La lettre ci-dessous est écrite par Shirin Alam-Houli, une prisonnière politique kurde de 28 ans que le régime accuse d’appartenir au groupe PJAK (Parti pour une vie libre au Kurdistan). Shirin est condamnée à mort. Elle décrit dans cette lettre le traitement barbare auquel elle a été soumise pendant sa longue détention.
Comment ne pas entendre ces cris et ne pas ressentir ces souffrances au plus profond de notre âme? Comment laisser Shirin périr entre les mains de ces monstres?
Comment ne pas entendre ces cris et ne pas ressentir ces souffrances au plus profond de notre âme? Comment laisser Shirin périr entre les mains de ces monstres?
J’ai été violemment torturée
Ce que j’ai subi pendant mon incarcération
Ce que j’ai subi pendant mon incarcération
J’ai été arrêtée en mai 2008 à Téhéran par des forces de police et des miliciens habillés en civil. J’ai été directement transférée au centre des Gardiens de la Révolution (Sepah). Dès mon arrivée et avant tout interrogatoire, ils ont commencé à frapper. Au total, je suis restée 25 jours dans ce centre de Sepah dont 22 jours en grève de la faim. Pendant toute cette période, j’ai été soumise à des tortures physiques et psychologiques incessantes. Les interrogateurs étaient des hommes et j’ai été attachée au lit par des menottes. Ils me frappaient avec des matraques électriques, des câbles. Ils me donnaient des coups de pieds et de poing sur le visage, la tête, le corps et les pieds. Pendant cette période, je pouvais à peine comprendre le farsi. Quand leurs questions restaient sans réponse, ils se remettaient à me frapper jusqu’à ce que je m’évanouisse. Quand ils entendaient l’appel à la prière, ils partaient et me donnaient du temps jusqu’à leur retour pour que je puisse réfléchir, comme ils disaient, et quand ils revenaient, à nouveau les coups, l’évanouissement et l’eau glacée …
Quand ils ont vu que je persistais dans ma grève de la faim, avec les perfusions et les tubes qu’ils enfonçaient dans mon estomac par mes narines, ils voulaient à tout prix casser mon jeûne. Je résistais et tirais les tubes, ce qui me faisait saigner et beaucoup souffrir. J’en ai d’ailleurs gardé les traces après deux ans et ça me fait toujours souffrir.
Un jour pendant l’interrogatoire, ils m’ont donné un coup tellement violent sur le ventre que j’ai fait une grosse hémorragie. Un jour, un interrogateur est venu me chercher. C’était le seul que j’ai pu voir. J’avais sinon presque toujours les yeux bandés. Il me posait des questions qui n’avaient aucun sens. Comme il n’a pas eu sa réponse, il m’a giflée et il a dégainé son revolver qu’il a pointé sur mon crâne et m’a dit: "Réponds moi quand je te pose des questions. Je sais bien que tu es un membre de PJAK, que tu es terroriste. Regarde petite fille, que tu parles ou pas, ça ne changera rien. Nous serons juste contents de détenir un membre de PJAK".
L’une des fois où j’ai eu la visite du médecin pour soigner mes blessures, j’étais quasiment inconsciente suite aux coups que j’avais reçus. Le médecin a demandé à l’interrogateur qu’on me transporte à l’hôpital. L’interrogateur a alors demandé: "Pourquoi la soigner à l’hôpital et pas ici? ". Le médecin a répondu: "Mais je ne le dis pas pour la soigner. A l’hôpital, je ferai de sorte qu’elle se mette à parler comme un perroquet". Le lendemain, j’ai été transférée à l’hôpital les yeux bandés et les mains menottées. Le médecin m’a fait une injection. On aurait dit que j’avais perdu la tête et je répondais à tout ce qu’ils me demandaient et je leur racontais ce qu’ils voulaient entendre comme réponse et ils me filmaient. Quand j’ai retrouvé mes esprits, j’ai demandé où j’étais et j’ai compris que j’étais toujours sur le lit de l’hôpital. Ils m’ont ensuite transférée dans ma cellule.
Mais comme si cela ne suffisait pas aux interrogateurs et comme s’ils voulaient que je souffre encore plus. Ils m’obligeaient de rester debout avec des pieds blessés jusqu'à ce que mes pieds enflent et ensuite ils m’apportaient des glaçons. Les soirs, j’entendais jusqu’à l’aube des bruits de cris, de gémissements et de sanglots, ce qui me rendait très nerveuse. Plus tard, j’ai su que ces bruits étaient enregistrés et c’était pour que je souffre plus. Ou encore, quand pendant de très longues heures dans la chambre d’interrogatoire, des gouttes d’eau froide tombaient sur ma tête jusqu’à ce que le soir, ils me reconduisent dans ma cellule.
Un jour, j’étais interrogée, assise sur une chaise, les yeux bandés. L’interrogateur a éteint sa cigarette sur ma main. Ou un autre jour, il a tellement écrasé mes pieds avec ses chaussures que mes ongles sont devenues noires et sont tombées. Ou quand ils me gardaient dans la chambre d’interrogatoire debout toute la journée, pendant que les interrogateurs jouaient aux mots croisés. Bref, ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient faire avec moi.
Quand je suis rentrée de l’hôpital, ils ont décidé de me transférer au quartier 209 (de la prison d’Evin). Mais en raison de mon état général et le fait que je ne pouvais même pas marcher, ils n’ont pas voulu de moi au 209. Du coup, ils m’ont gardé une journée entière dans cet état devant l’entrée du 209 avant de me transférer à l’infirmerie. Je ne me faisais plus la différence entre le jour et la nuit. Je ne sais pas combien de jours je suis restée à l’infirmerie générale d’Evin jusqu’à ce que mes blessures aillent un peu mieux. J’ai été ensuite transférée au 209 et les interrogatoires ont commencé. Les interrogateurs du 209 avaient leurs propres méthodes et techniques et comme ils le disaient eux-mêmes, ils pouvaient souffler le chaud et le froid. D’abord, c’est un interrogateur violent qui venait pour me torturer, me menacer et me soumettre à la pression, en me disant qu’il ne se souciait d’aucune loi et qu’il pouvait faire ce qu’il voulait avec moi, … Ensuite, c’est un interrogateur plutôt gentil qui entrait pour supplier le premier d’arrêter tout cela. Il m’offrait une cigarette, répétait les questions et le cycle recommençait. Quand j’étais au 209, surtout au début quand j’étais interrogée, lorsque je n’allais pas bien ou mon nez saignait, ils m’injectaient un calmant dans ma cellule, où je dormais toute la journée. Ils ne me faisaient pas sortir de ma cellule et ne me transféraient pas à l’infirmerie.
Shirin Alam-Houli
Quand ils ont vu que je persistais dans ma grève de la faim, avec les perfusions et les tubes qu’ils enfonçaient dans mon estomac par mes narines, ils voulaient à tout prix casser mon jeûne. Je résistais et tirais les tubes, ce qui me faisait saigner et beaucoup souffrir. J’en ai d’ailleurs gardé les traces après deux ans et ça me fait toujours souffrir.
Un jour pendant l’interrogatoire, ils m’ont donné un coup tellement violent sur le ventre que j’ai fait une grosse hémorragie. Un jour, un interrogateur est venu me chercher. C’était le seul que j’ai pu voir. J’avais sinon presque toujours les yeux bandés. Il me posait des questions qui n’avaient aucun sens. Comme il n’a pas eu sa réponse, il m’a giflée et il a dégainé son revolver qu’il a pointé sur mon crâne et m’a dit: "Réponds moi quand je te pose des questions. Je sais bien que tu es un membre de PJAK, que tu es terroriste. Regarde petite fille, que tu parles ou pas, ça ne changera rien. Nous serons juste contents de détenir un membre de PJAK".
L’une des fois où j’ai eu la visite du médecin pour soigner mes blessures, j’étais quasiment inconsciente suite aux coups que j’avais reçus. Le médecin a demandé à l’interrogateur qu’on me transporte à l’hôpital. L’interrogateur a alors demandé: "Pourquoi la soigner à l’hôpital et pas ici? ". Le médecin a répondu: "Mais je ne le dis pas pour la soigner. A l’hôpital, je ferai de sorte qu’elle se mette à parler comme un perroquet". Le lendemain, j’ai été transférée à l’hôpital les yeux bandés et les mains menottées. Le médecin m’a fait une injection. On aurait dit que j’avais perdu la tête et je répondais à tout ce qu’ils me demandaient et je leur racontais ce qu’ils voulaient entendre comme réponse et ils me filmaient. Quand j’ai retrouvé mes esprits, j’ai demandé où j’étais et j’ai compris que j’étais toujours sur le lit de l’hôpital. Ils m’ont ensuite transférée dans ma cellule.
Mais comme si cela ne suffisait pas aux interrogateurs et comme s’ils voulaient que je souffre encore plus. Ils m’obligeaient de rester debout avec des pieds blessés jusqu'à ce que mes pieds enflent et ensuite ils m’apportaient des glaçons. Les soirs, j’entendais jusqu’à l’aube des bruits de cris, de gémissements et de sanglots, ce qui me rendait très nerveuse. Plus tard, j’ai su que ces bruits étaient enregistrés et c’était pour que je souffre plus. Ou encore, quand pendant de très longues heures dans la chambre d’interrogatoire, des gouttes d’eau froide tombaient sur ma tête jusqu’à ce que le soir, ils me reconduisent dans ma cellule.
Un jour, j’étais interrogée, assise sur une chaise, les yeux bandés. L’interrogateur a éteint sa cigarette sur ma main. Ou un autre jour, il a tellement écrasé mes pieds avec ses chaussures que mes ongles sont devenues noires et sont tombées. Ou quand ils me gardaient dans la chambre d’interrogatoire debout toute la journée, pendant que les interrogateurs jouaient aux mots croisés. Bref, ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient faire avec moi.
Quand je suis rentrée de l’hôpital, ils ont décidé de me transférer au quartier 209 (de la prison d’Evin). Mais en raison de mon état général et le fait que je ne pouvais même pas marcher, ils n’ont pas voulu de moi au 209. Du coup, ils m’ont gardé une journée entière dans cet état devant l’entrée du 209 avant de me transférer à l’infirmerie. Je ne me faisais plus la différence entre le jour et la nuit. Je ne sais pas combien de jours je suis restée à l’infirmerie générale d’Evin jusqu’à ce que mes blessures aillent un peu mieux. J’ai été ensuite transférée au 209 et les interrogatoires ont commencé. Les interrogateurs du 209 avaient leurs propres méthodes et techniques et comme ils le disaient eux-mêmes, ils pouvaient souffler le chaud et le froid. D’abord, c’est un interrogateur violent qui venait pour me torturer, me menacer et me soumettre à la pression, en me disant qu’il ne se souciait d’aucune loi et qu’il pouvait faire ce qu’il voulait avec moi, … Ensuite, c’est un interrogateur plutôt gentil qui entrait pour supplier le premier d’arrêter tout cela. Il m’offrait une cigarette, répétait les questions et le cycle recommençait. Quand j’étais au 209, surtout au début quand j’étais interrogée, lorsque je n’allais pas bien ou mon nez saignait, ils m’injectaient un calmant dans ma cellule, où je dormais toute la journée. Ils ne me faisaient pas sortir de ma cellule et ne me transféraient pas à l’infirmerie.
Shirin Alam-Houli
Prison d’Evin, Quartier des femmes
Janvier 2010
Janvier 2010
Sources:
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