Tout ça, pour ça ?
Hier, le président "élu" de la "République" Islamique d’Iran a remercié en un seul jour deux ministres clés de son gouvernement! Ainsi, à peine quelques semaines après son inoubliable "réélection" et à quelques jours seulement de son inauguration, il a réalisé l’exploit inouï d’ouvrir un nouveau front de contestation enflammée contre sa personne, en s’opposant cette fois à son propre camp, celui du Guide Khamenei et des ultra-conservateurs! Un camp qui lui a voué une fidélité sans faille pendant son premier mandat, un camp qui a voulu le maintenir au pouvoir coûte que coûte contre la volonté du peuple, un camp qui a approuvé et orchestré la fraude électorale massive et n’a pas hésité à recourir à la force pour réprimer les revendications légitimes du peuple iranien dans le sang.
Les protagonistes de ce camp des ténèbres doivent se demander aujourd’hui "mais à quoi bon tous ces efforts et ces prises de risques existentielles pour le régime pour avoir à soutenir en fin de compte un président littéralement détesté et polarisateur à l’extrême, même au sein de son propre camp"?
Pour contrer la révolte populaire la plus importante que la République Islamique ait connue depuis 30 ans, le camp ultra-conservateur aurait certainement souhaité un leader plus consensuel et un front plus uni. Mais à présent, le clivage et la haine entre les différentes factions conservatrices au sommet de l’Etat sont tels que c’est bien tout l’édifice de la République Islamique qui est sur le point de s’écrouler.
A quoi joue Mahmoud Ahmadinejad?
Qu’ils soient forcés de démissionner ou qu’ils soient partis de leur plein gré en courant, ces ministres ont été néanmoins des figures emblématiques de l’ultra-conservatisme du premier gouvernement Ahmadinejad. Très proches du Guide Khamenei, ils ont été écartés suite à leur opposition farouche au choix d’Ahmadinejad pour le poste du premier vice président en la personne d’Esfandiar Rahim Mashaei.
Le Ministre des Renseignements et de la Sécurité, le terrible Gholamhossein Mohseni-Ejei, le boucher de Téhéran, a été forcé à la démission après une altercation verbale avec Ahmadinejad lors du conseil des ministres du mercredi 22 Juillet. Il est important de noter que ce poste de ministre doit être occupé, d’après la Constitution, par un religieux et que le choix du ministre fait partie des prérogatives du Guide Khamenei.
Le Ministre de la Culture et de l'Orientation Islamique, Mohammad-Hossein Saffar-Harandi a présenté sa démission dans une lettre explosive rendue publique le Dimanche 26 Juillet, dans laquelle il précisait que sa décision, avec effet immédiat, faisait suite aux instructions "verbales" d’Ahmadinejad précisant qu’il était "viré".
Les décisions d’Ahmadinejad ont immédiatement entraîné une levée de boucliers de la part des députés ultra-conservateurs qui lui ont immédiatement rappelé que la Constitution exigeait un vote de confiance si le remaniement devait concerner plus de la moitié des ministres (sur toute la période de la 9ème présidence, ce serait effectivement le cas avec ces 2 nouveaux départs). Sous le feu des critiques et pour la deuxième fois en une semaine, Ahmadinejad semble faire marche arrière. Certains ministres remerciés pourraient revenir par miracle, d’autres "démissions" pourraient ne pas être acceptées, etc.
Véritablement humilié dans l’histoire de nomination d’Esfandiar Rahim Mashaei au poste du premier vice président, Ahmadinejad a voulu faire une démonstration de force en renvoyant les ministres contestataires pour dire qu’il existait toujours politiquement. Il vient aussi de renommer Rahim Mashaei au poste sensible du directeur de cabinet de la présidence.
Même si les tractations internes et les ordres de Khamenei parviennent à recoller les morceaux pour sauver l’apparence, cette cacophonie laissera très certainement des traces. Ahmadinejad semble être dans une position de plus en plus intenable. Même s’il est effectivement proclamé président dans quelques jours, il lui sera extrêmement difficile de gouverner.
La Marée Verte lui promet d'ores et déjà une "célébration" grandiose pour sa "fête" d’inauguration. Plusieurs appels à manifestation ont été lancés pour rappeler au monde entier que ce président et son gouvernement sont illégitimes car issus d’élections frauduleuses. Nous y reviendrons sur ce blog.
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