Dans un article remarquable paru dans le New York Times daté du 20 Juillet, les Gardiens de la révolution ("Pasdarans" en Persan) sont présentés comme l’institution politique,
Cette institution joue actuellement un rôle majeur dans la hiérarchie de l’appareil répressif du régime dont le but est d’écraser la révolte post-électorale.
A l'heure où le pays est géré par un gouvernement quasi-militaire totalement centré sur les questions sécuritaires, il est absolument évident que sans cette militarisation à outrance, le régime islamique n'aurait même pas tenu un jour face à l'ampleur des frustrations et de la haine accumulées depuis 30 ans.
Pour mieux combattre l'appareil répressif du régime, il est très important de mieux comprendre son fonctionnement, de repérer ses lignes de fracture et de le harceler sur tous les fronts.
D’une milice idéologique au service des leaders de la révolution islamique à sa création il y a 30 ans, cette institution a vu sa mission progressivement évoluer vers une implication totale dans virtuellement tous les niveaux de la société iranienne. La brutalité avec laquelle les Gardiens ont essayé de mater la révolte post-électorale s’apparente pour beaucoup d’analystes à un véritable coup d’Etat.
Le corps des Pasdarans est devenu un vaste conglomérat militaro-industriel contrôlant par exemple le développement des batteries de missiles, l’avancement du programme nucléaire et un empire financier de plusieurs milliards de dollars avec des ramifications dans tous les secteurs de l’économie : des cliniques de chirurgie de l’œil au laser aux usines d’assemblage d’automobiles, des sociétés de travaux publics construisant ponts et routes à la gestion des champs gaziers et pétroliers, sans oublier le contrôle du marché noir de la contrebande.
La fortune et l’importance des Gardiens se sont semble-t-il considérablement accrues sous Ahmadinejad. Depuis son accession à la présidence, les Pasdarans ont obtenu plus de 750 contrats gouvernementaux dans les domaines de construction et des projets gaziers et pétroliers. Toutes ces activités restent de surcroît en dehors du budget national et échappent à tout contrôle étatique que ce soit par le gouvernement ou le Parlement.
De très nombreux anciens Pasdars sont devenus députés au Parlement ou ont hérité de postes clés au sein du gouvernement. Ahmadinejad est par exemple un ancien membre, tout comme Ali Larijani (le président du Parlement) et le maire de Téhéran Mohammad Baqer Qalibaf.
Les Pasdarans ont aussi une grande influence sur le système éducatif pour assurer l’endoctrinement des étudiants totalement dévoués à l’Etat et sur les médias contrôlés par l’Etat (comme les programmes de la télévision et de la radio publiques).
Ils sont les promoteurs d’une modernisation autoritaire de la société iranienne et convaincus que le clergé doit continuer à légitimiser le régime comme des aumôniers militaires tout en se tenant à l’écart de la gestion au jour le jour.
Ils tirent leur énorme influence par leur unité de façade dans un Etat où le pouvoir a toujours été très facturé. Ils sont par exemple à l’opposé du clergé, qui contient de très nombreux courants ou factions.
Mais sous cette apparence d’opacité et de discipline de fer, il existe également des lignes de fracture chez les Pasdarans. Certains analystes pensent par exemple qu’il y eu au sein des Pasdarans des désaccords importants sur la gestion de l’élection et des manifestations qui l’ont suivie. Il y a eu des informations sur le fait que certains Pasdars n’étaient pas contents ou d’autres qui protestaient. Mohsen Rezai, le commandant des Pasdarans pendant 16 ans et candidat à l’élection présidentielle s’est par exemple ouvertement plaint de l’échec du gouvernement pour mener une enquête sur les soupçons de fraude électorale.
Le corps des Pasdarans n’est pas large. Il contient 130,000 membres organisés en 5 branches armées qui sont totalement indépendantes de la grande armée nationale. Les Pasdarans ont leurs propres forces terrestre, navale et aérienne ainsi qu’un service de renseignement dédié.
Les deux entités les mieux connues du corps des Pasdarans sont la force "Ghods" qui a mené des opération dans d’autres pays, comme par exemple la formation et l’approvisionnement du Hezbollah libanais et le Basij. Les experts affirment que les Basijis ont été incorporés au corps des Pasdarans il y a seulement 2 ans et qu’ils comptent de très nombreux volontaires utilisés pour étouffer les mouvements de protestation et les opposants au régime.
Les membres du corps des Pasdarans ainsi que leurs familles reçoivent en contrepartie des privilèges à tous les niveaux de l’échelon
On peut distinguer 2 courants au sein des Pasdarans : l’un qui croît que l’Iran a besoin de se développer politiquement et
Khamenei allaient souvent sur le front de la guerre avec l’Irak, plus que tout autre commandant. Il établissait des contacts personnels avec beaucoup de commandants, les connaissait très bien et gagnait leur loyauté. A présent, toutes les personnes clés du corps des Pasdarans lui sont totalement dévouées.
Les intérêts financiers du corps des Pasdarans ont été directement liés à la politique étrangère du régime. L’Iran est peut-être resté silencieux à l’égard de la Chine par exemple dans les récentes attaques contre les musulmans de Uighur, en raison des partenariats commerciaux très importants entre Pekin et les Pasdarans.
La contrebande qui a principalement satisfait l’appétit du pays pour les produits dont l’importation avait été interdite par les sanctions économiques contre Téhéran a grassement enrichi le corps des Pasdarans. D’après un député iranien, cette activité de contrebande pourrait représenter 12 milliards de dollars par an.
Ayatollah Khomeini avait demandé aux forces armées de rester en dehors de la politique et les haut gradés du corps des Pasdarans ont été très prudents pour ne pas être accusés d’interférence politique après l’élection du 12 Juin 2009. Mais le Général Yadollah Javani, directeur du bras politique des Pasdarans, a averti publiquement qu’il n’y aurait pas de place pour une quelconque dissidence. "Aujourd’hui, personne ne peut rester impartial. Il existe 2 courants : ceux qui défendent et soutiennent la révolution et son establishment et ceux qui veulent renverser le régime"
http://www.nytimes.com/2009/07/21/world/middleeast/21guards.html?ref=middleeast
http://www.rand.org/pubs/monographs/2008/RAND_MG821.pdf
The Rise of the Pasdaran
Assessing the Domestic Roles of Iran’s Islamic Revolutionary Guards Corps
RAND CorporationUN autre très bon dossier peut être trouvé ici
Iran's Revolutionnary Guards
Council on Foreign Relations
http://www.cfr.org/publication/14324/irans_revolutionary_guards.html?breadcrumb=%2Fregion%2F397%2Fmiddle_east
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