samedi 31 mai 2014

L’Iran et la lutte pour l’égalité

D’abord, il y a eu le site Facebook consacré aux femmes non-voilées, puis le baiser de Cannes et pour finit la vidéo « Happy » postée sur YouTube qui a amenée des arrestations. DW s’intéresse à la lutte pour les libertés fondamentales et l’égalité des sexes en Iran.



« La participation des femmes à la société et à l’économie devrait être considérée comme une chance et non comme une menace. Cela ne fait aucun doute. » Voilà un tweet du président iranien Hassan Rouhani posté le jour international des femmes le mois dernier. Lors d’une interview télévisée le même jour, il a répété le fond de ce tweet en défendant « des chances égales, une protection égale et des droits sociaux égaux » pour les femmes.

Mais une journaliste iranienne basée à Londres a lancé une campagne sur Facebook qui démontre, par son nom autant que par son contenu, que la réalité est loin du but affiché par Rouhani. « Liberté furtive » a commencé lorsque Masih Alinejad a posté une photo d’elle non-voilée sur ce média social et invité ses compatriotes femmes à faire de même.

L’idée s’est répandue comme une traînée de poudre et, en quelques jours, des dizaines de milliers de femmes ont franchi les limites de la loi islamique qui les oblige à avoir les cheveux couverts en public ; elles ont posté sur ce site, des photos d’elles libérées du hidjab.

Un enthousiasme aussi partagé encourageant la tolérance et le militantisme de base parle de lui-même, dit Ryan Mauro de Clarion Project, basé aux Etats-Unis.


La campagne Liberté Furtive a attiré des centaines de milliers de « like »

« Si le président Rouhani était un vrai modéré qui défendait les droits des femmes, elles ne seraient pas obligées de faire ça parce qu’elles n’auraient aucune raison de manifester » a-t-il dit à DW. Il dit aussi que l’expression « égalité des sexes » est relative pour le dirigeant iranien.« Comme le régime lui-même est basé sur la charia islamique, Rouhani ne voit pas de contradiction à réprimer les femmes, à les obliger à se couvrir la tête et à piétiner leur liberté d’expression. »

Une campagne de poids ?

Mauro croit que la campagne d’Alinejad rend Téhéran nerveux. Il cite l’arrestation des jeunes Iraniens qui ont dansé sur la vidéo « Happy » maintenant infâme comme preuve que le régime manque de confiance dans sa propre survie et est marginalisé par les mouvements populaires.

« C’est l’essence même d’une révolution démocratique. Un sentiment d’autonomisation, l’idée qu’ils sont du bon côté de l’histoire et qu’ils peuvent gagner. »

Et pourtant, la militante féministe de premier plan et écrivaine Mansoureh Shojaee, qui a travaillé sur beaucoup de campagnes de haut niveau, dont certaines dénonçant le hidjab obligatoire, n’est pas convaincue que « Liberté Furtive » est assez importante pour avoir une influence majeure. « C’est bien, et je respecte chacune de celles qui y participant. Mais elle ne s’occupe pas des féministes qui s’opposent au hidjab obligatoire et veulent cependant continuer à le porter » a-t-elle dit à DW.


Parce qu’ils sont heureux ….

Shojaee s’occupe aussi de cyber-féminisme et se demande si la campagne en est un bon exemple. « Je me demande ce qui se passerait si elle était attaquée. Ses membres supporteraient-elles de continuer ? Tiendraient-elles le coup ? »Elle pense que cette campagne aurait besoin d’être soutenue par des militantes expérimentées pour la sortir de sa dissimulation furtive et en faire une tentative plus sérieuse et durable qui pourrait vraiment contribuer au changement.

Pas de baiser en public

Gissou Nia, directrice exécutive du Centre de Documentation des Droits Humains en Iran, considère les déclarations contenues dans les photos non-voilées de Facebook comme un témoignage de d’une puissance douce. « Et cela change les mentalités » a-t-elle dit à DW. L’attitude actuelle de vouloir contrôler les femmes a été démontrée lors du dernier festival de Cannes ; la célèbre actrice iranienne Leila Hatami a été publiquement réprimandée pour avoir embrassé Gilles Jacob, le président du festival, sur la joue.

Dans une déclaration sur cet incident, le secrétaire d’état à la culture, Hossein Noushabadi, a dit que quiconque assistait à un évènement international devait respecter « la crédibilité et la chasteté des Iraniennes » pour empêcher de « donner une mauvaise image des Iraniennes » au monde entier.

L’actrice s’est expliquée et a écrit des excuses formelles à l’organisation du cinéma de son pays, mais cela n’a pas empêché un groupe d’étudiantes de porter plainte contre elle et d’appeler à sa flagellation et à sa condamnation à un à dix ans de prison. L’actrice Leila Hatami s’est retrouvée au centre d’une tempête pour un baiser sur la joue à Cannes.

L’incident en dit long et Ryan Mauro considère que l’occident devrait se tenir aux côtés du le peuple iranien pour exploiter cette vague de fond appelant au changement qui y existe de plusieurs années et aider à trouver une manière douce d’évoluer vers une vraie égalité des sexes.

Shojaee est d’accord. « Il y a quelques désavantages à l’implication de l’occident, comme la sécurité, mais les avantages sont plus importants. Nous parlons là de fraternité globale » dit-elle.

Source : http://www.dw.de/iran-and-the-struggle-for-equality/a-17660317

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