vendredi 16 juillet 2010

Rooz: Ardalan Sayami - La grève continue au bazar malgré la dérobade du gouvernement,

Ardalan Sayami - 16 juillet 2010

Hier matin, les agences de presse d’état annonçaient la fin de la grève d’une semaine du bazar de Téhéran suite à un accord entre les représentants du bazar et le gouvernement. Le rapport a été rapidement diffusé mais la présence continue de la police anti-émeutes et des forces en civil près du bazar de Téhéran donnait une autre image.

En fait, les manifestations continuaient, le bazar ne croyant pas à l’accord. La grève s’est étendue à la ville de Tabriz située au nord-ouest. La fermeture du bazar a toujours été très symbolique en Iran. Dans la culture sociopolitique iranienne, la fermeture du bazar eu a une signification spéciale pendant ces deux cents dernières années ; en l’absence d’institutions fortes de la société civile et d’une presse libre, le bazar, lieu historique du commerce, est également le lieu d’échange des informations. La fermeture du bazar a la même signification que pendant la révolution constitutionnelle de 1905, le mouvement de nationalisation du pétrole en 1951-1953 et la révolution islamique de 1979. A ces époques également, les marchands du bazar se sont joints aux manifestations populaires en fermant leurs échoppes et ont aidé à diffuser les mouvements dans toutes les couches de la société.

Les protestations récentes du bazar ne sont, bien sûr, pas politiques mais économiques et financières. Le gouvernement a augmenté les taxes de 70% et les marchands du bazar qui les paient résistent à cette augmentation.

Le gouvernement est depuis revenu sur sa décision et a accepté de réduire l’augmentation à 15%. Mais un éditorialiste financier a dit à Rooz : « L’opinion publique et les commerçants du bazar voient la réduction de 55% de l’augmentation des taxe comme une manœuvre déloyale du gouvernement pour retarder l’augmentation de 70%. Ils disent qu’ils continueront à protester et à faire grève jusqu’à ce que le gouvernement garantisse que l’augmentation des taxes se limitera bien à 15%. Les commerçants du bazar soutiennent qu’en raison de la nette diminution du volume des affaires en 1388 par rapport aux autres années, l’augmentation est déraisonnable et qu’ils ne peuvent pas payer une augmentation de 70% des taxes.

Suivant des rapports officieux, la grève s’est également étendue à la ville d’Ispahan. Beaucoup de syndicats de commerçants ont refusé de se conformer à l’accord qui, comme le prétendent les médias d’état, aurait mis fin à la grève du bazar. Ce qui est évident dans cette débâcle, c’est l’absence d’un front organisé pour présenter les revendications des commerçants du bazar, bien que deux organisations prétendent être les porte-parole du bazar : le conseil syndical national et la société islamique des associations du bazar et des syndicats. Le conseil syndical national était chargé de représenter le bazar lots des négociations avec le gouvernement qui se sont terminées par l’accord de lundi soir. Mais des rapports indiquent que beaucoup de commerçants du bazars refusent de s’y plier et ne considère pas le conseil syndical national comme suffisamment fort pour représenter leurs intérêts auprès du gouvernement.

Source: http://www.roozonline.com/english/news/newsitem/article/2010/july/16//strikes-continue-in-bazaar.html

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