Voilà presque deux ans qu’ont eu lieu les élections présidentielles controversées de 2009. Durant ces deux années, notre pays a été témoin de beaucoup de troubles et d’affrontements dans la rue. Beaucoup de nos concitoyens ont été tués dans les rues de nos villes et beaucoup d’hommes et de femmes ont été injustement emprisonnés.
Voilà deux ans que, loin de nos foyers et des espoirs de liberté pour demain, nous passons nos journées dans la nuit, dans cet espace entouré de murs.
Notre espoir d’un futur radieux est ce qui nous soutient et nous empêche de plier sous l’oppression et les persécutions qui nous sont infligées.
Nous sommes des prisonnières politiques arrêtées après les élections, emprisonnées sur de fausses accusations, condamnées à des années de prison loin de nos foyers.
Les conditions ont été très difficiles pendant notre détention. On n’a pas tellement prêté attention aux épreuves que nous avons endurées. Nous pensons de notre devoir d’informer le public d’au moins une infime partie des agissements illégaux à notre encontre.
Malheureusement, parce que tout dans ce pays est basé sur la séparation des sexes, ce qui s’est passé pendant les interrogatoires n’était dû qu’à notre sexe. Pour les hommes qui nous interrogeaient, être seuls dans les salles d’interrogatoire avec des prisonnières relatant leurs relations sexuelles devrait être une insulte pour le système islamique. Ils tentaient de forcer les détenues à faire de faux aveux détaillés contre elles-mêmes et d’autres en utilisant des accusations sexuelles et des calomnies. Il n’y a bien sûr que Dieu et ceux qui nous interrogeaient pour porter témoignage, mais des dizaines de feuilles écrites pendant les interrogatoires prouvent ce que nous avançons. D’une façon générale, pour interroger les prisonnières et briser leur résistance, on a eu recours à des insultes verbales à caractère sexuel et à l’évocation de leurs relations sexuelles. Donc, nous devons dire en toute franchise que nos âmes et nos esprits n’ont cessé d’être violés. Les détails ne pourront être relatés que lors d’audiences privées avec les autorités judiciaires.
Suivant la loi, l’usage de la torture pour obtenir des aveux est illégal. Néanmoins, la torture est facilement utilisée et fait partie de la normalité dans les sections supervisées par le ministère du renseignement et les gardes révolutionnaires. Les gifles, les coups sur la tête, le jet d’objets à la tête de la détenue, les coups de poing et de pied, etc… sont quelques unes des méthodes utilisées contre les femmes arrêtées après les élections.
Malheureusement à ce jour, personne n’a rapporté ces faits ou n’en a parlé.
Contrairement à la loi, la plupart des prisonnières ont été gardées à l’isolement pendant des mois. C’est une forme de torture mentale et c’est illégal. Après l’arrestation, les détenues n’avaient pas le droit de contacter leurs familles et n’avaient pas de droit de visite. Beaucoup de familles ignoraient où elles se trouvaient. Les détenues n’avaient pas le droit de rencontrer leurs avocats et ne les voyaient que durant les procès. Durant les procès, les plaidoiries n’étaient pas autorisées et les juges prononçaient leurs verdicts sans prêter aucune attention à la défense ou à son plaidoyer. Les détenues n’ont plus droit de communiquer téléphoniquement depuis septembre 2010. Beaucoup de prisonnières ont des enfants en bas âge et les conversations téléphoniques étaient le seul contact qu’elles avaient avec eux.
Il y a actuellement 32 prisonnière dans la petite salle du bloc méthadone de la prison d’Evine. D’après la direction de la prison, c’est une situation transitoire et elles ne vont pas tarder à être transférées à Varamine. D’après ce que l’on entend de la situation de la prison de Varamine, c’est un grand sujet d’inquiétude pour nous et nos familles.
Source: http://www.kaleme.com/1390/03/07/klm-59410/
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