dimanche 4 juillet 2010

Campagne pour une Iranienne risquant la lapidation

The Guardian

Saeed Kamali Dehghan 
Vendredi 2 juillet 2010 

Sa famille déclare que cette condamnation pour adultère n’est pas fondée et qu’elle a déjà reçu 99 coups de fouet. 


Une Iranienne de 43 ans va être lapidée à moins que la campagne internationale, lancée par ses enfants, n’oblige les autorités à casser ce que son avocat appelle une condamnation erronée.

Lors d’un procès qui met en lumière l’usage croissant de la peine de mort dans un pays qui a déjà exécuté plus de 100 personnes cette année, Sakineh Mohammadi Ashtiani a été condamnée en mai 2006 de “relations illicites en dehors du mariage”.

Sakineh avait déjà reçu une peine de 99 coups de fouet, mais son dossier a été réouvert quand un tribunal de Tabriz l’a suspectée d’avoir tué son mari. Elle a été acquittée mais l’accusation d’adultère a été révisée et la peine de mort appliquée sur la base des “connaissances du juge” – une lacune qui permet des décisions judiciaires subjectives en l’absence de preuve décisive.

Dans une interview au Guardian, son fils Sadjad 22 ans et sa fille Farideh 17 ans ont dit que leur mère avait été injustement accusée et punie pour quelque chose qu’elle n’avait pas fait.
“Elle est innocente, elle est là-bas depuis cinq ans pour rien” a dit Sadjad. Il décrit l’exécution imminente comme barbare. “L’imaginer attachée dans un trou profond, lapidée à mort, c’est un cauchemar pour moi et pour ma soeur depuis toutes ces années.”

La sharia iranienne stipule que la condamnée est enterrée jusqu’au cou (jusqu’à la ceinture pour un homme), et les participants à l’exécution publique sont invités à jeter des pierres. Si le/la condamné/e réussit à se libérer du trou, la peine de mort est commuée.

L’Iran, embarrassé par l’attention internationale qu’elle attire, a rarement pratiqué la lapidation en public ces dernières années. Mais le pays a quand même exécuté 388 personnes l’année dernière – plus qu’aucun autre pays dans le monde, la Chine exceptée, selon Amnesty International, la plupart par pendaison.
Ce soir, les manifestants se ont rassemblés devant l’ambassade d’Iran à Londres pour exiger la libération de Sakineh.

Il y a cinq ans, quand Sakineh a été fouettée, Sadjad avait 17 ans et était dans la salle. “Ils l’ont fouettée devant mes yeux; cela s’est gravé dans mon esprit depuis ce jour.”

Mohammed Mostafaei, un avocat iranien très célèbre, s’est porté volontaire pour la représenter quand sa condamantion a été annoncée il y a quelques mois. Il a écrit une lettre ouverte à propos de sa condamnation peu de temps après : “C’est une condamnation totalement illégale. Deux des cinq juges qui ont examiné le dossier de Sakineh à Tabriz ont conclu qu’il n’y avait aucune preuve scientifique d’adultère.”

“D’après la loi, la peine de mort, et spécialement la lapidation exige des preuves explicites et des témoins alors que dans son cas, bizarrement, les connaissances du juge ont été considérées comme suffisantes.”
Mina Ahadi, militante des droits de l’homme en Allemagne a aidé les enfants de Sakineh a lancer leur campagne au niveau international et a des contacts réguliers avec Sadjad et Farideh.

Elle dit qu’après le lancement de la campagne la semaine dernière, elle a  reçu des appels téléphoniques de familles de deux autres femmes détenues à la prison de Tabriz, là où se trouve Sakineh, accusées d’adultère et condamnées à la lapidation: Azar Bagheri 19 ans  et Mariam Ghorbanzadeh 25 ans.

“Azar a été arrêtée à 15 ans. Ils ne pouvaient pas la punir avant ses 18 ans suivant la loi, alors ils ont attendu… et veulent la lapider”. Elle a été soumise à des simulacres de lapidation, avec enterrement partiel dans le sol. “Il la préparent pour la vraie” dit Ahadi.

Ahadi qui suit les peines de lapidation en Iran ces dernières années dit qu’elle connait les noms de 12 autres femmes actuellement condamnées  la lapidation en Iran.

“Ce ne sont que celles que je connais, j’estime qu’au moins 40 à 50 autres femmes attendent le même sort en Iran maintenant.”

“La lapidation n’est pas simplement une sanction judiciaire, c’est un moyen politique dans les mains du régime iranien pour menacer le peuple. Elle leur sert à beaucoup d’autres choses qu’un simple châtiment”.


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