jeudi 15 mai 2014

Nasrine Sotoudeh : Je préférerais être décapitée.


Nasrine Sotoudeh, avocate défenseure des droits humains, qui a été emprisonnée trois ans pour avoir défendu des avocates, les droits des femmes et le droit des prisonniers en général, a écrit à « Liberté Furtive » sur l’appel des femmes à avoir le droit de choisir le Hidjab.

« Libertés furtives » - C’est un terme plutôt ironique pour désigner l’accroissement des activités en Iran. Comme nous le savons tous, si une action est furtive, elle ne peut être appelée LIBERTE.

Le terme « Liberté furtive » est un indicateur des pressions qui existent en Iran. Habituellement, on ne prend pas au sérieux la manière dont les femmes sont couvertes pour plusieurs raisons. Dans les médias sociaux, de telles actions n’ont rien de furtives ; quand des milliers de femmes bravent les lois du hidjab dans les médias sociaux, on ne peut plus nier les pressions qui appellent au changement.

Je vais vous raconter une anecdote du temps de mon emprisonnement. Pendant des années, les prisonnières ont été obligées de porter le tchador (une sorte de long voile, normalement noir, qui couvre entièrement le corps de la femme), même si rien de tel n’est précisé dans la loi. Je voudrais souligner que cette sorte de pression sociale, qui existe hors des murs de la prison, est exacerbée et beaucoup plus pesante à l’intérieur de la prison. Dans les prisons, les gardiens pensent qu’ils ont un pouvoir total sur les prisonniers et qu’ils peuvent leur faire faire tout ce qu’ils veulent, ce qui crée des ressentiments.

En prison, j’ai débattu avec les responsables pour leur expliquer que, d’après la loi, ils n’avaient pas le droit de nous forcer à porter le tchador. Le chef de la prison n’a néanmoins pas suivi la loi et a fini par répéter que nous devions porter le tchador. Cela a duré toute une journée, j’ai dit à mes geôliers que je ne porterai plus le tchador et que je préférai que l’on me décapite devant la porte du directeur de la prison. Je n’allais plus porter le tchador et je ne l’ai plus porté.

Il n’est pas nouveau que l’on force les prisonnières à porter le hidjab ; il n’est pas nouveau non plus qu’elles résistent à cette pression. En fait, pendant les 30 dernières années, beaucoup de femmes ont contesté cette obligation de porter le hidjab, c’est juste que ces protestations n’ont pas eu la diffusion qu’elles auraient mérité, pour beaucoup de raisons différentes, entre autres l’absence d’Internet.

Dans notre section, il y avait aussi quelques femmes plus âgées que nous et qui portaient le tchador par choix. C’était leur choix et, bien sûr, je l’ai respecté. Pendant la période où j’étais interdite de visites à cause de ce refus, ces femmes venaient me voir après leurs propres visites et m’exprimaient leur sympathie. Elles ont toujours insisté que porter le tchador étaient leur propre choix et ne dépendait pas de ce que le chef de la prison décrétait. Je leur ai à chaque fois exprimé mon respect pour leur choix.

Comme toujours, je souhaite que les gouvernements donnent plus de liberté pour que chacun puisse vivre sa vie. C’est le chemin qui mène à un plus grand respect mutuel.

Source: https://www.facebook.com/StealthyFreedom/photos/a.859102224103873.1073741828.858832800797482/867162266631202/?type=1

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