vendredi 9 juillet 2010

18 Tir 1389: le mouvement étudiant iranien, l'espoir de tout un peuple

Un an s’est écoulé depuis le 18 Tir 1388 (9 juillet 2009). Le jour où 10 ans après les exactions commises par les agents du régime en 1999 ayant conduit à plusieurs jours d’émeutes à Téhéran, de très nombreux manifestants voulaient à nouveau défier le pouvoir et descendre dans la rue. Les campus étaient en ébullition. Un mois à peine après la tenue de l’élection frauduleuse du 12 juin 2009, les manifestants voulaient une nouvelle fois célébrer la contribution majeure du mouvement étudiant à la lutte pour l’avènement de la démocratie en Iran. Une fois de plus, les étudiants ont été aux avant-postes du mouvement de contestation. Comme leurs glorieux aînés qui, le 16 Azar 1332 (7 décembre 1953), quelques mois à peine après un autre coup d’Etat, celui du 19 Août 1953, avaient déjà marqué à jamais l’Histoire du mouvement étudiant iranien. Autres temps, autres dictateurs, mais même détermination pour les étudiants assoiffés de liberté et de justice qui se sentaient déjà investis d’une mission d’éclaireurs et de leaders d’aspirations légitimes de tout un peuple. 

En ce 18 Tir 1388, le régime a alors décidé de déployer toute son armada répressive pour contrôler la rue et surtout les campus universitaires. Les manifestants de tous âges qui voulaient tout simplement honorer les étudiants et la jeunesse ont été confrontés à l’horreur et à des actes de violence d’une intensité inouïe. Ce jour là, d’après les propos de l’ancien Procureur Général de Téhéran, Saïd Mortazavi, l’ampleur de la vague d’arrestation était telle que la prison d’Evin ne pouvait plus contenir l’afflux impressionnant de prisonniers. Les autorités ont été obligées de transférer des prisonniers en partie au centre de détention de Kahrizak. Amir Javadifar, Mohsen Rouholamini, Mohammad Kamrani, Ramin Aghazadeh Ghahremani et Abbas Nejati Kargar allaient trouver la mort des suites des actes de torture infligés dans ce camp de la mort. De très nombreux manifestants détenus à Kahrizak ont connu l’horreur (le régime parle de 98 prisonniers de Kahrizak ayant porté plainte).

Ce qui s’est passé il y a un an jour pour jour a dépassé très largement tout ce que les iraniens avaient imaginé en degré de violence et d’horreur. Ce jour là, il est devenu clair que le régime devait mater à tout prix le mouvement étudiant dans le sang pour éviter sa chute. Les principaux leaders étudiants (Majid Tavakoli, Bahareh Hedayat, Milad Asadi et tant d’autres) allaient être arrêtés dans les semaines et les mois qui ont suivi. Aujourd’hui encore, ils subissent les pires tortures et intimidations, comme si cela allait normaliser la situation ou du moins permettre au régime de gagner du temps pour laisser passer l’orage. 

Depuis un an, les universités, en raison de leur formidable dissémination géographique (les branches de l’université Azad présentes dans quasiment toutes les villes) et du creuset d’échanges culturels et sociétaux qu’elles représentent, sont devenues le véritable front de contestation contre le régime. Malgré la chape de plomb, le régime sait que l’Université n’est pas morte. Le régime sait pertinemment qu’il peut être débordé à tout moment par une nouvelle vague de contestation catalysée et portée par le mouvement étudiant. Il craint plus que toute autre chose la vigueur et la spontanéité de ce mouvement, sa capacité à animer les forces démocratiques et à incarner l’espoir.

Photos des évènements du 18 Tir 1378 (9 juillet 1999) ici

Vidéo: Il y a 11 ans, 18 Tir 1378 (9 juillet 1999)


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