Texte écrit par Fereshteh Ghazi (Twitter: iranbaan) suite à l'exécution de Shirin Alam-Houli le 9 Mai 2010.
Traditionnellement, les condamnés à mort sont informés de leur exécution le soir précédent pour qu’ils puissent faire leur testament et dire adieu à leur famille. Même s’ils ne l’ont pas fait pour Shirin Alam-Hooli, elle a eu des soupçons quand les gardiennes lui ont demandé de sortir de sa cellule, qu’ils ont immédiatement fermée derrière elle. Elle a ensuite été traînée en dehors du quartier.
Shirin ne voulait pas partir. Elle attendait au moins qu’on lui dise où on l’emmenait. Pourquoi ne lui permet-on même pas de mettre son écharpe d’uniforme ? Pourquoi l’emmenait-on sans le vêtement et l’écharpe réglementaires ?
Le lendemain, ses camarades du bloc rapportaient les derniers mots qu’elles l’aient entendu dire : « Je suis entre vos mains alors pourquoi ne pas me laisser au moins dire adieur à ma famille ? Laissez-moi dire mon dernier au revoir à mes amies. Pourquoi tant en faire quand je n’ai aucune possibilité d’évasion. Pour l’amour de Dieu, laissez-moi entendre la voix de ma mère pour la dernière fois… »
L’exécution de Shirin Alam-Hooli n’avait été annoncée ni à elle-même ni à son avocat. Elle a été extraite de sa cellule par ruse alors qu’elle résolvait des équations car elle se préparait à un examen de mathématiques qui avait lieu dans deux jours. Elle s’était inscrite dans un programme d’éducation pour adultes et s’était promis d’aller à l’université pour faire son droit pour pouvoir un jour défendre les droits de ses compatriotes.
Les camarades de cellule de Shirin ne se sont pas couchées cette nuit là espérant son retour. Elles ont été choquées le lendemain quand les autorités de la prison sont venues enlever ses affaires personnelles, ce qui leur confirma que Shirin était partie pour de bon.
Shirin a été pendue à la prison d’Evine où ses camarades de cellule s’en rappelle comme d’un symbole d’amour et de soif de liberté. Elles se souviennent de sa résistance et de ses angoisses nocturnes causées par les tortures moyenâgeuses qu’elle avait subi d’individus cruels qui la considéraient comme une terroriste se croyant eux-mêmes les vrais représentants de Dieu.
Quand elles parlent de Shirin, ses camarades de cellule parlent d’une femme qui partageait le peu d’argent ou de vêtements qu’elle avait avec les nouvelles arrivantes. Elle renonçait à ses conversations téléphoniques avec sa famille pour pouvoir s’occuper de problèmes plus urgents comme aider les prisonnières nouvellement arrivées et partager avec elles tout ce qu’elle avait.
Shirin a été pendue avec quatre autres personnes, Mehdi, Ali, Farhad et Farzad et nous a laissés, alors que la république islamique reste, elle. Même si elle reste, elle a peur des cadavres de ces cinq citoyens. Le régime a refusé à ces cinq citoyens et enfants de ce pays le droit minimum de dire adieu aux leurs et maintenant elle ne rend pas les corps de ces victimes à leurs familles. On se demande pourquoi, un régime qui prétend représenter Dieu sur la terre a peur de rendre les cinq cadavres à leurs familles après qu’ils leur aient pris la vie de façon éhontée. Les personnes exécutées étaient des étoiles qui ont été impitoyablement fracassées et anéanties. Shirin n’avait pas été arrêtée en relation avec la tourmente post-électorale de 2009. C’était une militante kurde qui a dépensé toute son énergie à aider les autres.
Un tel régime doit en fait vivre dans la peur. Même les morts le hantent. Ceux qui dirigent ce régime ont-ils oublié qu’en dépit de toutes ses pendaisons et exécutions, l’ancien régime a fini par tomber et disparaître ? Tous ces meurtres, ces exécutions de Shirin et de ses camarades Iraniens sont commis pour conserver le pouvoir. Même si ce n’est que pour quelques jours.
Fereshteh Ghazi
14 mai 2010
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