samedi 24 juillet 2010

Rooz-Aujourd’hui des affaires intérieures, demain un impact global-11/07/2010

Houshang Asadi

Les évènements de l’année passée en Iran, qui ont attiré l’attention du monde sur un pays « au croisement de l’histoire », ne sont pas uniquement une force motrice pour des changements radicaux à l’intérieur, mais jouent également un rôle décisif dans un monde en équilibre précaire et au bord d’une nouvelle guerre.

Depuis le 11 septembre, une force s’élevant des profondeurs des siècles oubliés pour défier l’occident, s’occupe de recruter des partisans parmi les musulmans du monde entier. Cette force tire sa puissance davantage de l’idéologie que de l’argent et des fusils

Les idéologues dirigeants de ce renouveau islamique offrent une lecture fondamentaliste de l’islam qui divise le monde en deux camps distincts : le divin et le satanique. Pour eux, la civilisation occidentale, profondément enracinée dans l’humanisme et le libéralisme, est la manifestation du mal par excellence. Al Qaeda de Ben Laden est habituellement citée comme le principal représentant militant de ce point de vue, fondé sur la branche sunnite de l’islam. Néanmoins, comme les évènements post-électoraux en Iran ont pu l’indiquer, le régime iranien soutient le point de vue susmentionné du monde, ce qui positionne le fondamentalisme chiite aux côtés de l’idéologie des talibans, alors que ces derniers se sont manifestés par la destruction des statues du Buddha à Bamyan, le précédent a, ces jours-ci, orchesté la « disparition » de quelques statues de bronze de héros nationaux et séculiers des rues et parcs publics d’Iran. Les statues volées étaient toutes des œuvres post-révolutionnaires, dont l’une en particulier, la statue de Shahriar, le poète préféré du guide suprême d’Iran ; ce qui illustre l’étendue de l’idéologie partagée entre les talibans d’Afghanistan et leurs demi-frères iraniens.

En fait, nous assistons actuellement en Iran à une bataille serrée entre une lecture libérale de l’Islam et une autre fondamentaliste. Il y a juste un peu plus d’un siècle, la révolution constitutionnelle iranienne, la première à avoir lieu hors de l’occident, s’est écroulée quand elle a du faire face à la lecture fondamentaliste de l’islam. Ce qui s’en est suivi fut un compromis entre les deux lectures précédemment mentionnées, ce qui a donné la formation d’un état laïc approuvant les règlements d’une constitution en conformité avec la sharia. La contradiction intrinsèque de cette constitution donnera naissance par la suite à la révolution islamique de 1979.

Depuis le début, la révolution islamique a cherché à réprimer la société civile en remplaçant les lois civiles par celle de la sharia comme base légale de la société iranienne. Mais le conflit de longue durée entre les religieux libéraux et leurs collègues fondamentalistes n’a refait surface que récemment, lorsque le successeur de l’ayatollah Khomeiny, l’ayatollah Khamenei, a pris des mesures draconiennes pour changer la « république islamique » en « califat islamique ».

Il y a maintenant deux camps distincts en Iran. Le premier est composé des fondamentalistes shiites qui soutiennent l’ayatollah Khamenei. Les idées de Khamenei viennent de trois influences différentes :

  • Les idées des frères musulmans, généralement considérés comme les pères fondateurs du fondamentalisme islamique des temps modernes. Avant la révolution de 1979, Khamenei a personnellement traduit de l’original Arabe en Persan les œuvres importantes du dirigeant intellectuel des frères, Seyyed Qutb. Les idées de Qutb, et plus particulièrement sa haine profonde de l’occident sont facilement discernables parmi le clergé dirigeant l’Iran aujourd’hui.
  • Les Fadā’iyān-e Islam (dévoués à l’islam), les premiers partisans des frères musulmans en Iran, dirigés par Mojtaba Navab-Safavi qui ont commis les premiers attentats terroristes religieux dans l’Iran moderne. Khamenei cite fréquemment Navab-Safavi comme son modèle en politique. Il a nommé son fils aîné Mojtaba, ce qui est peut-être une indication de son admiration pour cet homme.
  • La troisième influence vient d’un groupe connu sous le nom de société Hodjatieh qui considère que sa mission est de préparer l’avènement du Mahdi, le 12ème imam des shiites dont on croit qu’il a été occulté pour mille ans et dont on espère que le retour à la fin du monde apportera la paix et la justice. On a révélé récemment que Khamenei visite chaque mercredi Djamkaran, un puits de la ville de Qom considéré par beaucoup de shiites comme l’endroit ou le Mahdi se cacherait. Des témoins oculaires rapportent que Khamenei a été vu profondément abîmé dans ses prières prétendant communiquer avec l’imam caché.


Les membres du second groupe sont totalement opposés aux premiers et considèrent leurs idées et agissements comme rien moins que catastrophiques pour le futur de l’Iran. La grande majorité des intellectuels de ce pays, la classe moyenne, les jeunes et une part importante de ceux qui travaillent à l’intérieur du « système » appartiennent au second groupe, que l’on nomme collectivement le Mouvement Vert. Du point de vue des fondamentalistes shiites, les membres de ce mouvement ne valent pas mieux que des infidèles. En tant que tels, on peut les emrpisonner, les torturer, les violer, etc…

L’issue de la lutte pour le pouvoir entre ces deux factions opposées a une grande signification, pas uniquement pour l’Iran, mais pour la communauté internationale. Une victoire des « taliban » iraniens entraînerait l’Iran dans une spirale descendante et mettrait la richesse du pays et son pouvoir géopolitique entièrement à la disposition de ceux qui croient que l’hégémonie globale de l’islam est possible par un djihad violent, raison pour laquelle ils veulent avoir une capacité nucléaire. Gardant à l’esprit que l’Iran a longtemps été une source d’inspiration pour de nombreux mouvement sociaux et idéologiques de la région, on voit combien l’issue de la bataille entre ces deux camps en Iran est critique pour le pays, la région et le monde entier.

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Houshang Assadi est journaliste. Il a été emprisonné sous le règne du shah ; il a eu comme compagnon de cellule pendant 9 mois l’actuel guide suprême d’Iran, l’ayatollah Khamenei. En 1983, après la révolution islamique et la répression que le gouvernement iranien a exercée sur tous partis d’opposition, Assadi a été arrêté et emprisonné à Téhéran. Il a été détenu au secret pendant presque deux ans pendant lesquels il a été sévèrement torturé jusqu’à ce qu’il avoue être un espion des services de renseignements britanniques et russes. Il est opposé à l’intervention militaire des USA en Iran. Il vient de publier aux éditions Oneworld Publications un livre Lettres à mon Tortionnaire : Amour, Révolution et Emprisonnement en Iran.

Source : http://www.roozonline.com/english/opinion/opinion-article/article/2010/july/11//todays-internal-affairs-tomorrows-global-impact.html

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