Vous souvenez-vous qu’il y a quelque temps les agences de presse ont demandé d’enregistrer et de leur envoyer des vidéos sur les vendeurs à la sauvette dans le métro, ou sur le 13-bé-dar (célébration traditionnelle en Iran) ou même sur les désastres causés par les grosses chutes de neige dans le nord pour pouvoir diffuser ces vidéos ?
He bien cette page ne vient pas d’un appel mais d’une question émanant des femmes et se demandant « si on retirait notre hidjab pendant que les autorités et leurs forces regardent ailleurs ? »
Après quoi, les réponses ont commencé à arriver, vraiment de partout. Pas une ni deux ; en une seule journée nous avons reçu des centaines d’images et maintenant, nous en sommes certainement à plus de mille ; les gérer et s’en occuper n’est pas simple et prendra un certain temps.
La réponse massive que nous avons reçue signifie que cette cause, cette question simple qui a été à l’origine de tout, prend de plus en plus d’ampleur. Pourquoi ? Parce que cette fois-ci, la question s’adresse à cette partie de la société iranienne qui n’est pas couverte par les médias en Iran pour transmettre leur voix par leurs images. La censure a toujours existé, cette partie de la société est attaquée par Gasht-e-Ershad (force gouvernementale spécialement dédiée au respect du hidjab et des règles islamiques dans la rue, etc…) surtout l’été et peut-être que cela a attiré quelque attention, mais sans que leur propre voix soit entendue.
Le travail des médias ne se limite pas à diffuser de tels évènements qui arrivent occasionnellement (en été, on a tendance à s’habiller plus légèrement et plus librement parce qu’il fait chaud ! et pour les femmes, source de conflits avec les forces mentionnées plus haut). Un journaliste ne doit pas se contenter de saisir son appareil photo et de prendre quelques clichés de filles battues et humiliées par ces forces. Au moins une fois, il faudrait entendre leurs voix avant qu’elles ne deviennent vraiment des victimes et qu’on voit leurs photos.
Sur cette page, une femme nous montre des photos d’elle diffusées auparavant aux médias et sur le web encore et encore, la montrant recevant des avertissements d’une fonctionnaire de Gasht-é-Ershad, détenue, humiliée. « C’est moi, avertie encore et encore à cause de mon foulard (ce qui veut dire que le foulard ne couvrait pas ses cheveux) ; tout le monde a déjà vu ma photo. Maintenant, qu’on entende ma voix » dit-elle.
Personne, aucune agence de presse, n’a jamais parlé de ce qu’a ressenti cette autre fille ; on lui a frappé la tête contre la voiture de police durant son arrestation, elle saigne ; sa vidéo est apparue aux nouvelles pendant des jours et personne n’a entendu sa voix bien qu’elle et beaucoup d’autres femmes se soient battu pendant toutes ces années.
Cette page ne prétend pas être le numéro 1 dans la lutte contre le hidjab. C’est simplement une page que les femmes se sont appropriées et qu’elles ont choisie pour expliquer aux autres comment leurs droits, même un droit de base comme celui de choisir ce qu’elles portent, doivent être mis en pratique furtivement. En fait, ce sont elles qui sont furtives et cela brise le cœur et elles n’ont jamais pu en parler, parce que, pendant plus de 30 ans, tout le monde les a fait taire en disant : « Ce n’est pas le moment d’en parler. »
Cette page est simple et se contente de raconter l’histoire d’une partie de la société iranienne qui a été retirée de la société et censurée.
Si vous voyez que cette page s’allonge c’est parce que le problème du point de vue des femmes (qui ne croient pas au hidjab) était beaucoup plus important qu’il ne semblait l’être. C’était à fleur de peau dans la ville et maintenant, ce sont les femmes elles-mêmes qui crient leurs soucis furtifs à voix haute, pour défier l’absence de liberté et pour que ceux qui disaient toujours « Le hidjab obligatoire n’est pas un problème » soient forcés d’entendre leurs voix fortes et claires.
Source : https://www.facebook.com/page.masihalinejad/posts/10152291717862740
Exemples de ce que vous trouverez sur cette page Facebook :
Je m’imagine un peu féminine
Sans foulard
Sans voile
Je m’imagine riant du fond du cœur
Sans avoir à être timide
Sans tous ces regards obscènes
J’imagine sentir le vent dans mes cheveux
Sans être obligée d’avoir peur
Sans avoir à m’inquiéter
Je m’imagine courant dans la rue
Sans entendre un mot
Sans que l’on parle dans mon dos
Je m’imagine assise près de mon amoureux
Sans avoir à supporter les regards de reproche
Sans avoir à supporter le fanatisme
Je m’imagine juste vivant de façon un peu féminine
C’est tout ce que je demande
J’ai 68 ans. J’espère que vous ne vous moquerez pas de moi en me disant que ce n’est plus de mon âge. Je suis aussi un être humain et j’aime être à l’aise. Je veux aller en enfer et cela ne regarde personne. Je ne veux pas être forcée d’aller au ciel.
Route d’Oramanat, Kurdistan d’Iran
La danse est comme une protestation contre les limites du corps. Les femmes kurdes dansent normalement en groupe. Ce sont leurs moments furtifs de liberté aussi, de temps en temps, puis les montagnes et les routes répercutent ces sons joyeux de rébellion pour que tous sachent que nous attendons davantage le futur puisqu’il n’y a pas de liberté possible en Iran sans que les Iraniennes ne luttent pour la liberté et que nous espérons moins de regards de reproche et de jugements d’une société patriarcale.
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