Grâce à Neda et aux autres martyrs du mouvement pour la liberté, grâce à la bravoure et à la détermination de nos compatriotes, la République Iranienne est née. La journée historique du 8 Mordad 1388 (30 Juillet 2009) a prouvé une nouvelle fois que les Iraniens veulent se débarrasser définitivement de cette dictature religieuse d’un autre âge et que plus rien ne pourra les arrêter.
Cette révolution marquera l’Histoire par son caractère profondément humaniste et non violent. La maturité et la modernité de ce mouvement sont unanimement acclamées dans le monde entier. La présence massive des femmes iraniennes aux avant-postes des manifestations et des revendications politiques et sociales est tout simplement sans précédent. Après tant d’années de violence et d’humiliation, elles redonnent un sentiment d’immense fierté à tout un peuple!
Dans un Moyen-Orient meurtri par les guerres et le terrorisme, déchiré par les enjeux géostratégiques autour des matières premières et de l’eau, et cadenassé par les régimes dictatoriaux totalement sclérosés, la révolution iranienne est une véritable bouffée d’air susceptible de bouleverser la donne régionale pour le bien, une fois n’est pas coutume.
Cette révolution pacifique prouve de la plus belle des façons qu’être pacifiste et humaniste ne signifie pas pour autant être faible. Elle démontre que la puissance transformationnelle d’un peuple uni et déterminé dans sa quête de la liberté est sans commune mesure avec celle des guerres dites de "libération" artificiellement imposées par les grandes puissances contre la volonté des peuples. La méthode iranienne est une réponse sans équivoque, à ceux qui, à Washington ou à Tel-Aviv, ont pensé ou pensent que la guerre préventive est toujours la seule façon de combattre les tyrannies.
Le chemin vers la liberté sera encore long et parsemé d’embûches, mais désormais une chose est sûre: la Nation Iranienne est de retour, pour le bien de tous.
vendredi 31 juillet 2009
jeudi 30 juillet 2009
Les commémorations du jeudi 8 Mordad (30 Juillet)
A tous nos frères et sœurs Morts pour la Liberté,
la Patrie à jamais Reconnaissante
la Patrie à jamais Reconnaissante
8 MORDAD 1388 (30 Juillet 2009): Récit d'une nouvelle journée historique pour la nation iranienne
Merci à tous les héros de Twitter qui informent le monde entier en prenant des risques considérables
23:30
- Les slogans ont franchi un cap décisif aujourd'hui: la République est "iranienne" désormais et non pas "islamique", et pour ce qui est du Guide, il est difficile de faire plus clair: "Rahbar-e Maa Ghatele, Velayatesh Baatele" - "Notre Guide est un Assassin, son Velayat (gouvernance divine, fondement de la République Islamique) est sans aucune valeur". Regardez ce vidéo incroyable:
21:00
- Les gens n'ont plus peur. C'est incroyable! Quelque chose a vraiment changé en Iran. Ce régime est fini!
- Gaz lacrymogènes tirés sur le rassemblement de plusieurs milliers de manifestants à Mossalah
- La police tire sur les manifestants
- Heurts continuent sur les avenues Beheshti, Motahari, Hafez Shomali, Vali-e Asr, Zartosht, Fatemi. Les forces de l'ordre semblent débordées car très dispersées et manifestants en grand nombre.
- Mir Hossein Moussavi est près de Mossalah et les manifestants l'encerclent.
- Les forces anti-émeutes cassent les vitres des voitures près de Mossalah!!
- Avenue Amiraabaad: tirs, au moins 10 personnes ont été blessées, 2 motos des forces de l'ordre en feu
- Les manifestants lancent des fleurs aux forces de l'ordre qui elles chargent avec tirs de gaz lacrymogènes
- Les manifestants sont en grand nombre à présent sur le périphérique Modaress
20:30
- Slogan: INDÉPENDANCE, LIBERTÉ, RÉPUBLIQUE --IRAANI-- (ce slogan a toujours été INDÉPENDANCE, LIBERTÉ, RÉPUBLIQUE --ISLAMIQUE--)
- Los Angeles Times: Borzou Daragahi et Ramin Mostaghimfont un travail mangifique. Nous traduirons leur article. Lire ici.
- Un très grand nombre de manifestants se rassemblent autour du Mossalah
- Manifestations à Ahvaz (Ville dans le Sud Ouest) et à Isphahan, Shiraz et Tabriz
- Des poubelles en feu proche du Ministère de l'Intérieur (lieu hautement symbolique: Fraude électorale +Torture aux sous-sols). Tirs entendu sur la Place Fatemi. Heurts entre manifestants et forces de l'ordre près du Ministère.
- Appels aux Téhéranais pour sortir de chez eux et pour se joindre à cette vague de manifestants: "c'est ce soir ou jamais"
- Non confirmé: 1 mort sur l'avenue Vali-e Asr
- Colonnes de fumée visibles à Téhéran (pneu brulé)
- Concert de klaxons, devient une spécialité des manifestants en voiture
- Sur les avenues Mofatteh et Abas-Abaad, les manifestants brulent des poubelles, heurts avec les forces de l'ordre
- Non confirmé: quelques tirs auraient été entendus à divers endroits de Téhéran
- CNN: les manifestants se dirigent vers le Mossalah (le lieu central des prières à Téhéran)
- Slogan: N'ayez pas peur, N'ayez pas peur, Nous sommes tous ensemble
- Chants (inédits): Tant que le Guide n'est pas mort, cette nation ne sera pas une nation: "Taa Rahbar Kafan Nashavad, in Vatan Vatan Nashavad"
- RadioFarda: Ancien Procureur à la Haye: crime contre l'humanité plausible en Iran
- Les forces de l'ordre attaquent les manifestants. Les voitures klaxonnent en signe de solidarité avec les manifestants.
- Violents affrontements signalés sur l'avenue Motahari (Takht-e Taavoos), et Beheshti (Abaas Abaad), usage de gaz lacrymogènes.
- Sur l'avenue Vozara, les manifestants ont mis le feu à une moto des forces de l'ordre
- Colonnes de fumée visible dans le ciel de Téhéran
- Slogans: MARG BAR JOMHOURI-E ESLAMI (Mort à la République Islamique)
- Vidéo: Avenue Vali-e Asr, PLUSIEURS TIRS et FORCES de l'ORDRE MATRAQUANT les manifestants. A la 48ème et 49ème secondes de ce vidéo, l'agent tire une balle en direction du manifestant.
20:00
- MARG BAR JOMHOURI ESLAMI (Mort à la République Islamique)
- Sur les avenues Mofatteh et Abas-Abaad, les manifestants brulent des poubelles, heurts avec les forces de l'ordre
- Non confirmé: quelques tirs auraient été entendus à divers endroits de Téhéran
- CNN: les manifestants se dirigent vers le Mossalah (le lieu central des prières à Téhéran)
- Slogan: N'ayez pas peur, N'ayez pas peur, Nous sommes tous ensemble
19:00
- Le nombre de manifestants n'arrêtent pas de croitre autour du Mossalah et sur la Place Vali-e Asr
- Le corps d'Alireza Eftekhari, journaliste, a été remis à sa famille le 15 Tir (6 Juillet). Capturé le 25 Khordad (15 Juin)
- 14 véhicules militaires à proximité de la tombe de Neda
- Slogan (a famous one from 1979): "Canons, Tanks, Mitraillettes, n'ont plus d'effet"
- Plusieurs personnes ont été arrêtées à Behesht-e Zahra (nombre non connu)
- Behesht-e Zahra/Slogan: Nous sommes tous Neda, Sohrab, Nous sommes tous une voix (signifie "Neda" en Persan)
- Violents affrontements signalés dans les rues jouxtant l'avenue Beheshti (Abbaas-Abaad), ainsi qu'à Vozara
- Des manifestants, nombreux mais silencieux, sont en mouvement sur l'avenue Khosravi où Neda a été assassinée et ceci malgré la présence de plusieurs centaines de forces de l'ordre
- Des témoins rapportent que les manifestants se rassemblement dans le centre et le sud de la capitale. La police fait tout son possible pour éviter un rassemblement sur la Place Ferdowsi
- CNN: L'opposition semble plus réunie que le régime
- De nombreux manifestants, de type familial, habillés en noir et en vert, se dirigent vers Parc Laaleh (Tulipe): le lieu devenu symbolique car point de rassemblement hebdomadaire des Mères en Deuil. C'est clairement un signe de solidarité à leur égard. Elles le méritent. Elles ont montré tellement de courage et de détermination malgré un chagrin immense.
- Les forces de l'ordre à proximité de la tombe de Neda sont estimées à 150
18:30
- La police semble avoir reçu l'ordre de pourchasser les manifestants, de les suivre même les rues voisines d'un rassemblement au cas où il s'enfuient (Est-ce ce la le traitement islamique demandé par le Président et le Guide?)
- CNN commence à montrer des images de manifestants arrivant à Behesht-e Zahra
- Des milliers de personnes se sont rassemblés sur l'avenue Beheshti (ancien Abbas Aabaad) et chantent: Mort aux Dictateurs! Meurs Mojtaba, je ne veux pas te voir en Guide! Slogans contre le "Gouvernement de Coup d'État"
- LES FORCES DE L'ORDRE SONT CLAIREMENT DÉBORDÉS PAR LES MANIFESTANTS
- Les avenues Mofateh et Motahari sont à leur tour noires de monde
- Gaz lacrymogènes utilisés à Behesht-e Zahra pour disperser les manifestants
- Toutes les avenues conduisant au Mossalah, la Place Enghelaab (Révolution) et la Place Vali-e Asr sont noires de forces de l'ordre et de Basij
- Pour l'instant, les heurts sont sporadiques et de faible intensité (à Téhéran)
- De nombreux manifestant se dirigent vers la Place 7 Tir en marchant sur l'avenue Mofateh
- Les rues autour de Mossalah sont noires de monde
View Larger Map
18:00
- Des heurts ont été signalés sur et autour de la Place Ferdowsi
- Des hélicoptères militaires survolent Téhéran
- Slogan: nous ne voulons pas de larmes de crocodiles ("TEMSAAH"), Nous ne voulons pas de gouvernement de "MESBAAH" (Mesbaah Yazdi, le théoricien du régime, ça rime bien en effet en Persan!)
- Slogan: Iranien meurt mais n'accepte pas d'être humilié
- Slogan: Meurs Mojtaba (Khamenei, le monstrueux fils du Guide), je ne veux pas te voir en Guide!
- L'avenue Vali-e Asr, de la Place Vanak jusqu'à l'intersection de Vali-e Asr est noire de forces de l'ordre et de Basiji
- Slogan à Behesht-e Zahra: Gouvernement de Coup d'Etat, Démission, Démission ("Coup d'Etat" et "Esteefae, Esteefae"; ça rime encore bien)
- Des manifestants se rassemblent à de très nombeux endroits de la capitale. Cela pourrait être une stratégie pour disperser et épuiser les forces de l'ordre.
- Les premiers vidéos arrivent
- France24: les manifestants essayent d'extraire Mehdi Karoubi qui est encerclé par les forces de l'ordre à Behesht-e Zahra
- Slogan: Mon Martyr, Ma Soeur, Je récupérerai ton Sang
- Les forces de l'ordre bloquent les 2 entrées de l'avenue Khossravi où Neda a été assassinée. Cette avenue est remplie de forces de l'ordre (plus de 100 policiers et véhicules anti-émeute)
- La mère de Neda à BBC: NEDA était passionnée par la LIBERTÉ - rêvait d'être une MÈRE . On ne lui pas laisser le temps de CONCRÉTISER SES RÊVES
- Karoubi était encore à Behesht-e Zahra il y a 15 minutes. Il a demandé aux manifestants de se diriger vers le Mossalah
- Nouveau: Live Radio ePersian transmet Live des reportages téléphonique: cliquez ici
- Quelques minutes après son arrivée, les forces de l'ordre ont obligé Mir Hossein Moussavi de quitter le cimetière de Behesht-e Zahra
- Une foule d'environ 50.000 personnes cherchent à entrer dans le cimetière
- Slogans: Ce n'est pas Neda qui est morte, C'est le gouvernement qui est mort, Allah-o Akbar
- Karoubi est parvenu à entrer dans la section 257 du cimetière, où Neda est inhumée. Les manifestants se sont aussi précipités pour entrer avec lui.
- A Téhéran, Mossalah (lieu de prière habitel), avenue Fatemi et autres avenues voisines sont bloqués par des unités spéciales anti-émeute.
- Karoubi a pris la parole
- Mir Hossein Moussavi, refoulé du Behesht-e Zahra se dirigerait vers le Mossalah (lieu initialement prévu pour le rassemblement)
- Des heurts sont signalés à Behesht-e Zahra
- Des manifestants se rassemblent dans de nombreux endroits à Téhéran. Pour l'instant, l'endroit où il y a le plus de manifestants est la Place Ferdowsi
- Jafar Panahi & Mahnaz Mohamadi auraient été arêtés à ehesht-e Zahra
- Les forces de l'ordre frappent les manifestants qui veulent passer avec leurs matraques.
- Les unités anti-émeutes aurait attaqué le véhicule transportant Medi Karoubi, l'ancien candidat à l'élection présidentiel et président du parti Eteemaad-e Melli ("Confirnace Nationale")
- La mère de Neda à BBC: "sur le plan émotionnel, nous sommes anéantis"
- Zahra Rahnavard, l'épouse de Mir Hossein Moussavi était présente à Behesht-e Zahra
- Les forces de l'ordre empêche le rassemblement des manifestants à Behesht-e Zahra, elles frappent les manifestants: BBC
Quelques informations importantes en vrac, dans l'attente d'une nouvelle journée cruciale. Dans quelques heures, les manifestants vont encore défier le régime pour commémorer les martyrs du 30 Khordad 1388 (20 Juin 2009). Prions pour leur santé et leur sécurité.
Les ultra-conservateurs ont décidément du mal à avaler la pilule de la nomination d'Esfandiar Rahim Mashaei au poste de directeur de cabinet d’Ahmadinejad. Le caractère incontrôlable et l’arrogance d’Ahmadinejad ne passent pas au sein de son propre camp. Même Ansar News, l’organe d’Ansar-e Hezbollah, les "chemises noires" du Guide Khamenei qui font régner la terreur dans les rues de Téhéran, se met à menacer Ahmadinejad d’une possible … éviction "s’il ne reste pas fidèle à l’Islam et au Guide".
L’inauguration de Mahmoud Ahmadinejad aura lieu le lundi 12 Mordad (3 Août). Beaucoup de choses peuvent encore se passer d’ici là.
Reza Yavari (nom de code) dont le blog a révélé les crimes de KAHRIZAK vient de quitter l’Iran. Son dernier message date d’il y a quelques heures "d’un hôtel en Turquie". Il annonce de nouvelles révélations sur ses bourreaux, en particulier le fameux Sadegh et Ahmad Reza Radan (substitut du Commandant des forces armées iraniennes). Quelques extraits accablants sont ci-dessous. Nous traduirons ce texte dans son intégralité. D’avance pardon pour les points de suspension. C’est un texte majeur encore une fois.
Je n’ai peur de rien. Vous m’avez simulé une cérémonie de pendaison, vous m’avez tué une fois, j’ai vu la mort devant mes yeux et je n’ai plus peur. Ces gens m’ont emmené dans une chambre et m’ont dit "écris ton testament". J’ai demandé pourquoi? "Tu seras pendu à l’aube"… j’ai donc écrit deux pages de testament pour ma mère et ma petite sœur en pleurant. Ensuite ils m’ont emmené pour me prendre en me disant "comme tu aimes la couleur verte, on t’a pris une corde verte". Ils m’ont menotté, dirigé vers une chaise, …, mon Dieu si je suis vraiment "Mohareb" pardonne-moi… Monsieur Shahroudi (chef du pouvoir judiciaire), mettez vous ou mettez votre fils à ma place… à suivre.
Je sais qu’ils m’ont bien identifié maintenant. Surtout cet assassin, Sadegh. Je vais dévoiler mon identité prochainement. Merci pour tous les commentaires que vous m’avez laissés. Dans l’espoir de la libération de tous les prisonniers politiques.
Dans une déclaration très remarquée, Ayatollah Montazeri, l'une des figures religieuses les plus respectées et avec une forte conviction réformatrice, conseille aux responsables actuels "de ne pas oublier ce qui est arrivé au Mohamad Reza Shah Pahlavi et d'en tirer les leçons nécessaires pour ne pas finir comme lui". Nous y reviendrons plus tard.
Depuis plusieurs jours, quelques articles parus sur les sites proches du mouvement de contestation font état des péripéties de la mise à l'écart de Gholam-Hossein Mohseni-Ejei (lire aussi ici). Avec lui, en fait ce sont plusieurs très haut responsables du ministère des Renseignements qui ont été débarqués sur l'ordre direct de Mahmoud Ahmadinejad. Dans un nouveau geste arrogant, Ahmadinejad a affirmé hier qu'il assumerait lui-même les fonctions du ministre des renseignements pour les derniers jours de la 9ème Présidence. Un certain Alavi, le responsable chargé des renseignements internationaux a refusé la proposition d'Ahmadinejad pour devenir le numéro 1 du ministère. L'information la plus importante concerne l'hypothèse de l'existence d'un "groupe" responsable de la répression actuelle, et qui ne compte en son sein ni la police, ni le ministère de Renseignements. Il y aurait donc un système de renseignement parallèle, appelé "Renseignements de Téhéran", qui court-circuiterait le ministère. Il y a de forte chance que ce soient les Gardiens de la Révolution qui aient pris les choses en main sur le plan sécuritaire, en dehors de tout contrôle gouvernemental et encore moins parlementaire. Ce système parallèle ne rend compte à personne (sauf à Khamenei très vraisemblablement). C'est la raison pour laquelle, il est très difficile de dire qui commande les unités de répression lors des manifestations, qui autorise les exactions commises dans les centres de détention, etc.
Le groupe parlementaire qui s'est rendu à la prison d'Evine pour rencontrer les prisonniers et s'informer que les exactions commises n'a même pas été autorisé à rencontrer la cinquantaine de prisonniers politiques, haut responsable des partis politiques de l'opposition. Même les parlementaires conservateurs commencent à se désolidariser en masse de l'appareil répressif. Ils sentent parfaitement que cette injustice ressentie peut entrainer le renversement du régime.
Le journal ultra-conservateur Kayhan, a un représentant spécial du Guide la Révolution en son sein! Ce journal reflète le point de vue des factions les plus ultras du régime. Ce fameux représentant spécial n'est autre que Shariatmadari, une personnalité ignoble et très influente malheureusement (caricature ici). Shariatmadari vient d'écrire dans sa colonne de ce jour les abominations suivantes: "plusieurs personnes ont été tuées par les mercenaires recrutés par Khatami et Moussavi", "Khatami et Moussavi sont les principaux responsables de ces assassinats", "et maintenant ils veulent commémorer ces morts pour tromper tout le monde".
Khamenei a décidé de fermer le centre de KAHRIZAK. Les preuves d'exactions systématiques, de traitements indignes, d'actes de barbarie se multipliant, il a dû prendre peur de la réaction massive du peuple et des poursuites ultérieures dans le cadre d'un Tribunal Pénal International pour Crime contre l'Humanité. Pour justifier cette fermeture, Khamenei a dit que "ce centre (KAHRIZAK) n'était pas aux normes". Quelle insulte plus grande aux martyrs et autres victimes de ce camp de la mort, ce Buchenwald des Mollahs? Alors KAHRIZAK n'est pas "aux normes" et la prison d'Evine l'est? Le chef du pouvoir judiciaire, le ministre la 'Justice", Mahmoud Hashemi Shahroudi (lire son glorieux CV ici), a par ailleurs déclaré qu'il était de toute façon prévu avant l'élection que ce centre soit fermé. Avec la tournure des événements et le nombre croissant de prisonniers, cette fermeture a pris du retard".
Le gouvernement ou plutôt les responsables de la répression actuelle (parce que personne ne sait pas qui est responsable de quoi dans ce régime) semblent rechercher la détente. Ahmadinejad a demandé à Shahroudi de traiter les prisonniers avec une "tolérance islamique". Environ 140 prisonniers ont été libérés hier. La fermeture du centre de KAHRIZAK en est un autre signe.
Dans une autre rumeur qui ne serait pas sans rapport avec le paragraphe précédent, Khamenei aurait interdit tout répression et violence dans le cadre des manifestions de ce jour. Info ou intox? Piège ou reculade? Réponse dans quelques heures.
Il y aura une "commission d'enquête parlementaire"dont la mission sera de faire "toute la lumière" sur les circonstances de la mort de Mohsen Rooholamini. Pourquoi seulement lui? Il était le fils d'un responsable conservateur important. Les commanditaires de la répression ont été obligés de reculer de quelques pas ces derniers jours en raison de la mort de Mohsen Rooholamini. Les gestes de "bonne volonté" de Khamenei et d'Ahmadinejad étaient donc les premiers signes de leur reculade.
... Par contre très mauvaise nouvelle, les chefs d'inculpations retenus contre une vingtaine de prisonniers politiques de premier ordre sont extremement graves (détention d'armes, d'explosifs, saccage de biens publics, manipulation d'émeutiers, etc.). Pure hallucination. Grand danger. Les peines peuvent etre très sévères. Les "procès" démarrent dans quelques jours. Nous les suivrons.
Un article dans le Figaro de ce matin: Les Iraniens osent contester la suprématie de Khamenei
Kianoush ASSA, visage d'ange, l'un des tous premiers Martyrs du mouvement. Nous ne l'oublierons jamais. La Vague Verte de Liberté lui consacre un article remarquable. Nous le traduirons sur ce blog très prochainement. Prions pour que ces crimes ignobles ne restent pas impunis. Prions pour que ces criminels payent pour tout ce qu'ils ont commis en 30 ans. Assez de morts, de sang, de souffrance et d'injustice! Assez! Allez au Diable! Doutez-vous une seule seconde que, tôt ou tard, le Peuple vaincra?
Forte réaction de Khatami à la fermeture de KAHRIZAK: "Que signifie un centre pas aux normes? Non standard? Il y a eu des crimes. Du sang a été versé". C'est une attaque directe contre Khamenei et sa déclaration incroyable d'hier. "C'est le ventilateur qui était en panne ou les toilettes qui n'étaient pas propres?". "Pourquoi la commission d'enquête parlementaire ne parvient pas à travailler? Pourquoi même le groupe désigné par le pouvoir judiciaire n'arrive pas à débuter son travail d'enquête?"
Moussavi et Karoubi vont participer à la manifestation de commémoration des martyrs du 30 Khordad (20 Juin) à partir de 16h (heure de Téhéran). Aucun autre événement n'est programmé (il était prévu qu'une manifestation ait lieu à Mossala, le lieu de prière à Téhéran, mais elle n'a pas été autorisée). Les manifestants seront à la section 257 de Behesht-e Zahra (cimetière de Téhéran) à partir de 16h. Plusieurs martyrs dont Neda Agha-Soltan ont été inhumés dans cette section.
La tombe de Neda Agha-Soltan (section 257, rangée 42, numéro 32) sera l'épicentre de la manifestation de commémoration de ce jour. Ce petit carré de terre, sera le Centre du Monde. Nous avons perdu une Sœur, mais nous allons gagner la Liberté. Qu'elle repose en paix. Toute la nation lui est reconnaissante.
La Vague Verte de Liberté (ce site fait un travail remarquable) affirme qu'au sein des familles de responsables conservateurs, certains enfants se sont révoltés contre leurs aînés. Le site rapporte qu'un fils de responsable libéré récemment est très mécontent et souhaite retourner en prison "auprès de ses amis et anciens codétenus".
Concert de musique en hommage à Neda et tous les martyrs en Iran
Concert organisé par le Comité Indépendant Contre La Répression Des Citoyens Iraniens
www.whereismyvote.fr
La presse française aux abonnés absents !
Il est très regrettable de constater la faiblesse de la couverture des événements en Iran par les quotidiens Français, en particulier ceux dits de "référence", Le Monde et le Figaro. A l’ère de l’Internet, ces journaux semblent complètement dépassés.
Voici par exemple l’article (ou plutôt une simple reprise d’une dépêche de l’AFP) consacré à l’ordre de Khamenei pour la fermeture du centre de KAHRIZAK dans le Monde daté du 28 Juillet. Un événement d’une importance majeure qui met plus que jamais le régime de Téhéran sur la défensive.
Alors défoulons-nous un peu :
A l’attention de M. Eric Fottorino,
Directeur de publication du journal Le Monde
Cher Monsieur,
Très franchement, personne ne lit plus vos séries d’été en page 3! Ce n’est pas parce que les Français sont en vacances que vous devez diluer vos contenus. On peut se reposer et s’instruire, s’engager ou défendre une cause. Qu’attendez-vous pour envoyer vos meilleurs journalistes dans la région? Ne dites pas que la presse papier a vécu! Regardez, le NYT a dégagé des profits exceptionnels à faire rougir d’envie Etienne Mougeotte! Vous pouvez au moins faire ce que fait le Huffington Post! Planquez deux blogueurs franco-iraniens à Téhéran et vous verrez ce qui va se passer (regarder ici)! Allez courage. Jouez votre rôle pleinement ! Les Français l’apprécieront comme au bon vieux temps (et n’oubliez pas, une grosse photo couleur en Une lors de la prochaine marée verte à Téhéran)!
Voici par exemple l’article (ou plutôt une simple reprise d’une dépêche de l’AFP) consacré à l’ordre de Khamenei pour la fermeture du centre de KAHRIZAK dans le Monde daté du 28 Juillet. Un événement d’une importance majeure qui met plus que jamais le régime de Téhéran sur la défensive.
Alors défoulons-nous un peu :
A l’attention de M. Eric Fottorino,
Directeur de publication du journal Le Monde
Cher Monsieur,
Très franchement, personne ne lit plus vos séries d’été en page 3! Ce n’est pas parce que les Français sont en vacances que vous devez diluer vos contenus. On peut se reposer et s’instruire, s’engager ou défendre une cause. Qu’attendez-vous pour envoyer vos meilleurs journalistes dans la région? Ne dites pas que la presse papier a vécu! Regardez, le NYT a dégagé des profits exceptionnels à faire rougir d’envie Etienne Mougeotte! Vous pouvez au moins faire ce que fait le Huffington Post! Planquez deux blogueurs franco-iraniens à Téhéran et vous verrez ce qui va se passer (regarder ici)! Allez courage. Jouez votre rôle pleinement ! Les Français l’apprécieront comme au bon vieux temps (et n’oubliez pas, une grosse photo couleur en Une lors de la prochaine marée verte à Téhéran)!
mardi 28 juillet 2009
Crime contre l’Humanité à KAHRIZAK (II)
Le témoignage qui suit est publié sur le blog d’un ancien détenu de KAHRIZAK. Ce récit complète celui précédemment publié par le site Vague Verte de Liberté et traduit sur ce blog.
Je ne sais pas par où commencer.
Vous m’excuserez si je fais plein de fautes d’orthographe et de grammaire pour décrire ce que j’ai vécu dans le camp de KAHRIZAK, le guantanamo d’Iran car je suis très pressé et je dois partir. Il est exactement 8h du matin du 6 Mordad (28 Juillet). Aujourd’hui à l’aube, avec quelques autres, j’ai été sauvé miraculeusement d’une mort certaine. Je viens de rentrer chez moi de l’hôpital. Je me suis précipité sur l’ordinateur pour créer ce blog.
J’ai été arrêté le 18 Tir (9 Juillet). J’ai 21 ans. A l’heure où j’écris ce texte, je ne crois toujours pas je suis libre. Le 18 Tir, j’étais avec un copain en moto. Il prenait un film avec son portable. Des miliciens habillés en civils nous ont pris et frappés. Une pauvre femme a essayé de venir nous sauver mais ils l’ont aussi frappée. On nous a ensuite jetés dans un minibus qui était plein de gens complètement détruits comme nous. Le minibus est arrivé à un commissariat. On m’avait tellement frappé que je n’ai pas su où c’était.
Là-bas, on nous a alignés contre un mur. Je me suis mis à côté de mon copain. Ensuite, un agent bien costaud et habillé en civil est venu. Il prenait une personne sur deux, qu’il jetait dans un minibus en lui donnant des coups de pied. Depuis, je suis sans nouvelle de mon copain. Avec quelques dizaines d’autres, on nous a emmenés à KAHRIZAK.
Vous ne pouvez même pas imaginer, dans la chambre où ils nous ont emmenés, il y avait 200 personnes. Tous blessés et matraqués. On entendait des cris de douleur de partout. Je me demandais ce qu’ils allaient faire de nous là-bas. J’imaginais que le lendemain, ils allaient nous emmener dans un tribunal, une prison. Je pensais que n’importe où serait mieux que là-bas. Il n’y avait même pas de place pour s’asseoir. Il y avait du sang partout sur les murs et les portes.
Je pensais à mon copain. Parce que ce n’était pas un type qui pouvait supporter ce genre d’endroit. Dans cette pagaille, les gens qui étaient dans cette chambre se sont mis à pleurer et ont dit qu’une personne était morte. On entendait des bruits de l’autre côte de la chambre, mais peut-être que vous me croirez pas, nous étions restés collés les uns aux autres, incapables de bouger.
Les miliciens habillés en civils sont entrés. Ils ont cassé les ampoules et dans l’obscurité totale, se sont mis à frapper. Ils frappaient tout ce qui passait entre leurs mains. Ils ont frappé comme il faut pour une bonne demi-heure. Quelques uns sont tombés dans le coma à cause de la violence des coups. Peut-être même qu’ils sont morts. Ensuite ils ont allumés des lampes de poche qu’ils ont pointées sur nos visages et nous ont dit : "si vous faites le moindre bruit, on vous enfoncera ces matraques dans …". Je n’arrivais pas à croire. Je pensais que je vivais un cauchemar.
Sadegh qui était apparemment leur chef, a pris le cadavre de celui qui était mort, l’a mis contre le mur puis a éclairé son visage par sa lampe de poche et nous a dit : "Nous avons l’ordre de vous tuer. Vous faudrait pas mal de chance pour ne pas mourir comme ce fils de … (en regardant le cadavre). Vous ne ferez pas un bruit. On verra si vous êtes encore en vie demain et si vous n’êtes pas morts… ". "Vous êtes Moharebeh" (note du traducteur: de l’arabe, signifie littéralement "se battre". Dans la loi iranienne, signifie crime majeur commis contre l’Islam et l’Etat et passible de la peine capitale: la mort). "Vous savez ce que ça veut dire"? Il a pris le cou d’un jeune de 16-17 ans qui était en face de lui. "Dis leur ce que Moharebeh veut dire"! Le jeune a répondu qu’il ne savait pas. "Tu ne sais pas!? (insulte)". Il a commencé à le frapper. "Dis le, dis le, dis". Il l’a tellement frappé que le jeune s’est évanoui. "Ça veut dire diable, ça veut dire coupable". Il l’a tellement frappé que certains ont commencé à protester. Ils ont été aussi battus à mort.
Dans cette chambre, il y a eu au moins 4 morts dans la nuit.
Sadegh s’est mis à crier en disant qu’ici, il n’y avait pas de toilettes ou de brosses à dents. "Vous ferez tout ce que vous à faire ici même. Compris?".
Il n’y avait plus personne saine et sauve parmi nous. Tout le monde avait soit du sang coagulé sur le visage, comme moi, soit les yeux gonflés, comme moi. Beaucoup d’autres avaient les bras et jambes cassés. A cause de l’obscurité totale, je n’ai pas pu voir beaucoup de gens. Quand ils ouvraient la porte, la lumière faisait très mal aux yeux.
Le lendemain et les jours qui ont suivi étaient tellement affreux qu’il me faudrait beaucoup de temps pour tout raconter. Pour qu’on ne meurt pas de faim, tous les jours, je ne sais pas si c’était jour ou nuit d’ailleurs, on nous apportait un sac avec des restes de repas qu’on mangeait avec beaucoup d’appétit. Dans ce sac, il y avait des morceaux de pain, des légumes et du riz. Un détenu qui se disait docteur, un certain Zareh, était responsable de partager la nourriture. Je le reconnaissais et je reconnaissais beaucoup d’autres codétenus par leur voix seulement. Jusqu’au jour où Sadegh est venu nous apporter quelques ampoules et nous conduire vers le camp. Pour nous c’était une impression de liberté. Le ciel bleu et les rayons du soleil étaient nouveaux pour nous (en fait, je dois dire qu’il nous ont fait sortir pour qu’on ramasse les saletés qui s’étaient accumulées dans notre chambre).
Je m’excuse si j’écris ce genre de choses mais je suis certain que dans quelque temps, quand les autres prisonniers auront été libérés, en particulier du camp KAHRIZAK, ils pourront mieux vous expliquer. Je suis certain que KAHRIZAK, pour certains aspects, a été pire que Guantanamo ou Abu-Ghraib. Finalement, selon les subordonnés de Sadegh, nous étions les premiers à être expulsés du camp, sans passer par le juge, en raison du très grand nombre de détenus qui s’accumulaient. Ils nous ont menacés en disant que si nous parlions, ils nous tueraient. J’ai immédiatement pris contact avec ma famille hier à minuit avec le portable d’un passant et ils sont venus me chercher.
La liberté est très douce et agréable. Mais n’oubliez pas que plusieurs milliers de prisonniers sont toujours détenus dans des conditions atroces.
Je fournis les noms de personnes qui sont mortes pendant cette période, juste dans notre camp. J’ai appris par cœur ces noms. Enfin, j’ajoute que si ces monstres avaient emmené ces personnes à l’hôpital, peut-être qu’elles auraient pu rester en vie.
Mon Dieu, libère nous de ces gens
Je ne peux pas imaginer où j’étais il y a seulement 24 heures
Mon Dieu, sauve tous les Iraniens et tous ceux qui veulent la liberté
Enfin, je pense qu’avec tous les changements observés dans le camp de KAHRIZAK, le centre que le Guide (Khamenei) corrompu veut fermer est bien KAHRIZAK. Parce que beaucoup y sont morts.
Dans l’espoir de la libération de tous les prisonniers de KAHRIZAK
ps: une version en Anglais de ce texte est proposé ici
ps: le New York Times reperend de larges extraits de ce témoignage clé et de l'article de la Vague Verte de Liberté dans son édition du 29 Juillet:
... Questions about the prison abuse have gained more importance in recent days, not only because of the opposition’s public protests but also because the stories have multiplied. One young man posted an account on Tuesday of his ordeal at the Kahrizak camp, which was ordered closed on Monday by Ayatollah Khamenei.
Je ne sais pas par où commencer.
Vous m’excuserez si je fais plein de fautes d’orthographe et de grammaire pour décrire ce que j’ai vécu dans le camp de KAHRIZAK, le guantanamo d’Iran car je suis très pressé et je dois partir. Il est exactement 8h du matin du 6 Mordad (28 Juillet). Aujourd’hui à l’aube, avec quelques autres, j’ai été sauvé miraculeusement d’une mort certaine. Je viens de rentrer chez moi de l’hôpital. Je me suis précipité sur l’ordinateur pour créer ce blog.
J’ai été arrêté le 18 Tir (9 Juillet). J’ai 21 ans. A l’heure où j’écris ce texte, je ne crois toujours pas je suis libre. Le 18 Tir, j’étais avec un copain en moto. Il prenait un film avec son portable. Des miliciens habillés en civils nous ont pris et frappés. Une pauvre femme a essayé de venir nous sauver mais ils l’ont aussi frappée. On nous a ensuite jetés dans un minibus qui était plein de gens complètement détruits comme nous. Le minibus est arrivé à un commissariat. On m’avait tellement frappé que je n’ai pas su où c’était.
Là-bas, on nous a alignés contre un mur. Je me suis mis à côté de mon copain. Ensuite, un agent bien costaud et habillé en civil est venu. Il prenait une personne sur deux, qu’il jetait dans un minibus en lui donnant des coups de pied. Depuis, je suis sans nouvelle de mon copain. Avec quelques dizaines d’autres, on nous a emmenés à KAHRIZAK.
Vous ne pouvez même pas imaginer, dans la chambre où ils nous ont emmenés, il y avait 200 personnes. Tous blessés et matraqués. On entendait des cris de douleur de partout. Je me demandais ce qu’ils allaient faire de nous là-bas. J’imaginais que le lendemain, ils allaient nous emmener dans un tribunal, une prison. Je pensais que n’importe où serait mieux que là-bas. Il n’y avait même pas de place pour s’asseoir. Il y avait du sang partout sur les murs et les portes.
Je pensais à mon copain. Parce que ce n’était pas un type qui pouvait supporter ce genre d’endroit. Dans cette pagaille, les gens qui étaient dans cette chambre se sont mis à pleurer et ont dit qu’une personne était morte. On entendait des bruits de l’autre côte de la chambre, mais peut-être que vous me croirez pas, nous étions restés collés les uns aux autres, incapables de bouger.
Les miliciens habillés en civils sont entrés. Ils ont cassé les ampoules et dans l’obscurité totale, se sont mis à frapper. Ils frappaient tout ce qui passait entre leurs mains. Ils ont frappé comme il faut pour une bonne demi-heure. Quelques uns sont tombés dans le coma à cause de la violence des coups. Peut-être même qu’ils sont morts. Ensuite ils ont allumés des lampes de poche qu’ils ont pointées sur nos visages et nous ont dit : "si vous faites le moindre bruit, on vous enfoncera ces matraques dans …". Je n’arrivais pas à croire. Je pensais que je vivais un cauchemar.
Sadegh qui était apparemment leur chef, a pris le cadavre de celui qui était mort, l’a mis contre le mur puis a éclairé son visage par sa lampe de poche et nous a dit : "Nous avons l’ordre de vous tuer. Vous faudrait pas mal de chance pour ne pas mourir comme ce fils de … (en regardant le cadavre). Vous ne ferez pas un bruit. On verra si vous êtes encore en vie demain et si vous n’êtes pas morts… ". "Vous êtes Moharebeh" (note du traducteur: de l’arabe, signifie littéralement "se battre". Dans la loi iranienne, signifie crime majeur commis contre l’Islam et l’Etat et passible de la peine capitale: la mort). "Vous savez ce que ça veut dire"? Il a pris le cou d’un jeune de 16-17 ans qui était en face de lui. "Dis leur ce que Moharebeh veut dire"! Le jeune a répondu qu’il ne savait pas. "Tu ne sais pas!? (insulte)". Il a commencé à le frapper. "Dis le, dis le, dis". Il l’a tellement frappé que le jeune s’est évanoui. "Ça veut dire diable, ça veut dire coupable". Il l’a tellement frappé que certains ont commencé à protester. Ils ont été aussi battus à mort.
Dans cette chambre, il y a eu au moins 4 morts dans la nuit.
Sadegh s’est mis à crier en disant qu’ici, il n’y avait pas de toilettes ou de brosses à dents. "Vous ferez tout ce que vous à faire ici même. Compris?".
Il n’y avait plus personne saine et sauve parmi nous. Tout le monde avait soit du sang coagulé sur le visage, comme moi, soit les yeux gonflés, comme moi. Beaucoup d’autres avaient les bras et jambes cassés. A cause de l’obscurité totale, je n’ai pas pu voir beaucoup de gens. Quand ils ouvraient la porte, la lumière faisait très mal aux yeux.
Le lendemain et les jours qui ont suivi étaient tellement affreux qu’il me faudrait beaucoup de temps pour tout raconter. Pour qu’on ne meurt pas de faim, tous les jours, je ne sais pas si c’était jour ou nuit d’ailleurs, on nous apportait un sac avec des restes de repas qu’on mangeait avec beaucoup d’appétit. Dans ce sac, il y avait des morceaux de pain, des légumes et du riz. Un détenu qui se disait docteur, un certain Zareh, était responsable de partager la nourriture. Je le reconnaissais et je reconnaissais beaucoup d’autres codétenus par leur voix seulement. Jusqu’au jour où Sadegh est venu nous apporter quelques ampoules et nous conduire vers le camp. Pour nous c’était une impression de liberté. Le ciel bleu et les rayons du soleil étaient nouveaux pour nous (en fait, je dois dire qu’il nous ont fait sortir pour qu’on ramasse les saletés qui s’étaient accumulées dans notre chambre).
Je m’excuse si j’écris ce genre de choses mais je suis certain que dans quelque temps, quand les autres prisonniers auront été libérés, en particulier du camp KAHRIZAK, ils pourront mieux vous expliquer. Je suis certain que KAHRIZAK, pour certains aspects, a été pire que Guantanamo ou Abu-Ghraib. Finalement, selon les subordonnés de Sadegh, nous étions les premiers à être expulsés du camp, sans passer par le juge, en raison du très grand nombre de détenus qui s’accumulaient. Ils nous ont menacés en disant que si nous parlions, ils nous tueraient. J’ai immédiatement pris contact avec ma famille hier à minuit avec le portable d’un passant et ils sont venus me chercher.
La liberté est très douce et agréable. Mais n’oubliez pas que plusieurs milliers de prisonniers sont toujours détenus dans des conditions atroces.
Je fournis les noms de personnes qui sont mortes pendant cette période, juste dans notre camp. J’ai appris par cœur ces noms. Enfin, j’ajoute que si ces monstres avaient emmené ces personnes à l’hôpital, peut-être qu’elles auraient pu rester en vie.
- Hassan SHAPOURI (étudiant)
- Reza FATTAHI
- Milad … (nom de famille ? le garçon qui avait 16-17 ans, qui a été frappé par Sadegh le premier soir, il est tombé dans le coma, il a été emmené à l’extérieur. Le médecin codétenu disait qu’il saignait de la bouche et de l’oreille et qu’il était malheureusement mort)
- Morteza SALAHSHOUR
- Morad AGHASSI
- MOHSEN ENTEZAMI
Mon Dieu, libère nous de ces gens
Je ne peux pas imaginer où j’étais il y a seulement 24 heures
Mon Dieu, sauve tous les Iraniens et tous ceux qui veulent la liberté
Enfin, je pense qu’avec tous les changements observés dans le camp de KAHRIZAK, le centre que le Guide (Khamenei) corrompu veut fermer est bien KAHRIZAK. Parce que beaucoup y sont morts.
Dans l’espoir de la libération de tous les prisonniers de KAHRIZAK
ps: une version en Anglais de ce texte est proposé ici
ps: le New York Times reperend de larges extraits de ce témoignage clé et de l'article de la Vague Verte de Liberté dans son édition du 29 Juillet:
... Questions about the prison abuse have gained more importance in recent days, not only because of the opposition’s public protests but also because the stories have multiplied. One young man posted an account on Tuesday of his ordeal at the Kahrizak camp, which was ordered closed on Monday by Ayatollah Khamenei.
“We were all standing so close to each other that no one could move,” he wrote in a narrative posted online. “The plainclothes guards came into the room and broke all the light bulbs, and in the pitch dark started beating us, whoever they could.” By morning, at least four detainees were dead, he added.
In another account posted online, a former detainee describes being made to lie facedown on the floor of a police station bathroom, where an officer would step on his neck and force him to lick the toilet bowl as the officer cursed reformist politicians.
A woman described having her hair pulled as interrogators demanded that she confess to having sex with political figures. When she was finally released, she was forced — like many others — to sign a paper saying she had never been mistreated.Crime contre l’Humanité à KAHRIZAK (I)
Nous traduisons ici le reportage bouleversant paru ce matin sur le site d’information "Vague Verte de Liberté". Ce reportage décrit les exactions commises dans les centres de détention en Iran et apporte de nouvelles preuves accablantes de Crime contre l’Humanité en Iran.
Alors qu’il existe une très grande inquiétude concernant le sort des prisonniers et que des centres de détention illégaux sont approuvés par le Guide (Khamenei) lui-même, la Vague Verte de Liberté publie ce reportage bouleversant sur la base de témoignages récoltés auprès de personnes récemment libérées et d’autres sources. Ceci prouve la situation catastrophique et inhumaine des centres de détention qu’ils soient légaux ou illégaux.
Selon ce reportage, une femme vêtue de manteau islamique qui, dans son véhicule personnel, distribuait des CD de campagne présidentielle, a été identifiée et arrêtée à son domicile après l’élection. Elle a indiqué que durant sa détention, elle a été frappée à de très nombreuses reprises. Les interrogateurs n’arrêtaient pas de l’insulter, de l’humilier. Des hommes lui tiraient les cheveux et avec des contacts corporels permanents, ils la mettaient sous pression pour avouer qu’elle avait eu des liens inappropriés avec certains responsables politiques. Avant d’être libérée, cette femme a été obligée de signer un document précisant qu’elle avait été bien traitée et qu’elle (avait même été bien nourrie).
Dans un autre témoignage concernant une personne arrêtée lors de la première semaine suivant l’élection et libérée depuis, il est précisé que ce détenu ainsi que d’autres prisonniers avaient été violemment frappés à leur arrivée au commissariat. Ce détenu décrit par ailleurs l’un des actes de torture dégradante qu’il a subi: les détenus étaient plaqués contre le sol des toilettes du centre de détention et alors qu’un militaire appuyait avec son pied sur leur cou, ils étaient obligés de lécher les toilettes. Ce même détenu rapporte aussi qu’un soldat ayant refusé de commettre un tel acte a été frappé par son supérieur hiérarchique puis arrêté. Il précise aussi que depuis les premiers jours de son arrestation, tout en frappant les prisonniers, les tortionnaires n’arrêtaient pas d’insulter Hashemi (Rafsanjani), Khatami et Moussavi.
Un autre fait marquant qui a été rapporté dans les médias ces 2 derniers jours suite à la mort du fils d’un des responsables du 9ème gouvernement (note du traducteur : Mohsen Roohaolamini, lire ici), est la présence des cas de méningite parmi les prisonniers. Tout d’abord, le lieutenant Aalaï a révélé dans ses notes que le ministre de la santé a fait part d’une distribution massive, bien que tardive, de vaccins contre la méningite dans les prisons. Ensuite, c’est le directeur général des prisons gérées par le pouvoir judiciaire qui a confirmé que dans la seule prison d’Evine, 4000 détenus ont été vaccinés contre la méningite. Et enfin, le porte-parole du conseil national de sécurité a déclaré que Saeed Mortazavi (note du traducteur : le procureur général de Téhéran tristement spécialisé dans l’instruction des dossiers judiciaires concernant les prisonniers politiques) a confirmé lors d’une réunion du conseil que Mohamad Kamrani et Mohsen Roohaolamini sont décédés des suites de leur méningite.
A ce propos, dans un entretien accordé à notre agence, un médecin spécialiste qui a voulu garder l’anonymat, a demandé aux médias et aux députés d’exiger du ministre de la santé de prouver la véracité de cette affirmation en dévoilant le type de cette méningite. Ce médecin a aussi mis en garde sur le fait que si cette méningite est de type méningocoque, les autres prisonniers ainsi que la population risquent également d’être contaminés. Dans ce cas, il serait très urgent de démarrer une campagne de vaccination et de distribuer des médicaments à titre préventif.
Dans un autre témoignage concernant un jeune détenu récemment libéré, il est mentionné que son seul "délit" était son retour de Londres! Il est, à l’heure actuelle, dans un tel état psychologique que pour éviter qu’il se suicide, il est attaché à un lit à son domicile.
Mais les témoignages les plus bouleversants concernent le centre de détention illégal de Kahrizak. De très nombreux témoignages concordants, de sources fiables, décrivent un centre de détention où règne une atmosphère digne du Moyen Âge. Ce centre est directement dirigé par le Commandant Radan, le substitut du Commandant des Forces Armées Iraniennes.
Des témoins et des détenus libérés de Kahrizak, décrivent la situation dans ce centre de détention illégal: dans une cellule de 200 m (note du traducteur : m2 ?), dépourvue de tout système d’aération, plusieurs personnes visiblement droguées, sans aucun espoir de survie, les corps rongés par des vers, sont allongés sur le sol, et près d’eux, les prisonniers sont entassés. Les prisonniers sont une centaine environ. Ils ont été transférés dans ce milieu totalement insalubre où l’air est irrespirable. Les prisonniers font la queue pour respirer à tour de rôle un peu d’air frais qui passe sous la porte.
Tous les matins, le Commandant Radan vient contrôler le centre et se met à frapper et à torturer lui-même quelques prisonniers. Le meilleur outil de torture dans ses mains est un tube d'arrosage. Tous les matins, le bruit d’hélicoptère annonçant l’arrivée de Radan fait trembler tout le monde.
Un des détenus a perdu la vue suite aux nombreux coups de bâtons qu’il avait reçus sur la tête (note du traducteur : il s’agit très certainement d’Amir Javadi Langeroodi, car ce témoignage est concordant avec celui rapporté par Madyar, lire ici). Mais tout en connaissant son état de santé, les tortionnaires ne l’ont pas fait sortir ce de lieu infect. Deux jours avant leur libération, les détenus sont transférés à la prison d’Evine. Et la personne qui avait perdu la vue est morte sur les genoux d’un autre détenu dans le bus qui les transportait à Evine.
Une autre torture souvent utilisée à Kahrizak: mouiller les corps et ensuite les frapper avec des tubes d’arrosage et des câbles électriques pour qu’une très forte douleur soit ressentie.
Source: "Vague Verte de Liberté" :
http://www.mowjcamp.com/article/id/2014
Alors qu’il existe une très grande inquiétude concernant le sort des prisonniers et que des centres de détention illégaux sont approuvés par le Guide (Khamenei) lui-même, la Vague Verte de Liberté publie ce reportage bouleversant sur la base de témoignages récoltés auprès de personnes récemment libérées et d’autres sources. Ceci prouve la situation catastrophique et inhumaine des centres de détention qu’ils soient légaux ou illégaux.
Selon ce reportage, une femme vêtue de manteau islamique qui, dans son véhicule personnel, distribuait des CD de campagne présidentielle, a été identifiée et arrêtée à son domicile après l’élection. Elle a indiqué que durant sa détention, elle a été frappée à de très nombreuses reprises. Les interrogateurs n’arrêtaient pas de l’insulter, de l’humilier. Des hommes lui tiraient les cheveux et avec des contacts corporels permanents, ils la mettaient sous pression pour avouer qu’elle avait eu des liens inappropriés avec certains responsables politiques. Avant d’être libérée, cette femme a été obligée de signer un document précisant qu’elle avait été bien traitée et qu’elle (avait même été bien nourrie).
Dans un autre témoignage concernant une personne arrêtée lors de la première semaine suivant l’élection et libérée depuis, il est précisé que ce détenu ainsi que d’autres prisonniers avaient été violemment frappés à leur arrivée au commissariat. Ce détenu décrit par ailleurs l’un des actes de torture dégradante qu’il a subi: les détenus étaient plaqués contre le sol des toilettes du centre de détention et alors qu’un militaire appuyait avec son pied sur leur cou, ils étaient obligés de lécher les toilettes. Ce même détenu rapporte aussi qu’un soldat ayant refusé de commettre un tel acte a été frappé par son supérieur hiérarchique puis arrêté. Il précise aussi que depuis les premiers jours de son arrestation, tout en frappant les prisonniers, les tortionnaires n’arrêtaient pas d’insulter Hashemi (Rafsanjani), Khatami et Moussavi.
Un autre fait marquant qui a été rapporté dans les médias ces 2 derniers jours suite à la mort du fils d’un des responsables du 9ème gouvernement (note du traducteur : Mohsen Roohaolamini, lire ici), est la présence des cas de méningite parmi les prisonniers. Tout d’abord, le lieutenant Aalaï a révélé dans ses notes que le ministre de la santé a fait part d’une distribution massive, bien que tardive, de vaccins contre la méningite dans les prisons. Ensuite, c’est le directeur général des prisons gérées par le pouvoir judiciaire qui a confirmé que dans la seule prison d’Evine, 4000 détenus ont été vaccinés contre la méningite. Et enfin, le porte-parole du conseil national de sécurité a déclaré que Saeed Mortazavi (note du traducteur : le procureur général de Téhéran tristement spécialisé dans l’instruction des dossiers judiciaires concernant les prisonniers politiques) a confirmé lors d’une réunion du conseil que Mohamad Kamrani et Mohsen Roohaolamini sont décédés des suites de leur méningite.
A ce propos, dans un entretien accordé à notre agence, un médecin spécialiste qui a voulu garder l’anonymat, a demandé aux médias et aux députés d’exiger du ministre de la santé de prouver la véracité de cette affirmation en dévoilant le type de cette méningite. Ce médecin a aussi mis en garde sur le fait que si cette méningite est de type méningocoque, les autres prisonniers ainsi que la population risquent également d’être contaminés. Dans ce cas, il serait très urgent de démarrer une campagne de vaccination et de distribuer des médicaments à titre préventif.
Dans un autre témoignage concernant un jeune détenu récemment libéré, il est mentionné que son seul "délit" était son retour de Londres! Il est, à l’heure actuelle, dans un tel état psychologique que pour éviter qu’il se suicide, il est attaché à un lit à son domicile.
Mais les témoignages les plus bouleversants concernent le centre de détention illégal de Kahrizak. De très nombreux témoignages concordants, de sources fiables, décrivent un centre de détention où règne une atmosphère digne du Moyen Âge. Ce centre est directement dirigé par le Commandant Radan, le substitut du Commandant des Forces Armées Iraniennes.
Des témoins et des détenus libérés de Kahrizak, décrivent la situation dans ce centre de détention illégal: dans une cellule de 200 m (note du traducteur : m2 ?), dépourvue de tout système d’aération, plusieurs personnes visiblement droguées, sans aucun espoir de survie, les corps rongés par des vers, sont allongés sur le sol, et près d’eux, les prisonniers sont entassés. Les prisonniers sont une centaine environ. Ils ont été transférés dans ce milieu totalement insalubre où l’air est irrespirable. Les prisonniers font la queue pour respirer à tour de rôle un peu d’air frais qui passe sous la porte.
Tous les matins, le Commandant Radan vient contrôler le centre et se met à frapper et à torturer lui-même quelques prisonniers. Le meilleur outil de torture dans ses mains est un tube d'arrosage. Tous les matins, le bruit d’hélicoptère annonçant l’arrivée de Radan fait trembler tout le monde.
Un des détenus a perdu la vue suite aux nombreux coups de bâtons qu’il avait reçus sur la tête (note du traducteur : il s’agit très certainement d’Amir Javadi Langeroodi, car ce témoignage est concordant avec celui rapporté par Madyar, lire ici). Mais tout en connaissant son état de santé, les tortionnaires ne l’ont pas fait sortir ce de lieu infect. Deux jours avant leur libération, les détenus sont transférés à la prison d’Evine. Et la personne qui avait perdu la vue est morte sur les genoux d’un autre détenu dans le bus qui les transportait à Evine.
Une autre torture souvent utilisée à Kahrizak: mouiller les corps et ensuite les frapper avec des tubes d’arrosage et des câbles électriques pour qu’une très forte douleur soit ressentie.
Source: "Vague Verte de Liberté" :
http://www.mowjcamp.com/article/id/2014
Le Directeur Général des Prisons de Téhéran parle ...
Chaque mot prononcé par ce Directeur Général des Prisons de Téhéran est un pur mensonge (document traduit ci-dessous). Comment un être humain peut-il mentir avec une telle arrogance et une telle cruauté? "Nous sommes des êtres humains et nous gardons des êtres humains", dit-il. Mais alors pourquoi tant de morts? Pourquoi ces souffrances infinies, ces visages déformés, ces corps mutilés? Pourquoi tant de familles dévastées, de vies brisées? Mais au nom de quelle idéologie, de quel Dieu, de quelle religion ces barbares se permettent-ils de tels actes?
Le monde entier connaît les exactions commises sur les prisonniers en Iran. Ces derniers meurent sous la torture pour s’être opposés à la dictature religieuse. Ils ne reçoivent pas les soins nécessaires pour éviter que leurs blessures ne deviennent fatales.
Nous réclamons la constitution d’un Tribunal Pénal International pour l’Iran. Ces crimes ne peuvent rester impunis. Pour nous Iraniens, car nous le devons à la mémoire de nos martyrs et à l’avenir de nos enfants. Pour la communauté internationale, pour qu’une telle dictature religieuse ne voit plus jamais le jour.
En tant qu'êtres humains, nous avons l’obligation de témoigner et d’agir.
Sohrab SOLEIMANI, le Directeur Général des Prisons de Téhéran, a affirmé à l’agence de presse ISNA que toutes les personnes de la prison d’Evine ont été vaccinées contre la méningite suite aux décès de Mohsen Rooholamini et de Mohamad Kamrani.
Il a ensuite donné des précisions sur la prise en charge des détenus arrêtés suite aux récentes manifestations :
Concernant les personnalités politiques et le fait qu’ils n’ont pas pu prendre contact avec leurs familles : Sur l’ordre des instances judiciaires et de l’organisme ayant procédé à l’arrestation, certains détenus peuvent être interdits de visites. Ces détenus n’ont pas le droit de prendre contact avec l’extérieur. Il ne s’agit en aucun cas d’un manque de moyens. Même les détenus qui, sur l’ordre des instances judiciaires, sont interdits de visites ont accès aux services sanitaires, thérapeutiques et judiciaires. Ils sont pris en charge dans les meilleures conditions. Mais pour la communication avec l’extérieur, nous devons suivre l’ordre du pouvoir judiciaire.
Concernant la forte densité de détenus dans les prisons: Nos chambres sont des "suites" et il n’y a pas d’isolement de prisonniers. Il est possible qu’à certains endroits, la densité des prisonniers augmente pour 2 ou 3 heures. Lors de ces événements, nous avons très vite réorganisé la prison pour libérer de la place et éviter tout problème.
Les juges en charge de superviser la prison et même les juges prononçant les peines de prison sont présents pour effectuer des contrôles. Leurs efforts visent à constituer et compléter les dossiers avant de les transmettre au pouvoir judiciaire. Nous avons d’ailleurs observé lors des récents événements que 25-26 juges étaient présents en permanence pour éviter toute attente, pour pouvoir libérer dans les plus brefs délais ceux qui peuvent l’être. A l’heure actuelle, ils font leur maximum pour instruire les dossiers et les transmettre au juge pour une prise de décision rapide.
Concernant les décès de Mohsen Rooholamini et de Mohamad Kamrani (lire aussi ici):
Concernant l’état de santé de Said Hajarian : Nous avons mis à sa disposition des moyens thérapeutiques de très bonne qualité et s’il y a un problème, nous nous en occuperons immédiatement en fournissant les soins et les traitements appropriés. Il reçoit actuellement les soins nécessaires.
A propos de la rumeur d’injection d’un produit aux prisonniers lors des interrogatoires et qui pourrait avoir des conséquences cardiaques et cérébrales graves : Malheureusement on entend beaucoup parler de ce genre de chose pas les contre-révolutionnaires et les opposants au régime. Du moins dans un endroit dont j’ai la responsabilité, une telle chose est impossible. Nous sommes des être humains et nous gardons des être humains.
Concernant la distribution de médicaments pour éviter la propagation de maladies transmissibles en prison : Nous avons les moyens qu’il faut mais nous demandons aussi de l’aide. L’université est notre meilleure aide et les soins peuvent être dispensés quasiment instantanément.
Source: http://isna.ir/ISNA/NewsView.aspx?ID=News-1376342&Lang=P
Le monde entier connaît les exactions commises sur les prisonniers en Iran. Ces derniers meurent sous la torture pour s’être opposés à la dictature religieuse. Ils ne reçoivent pas les soins nécessaires pour éviter que leurs blessures ne deviennent fatales.
Nous réclamons la constitution d’un Tribunal Pénal International pour l’Iran. Ces crimes ne peuvent rester impunis. Pour nous Iraniens, car nous le devons à la mémoire de nos martyrs et à l’avenir de nos enfants. Pour la communauté internationale, pour qu’une telle dictature religieuse ne voit plus jamais le jour.
En tant qu'êtres humains, nous avons l’obligation de témoigner et d’agir.
Sohrab SOLEIMANI, le Directeur Général des Prisons de Téhéran, a affirmé à l’agence de presse ISNA que toutes les personnes de la prison d’Evine ont été vaccinées contre la méningite suite aux décès de Mohsen Rooholamini et de Mohamad Kamrani.
Il a ensuite donné des précisions sur la prise en charge des détenus arrêtés suite aux récentes manifestations :
- En général, les détenus nous sont livrés par les organes miliaires et de sécurité sur mandat du pouvoir judiciaire.
- Dans cette prison, il n’y a pas de place pour des actes contraires aux règles administratives et aux principes humanistes et éthiques. Je ne pense pas que quelqu’un puisse prétendre que ces personnes ont subi des actes de violence dans l'enceinte de cette prison.
- La première chose que nous faisons à l’arrivée d’un nouveau détenu, est de le placer dans un corridor sanitaire pour recevoir des soins et connaître les règles de l’hygiène avant l’examen médical. D’autres soins peuvent être dispensés à l’intérieur de la prison.
- Ceux qui ne sont pas interdits de visites, peuvent contacter leur famille dès leur arrivée dans l’enceinte de la prison.
Concernant les personnalités politiques et le fait qu’ils n’ont pas pu prendre contact avec leurs familles : Sur l’ordre des instances judiciaires et de l’organisme ayant procédé à l’arrestation, certains détenus peuvent être interdits de visites. Ces détenus n’ont pas le droit de prendre contact avec l’extérieur. Il ne s’agit en aucun cas d’un manque de moyens. Même les détenus qui, sur l’ordre des instances judiciaires, sont interdits de visites ont accès aux services sanitaires, thérapeutiques et judiciaires. Ils sont pris en charge dans les meilleures conditions. Mais pour la communication avec l’extérieur, nous devons suivre l’ordre du pouvoir judiciaire.
Concernant la forte densité de détenus dans les prisons: Nos chambres sont des "suites" et il n’y a pas d’isolement de prisonniers. Il est possible qu’à certains endroits, la densité des prisonniers augmente pour 2 ou 3 heures. Lors de ces événements, nous avons très vite réorganisé la prison pour libérer de la place et éviter tout problème.
Les juges en charge de superviser la prison et même les juges prononçant les peines de prison sont présents pour effectuer des contrôles. Leurs efforts visent à constituer et compléter les dossiers avant de les transmettre au pouvoir judiciaire. Nous avons d’ailleurs observé lors des récents événements que 25-26 juges étaient présents en permanence pour éviter toute attente, pour pouvoir libérer dans les plus brefs délais ceux qui peuvent l’être. A l’heure actuelle, ils font leur maximum pour instruire les dossiers et les transmettre au juge pour une prise de décision rapide.
Concernant les décès de Mohsen Rooholamini et de Mohamad Kamrani (lire aussi ici):
- Rooholamini n’avait pas été transféré à la prison d’Evine et il était atteint de méningite avant d’être transféré à Evine. Rooholamini et Kamrani faisaient partie d’un groupe de détenus qui devaient être transférés à Evine.
- Sur le chemin, Rooholamini a fait un malaise dans le véhicule qui le transportait. Les agents de sécurité l’ont transféré à l’hôpital.
- Monsieur Kamrani a fait un malaise en prison 2 ou 3 heures après Rooholamini.
- Mohamad Kamrani n’avait pas de problème particulier visible à son arrivée à la prison d’Evine vers 17h. C’est en faisant la queue à l’entrée de la prison qu’il a fait un malaise. Il a été très rapidement transféré à l’hôpital. Là-bas, les médecins ont décidé de le transférer à l’Hôpital Loghmaan et avant son décès, sa lettre de libération était prête. Il a été transféré à sa famille dans la nuit alors qu’il était toujours en vie. Il est décédé le lendemain et tous les médecins de l’hôpital et de la médecine légale ont confirmé qu’il était atteint de méningite.
Concernant l’état de santé de Said Hajarian : Nous avons mis à sa disposition des moyens thérapeutiques de très bonne qualité et s’il y a un problème, nous nous en occuperons immédiatement en fournissant les soins et les traitements appropriés. Il reçoit actuellement les soins nécessaires.
A propos de la rumeur d’injection d’un produit aux prisonniers lors des interrogatoires et qui pourrait avoir des conséquences cardiaques et cérébrales graves : Malheureusement on entend beaucoup parler de ce genre de chose pas les contre-révolutionnaires et les opposants au régime. Du moins dans un endroit dont j’ai la responsabilité, une telle chose est impossible. Nous sommes des être humains et nous gardons des être humains.
Concernant la distribution de médicaments pour éviter la propagation de maladies transmissibles en prison : Nous avons les moyens qu’il faut mais nous demandons aussi de l’aide. L’université est notre meilleure aide et les soins peuvent être dispensés quasiment instantanément.
Source: http://isna.ir/ISNA/NewsView.aspx?ID=News-1376342&Lang=P
lundi 27 juillet 2009
L’impossible gouvernement Ahmadinejad II !
Tout ça, pour ça ?
Hier, le président "élu" de la "République" Islamique d’Iran a remercié en un seul jour deux ministres clés de son gouvernement! Ainsi, à peine quelques semaines après son inoubliable "réélection" et à quelques jours seulement de son inauguration, il a réalisé l’exploit inouï d’ouvrir un nouveau front de contestation enflammée contre sa personne, en s’opposant cette fois à son propre camp, celui du Guide Khamenei et des ultra-conservateurs! Un camp qui lui a voué une fidélité sans faille pendant son premier mandat, un camp qui a voulu le maintenir au pouvoir coûte que coûte contre la volonté du peuple, un camp qui a approuvé et orchestré la fraude électorale massive et n’a pas hésité à recourir à la force pour réprimer les revendications légitimes du peuple iranien dans le sang.
Les protagonistes de ce camp des ténèbres doivent se demander aujourd’hui "mais à quoi bon tous ces efforts et ces prises de risques existentielles pour le régime pour avoir à soutenir en fin de compte un président littéralement détesté et polarisateur à l’extrême, même au sein de son propre camp"?
Pour contrer la révolte populaire la plus importante que la République Islamique ait connue depuis 30 ans, le camp ultra-conservateur aurait certainement souhaité un leader plus consensuel et un front plus uni. Mais à présent, le clivage et la haine entre les différentes factions conservatrices au sommet de l’Etat sont tels que c’est bien tout l’édifice de la République Islamique qui est sur le point de s’écrouler.
A quoi joue Mahmoud Ahmadinejad?
Qu’ils soient forcés de démissionner ou qu’ils soient partis de leur plein gré en courant, ces ministres ont été néanmoins des figures emblématiques de l’ultra-conservatisme du premier gouvernement Ahmadinejad. Très proches du Guide Khamenei, ils ont été écartés suite à leur opposition farouche au choix d’Ahmadinejad pour le poste du premier vice président en la personne d’Esfandiar Rahim Mashaei.
Le Ministre des Renseignements et de la Sécurité, le terrible Gholamhossein Mohseni-Ejei, le boucher de Téhéran, a été forcé à la démission après une altercation verbale avec Ahmadinejad lors du conseil des ministres du mercredi 22 Juillet. Il est important de noter que ce poste de ministre doit être occupé, d’après la Constitution, par un religieux et que le choix du ministre fait partie des prérogatives du Guide Khamenei.
Le Ministre de la Culture et de l'Orientation Islamique, Mohammad-Hossein Saffar-Harandi a présenté sa démission dans une lettre explosive rendue publique le Dimanche 26 Juillet, dans laquelle il précisait que sa décision, avec effet immédiat, faisait suite aux instructions "verbales" d’Ahmadinejad précisant qu’il était "viré".
Les décisions d’Ahmadinejad ont immédiatement entraîné une levée de boucliers de la part des députés ultra-conservateurs qui lui ont immédiatement rappelé que la Constitution exigeait un vote de confiance si le remaniement devait concerner plus de la moitié des ministres (sur toute la période de la 9ème présidence, ce serait effectivement le cas avec ces 2 nouveaux départs). Sous le feu des critiques et pour la deuxième fois en une semaine, Ahmadinejad semble faire marche arrière. Certains ministres remerciés pourraient revenir par miracle, d’autres "démissions" pourraient ne pas être acceptées, etc.
Véritablement humilié dans l’histoire de nomination d’Esfandiar Rahim Mashaei au poste du premier vice président, Ahmadinejad a voulu faire une démonstration de force en renvoyant les ministres contestataires pour dire qu’il existait toujours politiquement. Il vient aussi de renommer Rahim Mashaei au poste sensible du directeur de cabinet de la présidence.
Même si les tractations internes et les ordres de Khamenei parviennent à recoller les morceaux pour sauver l’apparence, cette cacophonie laissera très certainement des traces. Ahmadinejad semble être dans une position de plus en plus intenable. Même s’il est effectivement proclamé président dans quelques jours, il lui sera extrêmement difficile de gouverner.
La Marée Verte lui promet d'ores et déjà une "célébration" grandiose pour sa "fête" d’inauguration. Plusieurs appels à manifestation ont été lancés pour rappeler au monde entier que ce président et son gouvernement sont illégitimes car issus d’élections frauduleuses. Nous y reviendrons sur ce blog.
Hier, le président "élu" de la "République" Islamique d’Iran a remercié en un seul jour deux ministres clés de son gouvernement! Ainsi, à peine quelques semaines après son inoubliable "réélection" et à quelques jours seulement de son inauguration, il a réalisé l’exploit inouï d’ouvrir un nouveau front de contestation enflammée contre sa personne, en s’opposant cette fois à son propre camp, celui du Guide Khamenei et des ultra-conservateurs! Un camp qui lui a voué une fidélité sans faille pendant son premier mandat, un camp qui a voulu le maintenir au pouvoir coûte que coûte contre la volonté du peuple, un camp qui a approuvé et orchestré la fraude électorale massive et n’a pas hésité à recourir à la force pour réprimer les revendications légitimes du peuple iranien dans le sang.
Les protagonistes de ce camp des ténèbres doivent se demander aujourd’hui "mais à quoi bon tous ces efforts et ces prises de risques existentielles pour le régime pour avoir à soutenir en fin de compte un président littéralement détesté et polarisateur à l’extrême, même au sein de son propre camp"?
Pour contrer la révolte populaire la plus importante que la République Islamique ait connue depuis 30 ans, le camp ultra-conservateur aurait certainement souhaité un leader plus consensuel et un front plus uni. Mais à présent, le clivage et la haine entre les différentes factions conservatrices au sommet de l’Etat sont tels que c’est bien tout l’édifice de la République Islamique qui est sur le point de s’écrouler.
A quoi joue Mahmoud Ahmadinejad?
Qu’ils soient forcés de démissionner ou qu’ils soient partis de leur plein gré en courant, ces ministres ont été néanmoins des figures emblématiques de l’ultra-conservatisme du premier gouvernement Ahmadinejad. Très proches du Guide Khamenei, ils ont été écartés suite à leur opposition farouche au choix d’Ahmadinejad pour le poste du premier vice président en la personne d’Esfandiar Rahim Mashaei.
Le Ministre des Renseignements et de la Sécurité, le terrible Gholamhossein Mohseni-Ejei, le boucher de Téhéran, a été forcé à la démission après une altercation verbale avec Ahmadinejad lors du conseil des ministres du mercredi 22 Juillet. Il est important de noter que ce poste de ministre doit être occupé, d’après la Constitution, par un religieux et que le choix du ministre fait partie des prérogatives du Guide Khamenei.
Le Ministre de la Culture et de l'Orientation Islamique, Mohammad-Hossein Saffar-Harandi a présenté sa démission dans une lettre explosive rendue publique le Dimanche 26 Juillet, dans laquelle il précisait que sa décision, avec effet immédiat, faisait suite aux instructions "verbales" d’Ahmadinejad précisant qu’il était "viré".
Les décisions d’Ahmadinejad ont immédiatement entraîné une levée de boucliers de la part des députés ultra-conservateurs qui lui ont immédiatement rappelé que la Constitution exigeait un vote de confiance si le remaniement devait concerner plus de la moitié des ministres (sur toute la période de la 9ème présidence, ce serait effectivement le cas avec ces 2 nouveaux départs). Sous le feu des critiques et pour la deuxième fois en une semaine, Ahmadinejad semble faire marche arrière. Certains ministres remerciés pourraient revenir par miracle, d’autres "démissions" pourraient ne pas être acceptées, etc.
Véritablement humilié dans l’histoire de nomination d’Esfandiar Rahim Mashaei au poste du premier vice président, Ahmadinejad a voulu faire une démonstration de force en renvoyant les ministres contestataires pour dire qu’il existait toujours politiquement. Il vient aussi de renommer Rahim Mashaei au poste sensible du directeur de cabinet de la présidence.
Même si les tractations internes et les ordres de Khamenei parviennent à recoller les morceaux pour sauver l’apparence, cette cacophonie laissera très certainement des traces. Ahmadinejad semble être dans une position de plus en plus intenable. Même s’il est effectivement proclamé président dans quelques jours, il lui sera extrêmement difficile de gouverner.
La Marée Verte lui promet d'ores et déjà une "célébration" grandiose pour sa "fête" d’inauguration. Plusieurs appels à manifestation ont été lancés pour rappeler au monde entier que ce président et son gouvernement sont illégitimes car issus d’élections frauduleuses. Nous y reviendrons sur ce blog.
Amir JAVADI LANGEROODI, nouveau martyr pour la liberté
Texte disponible en Français et en Anglais (voir ci-dessous)
Text available in French and English (see below)
[Cher MADYAR, avec ta permission, nous traduisons le message que tu viens de publier sur ton blog au sujet d’Amir Javadi Langeroodi. Toutes nos pensées vont à Amir, à ses proches et aux autres martyrs tombés pour la liberté.]
MADYAR : Lorsque ce matin, j’ai écrit la nouvelle de la mort d’Amir Javadi, j’espérais que ce n’était pas vrai. Mais malheureusement, c’était vrai. Nous voici à nouveau seuls, avec un chagrin de plus, un meurtre de plus et toujours les mêmes geôliers. J’ai reçu un nouvel email fournissant plus d’informations sur les circonstances de la mort d’Amir Javadi. Je le reproduis ici intégralement.
Les circonstances de la mort de ce jeune homme, beau et épanoui, m’ont été racontées par l’un de mes proches qui était témoin des derniers jours de sa vie. Depuis cet instant, palpitations, chagrin et angoisse ne me quittent plus. Visiblement, pendant les émeutes, il avait reçu beaucoup de coups sur la tête et le visage, de telle sorte qu’il perdait progressivement la vue. Il avait aussi reçu des coups très violents sur les côtes, ce qui a dû causer une hémorragie interne, au niveau pulmonaire je pense, et finalement sa mort.
On m’a dit que lorsqu’Amir était transporté dans cet état avec les autres détenus à Kahrizak, les autres prisonniers ont essayé de faire de leur mieux pour l’aider et le soulager avec le peu de moyens qu’ils avaient. Et Amir aussi, les soirs, pour remercier ses codétenus, dans l’état qui était le sien, leur portait de l’eau et faisait du courant pour que les autres aient moins chaud (j’ai été très touché d’entendre cette histoire). Et finalement, le jour où les détenus devaient être transportés de Kahrizak à la prison d’Evine, dans cet espace étroit du véhicule avec son atmosphère étouffante où l’air était irrespirable, il est pris de convulsions et a peu à peu arrêté de respirer. Les agents se sont dépêchés de le sortir du véhicule pour l’emmener ailleurs. Je suis désolé et du plus profond de mon du cœur, je prie pour que ses meurtriers et ce "Guide" (Khamenei) criminel et tyrannique (payent pour les actes qu’ils ont commis).
Ultime photo d'Amir - Amir's last photo
English version
Amir JAVADI LANGEROODI, another martyr for freedom
[Dear Madyar, with your permission, we are translating the message you have just published on your blog about Amir Javadi Langeroodi. All our thoughts go to Amir, his family and friends and to the other martyrs who have died for freedom.]
MADYAR When I wrote the news of Amir Javadi this morning, I was hoping that it wasn’t true. But unfortunately it was. So here we are alone again, with one more reason to grieve, one more murder, and the jailers are still there. I received an email giving more details about Amir Javadi’s death. I have reproduced it in full below.
The circumstances of the death of this handsome, radiant young man was told me by someone close to him who witnessed the final days of his life. From that moment, palpitations, grief and anguish have not left me for a second. Visibly, during the riots, he had received heavy blows to his head and face, so that he was gradually losing his sight. He had also been violently beaten on his ribs, which must have caused internal bleeding, in his lungs I think, and finally his death.
I was told that when Amir was transported in this state, along with the other detainees, to Kahrizak, the other prisoners did all they could to help him and bring him relief with the meagre means they had. And Amir too, in the evenings, to thank his fellow detainees and despite his condition, brought them water and wafted the air so that the others would suffer less from the heat (I was very moved on hearing this story). Then finally, the day the detainees were transported from Kahrizak to Evin prison, in the cramped space of the van with its suffocating atmosphere in which one could hardly breathe, he began to convulse and little by little stopped breathing. The officers quickly got him out of the van to take him somewhere else. I am devastated and from the bottom of my heart, I pray that his murderers and this criminal, tyrannical “Leader” (Khamenei) (pay for the acts they have committed).
Text available in French and English (see below)
[Cher MADYAR, avec ta permission, nous traduisons le message que tu viens de publier sur ton blog au sujet d’Amir Javadi Langeroodi. Toutes nos pensées vont à Amir, à ses proches et aux autres martyrs tombés pour la liberté.]
MADYAR : Lorsque ce matin, j’ai écrit la nouvelle de la mort d’Amir Javadi, j’espérais que ce n’était pas vrai. Mais malheureusement, c’était vrai. Nous voici à nouveau seuls, avec un chagrin de plus, un meurtre de plus et toujours les mêmes geôliers. J’ai reçu un nouvel email fournissant plus d’informations sur les circonstances de la mort d’Amir Javadi. Je le reproduis ici intégralement.
Les circonstances de la mort de ce jeune homme, beau et épanoui, m’ont été racontées par l’un de mes proches qui était témoin des derniers jours de sa vie. Depuis cet instant, palpitations, chagrin et angoisse ne me quittent plus. Visiblement, pendant les émeutes, il avait reçu beaucoup de coups sur la tête et le visage, de telle sorte qu’il perdait progressivement la vue. Il avait aussi reçu des coups très violents sur les côtes, ce qui a dû causer une hémorragie interne, au niveau pulmonaire je pense, et finalement sa mort.
On m’a dit que lorsqu’Amir était transporté dans cet état avec les autres détenus à Kahrizak, les autres prisonniers ont essayé de faire de leur mieux pour l’aider et le soulager avec le peu de moyens qu’ils avaient. Et Amir aussi, les soirs, pour remercier ses codétenus, dans l’état qui était le sien, leur portait de l’eau et faisait du courant pour que les autres aient moins chaud (j’ai été très touché d’entendre cette histoire). Et finalement, le jour où les détenus devaient être transportés de Kahrizak à la prison d’Evine, dans cet espace étroit du véhicule avec son atmosphère étouffante où l’air était irrespirable, il est pris de convulsions et a peu à peu arrêté de respirer. Les agents se sont dépêchés de le sortir du véhicule pour l’emmener ailleurs. Je suis désolé et du plus profond de mon du cœur, je prie pour que ses meurtriers et ce "Guide" (Khamenei) criminel et tyrannique (payent pour les actes qu’ils ont commis).
Ultime photo d'Amir - Amir's last photo
English version
Amir JAVADI LANGEROODI, another martyr for freedom
[Dear Madyar, with your permission, we are translating the message you have just published on your blog about Amir Javadi Langeroodi. All our thoughts go to Amir, his family and friends and to the other martyrs who have died for freedom.]
MADYAR When I wrote the news of Amir Javadi this morning, I was hoping that it wasn’t true. But unfortunately it was. So here we are alone again, with one more reason to grieve, one more murder, and the jailers are still there. I received an email giving more details about Amir Javadi’s death. I have reproduced it in full below.
The circumstances of the death of this handsome, radiant young man was told me by someone close to him who witnessed the final days of his life. From that moment, palpitations, grief and anguish have not left me for a second. Visibly, during the riots, he had received heavy blows to his head and face, so that he was gradually losing his sight. He had also been violently beaten on his ribs, which must have caused internal bleeding, in his lungs I think, and finally his death.
I was told that when Amir was transported in this state, along with the other detainees, to Kahrizak, the other prisoners did all they could to help him and bring him relief with the meagre means they had. And Amir too, in the evenings, to thank his fellow detainees and despite his condition, brought them water and wafted the air so that the others would suffer less from the heat (I was very moved on hearing this story). Then finally, the day the detainees were transported from Kahrizak to Evin prison, in the cramped space of the van with its suffocating atmosphere in which one could hardly breathe, he began to convulse and little by little stopped breathing. The officers quickly got him out of the van to take him somewhere else. I am devastated and from the bottom of my heart, I pray that his murderers and this criminal, tyrannical “Leader” (Khamenei) (pay for the acts they have committed).
dimanche 26 juillet 2009
Sur la tombe du grand poète Ahmad Shamloo
Sur la tombe d'Ahmad Shamloo (1925 - 24 Juillet 2000) les gens commémorent le souvenir de ce très grand poète contemporain et amoureux de liberté et d'amour. Avec le chant magnifique "Yaar-e Dabestaani-e Man" ("mon ami écolier"), ils transforment le souvenir de Shamloo en un puissant acte de protestation contre le régime tyrannique des mollahs! (Ce vidéo date du vendredi 24 Juillet 2009, avant hier).
Nous n'avons pas fini d'entendre les manifestants chanter "Yaar-e Dabestaani-e Man". Avec l'hymne national "Ey Iran", c'est le chant que les Iraniens entonneront sur la Place de la Liberté ("Azadi") le jour de la Victoire.
Une traduction en Anglais de "Yaar-e Dabestaani-e Man" est disponible ici. Nous traduirons ce chant magnifique en Français très prochainement.
(vidéo/début du chant à 1min12s)
ps: pour plus d'information sur Ahmad Shamloo
http://www.shamlu.com/
http://en.wikipedia.org/wiki/Ahmad_Shamlou
Nous n'avons pas fini d'entendre les manifestants chanter "Yaar-e Dabestaani-e Man". Avec l'hymne national "Ey Iran", c'est le chant que les Iraniens entonneront sur la Place de la Liberté ("Azadi") le jour de la Victoire.
Une traduction en Anglais de "Yaar-e Dabestaani-e Man" est disponible ici. Nous traduirons ce chant magnifique en Français très prochainement.
(vidéo/début du chant à 1min12s)
ps: pour plus d'information sur Ahmad Shamloo
http://www.shamlu.com/
http://en.wikipedia.org/wiki/Ahmad_Shamlou
Concert de U2: du VERT partout!
Magnifique concert de U2 à Dublin (24 Juillet), ville verte par excellence!
samedi 25 juillet 2009
Photos de la manifestation à Paris (25 Juillet 2009)
Photos de la manifestation à Paris en solidarité avec le peuple Iranien
(25 Juillet 2009, http://united4iran.org/ - http://www.whereismyvote.fr/)
(25 Juillet 2009, http://united4iran.org/ - http://www.whereismyvote.fr/)
Journée Mondiale de Solidarité avec le Peuple Iranien (25 Juillet 2009)
Les IRANIENS ont besoin de VOUS dans leur lutte pour la LIBERTÉ et contre la BARBARIE.
Par leur courage et leur détermination, ils sont sur le point de renverser l'une des dictatures les plus terribles de ces 100 dernières années.
C'est la toute première fois qu'un tel mouvement de sympathie et de solidarité s'exprime à travers le Monde entier.
Les IRANIENS sont fiers d'avoir le Monde entier avec eux.
Nos valeurs sont communes. Elles sont universelles. Respect de l'homme et de sa Dignité, Respect des Diversités, Progrès et Amour de la Vie.
Personne ne pourra plus nous dévier de notre chemin. Personne ne pourra plus tracer notre destin.
Ce Samedi 25 Juillet 2009, montrez aux criminels de Téhéran que l'heure du changement est arrivée. Que le Monde les désapprouve. Qu'il ne tolère plus cette dictature religieuse d'un autre âge.
Venez vous joindre à nous dans cette lutte historique. Venez célébrer la LIBERTÉ et la DÉMOCRATIE!
Les manifestions à travers le monde
http://united4iran.org/
http://united4iran.org/locations
Par leur courage et leur détermination, ils sont sur le point de renverser l'une des dictatures les plus terribles de ces 100 dernières années.
C'est la toute première fois qu'un tel mouvement de sympathie et de solidarité s'exprime à travers le Monde entier.
Les IRANIENS sont fiers d'avoir le Monde entier avec eux.
Nos valeurs sont communes. Elles sont universelles. Respect de l'homme et de sa Dignité, Respect des Diversités, Progrès et Amour de la Vie.
Personne ne pourra plus nous dévier de notre chemin. Personne ne pourra plus tracer notre destin.
Ce Samedi 25 Juillet 2009, montrez aux criminels de Téhéran que l'heure du changement est arrivée. Que le Monde les désapprouve. Qu'il ne tolère plus cette dictature religieuse d'un autre âge.
Venez vous joindre à nous dans cette lutte historique. Venez célébrer la LIBERTÉ et la DÉMOCRATIE!
Les manifestions à travers le monde
http://united4iran.org/
http://united4iran.org/locations
Témoignage émouvant de la mère de Sohrab Aarabi (Première Partie)
Texte disponible en Français et en Anglais (voir ci-dessous)
Text available in French and English (see below)
Version Française (Première Partie)
Témoignage émouvant de la mère de Sohrab Aarabi devant le Conseil Municipal de la Ville de Téhéran
Je salue nos amis et le Conseil Municipal de Téhéran. Si on nous considère comme des citoyens, nous avons vraiment beaucoup de choses à dire qui sont restées sur le cœur.
J’ai perdu de vue mon fils le lundi 25 Khordad (15 Juin) lors de la manifestation pacifique qui était organisée pour protester contre l’élection, et à laquelle participaient au moins 3 millions de personnes. J’ai perdu mon fils. Et comme les téléphones portables étaient coupés, j’ai beaucoup cherché. Je l’ai appelé plusieurs fois, je suis partie à sa recherche sur la Place Azadi (Place Liberté) qui est proche de notre domicile. Les scènes étaient tellement atroces que je ne peux pas vous les décrire. Ils utilisaient tellement de gaz lacrymogènes et l’atmosphère là-bas ressemblait tellement à une guerre que depuis j’ai du mal à respirer. Je n’ai pas trouvé mon fils. Je suis donc rentrée chez moi et avec mes enfants et les autres membres de ma famille, nous sommes allées à la recherche de Sohrab dans tous les hôpitaux, tous les commissariats. Nous n’avons rien trouvé. Cet enfant n’avait pas sa carte d’identité sur lui. Il avait un peu d’argent sur lui et m’avait dit qu’il achèterait un peu de pistache sur l’Avenue Enghelaab (Révolution). Il avait 19 ans et préparait ses examens d’entrée à l’université. Il était le fils d’un enseignant qui est décédé des suites d’une tumeur cérébrale et dont la maladie avait duré 4 ans. Pendant 2 ans, son père était alité et ne pouvait se nourrir seul. On était obligés de le nourrir avec une sonde. Pendant tout ce temps, cet enfant m’a toujours accompagnée pour aider son père.
Le lendemain de la manifestation j’ai appelé le 110 et on m’a dit d’aller au commissariat du quartier. J’y suis donc allée pour faire une déclaration. Ensuite, nous nous sommes rendus à plusieurs reprises aux renseignements de Shahpour, au tribunal, puis à nouveau aux renseignements et ainsi de suite. On commençait à nous envoyer d’un endroit à un autre. Et pendant tout ce temps, les gens me disaient : "Soyez certaine, il a certainement été arrêté, vu le climat de l’insécurité". Personne n’osait me dire qu’il pouvait très bien être tué ou blessé aussi, même si je continuais mes propres recherches. Ils avaient annoncé 7 martyrs. Cette semaine là, 5 étaient identifiés et 2, qui étaient apparemment plus âgés, n’étaient pas encore identifiés. Mes enfants sont allés vérifier les identités des 5 premiers martyrs et m’ont dit qu’heureusement Sohrab n’était pas parmi eux. Nous étions un peu soulagés et on se disait que ce gamin était certainement soit arrêté soit blessé. Mais il n’était pas parmi les blessés non plus. On avait cherché partout et vérifié dans tous les hôpitaux. Même si certains hôpitaux ne répondaient pas correctement. D’autres répondaient mieux.
Ensuite je me suis rendue au Tribunal Révolutionnaire pour continuer ma recherche. Là-bas, on n’arrêtait pas de me dire : "Attendez que le nom de votre fils soit dans liste. Rentrez chez vous". Je répondais: "Je suis une mère et je ne peux rentrer et m’asseoir chez moi". Seules les mères peuvent comprendre cela. Je ne pouvais même pas manger. Même maintenant je ne peux pas manger. Comme si ma gorge me serrait. Je ne pouvais que boire des liquides. Je me rendais donc successivement à la prison d’Evine, au Tribunal Révolutionnaire, à la Police et à tous les autres endroits que vous pourriez imaginer. Si je devais raconter toutes ces démarches, il me faudrait écrire un livre. Pour le jour des examens d’entrée à l’université, ils ont déclaré eux-mêmes, c'est-à-dire un employé de la prison d’Evine qui nous a réunis sur la parking de la prison pour nous dire que les familles de ceux dont les noms ne figuraient pas sur la liste et ceux qui n’avaient pas pris de contact téléphonique devaient s’adresser au Tribunal Révolutionnaire. On nous disait : "Si vos enfants ont des examens à passer, ils seront libérés". Et j’ai moi-même vu qu’ils ont libéré 30 prisonniers pour cela. J’étais là-bas nuit et jour. Tout le monde avait fini par me connaître. On a déposé une caution, laissé la carte d’identité de mon frère. Ils m’ont envoyé 3 fax pour me dire que le nom de mon fils ne figurait pas sur la liste des prisonniers (la mère de Sohrab montre la photo de son fils). Ils nous disaient aussi que les sections spéciales de la prison ne fournissaient pas de listes. Je peux préciser les noms des gens qui ont donné ces informations, si nécessaire. Je distribuais à tout le monde des photos de mon fils, des copies de sa carte d’identité, de sa carte d’inscription aux examens. Tous ces efforts n’ont abouti à rien. J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir.
_________________________________
English Version (First Part)
Sohrab’s mother gives a moving testimony/account to Tehran City Council
I greet our friends and the Tehran City Council. If we’re considered here as citizens, we have much to say that weighs heavy on our hearts.
I lost my son on Monday 25 Khordad (15 June) during the peaceful demonstration organised to protest against the election and attended by least 3 million people. I lost my son. And as mobile phones were cut, I searched all around. I called him several times, and went looking for him at Azadi Square (Liberty Square), which is not far from our home. The scenes I saw were so dreadful that I can’t describe them to you. They were using so much tear gas and the atmosphere there was so like war that since then I’ve had breathing problems. I didn’t find my son. So I went home and, with my children and other members of my family, we went looking for Sohrab in all the hospitals, all the police stations. We found nothing. This youngster didn’t have his identity card on him. He only had a little money on him and he’d told me he was going to buy some pistachios on Enghelaab (Revolution) Avenue.
He was 19 years old and studying for his university entrance exams. He was the son of a teacher who died from a brain tumour and who had been ill for 4 years. His father had been bedridden for 2 years and couldn’t feed himself. We had to feed him with a tube. For all that time, this child always helped me to take care of his father.
The day after the demonstration, I called 110 and was told to go to the local police station. So I went to give a statement. Next, we went several times to the Shahpour branch of the intelligence services, to the Tribunal, then back to Shahpour, back and forth… They began to send us from one place to another. And all this time, people were telling me: "You can be sure he’s been arrested." Given the climate of insecurity, no one dared tell me that he also might well have been killed or injured, even though I continued to search on my own. They announced 7 martyrs. That week, 5 were identified and 2, who were apparently older, had not been identified. My children went to check the identities of the first 5 martyrs and told me that fortunately Sohrab was not among them. We felt a little relieved and told ourselves that the child had certainly been arrested or injured. But he wasn’t among the injured either. We searched everywhere and checked all the hospitals. Although certain hospitals didn’t give any reply at all, others did.
Then I went to the Revolutionary Tribunal to continue my search. There, they kept telling me: "Wait till your son’s name appears on the list. Go home". I replied: "I’m a mother and I can’t go back home and just sit." Only mothers can understand that. I couldn’t even eat. Even now I still can’t eat. It’s as if I had a lump in my throat. I could only drink. So I went repeatedly to Evin prison, to the Revolutionary Tribunal, to the police and all the other places imaginable. If I had to describe all these proceeding, I would have to write a book. For the university entrance exams, they themselves announced, that’s to say an Evin prison employee who gathered us all together on the prison’s car park, that the families of those whose names were not on the list and those who hadn’t got in touch by phone had to contact the Revolutionary Tribunal. They told us: "If your children have exams to take, they will be released". And I myself saw that they freed 30 prisoners for that reason. I was there night and day. Everyone got to know me. We paid bail and left my brother’s identity card. They sent me 3 faxes to say my son’s name wasn’t on the list of prisoners (Sohrab’s mother shows her son’s photo). They also told us that the prison’s special sections did not issue lists. I can give the names of the people who gave this information, if need be. I distributed to everyone photos of my son, copies of his identity card, his exam registration card. All these efforts came to nothing. I did everything that was within my power.
Text available in French and English (see below)
Version Française (Première Partie)
Témoignage émouvant de la mère de Sohrab Aarabi devant le Conseil Municipal de la Ville de Téhéran
Je salue nos amis et le Conseil Municipal de Téhéran. Si on nous considère comme des citoyens, nous avons vraiment beaucoup de choses à dire qui sont restées sur le cœur.
J’ai perdu de vue mon fils le lundi 25 Khordad (15 Juin) lors de la manifestation pacifique qui était organisée pour protester contre l’élection, et à laquelle participaient au moins 3 millions de personnes. J’ai perdu mon fils. Et comme les téléphones portables étaient coupés, j’ai beaucoup cherché. Je l’ai appelé plusieurs fois, je suis partie à sa recherche sur la Place Azadi (Place Liberté) qui est proche de notre domicile. Les scènes étaient tellement atroces que je ne peux pas vous les décrire. Ils utilisaient tellement de gaz lacrymogènes et l’atmosphère là-bas ressemblait tellement à une guerre que depuis j’ai du mal à respirer. Je n’ai pas trouvé mon fils. Je suis donc rentrée chez moi et avec mes enfants et les autres membres de ma famille, nous sommes allées à la recherche de Sohrab dans tous les hôpitaux, tous les commissariats. Nous n’avons rien trouvé. Cet enfant n’avait pas sa carte d’identité sur lui. Il avait un peu d’argent sur lui et m’avait dit qu’il achèterait un peu de pistache sur l’Avenue Enghelaab (Révolution). Il avait 19 ans et préparait ses examens d’entrée à l’université. Il était le fils d’un enseignant qui est décédé des suites d’une tumeur cérébrale et dont la maladie avait duré 4 ans. Pendant 2 ans, son père était alité et ne pouvait se nourrir seul. On était obligés de le nourrir avec une sonde. Pendant tout ce temps, cet enfant m’a toujours accompagnée pour aider son père.
Le lendemain de la manifestation j’ai appelé le 110 et on m’a dit d’aller au commissariat du quartier. J’y suis donc allée pour faire une déclaration. Ensuite, nous nous sommes rendus à plusieurs reprises aux renseignements de Shahpour, au tribunal, puis à nouveau aux renseignements et ainsi de suite. On commençait à nous envoyer d’un endroit à un autre. Et pendant tout ce temps, les gens me disaient : "Soyez certaine, il a certainement été arrêté, vu le climat de l’insécurité". Personne n’osait me dire qu’il pouvait très bien être tué ou blessé aussi, même si je continuais mes propres recherches. Ils avaient annoncé 7 martyrs. Cette semaine là, 5 étaient identifiés et 2, qui étaient apparemment plus âgés, n’étaient pas encore identifiés. Mes enfants sont allés vérifier les identités des 5 premiers martyrs et m’ont dit qu’heureusement Sohrab n’était pas parmi eux. Nous étions un peu soulagés et on se disait que ce gamin était certainement soit arrêté soit blessé. Mais il n’était pas parmi les blessés non plus. On avait cherché partout et vérifié dans tous les hôpitaux. Même si certains hôpitaux ne répondaient pas correctement. D’autres répondaient mieux.
Ensuite je me suis rendue au Tribunal Révolutionnaire pour continuer ma recherche. Là-bas, on n’arrêtait pas de me dire : "Attendez que le nom de votre fils soit dans liste. Rentrez chez vous". Je répondais: "Je suis une mère et je ne peux rentrer et m’asseoir chez moi". Seules les mères peuvent comprendre cela. Je ne pouvais même pas manger. Même maintenant je ne peux pas manger. Comme si ma gorge me serrait. Je ne pouvais que boire des liquides. Je me rendais donc successivement à la prison d’Evine, au Tribunal Révolutionnaire, à la Police et à tous les autres endroits que vous pourriez imaginer. Si je devais raconter toutes ces démarches, il me faudrait écrire un livre. Pour le jour des examens d’entrée à l’université, ils ont déclaré eux-mêmes, c'est-à-dire un employé de la prison d’Evine qui nous a réunis sur la parking de la prison pour nous dire que les familles de ceux dont les noms ne figuraient pas sur la liste et ceux qui n’avaient pas pris de contact téléphonique devaient s’adresser au Tribunal Révolutionnaire. On nous disait : "Si vos enfants ont des examens à passer, ils seront libérés". Et j’ai moi-même vu qu’ils ont libéré 30 prisonniers pour cela. J’étais là-bas nuit et jour. Tout le monde avait fini par me connaître. On a déposé une caution, laissé la carte d’identité de mon frère. Ils m’ont envoyé 3 fax pour me dire que le nom de mon fils ne figurait pas sur la liste des prisonniers (la mère de Sohrab montre la photo de son fils). Ils nous disaient aussi que les sections spéciales de la prison ne fournissaient pas de listes. Je peux préciser les noms des gens qui ont donné ces informations, si nécessaire. Je distribuais à tout le monde des photos de mon fils, des copies de sa carte d’identité, de sa carte d’inscription aux examens. Tous ces efforts n’ont abouti à rien. J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir.
_________________________________
English Version (First Part)
Sohrab’s mother gives a moving testimony/account to Tehran City Council
I greet our friends and the Tehran City Council. If we’re considered here as citizens, we have much to say that weighs heavy on our hearts.
I lost my son on Monday 25 Khordad (15 June) during the peaceful demonstration organised to protest against the election and attended by least 3 million people. I lost my son. And as mobile phones were cut, I searched all around. I called him several times, and went looking for him at Azadi Square (Liberty Square), which is not far from our home. The scenes I saw were so dreadful that I can’t describe them to you. They were using so much tear gas and the atmosphere there was so like war that since then I’ve had breathing problems. I didn’t find my son. So I went home and, with my children and other members of my family, we went looking for Sohrab in all the hospitals, all the police stations. We found nothing. This youngster didn’t have his identity card on him. He only had a little money on him and he’d told me he was going to buy some pistachios on Enghelaab (Revolution) Avenue.
He was 19 years old and studying for his university entrance exams. He was the son of a teacher who died from a brain tumour and who had been ill for 4 years. His father had been bedridden for 2 years and couldn’t feed himself. We had to feed him with a tube. For all that time, this child always helped me to take care of his father.
The day after the demonstration, I called 110 and was told to go to the local police station. So I went to give a statement. Next, we went several times to the Shahpour branch of the intelligence services, to the Tribunal, then back to Shahpour, back and forth… They began to send us from one place to another. And all this time, people were telling me: "You can be sure he’s been arrested." Given the climate of insecurity, no one dared tell me that he also might well have been killed or injured, even though I continued to search on my own. They announced 7 martyrs. That week, 5 were identified and 2, who were apparently older, had not been identified. My children went to check the identities of the first 5 martyrs and told me that fortunately Sohrab was not among them. We felt a little relieved and told ourselves that the child had certainly been arrested or injured. But he wasn’t among the injured either. We searched everywhere and checked all the hospitals. Although certain hospitals didn’t give any reply at all, others did.
Then I went to the Revolutionary Tribunal to continue my search. There, they kept telling me: "Wait till your son’s name appears on the list. Go home". I replied: "I’m a mother and I can’t go back home and just sit." Only mothers can understand that. I couldn’t even eat. Even now I still can’t eat. It’s as if I had a lump in my throat. I could only drink. So I went repeatedly to Evin prison, to the Revolutionary Tribunal, to the police and all the other places imaginable. If I had to describe all these proceeding, I would have to write a book. For the university entrance exams, they themselves announced, that’s to say an Evin prison employee who gathered us all together on the prison’s car park, that the families of those whose names were not on the list and those who hadn’t got in touch by phone had to contact the Revolutionary Tribunal. They told us: "If your children have exams to take, they will be released". And I myself saw that they freed 30 prisoners for that reason. I was there night and day. Everyone got to know me. We paid bail and left my brother’s identity card. They sent me 3 faxes to say my son’s name wasn’t on the list of prisoners (Sohrab’s mother shows her son’s photo). They also told us that the prison’s special sections did not issue lists. I can give the names of the people who gave this information, if need be. I distributed to everyone photos of my son, copies of his identity card, his exam registration card. All these efforts came to nothing. I did everything that was within my power.
Inscription à :
Articles (Atom)