dimanche 24 janvier 2010

Ali Larijani, en réserve de la dictature

A quoi joue Ali Larijani? La suractivité du  président du parlement iranien (Majles) et le ton employé dans ses prises de position laissent penser qu’il pourrait être utilisé par le pouvoir comme solution de recours dans le cas où la mise à l’écart de Mahmoud Ahmadinejad devenait inévitable.

Dans une posture quasi présidentielle, Larijani enchaîne voyages à l’étranger et tournées en province, discours très critiques visant le gouvernement Ahmadinejad et mises en garde à l’égard du mouvement vert.

Estampillé "conservateur pragmatique" et élu par une forte majorité des députés conservateurs à la tête du Majles, Larijani devient de plus en plus critique à l’égard du bilan des gouvernements Ahmadinejad et des méthodes employées. "Il faut arrêter de gouverner le pays en adoptant des positions extrémistes et en prenant ses rêves pour la réalité", disait-il il y a quelques jour lors d’un déplacement en province.

Le clan conservateur au Parlement n’a plus rien d’un bloc monolithique soutenant le guide Khamenei. Les partisans de Larijani s’opposent désormais ouvertement à Ahmadinejad alors que les parlementaires proches de ce dernier ne ratent pas une occasion pour critiquer le manque de soutien de Larijani au gouvernement (surtout dans la tempête actuelle). Le député pro-Ahmadinejad Hosseinian a ainsi présenté avec fracas sa démission la semaine dernière pour montrer sa grande déception et pour lancer un avertissement à Larijani. Une démission mise en scène, puis retirée après une rencontre avec Khamenei. 

Dans son discours, Larijani a pointé du doigt l’échec du gouvernement dans la lutte contre le chômage, dans l’instauration d’un climat de confiance pour promouvoir les investissements nationaux et internationaux, dans le contrôle de l’inflation et du niveau de liquidité injectée dans l’économie (impression massive de billets étant un sport national en Iran). Il a aussi fustigé les dépenses de fonctionnement du gouvernement en les qualifiant de très élevées ainsi qu’un manque de rigueur dans la planification budgétaire.

Comment peut-on imaginer une seule seconde que ce tandem de choc puisse gouverner un pays traversé par une crise politique majeure et asphyxié par une crise économique d’une ampleur sans précédent?

Dans son opposition au mouvement vert non plus, Larijani ne veut pas laisser l’initiative à Ahmadinejad. Dans le même discours, il condamne l’approche utilisée par ceux qui ont contesté les résultats de l’élection présidentielle en précisant que ces contestataires n’ont pas voulu agir "dans le cadre la loi", ni suivre le "chemin préconisé par le guide Khamenei".

Enfin, Larijani ne rate pas une occasion pour louer la vision et la sagesse du guide Khamenei, en particulier pour confronter les événements postélectoraux. Un guide qui, rappelons le, a nommé Sadegh Larijani, le frère d’Ali, à la tête du pouvoir judiciaire.

Larijani se positionne et se met en réserve d’un régime dictatorial qui pourrait sacrifier tel ou tel pion pour passer une tempête et survivre un peu plus. Mais sa démarche sape davantage l’autorité d’Ahmadinejad et fait vaciller encore plus les piliers du régime.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire