochaine ?
Le préliminaire serait de comprendre ce qui permet aux réformateurs modérés de se rassembler officiellement et à Mohammad Khatami de parler lors de ce rassemblement où on prévoit aussi de lire un message d’Hashémi Rafsandjani.
Bien sûr, l’annulation de l’autorisation de ce rassemblement ou son échec pourraient créer de plus grands problèmes aux dirigeants du « rassemblement national des réformateurs » ; ils espèrent organiser un rassemblement encore plus important lors de la seconde étape de leur processus de récupération. On ne peut négliger qu’on a proféré des menaces claires de perturber ce rassemblement à peine un jour après son annonce.
Les organisateurs de ce rassemblement tentent de rassurer : toutes les démarches ont été effectuées auprès des autorités, ministère de l’intérieur, police, etc… pour assurer un déroulement sûr et utile. Mais qui ignore que la décision finale de l’autorisation de ce rassemblement, surtout que les personnalités qui doivent y parler sont bien connues du régime, n’est pas entre les mains du ministre de l’intérieur ou de celui du renseignement du gouvernement modéré actuel, et même pas entre celles du président.
On pourrait faire remarquer aux réformistes qui ont aidé à catapulter Hassan Rouhani à la présidence avec d’autres partisans du changement, aux dirigeants et aux supporters du Mouvement Vert que leur situation aurait été bien meilleure s’ils n’avaient pas boycotté les dernières élections législatives.
Mais ceux qui en sont conscients devraient garder présent à l’esprit que la jeunesse d’aujourd’hui critique les résultats des députés réformateurs ; ils les comparent avec, non seulement les faits et gestes d’Ali Motahari mais avancent même que les durs et les intégristes sont plus dévoués à ce qu’ils croient et sont plus persévérants que les députés réformateurs.
Ce groupe suscite des réserves par ce qu’il fait, ce qu’il dit, sur sa prudence à ne pas affaiblir le gouvernement ou à fournir un prétexte aux intégristes ; les réformateurs au parlement devraient cependant préparer un rapport transparent pour montrer à la nation ce qu’ils ont réussi au parlement. Ils devraient démontrer que la situation aurait été bien pire s’ils n’avaient pas été présents.
Il est de plus en plus évident que, parmi les réformateurs, la plupart sont des députés conservateurs ; ils ont soutenu Mir-Hossein Moussavi et Mehdi Karroubi lors de l’élection présidentielle de 2009 ou même travaillé dans leurs comités électoraux, mais il leur manque l’endurance pour faire ce qu’a fait Ali Motahari pour lever l’assignation à domicile des dirigeants du Mouvement Vert ; ils ne sont même pas prêts à défendre les droits du peuple au parlement contre l’envahissement des durs et des intégristes.
Ce groupe n’a pas la conscience tranquille ; la grande peur qui guide leurs actions est ce que le cœur du régime pourrait penser d’eux : il pourrait les disqualifier pour les empêcher de participer aux prochaines élections législatives. Ils semblent ne pas comprendre que le mécontentement d’Ahmad Djanati et l’échec de la surveillance imposée du conseil des gardiens sont cent fois plus respectables que le mécontentement de certains ou la possibilité d’être candidat mais d’échouer à obtenir les votes.
C’est pourquoi on leur demande au moins de répondre à cette question : Les actions et les positions d’Ali Motahari au parlement ont-elles été celles d’un dur pour ne pas avoir coopéré avec lui ? Ou bien avaient-ils un meilleur plan, ce qui a fait que Motahari a été le seul à parler des buts des réformateurs ? Ses mots ont été les seuls au parlement à faire écho aux désirs et aux demandes du peuple, et il ne prétend même pas être réformateur ou respecter les dirigeants du mouvement réformateur.
Au lieu de perdre leur temps à préparer des listes pour les élections, il vaudrait peut-être mieux pour les réformateurs aujourd’hui penser à se libérer du carcan dans lequel ils se sont eux-mêmes enfermés et clarifier leurs positions et leurs buts. Ils ont besoin d’expliquer si leur but est de suivre un processus visant à réactiver la société civile et à rendre au peuple le domaine de la politique ou bien un projet limité pour assurer leur siège au parlement ou augmenter leur nombre dans cette institution.
Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2015/january/16/article/motahari-and-the-checkmating-of-reformers.html