Margaret Wente - Saturday's Globe and Mail
Sakineh Mohammadi Ashtiani, mère iranienne condamnée à la lapidation pour adultère est pour l’instant toujours en vie, sauvée par un cri de révolte international contre le barbarisme d’état. Mais l’histoire n’est pas finie. Elle est toujours dans le couloir de la mort. Une fois l’émotion retombées, le régime peut simplement choisir de la pendre à la place.
« Ce régime a pris trop de vies » dit Maryam Namazie, militante des droits de l’homme qui vit aujourd’hui à Londres. « Il va bien falloir que ça s’arrête un jour. »
D’après madame Namazie, la prison de Tabriz où Sakineh est enfermée contient 200 autres condamnés à mort. Trente-cinq sont des femmes condamnées à la lapidation. L’une d’entre elles est Maryam Bagherzadeh, 25 ans, en prion depuis quatre ans. Son exécution a été retardée car elle est tombée enceinte lors d’une courte permission. Le régime attend généralement l’accouchement des femmes enceintes pour les tuer.
Puis il y a Azar Bagheri, 19 ans. Elle en avait 14 quand on l’a forcée à se marier. Son mari l’a lourdement chargée, déclarant qu’elle ne l’aimait pas et qu’elle avait eu des relations avec un autre homme. Elle a été arrêtée, condamnée pour relations sexuelles en dehors du mariage et condamnée à la lapidation alors qu’elle n’avait que 15 ans. On l’a soumise à un simulacre de lapidation à deux reprises : enterrée jusqu’à la poitrine et menacée de mort si elle ne collaborait pas. Le couloir de la mort comprend des enfants, des adolescents et 18 personnes condamnées à la pendaison pour homosexualité. La semaine dernière une jeune fille de 16 ans s’est tuée dans sa cellule pour échapper à la pendaison.
Même le bronzage est un crime contre l’islam. « Le public attend de nous que nous réagissions fermement et rapidement à toute inconduite sociale de la part de femmes et d’hommes qui rejettent nos valeurs islamiques » a annoncé en avril le chef de la police de Téhéran Hossein Sadjedinia. « Dans quelques quartiers du nord de Téhéran, on voit beaucoup de femmes et de jeunes filles bronzées qui ressemblent à des mannequins lors d’un défilé. Nous ne tolérerons plus cette situation et commencer par avertir celles qui se comportent ainsi, puis nous les arrêterons et les emprisonnerons. »
Comme le présente madame Namzie : « C’est un crime d’être une femme en Iran. »
On pourrait penser que l’habitude du régime d’assassiner les femmes pour des crimes imaginaire lui vaudrait une condamnation universelle, en particulier d’institutions comme les Nations-Unies. On aurait tort. En avril, l’Iran s’est vu offrir un siège à la commission de l’ONU sur le statut des femmes dont le but est « l’égalité des sexes et la promotion des femmes. » Personne n’a expliqué comment la lapidation des femmes fait avancer l’égalité des sexes. C’est une inversion morale tellement tordue qu’elle défie la satire. Si vous nourrissiez encore quelques illusions sur le fait que l’ONU soit vraiment intéressée par les droits des femmes, abandonnez les tout de suite.
La nomination ridicule de l’Iran était un prix de consolation après son échec, à obtenir un siège au conseil de l’ONU pour les droits humains, en dépit d’un lobbying sévère. Ce qui n’aurait pas été tellement étrange qu’il y parait puisque les membres de ce conseil comprennent des nations aussi soucieuses des droits humains que l’Arabie Saoudite. Le Conseil des droits humains est dominé par un bloc d’états islamiques et africains qui refusent de condamner l’Iran de quelque façon que ce soit. A la place, le conseil passe le plus clair de son temps à dénoncer Israël et les Etats-Unis. « C’est tragique ; c’est comme demander à l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid de siéger à la commission pour l’égalité des races » dit Madame Namazie qui a fuit l’Iran en 1980.
Certains groupes féministes occidentaux ont été ostensiblement silencieux sur la lapidation et autres pittoresques coutumes iraniennes. Ils ont tellement peur d’être infectés par les Américains et les néo-conservateurs qu’ils préfèrent ne rien dire. Même chose pour les groupes musulmans « modérés » en occident.
Pendant des années, la lutte pour les droits humains des femmes iraniennes a été menée par un groupe infatigable d’avocates comme Madame Namazie et Mina Ahadi qui vit maintenant en Allemagne. Madame Ahadi a échappé de peu à la mort pour avoir fait campagne contre les vêtements islamiques obligatoires. (Son époux a été exécuté). « Quand nous organisons des évènements au niveau mondial, quand nous manifestons au niveau mondial et en particulier quand nous contactons les gouvernements européens et que ces gouvernements mettent la pression sur le régime islamique en Iran, nous avons quelquefois une chance, » a-t-elle dit à CNN.
La condamnation de Sakineh Mohammadi Ashtiani a été basée sur de fausses preuves insistent son avocat et ses deux enfants. Elle a déjà reçu 99 coups de fouet. Comme leurs efforts pour plaider pour sa vie n’ont pas porté leurs fruits, son fils s’est tourné vers les militants occidentaux pour trouver de l’aide, une manœuvre à haut risque qui lui a valu une convocation au poste de police. Amnesty International et Human Rights Watch se sont emparé du dossier. Les femmes, de la Norvège au Canada, y compris la PDG de Indigo Books, Heather Reisman, ont lancé des pétitions par Internet. La pétition de madame Reisman, datant d’il y a onze jours rassemble déjà plus de 100.000 signatures (www.freesakineh.org.)
Le régime iranien décrit vigoureusement les manifestations occidentales comme une attaque contre l’Iran et les valeurs islamiques. Alors, a quoi servent vraiment ces pétitions ? Ceux qui suivent les affaires iraniennes disent qu’elles ont vraiment un impact. La lapidation est énormément impopulaire en Iran et les Iraniens n’aiment pas que leur pays soit représenté comme médiéval et barbare. Le soutien de l’extérieur donne également de l’énergie à ceux qui vivent en Iran et luttent contre le régime.
« L’agitation que les médias occidentaux ont lancée en relation avec ce dossier n’affectera pas nos juges » insiste un officiel iranien. « La mise ne pratique des lois religieuses islamique comme la lapidation, le hidjab et l’héritage ont toujours été en but à leur animosité effrontée, par principe, ils s’oppose à tout ce qui touche la loi religieuse. »
Mais grâce aux efforts inlassables de femmes comme Maryam Namazie, Mina Ahadi, Shirin Ebadi et d’autres, Shakineh est toujours en vie. Aussi longtemps qu’être une femme en Iran sera un crime, ils ne s’arrêteront pas. Et nous non plus, nous ne devrions pas nous arrêter.
Source: http://www.theglobeandmail.com/news/opinions/its-a-crime-to-be-a-woman-in-iran/article1643091/?cmpid=rss1
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