Arash Hejâzi, est écrivain, journaliste et éditeur. Il est également médecin. C’est lui qui a tenté d’aider Néda Agha-Soltan, l’icône des manifestations en Iran, quand elle a été abattue en pleine rue au mois de juin ; cet acte lui a valu d’être obligé de s’exiler ; il vit actuellement en Grande Bretagne.
Le texte ci-dessous vient d'être publié sur son blog. Un grand merci à MG pour la traduction en Français.
Le texte original en Persan se trouve ici. La traduction en Anglais se trouve ici.
Assez d’hésitation! Il est temps d’agir!
On a fermé des centaines de journaux en Iran, les journalistes étrangers ne peuvent plus y travailler, des centaines de journalistes iraniens sont en prison, Internet est presque inutilisable, des systèmes de filtres sophistiqués empêchent le contact entre le peuple iranien et le reste du monde, la police massacre le peuple dans les rues en plein jour puis accuse le peuple de violence, le gouvernement profère mensonge sur mensonge, toutes les minorités ethniques et religieuses souffrent de l’oppression de l’administration, les prisonniers sont torturés, violés, assassinés, les milices bassidj tirent sur des civils sans armes dans les rues, les étudiants sont expulsés des universités pour avoir protesté contre la tyrannie…
Pendant que vous, peuples du monde, célébrez le nouvel an dans la joie en embrassant ceux que vous aimez, pendant que vous dansez sur des chants de Noël, les jeunes en Iran dansent sur la musique macabre des balles et embrassent des matraques et des gaz lacrymogènes. Pendant que vous vous enlacez pour vous souhaiter une bonne année, on interdit à des mères en Iran de pleurer leurs enfants brutalement assassinés, écrasés par des camions de police. Le peuple d’Iran est seul, il est brisé, fatigué mais décidé à continuer.
Pensez-vous que ça n’a rien à voir avec vous ? Pensez-vous ne devoir vous occuper que de vos affaires intérieures ? Pensez-vous que quelques mots de condamnation vous exonèreront de votre responsabilité globale envers les droits humains ? Est-ce là la citoyenneté globale que vous prêchez ?
C’est l’état le plus dangereux du monde. Si vous hésitez à agir, vous verrez que ce gouvernement, enraciné dans le mensonge, détruira vos propres enfants ? Qu’est-ce que vous croyez ? Qu’un gouvernement qui n’a pas de pitié pour ses propres enfants en aura pour votre peuple ? Croyez-vous que cette bête restera calmement à vous regarder ? Vous avez tort ! Hésitez et vous verrez.
Le peuple d’Iran, la gorge déchirée, a parlé par les dernières étincelles de vie dans les yeux de Neda, il a écrit son serment avec son propre sang sur les trottoirs, dans la rue. Les Iraniens veulent être des citoyens globaux, ils sont indignés par le terrorisme, la tyrannie, les mensonges, les guerres, les armes nucléaires…et ils sont morts des morts les plus brutales pour faire entendre leurs voix. Pourquoi regarder en silence ? Vous croyez-vous en sécurité ? Pensez-vous que ce cancer sera contenu à l’intérieur des frontières de l’Iran? Pensez-vous que les griffes pourries de ce prédateur menaçant ne vous atteindront pas ? Vous avez tort ! Hésitez et vous verrez.
Il est temps d’agir. Le people se noie en Iran. Ne croyez pas les mensonges du gouvernement iranien. Ce gouvernement qui nie toutes ces brutalités est le même qui nie l’holocauste, qui prétend qu’il n’y a pas d’homosexuels en Iran, que Neda Agha-Soltan a été tuée par la CIA, le MI6 et la BBC et que la presse est libre en Iran.
Comment agir ? Nous ne voulons pas de violence. Ce gouvernement est en train de tomber. Il suffit de ne pas le soutenir. Ne reconnaissez pas le gouvernement iranien. Ne négociez pas avec lui. Des négociations avec un gouvernement qui ne fait que mentir et ne demande qu’à ne pas tenir ses promesses peuvent être elles fécondes ? Ne vous laissez pas duper par leurs mensonges. Déclarez les ambassadeurs et les diplomates iraniens personnae non gratae. Vous n’y perdrez rien, vous gagnerez même en soutenant le futur de l’Iran. Hésitez et vous serez écrasés par les engins malfaisants de ce gouvernement pourri. Hésitez et vous pleurerez sur les tombes de vos propres enfants.
Il est temps d’agir. Hésitez et lorsque vous regretterez vos hésitations, il sera trop tard.
L'interview avec Hashemi Rafsanjani diffusé également hier est dépourvu d'intérêt (il a refusé de répondre aux questions sur les récents évènements en Iran: "Je ne parle pas des affaires intérieures avec les médias étrangers. Je me prononcerai le moment venu.").
L’Iran était à feu et à sang hier, lors des commémorations de la mort de l’Imam Hussein (le 3ème Imam des chiites) ou l’Achoura. Des centaines de milliers de manifestants ont pris part à ces manifestations à Téhéran mais aussi dans un grand nombre de villes de province. Une nouvelle fois, les forces de l’ordre ont réprimé avec une violence inimaginable les manifestants. Le bilan provisoire fait état d’au moins 15 morts (selon l’AFP) dont le neveu de Mir-Hossein Moussavi. 550 personnes ont été arrêtées depuis hier. Quelques enseignements importants de cette nouvelle journée historique :
Le Symbole de l'Achoura: Le régime iranien a franchi une nouvelle étape dans l’escalade de la violence envers le peuple. Jamais dans l’Histoire de la Perse et de l’Iran depuis l’invasion de l’Islam, un gouvernant n’avait donné l’ordre de tuer en public des opposants contre le pouvoir central le jour de l'Achoura (la violence et la guerre sont d’ailleurs bannies pendant le mois de Moharram, selon l’Islam). Sans entrer dans le détail des relations complexes qu’entretiennent les iraniens avec la religion et le lourd tribut payé pour avoir justement mêlé celle-ci avec la gouvernance de leur pays, il ne fait aucun doute que l’usage de la violence en ce jour au combien symbolique de l’Achoura dans l’imaginaire des chiites, est une nouvelle erreur considérable commise par le régime. Les populations croyantes modérées qui pouvaient avoir gardé quelque sympathie à l’égard de ce régime religieux, vont certainement se distancer de plus en plus d’un pouvoir qui n’est plus qu’une dictature militaire mise à nue et dépourvue de sa force de frappe idéologique basée exclusivement sur la religion.
La Riposte: Contrairement aux manifestations pacifiques du mois de Juin et de ces 3 derniers mois (jour de Jérusalem/Ghods, 13 Aban et 16 Azar), cette fois les manifestants ont riposté aux agressions et aux exactions. Il y a eu des scènes incroyables montrant les forces de police et les forces spéciales débordées par les manifestants en colère, serrées contre un mur, des visages en sang. Des barricades, des voitures et des motos des forces de l’ordre renversées et en feu, des jets de pierre incessants, etc. Des centaines de photos et de vidéos ont circulé en quelques heures sur l’Internet montrant le courage inimaginable des manifestants. Les Unes de grands quotidiens européens et américains (NYT, WashPost, IHT) mettaient d’ailleurs l’accent sur cet aspect précis de la révolte des iraniens contre le pouvoir central : la riposte du peuple. Le caractère non violent de cette révolution est devenue depuis 6 mois une marque de fabrique, une véritable signature du mouvement vert. Riposter comme l’ont fait les manifestants hier, va-t-il à l’encontre de la non-violence? Les manifestants ont tout d’abord cherché à se protéger contre la violence gratuite des forces de l’ordre. Ils ont ensuite recherché à marquer les esprits, conscients des ravages que les photos et les vidéos allaient produire sur l’image et le sort du régime iranien. Ils ont certainement voulu passer un message aux éléments les plus brutaux du régime: "Nous sommes pacifiques, nous détestons la violence, mais, unis, nous saurons nous protéger".
Une Révolte Globale: Il est désormais évident que la révolte n’est plus limitée à la capitale. Plusieurs grandes villes de province ont également pris part aux contestations : Tabriz (où il y a eu 4 morts), Ispahan et Najaf-Abad (qui étaient en ébullition depuis la mort de l’Ayatollah Montazeri il y a 8 jours), Mashhad, Shiraz, Arak, etc. Par ailleurs, après une très forte mobilisation des étudiants lors des manifestations du 13 Aban et du 16 Azar, il était important de confirmer que les autres générations étaient aussi mobilisées que les jeunes étudiants. Les femmes ont été une nouvelle fois aux avant-postes. Les images de leur bravoure ont fait le tour du monde. Le destin de tout un peuple, toutes générations confondues, semble définitivement lié. Jamais le peuple iranien n’a été aussi soudé, éclairé et déterminé.
Fuite en Avant: L’Ayatollah Montazeri disait que ce régime n’était plus qu’une dictature religieuse. La militarisation du régime est un fait bien établi. Il n’y a qu’à regarder la composition des gouvernements Ahmadinejad et la place prise par les Gardiens de la Révolution au sein de la société iranienne. Les événements d’hier démontrent que le régime est même arrivé au point dedélaisser les symboles religieux pour ne s’appuyer que sur la toute puissance de son arsenal répressif militaro-judiciaire. Le régime aurait pu faire profil bas, du moins lors d’une journée aussi symbolique que l’Achoura, de rechercher à apaiser les tensions et de mettre en avant des personnalités plus "pragmatiques" que répressives. Rien de tout cela. Au contraire, la mise en avant de toutes les forces de sécurité du régime déployées dès les premières heures de la journée, les appels de menace visant à intimider les manifestants, l’intensité inouïe des heurts, l’ordre de tirer sur les manifestants et enfin le bilan humain extrêmement lourd de la journée de l’Achoura confirment une fuite en avant dans la militarisation à outrance du régime. La répression militaire est la seule et dernière carte qui reste entre les mains de ses dirigeants. Le profond sentiment d’injustice du peuple iranien est décuplé. Ceci donnera encore plus de vigueur et de détermination à la révolution en cours.
Tous Contre Khamenei: Ali Khamenei est plus que jamais la cible directe des opposants au régime. Le retrait d’Ahmadinjead et l’annulation de son élection truquée du 12 Juin ne font plus partie des revendications. Les manifestants réclament à présent ouvertement le départ du Guide, le premier personnage de l’Etat. Les réserves pragmatiques constatées lors des manifestations de Juin ("ne pas insulter le Guide trop directement") ont laissé place à l’éclatement d’une colère accumulée depuis 3 décennies contre celui qui concentre tous les pouvoirs au sommet d’un régime corrompu et sanguinaire (photo et vidéo: plaque portant le nom Khamenei arrachée et piétinée).
Depuis plusieurs jours, nous ne trouvons pas de mots pour dire l'horreur vécue à Sirjan ou deux condamnés à mort devaient être exécutés en public. Il y a des choses impossibles à voir, à lire et à écrire. Ces images ultra violentes qui défilent sous nos yeux, ces cris que l'on devine, ces vies brisées...
Nous détestons le voyeurisme mais publier ces images et les récits associés est très important pour que le monde entier sache.
Le 15 Juin 2009, le jour où plus de 3 millions de manifestants défilaient à Téhéran pour défier le pouvoir après les élections truquées du 12, les forces du Basij (bras paramilitaire du régime) ouvraient le feu sur les manifestants. Ce vidéo vient d'être mis en ligne. Sans commentaire.
La mort de l’Ayatollah Hossein-Ali Montazeri, l’un des fondateurs de la République Islamique et religieux de très haut rang entré en dissidence depuis plus de 20 ans, a engendré une réaction massive de ses sympathisants, en marge des cérémonies de commémoration organisées hier à Qom. L’Ayatollah Montazeri avait osé critiquer, dès 1986, les exactions commises dans les prisons de la République Islamique sous l’ordre religieux (Fatwa) de l’Ayatollah Khomeini. Nommé dauphin du Guide suprême de la révolution islamique, l’Ayatollah Montazeri a été destitué de cette position en raison de son opposition à la transformation progressive du régime en une dictature religieuse totale.
Il écrivait il y a encore quelques semaines que ce régime n’était ni une république ni islamique, qu’en tant qu’un des fondateurs de ce régime, il ne pensait absolument pas que ce système de gouvernement (Velayat-e Faghih), dont il était à l’origine, allait devenir une dictature religieuse, qu’il avait honte pour toutes les exactions commises dans les prisons, qu’il se sentait totalement responsable et qu’il demandait pardon aux victimes.
Il a été un soutien moral très précieux pour le mouvement vert depuis l’élection du 12 Juin 2009. Sa place et sa légitimité dans la hiérarchie religieuse chiite ont également joué un rôle clé dans la désolidarisation d’une grande partie du clergé iranien des éléments les plus réactionnaires et violents du régime (Mesbah Yazdi, Khatami, Janati, Yazdi, Khamenei, etc.).
Alors que sa mort déchaîne les passions et génère un nouveau cycle de manifestations en Iran, nous traduisons sur ce blog un article remarquable publié hier par Shadi SADR, avocate, journaliste, militante des droits de l’Homme et activiste politique dont le courage lui a valu d'être emprisonnée il y a quelques mois. Cet article a pour ambition de s’inspirer de l’héritage politique de l’Ayatollah Montazeri et en particulier de son courage et de son humanisme, pour proposer une méthode d’éradication définitive de la violence de la société iranienne. Car au bout du compte, tel est l’objectif majeur de la Révolution en cours en Iran.
Nous rendons hommage à Shadi SADR, à ces hommes et femmes qui prennent des risques considérables pour éclairer tout un peuple et dont la parole est en soi une énorme source d’espérance et d’inspiration après 3 décennies de malheur.
Cette demande de pardon aux victimes, est le début d’un processus irréversible de création de "notre propre Histoire" fondée sur la mémoire collective qui sera le seul garant que dans l’Iran du futur, les violations systématiques des droits de l’Homme ne se produiront pas.
L’Ayatollah Montazeri est décédé le jour où Hamid Karzai, le président afghan a présenté son nouveau gouvernement au parlement. A premier abord, ces deux événements politiques pourraient ne pas paraître liés et d’une importance égale pour nous Iraniens, mais ils rappellent tous les deux les violations des droits de l’Homme et l’absolue nécessité de poursuivre en justice les instigateurs et les exécuteurs de crimes contre l’Humanité.
En Afghanistan, parmi ceux qui ont fait leur entrée ou qui ont été confirmés au sein du gouvernement Karzai, il y a des personnes suspectées de crimes de guerre, que les Afghans appellent aussi "Seigneurs de guerre". Il est important de noter que malgré le changement du système politique, la justice n’a pas encore triomphé en Afghanistan. Les activistes de la société civile afghane savent que si la justice n’est pas rendue et si les violations des droits de l’Homme se poursuivent, la marche de leur nation vers la démocratie sera impossible.
L’Ayatollah Montazeri, dans le courrier qu’il écrivit en été 1987 pour s’opposer aux exécutions massives des prisonniers politiques (un courrier qui fut rendu public la même année par la BBC), ainsi que dans les détails qu’il publia par la suite dans ses mémoires, anon seulement confirmé, en tant qu’un des personnages les plus haut placés de la république islamique, la réalité de ce génocide politique, mais aussi révélé les noms des principaux membres des commissions de la mort. Il était le seul responsable du régime qui se souciait de la condition des prisonniers politiques dans les années 80.
En Octobre 1986, il adressa un courrier à l’Ayatollah Khomeini : « Savez-vous que dans les prisons de la république islamique, des crimes ont été commis au nom de l’Islam qui n’auraient jamais pu être commis sous le régime du Shah ? Savez-vous que beaucoup de prisonniers sont morts sous la torture des interrogateurs ? Savez-vous que dans la prison de Mashhad, en raison d’un manque de médecins et des conditions de détention des jeunes filles, environ 25 d’entre elles ont dû être mutilées par l’extraction de leurs ovaires et utérus? Savez-vous que dans certaines prisons de la république islamique de jeunes filles ont été agressées sexuellement? Savez-vous que lorsque les filles sont interrogées, l’usage d’un vocabulaire indigne est courant ? Savez-vous que de nombreux prisonniers, soumis à la violence et à la torture, deviennent sourds, muets ou sont atteints de maladies chroniques ? Savez-vous que dans certaines prisons, le prisonnier n’a même pas le droit de voir la lumière du jour pendant des mois ? »
Mais le tournant de la vie de l’Ayatollah Montazeri, selon moi, fut le moment où il évoqua sa responsabilité juridique en tant que le dauphin du guide dans l’exécution de 3800 Moujaheds (membres de l’Organisation des Moujahedines du Peuple) et de 500 prisonniers de divers partis de gauche (ces nombres sont extraits des mémoires de l’Ayatollah Montazeri) en moins de deux mois pendant l’été 1988. Selon les mémoires de l’Ayatollah Montazeri,le fatwa de l’Ayatollah Khomeini tomba un jeudi pour ordonner l’exécution des membres des Moujahedines du Peuple qui avaient purgé leur peine ou qui étaient encore en prison si ceux-ci tenaient toujours à leur conviction d’opposants au régime ("Monafegh").
L’Ayatollah Montazeri reçut ce fatwa le samedi. Les messages de l’Ayatollah Montazeri à l’Ayatollah Moussavi Ardebili, le chef du pouvoir judiciaire (actuellement critique à l’égard du gouvernement), restèrent infructueux. Après l’interdiction des visites pour tous les prisonniers politiques, les exécutions démarrèrent. L’Ayatollah Montazeri écrit dans ses mémoires : « J’étais révolté… Je me disais qu’on m’appelait le dauphin… J’étais un acteur de la révolution… et même si une personne innocente devait être tuée sous la régime islamique, je me sentais responsable. ». C’est dans le cadre de cette responsabilité qu’il ressentait en permanence qu’il écrivit durant l’été 88 deux courriers à l’Ayatollah Khomeini lui demandant demettre fin aux violences et aux tueries. Ses demandes sont restées sans réponse et lui ont valu son éviction définitive de la place du dauphin du guide de la révolution.
La responsabilité juridique des acteurs gouvernementaux et des dirigeants dans le suivi des violations des droits de l’Homme et en particulier dans le cadre de crimes contre l’Humanité, a toujours été une question centrale pour les pays qui ont expérimenté le passage d’une dictature à une démocratie. Les responsables juridiques de ces manquements aux droits de l’Homme devaient soit s’y opposer dès leur prise de conscience (comme l’Ayatollah Montazeri) soit, s’ils y étaient consentants ou même s’ils avaient même gardé le silence, demander pardon aux victimes et à leurs proches lors de la transition vers la démocratie.
La liberté, la démocratie et le respect des droits de l’Homme sont aujourd’hui les revendications les plus importantes du mouvement populaire en Iran. Sans un processus permettant l’expression de la justice, sans une relecture de l’histoire des violations des droits de l’Homme et sans l’identification des instigateurs et des exécuteurs de ces violations, il est impossible d’être certain que dans le futur ces mêmes atrocités ne seront pas répétées.Il n’est pas suffisant de dire que dans ces conditions, nous devons rester avant tout unis, de prétexter la séparation des pouvoirs pour se dédouaner de sa responsabilité juridique ou de tenter de dissimuler son implication ou encore son silence dans le cadre des violations systématiques des droits de l’Homme.
L’expérience afghane est à présent devant nos yeux. Plus de 8 années se sont écoulées depuis le renversement des Talibans mais les Seigneurs de guerre qui sous la Talibans ou sous le règne de Moujahedines perpétraient ces manquements graves aux droits de l’Homme, ont aujourd’hui des postes clés au sein du gouvernement Karzai. Jusqu’à présent, personne ne s’est véritablement opposé à ces criminels de guerre et les mouvements de la société civile qui se sont formés pour réclamer plus de justice ont été systématiquement confrontés à l’indifférence du gouvernement et de l’appareil judiciaire afghans. Il n’existe donc aucune garantie que ces violations des droits de l’Homme, ces violences et guerres ne se reproduisent pas à nouveau dans le futur. Il est douloureux de se confronter au passé. En Iran comme ailleurs, cette douloureuse confrontation est un sujet très délicat pour les responsables de l’opposition. Une confrontation qui semble contraire au maintien de l’unité des forces de l’opposition dans leur marche vers la démocratie. Mais si la mort de l’Ayatollah Montazeri est une opportunité de revisiter sa vie et de relire ses mémoires, elle invite également à une nouvelle lecture des violations systématiques des droits de l’Homme en Iran lors des années 80. Ces violations n’ont pas débuté le 12 Juin 2009 (date de l’élection présidentielle controversée). Pour les responsables actuels de l’opposition qui étaient aux affaires dans les années 80 et qui de ce fait, avaient obligatoirement une responsabilité juridique dans les violations systématiques des droits des prisonniers politiques, des opposants, des femmes et des minorités ethniques ou religieuses, et qui ne s’étaient pas opposés, comme l’Ayatollah Montazeri, aux principaux protagonistes de ces violations, la seule solution est la reconnaissance de leurs erreurs passées et la demande de pardon auprès des victimes. Des victimes qui ont le droit de pardonner ou de ne pas pardonner. Mais cette demande de pardon aux victimes, est le début d’un processus irréversible de création de "notre propre Histoire" fondée sur la mémoire collective qui sera le seul garant que dans l’Iran du futur, les violations systématiques des droits de l’Homme ne se reproduiront pas.
Le peuple iranien s’apprête à vivre une nouvelle journée historique en ce 7 décembre 2009. En 1953, moins de 4 mois après le terrible coup d’Etat anglo-américain qui destitua le gouvernement démocratiquement élu de Mohammad MOSSADEGH le 19 Août, 3 étudiants trouvaient la mort lors des manifestations organisées contre le régime du Shah.
Cette date qui est depuis devenue la journée de l’étudiant a symbolisé la résistance héroïque des mouvements étudiants iraniens face aux forces de l’oppression et de la terreur sous le Shah et depuis 1979, sous le régime islamique des mollahs. Cette année, elle prend une connotation particulièrement importante vue l’implication majeure des étudiants iraniens dans les contestations qui ont éclaté depuis les élections truquées du 12 Juin 2009.
Nous allons suivre les événements de cette nouvelle journée cruciale. Un grand merci à tous ceux qui prennent des risques importants pour nous permettre de témoigner de l'horreur vécue par tout un peuple (Twitter, Live Blogs, Sites d'information étudiants, Sites Droits de l'Homme, etc.).
Au moins un blessé par balle réelle sur la Place Ghods.
Les Basijis et les miliciens habillés en civil ont frappé de très nombreux manifestants. Plusieurs personnes ont été arrêtées. Le nombre total pas encore connu.
Majod Tavakoli, un leader étudiant a été arrêté à l'Université Polytechnique.
Plusieurs villes moyennes et grandes ont participé aux manifestations.
Des appels à manifester par les organisations étudiantes pour demain mardi 12:30 et mercredi.
Communiqué important d'Amnistie Internationale condamnant l'usage de la force à l'encontre des étudiants lors des manifestations pacifiques de ce jour: lien ici
Les responsables des gardiens de la Révolution avaient annoncé que les étudiants seraient accueillis avec des fleurs!! Honte à eux.
Il y a eu plus de manifestants arrêtés que lors des manifestations du 4 Nov, d'après certains témoins (non confirmé).
Les femmes ont été une nouvelle fois à la pointe des contestations. Cette photo montre le courage d'une femme qui ose repousser un Basiji.
13:30 – heure locale (11:00 heure de Paris)
Des tirs en l'air vers l'enceinte de l'Université Amir-Kabir. Tirs de gaz lacrymogènes, pas de blessés.
Des heurts auraient été signalés sur la Place Enghelab
C'est Khamenei qui semble être la cible privilégiée des manifestants. Ahmadinejad semble bien secondaire.
Les organisations étudiantes unifiées de 6 Universités majeures de Téhéran appellent la population à les rejoindre à 15h pour un rassemblement majeur.
Il se peut que cette manifestation dépasse en ampleur celles du mois de Juin. On rappelle que le point culminant est annoncé à 15h heure locale, dans 90 mi
nutes.
Solgan: "République Iranienne - République Iranienne": tout est dit. "Iranienne" et non pas "Islamique".
Des témoins confirment que les Basijis sont dépassés vers l'Université Amir-Kabir qui serait tombée aux mains des manifestants.
Des miliciens auraient arrêtés au moins 7-8 manifestants sur l'avenue Vali-e Asr.
Aux portes de l'Université de Téhéran, des heurts ont éclatés.
RFI Farsi: des heurts entre manifestants et forces de l'ordre sur la Place Ferdowsi
Les heurts se multiplient d'après certains témoins. Localisation et ampleur non confirmées pour l'instant.
Reuters: La police iranienne arrête 2 femmes manifestant devant l'Université de Téhéran
Tabriz, Arak, Kerman, Shiraz, Rasht: il n'y a pas que Téhéran qui proteste. C'est tout un pays qui se soulève.
La couverture médiatique internationale semble satisfaisante. Un lobbying intense sur Internet a payé. Sans oublier la masse de manifestants qui sont effectivement au rendez-vous. CNN, CBS, Guardian, Al Jazeera, Le Figaro, etc.
Une source (Twitter/MikVerbrugge) indique que le Gouverneur de Téhéran aurait demandé la mobilisation la division Sarollah des Gardiens de la Révolution. C’est une division d’élite des Gardiens dont la direction et les missions ont toujours été très politiques et ultra sécuritaires. Si confirmé, cela signifierait que le régime sort les grands moyens pour accroître la répression et monte un cran de plus dans l’escalade.
Sur l’avenue Abureyhan, une jeune femme a littéralement pris la tête des manifestants. Les portes des maisons sont ouvertes et les habitants distribuent eau et nourriture.
Des étudiants à l’Université Khaje-Nassir ont refoulé les Basijis de leur campus. Cela confirme que les forces de l’ordre seraient dépassées par l’ampleur et la multiplicité des foyers de manifestation
Des étudiants réunis à présent avec les manifestants venus de l’extérieur du campus, quittent l’Université Polytechnique (Amir-Kabir) pour se diriger vers l’avenue Vali-e Asr en scandant des slogans.
Un grand nombre de Basijis auraient pénétré dans l’enceinte de l’Université de Téhéran
13:00 – heure locale (10:30 heure de Paris)
Les étudiants et les manifestants regroupés, ont pris possession de l'Université d'Amir-Kabir, Les Basijis semblent dépassés!
Solgan inédit encore: "Comme si Gaza et Liban ne suffisaient pas, Ils sont allés après Yémen" ("Ghaze o Lobnan Kaman, Raftan soraagh-e Yaman")
Les étudiants de l'Université Beheshti (bien plus au Nord de Téhéran) se rassemblent devant le bureau du représentant de Khamenei et chantent des slogans.
Les étudiants de l'Université Amir-Kabir (environ 2000) auraient dégagé la porte d'entrée donnant sur l'avenue Vali-e Asr. Des manifestants se joindraient à eux à l'intérieur de l'Université. Les forces de l'ordre en nombre insuffisant?
Les rues voisines de la Place de Ferdowsi sont à présent pleines de manifestants se dirigeant vers la Place Imam Hossein
Les miliciens habillés en civil ont fermé l'entrée de l'Université d'Amir Kabir
Énorme et inédit: Slogan "Que Khamenei sache qu'il sera bientôt renversé" ("Khamenei Bedouné - Bezoudi Sarnegouné)
Il y a déjà énormément de monde dans les rues et les points chauds alors qu'il n'est que 12:30. Les miliciens frappent quand ils le peuvent mais le nombre de manifestants grandit.
Des manifestants affluent vers l'Université Amir-Kabir. Est-ce que les étudiants pourront sortir et les rejoindre malgré l'encerclement des forces de l'ordre. L'occasion de remercier l'excellent site d'information, en Persan, de cette université qui est à la pointe de ce mouvement de libération: http://www.autnews.es/
12:30 – heure locale (10:00 heure de Paris)
Des Basijis à vélo, battraient avec leurs matraques les manifestants à l'intersection des avenues Vali-e Asr et Enghelab
Les étudiants de l'Université des Arts ont également commencer leur manifestation.
Les Basijis scandent également des slogans afin de provoquer les étudiants encerclés.
Le lien de astreetjournalist.com est ici (Live Blog +++)
Toutes les Universités majeures à Téhéran sont totalement mobilisées et véritablement mènent cette journée d'action. Les étudiants démontrent une nouvelle fois leur rôle clé de leadership de ce mouvement et surtout leur énorme courage face aux monstres de l'appareil répressif de la République Islamique.
Premiers messages de Shiraz où les manifestations semblent avoir démarré également.
Les rassemblements devraient gagner en puissance d'ici 15h heure locale.
Le réseau des téléphones mobiles coupé autour de l'Université de Téhéran.
Les étudiants de l'Université Sharif (le "MIT" iranien) commencent à scander des slogans "Mort aux Dictateurs", "Étudiants préfèrent mourir que d'accepter ce gouvernement".
L'Université Amir-Kabir serait encerclées par les miliciens habillés en civil.
Les forces de l'ordre stationnées sur l'avenue (ou la Place) Vali-a Asr en grand nombre.
Une foule immense se regroupe et s'oriente progressivement vers l'Université de Téhéran.
Près de 2000 étudiants seraient regroupés dans l'enceinte de l'Université de Téhéran.
Les sources CNN commencent à couvrir l'événement.
12:00 – heure locale (9:30 heure de Paris)
L'article important et relativement précoce du New York Times ici. "Plusieurs milliers de forces anti-émeutes munies de gaz lacrymogènes, de matraques et d'armes lourdes sont déployées autour de l'Université de Téhéran" ...
Les forces de l'ordre bloquent les accès à l'enceinte de l'Université de Téhéran, l'épicentre des manifestations du 16 Azar. Ils ne veulent pas laisser les étudiant sortir des campus et se joindre à d'autres manifestants.
La manifestation a également démarré à l'Université Amir-Kabir.
Les manifestants sont agressés sur la Place de la Révolution (Enghelab). Les Basijis les attaquent.
Les forces de l'ordre commencent à frapper les manifestants.
De violents affrontements ont été signalés sur plusieurs campus universitaires.
Les étudiants ont donné rdv à 15h, heure locale, pour le point culminant des rassemblements qui devraient converger à l'Université de Téhéran.
Plusieurs mères de martyrs, membres de l’association « Mère en Deuil » ont été arrêtées le samedi 5 Décembre. Ces mères défilent courageusement tous les samedis dans un parc du centre ville (Park-e Laleh) depuis la mort de leurs enfants. Le régime n’a apparemment pas supporté ce puissant symbole de résistance à 2 jours des manifestations du 16 Azar. Article du New York Times à ce sujet.
Le climat a été particulièrement tendu ces derniers jours à Téhéran. Les cris d’Allah-o Akbar (« Dieu est grand ») ont été particulièrement importants hier soir.
Il fait froid à Téhéran. Il y aura du vent et de la pluie. Il faudra bien plus pour faire rester chez eux les manifestants. Cette journée a été tant attendue depuis la manifestation du 4 Novembre (13 Aban).
Que vos visages d'ange nous manquent! Vos visages d'une éclatante beauté, si familiers, purs et innocents! Laissez-nous serrer dans nos bras vos corps martyrisés pour un moment! Laissez-nous soulager vos souffrances! Laissez-nous souffler la vie dans vos corps sans vie! Laissez-nous pleurer vos morts si précoces et si injustes! Laissez-nous crier contre l'injustice! Laissez-nous vous idolâtrer à jamais! Nous ne vous oublierons jamais! Vous avez libéré tout un peuple, toute une nation. Nous vous devons la vie.
"Neda Sabz" (Neda-ye Sabz, Sabz signifie "vert"), Journal clandestin de Résistance à distribuer massivement en Iran.
Plusieurs numéros manquent. Si nous les trouvons, nous les mettrons en ligne sur ce lien permanent. Merci d'envoyer le dernier numéro à tous vos proches en Iran.
Si vous possédez les numéros manquants, merci de nous les transmettre.
Article de Libération Par JEAN-PIERRE PERRIN 19 Novembre 2009 ---------------------------- Le «suicide» du jeune médecin du camp témoigne de la volonté du régime iranien d'empêcher toute enquête sur ce centre de détention illégal, fermé fin juillet.
C'était le médecin de ce qui fut probablement le pire cul-de-basse-fosse de tout l'Iran, une prison longtemps tenue secrète, plus proche d'un camp de la mort que d'un centre de détention, dans la banlieue sud de Téhéran. Ramin Pool Andarjani, 26 ans, savait sans doute tout ce qu'il s'y passait : les tortures, les tabassages, les viols, les conditions infernales de détention, la mort dans des cellules infectes. Il n'était d'ailleurs pas volontaire pour y servir : il y avait été affecté au titre du service militaire. Selon les versions officielles, le jeune homme vient de se «suicider» ou de mourir d'un arrêt cardiaque dans son lit. Ce n'est pas l'avis de ses parents qui assurent qu'il a été assassiné. Seule une autopsie pourrait trancher, mais les autorités l'ont refusée. La mort du médecin apparaît comme un triste épilogue à l'histoire de Kahrizak. Si ce lieu n'est pas aussi connu que la sinistre prison d'Evin, c'est parce qu'on y enfermait les voyous, les trafiquants, les prostituées, les maquereaux, tous ceux qui transgressaient l'ordre social islamique, et non des politiques. On a commencé à évoquer Kahrizak que lorsque le régime y a jeté les manifestants qui dénonçaient la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République.
apaisement C'est le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a lui-même ordonné la fermeture du camp de Kahrizak, le 28 juillet, reconnaissant que des abus y avaient été commis. A cette époque, sa décision avait été saluée comme un geste d'apaisement à l'égard des opposants réformateurs. En réalité, le leader iranien venait d'être informé de ce qu'il s'y passait par son photographe personnel, raflé par erreur lors d'une manifestation par les bassidji (miliciens islamiques) et envoyé à Kahrizak. Il y avait été sévèrement battu à chacune de ses crises d'épilepsie - dues à une blessure contractée lors de la guerre Irak-Iran dans les années 80. Libéré à la suite de la visite d'un député qui l'a reconnu, le photographe a témoigné des tortures et des viols commis sur les prisonniers. A l'époque du chah, Kahrizak était un immense dépôt d'armes et de munitions. La révolution islamique l'a transformé en prison clandestine pour ceux que le régime appelle les arazel-e obash,les «bandes de racailles», nombreux dans cette partie déshéritée de la capitale et que l'on jetait dans des conteneurs en guise de cellules. Selon une source proche d'un ancien haut responsable des services secrets iraniens, l'aviateur israélien Ron Arad, dont l'appareil avait été abattu en 1986 au-dessus du Liban et que les autorités de Tel-Aviv recherchent depuis, a aussi été détenu à Kahrizak. «En moyenne, les détenus étaient battus trois fois par jour et pour tout repas avaient droit à un morceau de pain», indique un jeune opposant, qui a collecté des informations sur la prison secrète. «Une fois, les détenus ont entendu Ahmad Radan [le chef de la police de Téhéran, ndlr] crier aux geôliers : "Tapez-les jusqu'à la mort. C'est le Guide qui l'ordonne."»
ordures chercheur iranien, sous anonymat, ajoute : «La règle, c'était que le prisonnier crève dans sa cellule. Kahrizak était une zone de non-droit absolu même au regard des normes pénitentiaires du régime. Ainsi, les gardiens étaient recrutés parmi les kapos les plus violents. Pour les policiers, tout est permis dès lors qu'il s'agit de punir ceux qu'ils appellent les perturbateurs de la tranquillité sociale.» Si Kahrizak est demeuré longtemps ignoré des associations de défense des droits civiques, c'est parce que ces dernières craignaient que défendre les droits communs ne donne au régime des armes contre elles. Le châtiment impitoyable des criminels, notamment les pendaisons publiques, n'est pas impopulaire en Iran, en particulier dans la classe moyenne. «Le régime l'a bien compris. Exemple : en mai-juin 2008, on a sorti 19 "criminels" de Kahrizak que l'on a exécutés devant les caméras de télévision. C'était sans précédent en Iran», indique le même chercheur. Avec la contestation de l'été, des dizaines de de manifestants sont enfermés à Kahrizak. Ceux-ci se retrouvent alors mêlés aux droits communs. «J'imagine que dans la tête des chefs de la répression, on se disait que c'était la meilleure façon de dresser les soussouls [fils à papa] des beaux quartiers», souligne le chercheur. Des centaines de jeunes gens découvrent un Iran qu'ils ne soupçonnaient pas. On enferme jusqu'à 76 personnes dans des conteneurs sans trou d'aisance et que l'on nourrit avec les ordures des casernes voisines. «Plus de 200 personnes ont fini à l'hôpital», poursuit-il. Le journaliste Babak Dad, qui vit clandestinement à Téhéran, a écrit sur son blog un récit effroyable des viols subis par les détenus. C'est dans ses conditions que va mourir Mohsen Rolamini, fils d'un scientifique de renom proche du régime. Pour la police, il est mort d'une «infection virale». Pour son père Abdul-Hossein, il a été assassiné. L'affaire a secoué le régime. Un homme savait la vérité : le médecin «suicidé» de Kahrizak.
Le mouvement vert et la nation iranienne s’apprêtent à vivre une nouvelle journée historique. Cette manifestation devait officiellement être dédiée à la commémoration du 30ème anniversaire de la prise d'otage à l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran.
17:30 (heure locale) - Les témoignages affluent sur l'extrême violence des Basijis et autres forces de sécurité. De très nombreux manifestants ont été violemment frappés. - Les forces de l'ordre apparemment laissent faire. Le nombre de manifestants ne diminue pas.
16:30 (heure locale) - Khamenei est plus que jamais la cible n°1 des manifestants. Son engagement personnel renouvelé avec la phrase terrible "le plus grand crime a été la remise en cause de la régularité de l'élection présidentielle" n'a pas arrangé les choses. Il a perdu toute crédibilité pour rester dans une position de sage, de juge suprême restant au dessus des conflits de courants. Il a voulu menacer et utiliser tout ce qui lui reste de prestige pour faire taire les protestations. Sans succès. (slogan: "Khamenei est un assassin, son leadership est nul/terminé"). Vidéos de ce jour!!! 2ème vidéo: les manifestants déchirent le grand poster de Khamenei!!!
- 8 heures après le début des manifestations à Téhéran, rien ne laisse penser que les gens vont s'arrêter là. Il est très intéressant de voir si les manifestations vont se poursuivre dans la soirée. Il sera très difficile pour le régime de contrôler les regroupements dans l'obscurité de la nuit.
- Les manifestants font un sitting sur la Place 7 Tir. Les forces de l'ordre n'entrent plus en action du moins pour l'instant. Les sittings silencieux, si les forces de l'ordre laissent faire et ne tuent pas, seront très puissants et impressionnants. Ils ont déjà fait tomber plusieurs dictatures par le passé.
- Karoubi a été véritablement agressé (confirmé), attaqué au gaz lacrymogène, son véhicule endommagé. Il a pris encore une fois de grands risques physiques pour accompagner le peuple.
- Les Basiji qui frappent les manifestants et les passants (Vidéo +++). Est-ce que ce régime pense vraiment qu'il pourra se maintenir au pouvoir avec cette répression inhumaine? Ils frappent des hommes, des femmes, des verts, des passants! Ils frappent indifféremment avec une certaine nonchalance. Comme s'ils avaient en face d'eux des animaux. Honte à vous, dirigeants criminels! Est-ce cela votre Islam? Au nom de quelle religion et de quel dieu commettez-vous ces actes barbares?
15:30 (heure locale) - Les manifestants se dirigent vers Vanak et Mollassadra - Vidéo : déplacement en moto des forces spéciales ("gaarde vije")
- Etudiants de l'Université de Téhéran (vidéo de ce jour malgré ressemblance avec les manifestations antérieures)
- Ni l'Ouest, Ni l'Est, Un gouvernement national vert! (slogan/vidéo)
- Ce combat de rue semble exceptionnellement long (il est environ 16h à Téhéran). Les manifestants se dispersent mais restent dans les rues. Les forces de l'ordre devront aussi se disperser et s'épuiser pour les suivre. Aucune information fiable sur le nombre de manifestants pour l'instant mais l'essentiel est la poursuite des protestations.
15:00 (heure locale) - Témoin (Twitter/manic77): Les jeunes appellent leurs domiciles pour demander à leurs parents de les rejoindre dans les rues.
- Assez de bavardage, reprise des infos!
- Il n'est vraiment pas évident de deviner ce qui se passe vraiment au sein de l'administration Obama au sujet de l'Iran. Un article du LA Times, citant des experts proches de la Maison Blanche, affirmait que l'équipe Obama ne semble pas donner beaucoup de crédit et une grande chance de succès au mouvement vert iranien. Ils ne le négligent pas non plus mais n'y comptent pas comme un facteur de changement imminent. Ceci est motivé par les récentes prises de position des réformateurs (notamment de Moussavi et de Mohajerani) concernant le dossier nucléaire. Pour Washington, quelque soit le gouvernement en place à Téhéran, le dossier n°1 reste celui de l'enrichissement et de la militarisation du programme nucléaire iranien. D'autres experts disaient au contraire qu'en 1979 non plus, les Etats-Unis n'avaient pas vu venir l'énorme vague de contestation qui a emporté en quelques semaines le très redoutable régime de Mohamad-Reza Shah Pahlavi. Pour le mouvement vert, convaincre l'administration Obama que les droits de l'Homme et les protestations en cours sont du moins aussi importants que le dossier nucléaire, est devenu un objectif crucial. D'où l'importance des slogans inédits à ce sujet aujourd'hui: "Obama, Obama, tu es soit avec eux, soit avec nous" (Obama, Obama, yaa baa ounaa yaa baa maa).
- Le pari des démocrates iranien est le suivant: Obama est suffisament intelligent et clairvoyant (même si extremement prudent par nature) pour comprendre que son seul et vrai partenaire pour la PAIX au Proche et Moyen-Orient est le Mouvement Vert iranien. Ce régime ne deviendra pas du jour au lendemain fréquantable même si, par miracle, il se décidait de geler totalement ses activités d'enrichissement. Un changement pacifique et progressif du régime en place à Téhéran est la seule vraie avancée potentielle en matière de politique étrangère au Moyen-Orient pour Obama dans les 3 années qui lui restent.
14:30 (heure locale) - Manifestations importantes confirmées à Tabriz, Shiraz, Mazandaran et Arak. Le mouvement semble avoir franchi un cap. Plusieurs grandes villes totalement impliquées à présent. - Article du New York Times ici - Les lycées ont été désertés. Il faudra compter avec les lycéens aussi. - Deux bus seraient stationnés près du stade de football Shahid Shiroudi (Amjadieh) avec plein de manifestants à l'intérieur. Il y a de nombreux appels pour leur venir en aide, pour les dégager. Ils sont en grand danger. - Vidéo (Bld Keshavarz): "Khamenei est un assassin, son leadership est nul/terminé" [+++]
- Sur les avenues Vali-Asr et Vozara, les heurts prennent de l'ampleur - Nouveau slogan inédit: "Obama, Obama, tu es soit avec eux, soit avec nous" (Obama, Obama, yaa baa ounaa yaa baa maa) - Le site Facebook de Moussavi n'arrête pas de mettre en ligne les vidéos des manifestations en cours. Sous contrôle, Moussavi n'a pas pu se joindre aux manifestants ce matin. - Les rassemblements se dispersent mais restent très importants. Les forces de l'ordre doivent également se disperser pour les contrer. - Vidéo de Karoubi joignant les manifestants
- Un des gardes du corps de Karoubi aurait été blessé et hospitalisé suite à l'agression des forces de l'ordre. Karoubi n'a pas été arrêté. - Les manifestants à Shiraz jouent dangereusement au chat et à la souris avec les forces de l'ordre (violences) - Des heurts très importants vers l'avenue Mollasadra
13:30 (heure locale) - Les gardiens de la révolution auraient encerclé le domicile de Moussavi pour l'empêcher de se joindre aux manifestants - La manifestation se disperse mais se poursuit. Photo Téhéran ce jour.
13:00 (heure locale) - Les gens ne semblent pas vouloir se disperser - Heurts signalés sur l'avenue Kargar Shomali (Amirabad)
- Certains manifestants arrêtés ont été dirigés vers la mosquée Al-Javad, proche de la place 7 Tir - Haddad-Adel, l'ancien président du Parlement et le speaker officiel du jour passait en direct sur la télévision d'Etat mais les cris de "Mort aux Dictateurs" pouvaient aussi être entendus à la télévision! - Le Guardian tient un blog remarquable (anglais) - Photos Téhéran ce jour
12:30 (heure locale) - Rumeurs d'assignation à résidence pour Moussavi (justifiant son absence) et d'arresation de Karoubi. Si confirmées, ces nouvelles vont causer des manifestations ininterrompues.
- Le nord de la place 7 Tir est sous le contrôle des manifestants - Nouvelles rumeurs concernant l'arrestation de Karoubi - Depuis sa maison, Moussavi aurait invité les manifestants à rester dans les rues
12:00 (heure locale) - Les manifestants semblent à présent se diriger vers la place Vali-Asr. - Le réseau de téléphone portable (sous le contrôle des gardiens de la Révoltion depuis sa "privatisation") est totalement coupé - Les forces de l'ordre continuent à frapper les manifestants - Première photo: les étudiants sont parvenus à briser l'encerclement des forces de l'ordre!! Quel courage!
- Heurts signalés près du parc Honarmandan. Les manifestants allument des feux pour neutraliser l'effet des gaz lacrymogènes, scandant "Mort à Khamenei" !!! - L'internet marche. Les portables sont coupés. - Slogan fabuleux et inédit: Notre cœur est Arien - Religion séparée de Politique ("Nabzeh ma Arya, Din az Siyasat Joda") - Vidéo (Pont Karim-Khan)
11:30 (heure locale) - Le nombre de manifestants n'arrête pas de croitre sur la Place 7 Tir. Karoubi est sur place. Aucune nouvelle de Moussavi. - Quelques manifestants ont été arrêtés (Rahesabz, Fa) - La belle ville de Shiraz serait en ébullition également. Il y aurait un très grand nombre de manifestants vers Shah Cheragh. Des heurts ont été signalés. - Manifestations à Araak, slogan: "Mort à Khamenei"!! - Les forces de l'ordre encerclent le site de l'ancienne ambassade des Etats-Unis afin d'éviter que les Verts ne puissent s'y approcher. - Manifestations à Mazandaran et à Isfahan - La Place Vali-Asr est également en ébullition d'après des témoins - 5 personnes aurait été arrêtées selon Reuters - Reuters sur l'intervention de Barack Obama - Ecoutez ePersianRadio (en persan): plusieurs témoignages via téléphone - Très bon blog fiable (anglais et persan): Revolutionary Road liveblog - Nouvelle source (en persan) sur les heurts sur la place Ferdowsi. Ce site confirme les heurts et les tirs de gaz lacrymogènes.
11:00 (heure locale) - La mère de Neda Agha-Soltan, martyr du mouvement vert, aurait été arrêtée vers la Place 7 Tir (non confirmé) - Sur la Place 7 Tir, plusieurs tirs de gaz lacrymogènes ont été signalés. - Plusieurs centaines de manifestants se dirigent vers la Place 7 Tir, faisant le signe V, sans slogans. Circulation de véhicules impossible (bouchon monstre) - Les tirs entendus sur la Place 7 Tir sont confirmés mais il n'est pas encore confirmé s'il s'agit de balles réelles. Mowjcamp vient de publier ceci (Fa). - BBC commence sa couverture - AFP commence sa couverture - Madyar, source très fiable sur Twitter (http://twitter.com/madyar) indique que plusieurs personnes ont été blessées. Les femmes sont frappées (coups sur la tête), quelques hommes en sang, membres cassés. - Karoubi serait en train de se diriger vers la Place 7 Tir où il avait donnée rdv à 10:30 heure locale. Un grand nombre de manifestants le suivent. Karoubi prend un risque physique aussi. Il avait été agressé il y a 2 semaines lors d'une exposition pour la presse. - Source: confirmation de la présence de Karoubi sur la Place 7 Tir. Les manifestants chantent: "Karoubi, Karoubi, tu as notre soutien" - Les étudiants de l'Université technologique Sharif sont également bloqués sur leur campus. Ils ont été grandioses ces dernières semaines avec des protestations quotidiennes et l'un de leurs, Mahmoud VAHIDNIA, défiant courageusement Ali Khamenei, ce qui n'était jamais arrivé depuis 30 ans!
10:30 (heure locale)
- Des heurts entre manifestants et forces de l'ordre viennent d'être signalés pour la première fois. Des tirs également (non confirmé) - Des personnes auraient été blessées, tentent de se protéger en trouvant refuge dans des immeubles - Les forces de l'ordre tentent de disperser, à coup de bâtons, les manifestants qui tentaient de se diriger vers la place 7 Tir. - Tirs de gaz lacrymogènes (non confirmé) - Source CNN: les rues de Téhéran quadrillées par les forces de sécurité - Des étudiants de l'Université de Téhéran seraient à présent encerclés par les forces de l'ordre. Tout devrait être fait pour réduire au maximum le mouvement des étudiants de l'intérieur des campus vers le Centre ville. - Des agents habillés en civil seraient également présent parmi les manifestants. - Les manifestants rassemblés sur la place 7 Tir attendent l'arrivée de Karoubi. - Les manifestants chantent des slogans anti-Russie (alors que ce sont les Etats-Unis qui devraient être officiellement ciblés dans les slogans habituels du régime pour cette journée) - L'ambiance paraît électrique dans les rues de Téhéran. Toujours aucune nouvelle des grandes villes de province. - Il sera difficile d'avoir des informations complètes et fiables dans les 2 prochaines heures. Mais Twitter faisant son œuvre, avant que les grandes agences de presse ne publient leurs premières dépêches, nous aurons les premières tendances de la journée. - Les manifestants devront se diriger de la Place 7 Tir et des autres points névralgiques vers la rue Taleghani où est situé l'ancienne ambassade des Etats-Unis (appelé le "nid d'espions" par le régime à l'époque). - La télévision d'Etat (IRIB) vient de montrer des images de la rue Taleghani. Pas de forces de l'ordre visibles.
10:00 (heure locale)
- Des étudiants tentent de quitter l'enceinte de l'Université de Téhéran en chantant des slogans "Morts aux Dictateurs", "Tant qu'il y a Ahmadinejad, les protestations continueront". Les forces de l'ordre essayeraient de s'y opposer. - CNN devrait couvrir les événements en Iran tout au long de la journée. Pour suivre CNN Live cliquez ici.
9:30 (heure locale)
- Dans certaine écoles, on se prépare à manifester ce matin. Des "Morts aux Dictateurs" peuvent être entendus. - Le Président Obama vient de faire une déclaration sur l'Iran, faisant référence aux droits universels et à la quête de justice menée courageusement par le peuple iranien ("The world continues to bear witness to their powerful calls for justice, and their courageous pursuit of universal rights.") - Les leaders de l'opposition Karoubi et Moussavi ont donné rendez-vous aux manifestants à 10:30 heure locales sur la place 7 Tir. - Un impressionnant dispositif anti-émeute aurait été stationné autour de la place 7 Tir. - Des bus conduisant des étudiants basiji vers Téhéran ont été observés hier mardi. - Les Gardiens de la Révolution et le Procureur Général de Téhéran ont menacé de représailles et de poursuite judiciaire les manifestants "ne suivant pas les chemins et les slogans officiels de la manifestation du 13 Aban". - Des SMS émis de menace ont été envoyés à des journalistes et des personnes susceptibles d'avoir un impact sur la mobilisation des iraniens.