dimanche 1 mai 2011

Interview de Réza Khandan avec la Campagne Internationale pour les Droits Humains - 29 avril 2011


Reza Khandan : « On a dit à mon épouse Nasrine qu’elle ne serait pas libérée si elle n’avoue pas. »

« Dès les premiers jours qui ont suivis son arrestation et son incarcération, Madame Sotoudeh a relaté qu’on la pressait de faire de faux aveux. Je pense que c’est environ en janvier ou février qu’on lui a clairement dit que, si elle refusait d’avouer, elle ne pourrait pas quitter la prison. Bien entendu, mon épouse a répondu sans hésitation qu’elle ne le ferait jamais. »

« Lors de ma première visite avec mon épouse après le Nouvel An iranien, elle m’a informé de son intention de reprendre sa grève de la faim. Vue sa maigreur, j’ai réussi à la convaincre de ne pas le faire. Nasrine a cependant ajouté que si la situation perdurait jusqu’en juin, elle n’aura d’autre choix que de reprendre sa grève de la faim. J’espère vraiment que ce ne sera pas le cas. »

« Je ne sais pas pourquoi il demande ça à Nasrine. Mon épouse n’est pas du genre à reculer quelque soient les pressions exercées sur elle et elle ne l’acceptera jamais même s’ils l’emprisonnent pendant 100 ans. Non seulement elle ne donnera jamais cette interview mais elle ne s’autorisera même pas à l’envisager. Si cela avait été le cas, elle aurait pris des mesures beaucoup plus simples avant d’être arrêtée pour être sûre de rester libre. »

« Ils ont recommencé au Nouvel An. Quand ils ont compris que leurs tentatives resteraient sans résultat, ils ont dit à mon épouse d’ignorer ce qui s’était passé, que ce n’était pas important, et qu’ils s’étaient contentés de lui demander de coopérer. Mon épouse a bien sûr refusé de coopérer. C’est le type de pressions auxquelles sont soumises de nombreux prisonniers. Je suis sûr qu’une heure avant sa libération, ils essaieront encore de lui extorquer de faux aveux. »

« En réalité, même et s’ils la gardent sous contrainte physique et psychologique derrière les barreaux, Nasrine ne fera jamais cela. Je ne veux pas dire que ce que fait mon épouse est bien, mais tout ce que je sais c’est qu’elle en est incapable. Ils pourront encore la presser d’avouer, je suis convaincu qu’elle rejettera de nouveau cette demande. Les aveux n’ont de sens que lorsque l’individu auquel on les demande a commis un acte criminel. Mais ils veulent quand même qu’elle endosse la responsabilité d’un acte qu’elle n’a pas commis. Ce ne sont pas des aveux. » 

Interrogé pour savoir si Nasrine Sotoudeh  a été torturé, Réza Khandan répond : « Elle ne m’a jamais rien dit à ce sujet. Je pense qu’être privée de ses enfants est pour elle la pire des tortures. Lors de la première arrestation de mon épouse, une de ses amies nous rendait régulièrement visite. Elle se rappelait que des années plutôt, elle avait était arrêtée et condamnée à 8 ans de prison alors qu’elle était encore célibataire ; à l’époque, le verdict ne l’avait pas impressionnée. Il y a quelques années, alors qu’elle avait déjà deux enfants, elle avait été arrêtée pendant 20 jours ; elle aurait donné n’importe quoi pour pouvoir serrer ses enfants dans ses bras. Voilà huit mois que mon épouse attend ce moment. Imaginez la pression psychologique sur un être humain à qui on refuse cette chose. Elle n’a toujours pas pu serrer ses enfants dans ses bras sans présence d’agents de sécurité. »

« Mes enfants ont vu leur mère pendant sept ou huit minutes et toujours en présence de gardiens. Je ne sais comment qualifier un tel acte. Je ne le qualifierai pas de torture ou de pression psychologique. Je laisserai à d’autres le soin de le définir. Une mère peut accepter d’être battue si on lui laisse passer du temps avec ses enfants dans un environnement libre et sans stress, si l’on ne fouille pas les poches de sa petite fille et qu’on ne lui confisque pas à chaque fois les chocolats et les chips qui s’y trouvent à chaque fois qu’elle va voir sa mère. Il n’y a rien de plus atroce et terrible que ce genre d’expérience pour une mère.

Source: 
http://persian.iranhumanrights.org/1390/02/sotoudeh_confessions/

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