vendredi 16 juillet 2010

Extraits de l’article: Amir Javadifar à Kahrizak

FERESHTEH GHAZI

Cet article décrit ce qui est arrivé à Amir Javadifar dans le centre de détention de Kahrizak. En dépit de toutes ses blessures et pour respecter les lois de son pays, Amir est retourné de lui-même au commissariat de police pour expliquer sa situation le 19 Tir [10 juillet]. Amir et sa famille n’aurait jamais pensé qu’il serait de nouveau arrêté en raison de son état de santé.

Le 18 Tir [9r juillet] Amir Javadifar fut sévèrement battu par huit à douze individus puis arrêté. Le soir, à 21h00, un agent appela la famille d’Amir en utilisant son portable pour leur demander de se rendre à l’hôpital Firouzgar. Les premières photos d’Amir ont été prises à ce moment. Les hôpitaux avaient reçu instruction de ne pas admettre les manifestants blessés.

Amir était blessé mais sa vie n’était pas en danger. Il fut transféré à l’hôpital Laleh, ses blessures soignées mais il dut partir sur les injonctions d’un agent. Amir déclara alors : « Je suis sorti manifester pacifiquement, je n’avais pas d’armes, je n’ai insulté personne, j’étais juste là, en silence. Je n’ai rien fait qui puisse faire peur. Je vais y aller [au commissariat de police] et je reviens. » Son frère demanda s’il avait besoin d’une chaise roulante ; il répondit : « Non, je tiens sur mes jambes. Les amoureux meurent debout. »

Après avoir quitté l’hôpital la famille amena Amir à la police de prévention de la place Enghelab. Il y fut brutalement séparé de sa famille obligée de partir sans même pouvoir lui dire au revoir ou échanger quelques mots avec lui. Quelques heures plus tard, son frère retourna à la police préventive. Il s’entendit dire que trois bus en étaient partis, un pour la prison d’Evine et deux pour celle de Kahrizak. Nous étions le 19 Tir [10 juillet] à 20h00.

Le lendemain, le tribunal révolutionnaire dit aux familles des personnes arrêtées d’attendre dix jours. Quatre jours plus tard, le 23 Tir [14 juillet] un bus arriva à la prison d’Evine en provenance de celle de Kahrizak avec 130 personnes à bord. Un agent lut leurs noms. Amir n’était pas dans la liste. La famille est revenue à Evine tous les jours, une photo d’Amir à la main. Aucun prisonnier relâché ne reconnaissait Amir.

La famille apprit le 3 Mordad [25 juillet] qu’Amir avait été tué. Il est mort le 23 Tir, [14 juillet] après quatre jours à Kahrizak, pendant un transfert en bus. Il a finalement été reconnu par un prisonnier relâché de Kahrizak le 2 Mordad [24 juillet] et qui a informé sa famille de sa mort.

Le 3 Mordad [25 juillet], on demanda à la famille d’aller à l’institut médico-légal de Kharizak pour reconnaître le corps. Son frère l’identifia. La famille n’e fut même pas autorisée à voir le corps, on s’est contenté de lui remettre trois photos. Le corps avait été autopsié.

D’autres prisonniers dirent que le dernier jour, Amir avait perdu la vue à cause de ses blessures aux yeux et aux infections qui s’en sont suivies. Le dernier jour, Amir criait, appelait sa mère (qui était morte quelques années auparavant) « Retourne mes yeux, mère ».

Le corps fut rendu à la famille deux jours après l’identification. La famille a du remplir un formulaire ; la réponse à la question : « Voulez-vous porter plainte ? » a été laissée en blanc.

Le frère d’Amir déclare : « Amir ne faisait pas du tout de politique. C’était un artiste. Sa vision du monde était celle d’un artiste. Il aimait les poèmes, les films, les livres…mais il était engagé sur le plan social. Il est descendu dans la rue en toute connaissance de cause. Il a pris part à des manifestations pacifiques et il y croyait. » Le frère d’Amir se souvient que lorsque Amir est revenu de la « grande manifestation silencieuse [15 juin/25 Khordad] il avait dit : « J’ai adoré. Aujourd’hui est l’un des plus beaux jours de ma vie. Nous avons exprimé ce que nous avions à dire en silence. » Son frère ajoute que les yeux d’Amir étaient totalement calmes, qu’il ne croyait pas à la violence.
 
Source : http://www.roozonline.com/persian/news/newsitem/article////107/-ef10a1709f.html -

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