vendredi 24 juillet 2009

Témoignage émouvant de la mère de Sohrab Aarabi (Deuxième Partie)

Texte disponible en Français et en Anglais (voir ci-dessous)
Text available in French and English (see below)

Sur ce simple témoignage, dans un pays normal, tout le gouvernement serait poursuivi et jugé. Pas dans la République Islamique d'Iran.

Nous traduisons les propos inoubliables de la mère de Sohrab Aarabi en Français et en Anglais. Elle décrit les circonstances de la mort de son fils. C'est une charge puissante, à portée historique, contre l'empire du Mal, celui de Khamenei et d'Ahmadinejad.



La première partie de ce témoignage est traduite ici (également en Français et en Anglais).

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Version Française (Deuxième Partie)

Témoignage émouvant de la mère de Sohrab devant le Conseil Municipal de la Ville de Téhéran (2ème partie)

J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir !

Personne ne m’avait donné la moindre réponse pendant tout ce temps. Jusqu’au 18 Tir (9 Juillet) où une personne m’a appelé en me conseillant de me rendre au Tribunal Révolutionnaire ("dadgah-e enghelaab"). Je me suis finalement rendue au Tribunal Révolutionnaire le samedi 20 Tir (11 Juillet). Là-bas, j’ai eu droit aux insultes et remontrances habituelles : "Pourquoi tu n’arrêtes pas de revenir ? … Il n’y a pas que ton fils… vas te coucher, te reposer, ces enfants n’ont aucun problème… Ils mangent, dorment, et vous les mères exagérez toujours sans raison". On m’a dit que ton fils était "phosphorique" (note du traducteur : à préciser, drogué ?), une autre fois : "Il avait donné une mauvaise identité". Voila comment le Tribunal Révolutionnaire s’adressait à moi. Beaucoup de mots et de choses que je ne peux même pas vous dire. J’aurais tout simplement honte à vous le dire !

On m’a dit de revenir samedi pour suivre ses traces grâce à son téléphone portable, pour me dire où il avait été. Finalement, samedi, une fois sur place, j’ai demandé s’ils avaient enfin des informations sur mon fils, qui n’avait même pas appelé depuis 25-26 jours. Je me suis même rendue au bureau du Procureur Général de Téhéran Said Mortazavi. C’est son directeur de cabinet qui m’a reçue et m’a assuré que mon fils était à la prison d’Evine. Tous les responsables m’ont affirmé qu’il était à Evine. Même s’il n’est pas dans les sections habituelles de la prison, il ne pouvait être que dans les sections pour prisonniers spéciaux. Et alors que l’on m’explique pourquoi il a été tué !

Une personne m’a dit que les photos que j’avais fournies avaient été utilisées. Elle m’a montré la carte nationale d’identité de mon fils et m’a dit de revenir le lendemain pour la réponse. Mais entre temps, les services de renseignements avaient essayé de me joindre à la maison. Je m’y suis donc rendue, aux renseignements de Shahpour. Là-bas, je n’avais même pas le courage de voir les photos des autres enfants. Un responsable du service m’a proposé de faire la recherche pour nous mais a aussi précisé que pour l’identification, cela devrait être fait par une personne de la famille. Mon deuxième fils qui est un garçon très faible physiquement, qui est étudiant, est finalement allé pour voir les photos et a bien identifié la photo de mon fils qui ne montrait que son visage.

J’ai vu que mon fils était en retard et je m’inquiétais. Je suis donc sortie trouver mon second fils, Siamak. Quand j’ai vu qu’il n’était pas là, je me suis dit qu’il s’était certainement passé quelque chose de mauvais. Je me demandais si on ne l’avait pas arrêté lui aussi ! En fait, mon fils avait identifié son frère et pour qu’il ne soit pas confronté à moi, il s’était caché (la mère de Sohrab commence à pleurer, c’est extrêmement émouvant). Mon fils ne pouvait pas me dire qu’on avait assassiné son frère. Il se sentait si mal, il était si choqué, un visage pâle, très nerveux, il ne pouvait pas parler. Je l’ai enfin trouvé, lui ai demandé : Siamak, je vois quelque chose dans tes yeux. Il s’est passé quelque chose, dis le moi . Il n’a pas pu résister et m’a dit finalement : "Maman, Sohrab est mort". J’ai demandé pourquoi, quand, où ?

(S’adressant à la salle) Je ne peux pas vous décrire tout ce que nous avons enduré ce jour là. Je vous en prie ! Je veux juste savoir pourquoi mon fils est mort ! Pourquoi ? Pour son vote ? Pour sa contestation (la mère de Sohrab pleure de plus en plus)? Quelque soit la raison, un gamin de 19 ans, qui devait passer ses examens d’entrée à l’université, et dont aucun de ses rêves ne s’était vraiment encore réalisé, a été tué sur ordre de qui ? Par qui ? Pour quelle raison ? Je vous demande, je demande au Conseil Municipal, mais que demandait ce garçon au gouvernement ? Que demandait-il à son pays ? A part la tranquillité et la liberté de penser ? A part le droit de voter pour quelqu’un et de savoir si ce vote était bien pris en considération. Seulement pour le fait qu’il était un sympathisant de Monsieur Mousavi?

(La mère de Sohrab montre la photo de Sohrab sur une brochure au Conseil Municipal) Il doit mourir pour cela ? Mais pour quel crime ? Pour quel délit ?

Mon fils était jeune, il n’avait que 19 ans. Il n’était qu’au début de sa jeunesse. Il n’avait réalisé aucun de ses rêves. Je vous jure, je prie nuit et jour pour que cette tyrannie cesse.

Je suis désolée, je monopolise tout votre temps. Pardon Monsieur.

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English Version (Second Part)

Sohrab’s mother gives a moving testimony/account to Tehran City Council

I have done everything within my power

Nobody gave me the slightest answer during all that time. Until 18 Tir (9 July) when someone called me and advised me to go to the Revolutionary Tribunal (dadgah-e enghelaab). I finally went to the Revolutionary Tribunal on Saturday 20 Tir (11 July). There, I was subject to the usual insults and reprimands: “Why do you keep coming back?... Your son isn’t the only one… Go to bed, get some rest, these kids have no problem. They eat, sleep, and you mothers are blowing things out of proportion for no reason.” I was told: “Your son is ‘phosphoric’“(translator’s note: on drugs?). Another time they said: “He gave a false identity.” That’s how I was spoken to at the Tribunal. A lot of words and things that I can’t even repeat. I would be just too ashamed to tell you.

I was told to come back on Saturday to trace him via his cell phone, so they could tell me where he was. Finally, on Saturday, once I got there, I asked if they had managed to get information about my son, who hadn’t even called for some 25-26 days. I went personally to the office of the Teheran prosecutor general, Said Mortazavi. I was received by his office director, who assured me that my son was in Evin prison. All those in charge confirmed to me that he was in Evin. Even if he’s not in the normal sections of the prison, he could only be in the sections for special prisoners. So someone tell me then why he was killed?

A person told me that the photos that I had provided had been used. He showed me my son’s national identity card and told me to come back to the prison the following day for an answer. But meanwhile, the intelligence services had tried to contact me at home. So I went there, to the Shahpour branch. There, I didn’t even have the courage to look at the photos of the other youngsters. Someone in charge there offered to pursue the search on our behalf, but also added that one of us would have to identify him. My second son, who is physically frail, who is a student, finally went to see the photos and was able to identify the photo of my son, which showed only his face.

I realised my son was late and started to worry. So I left home to look for my second son, Siamak. When I saw that he wasn’t there, I said to myself that certainly something bad had happened. I wondered if they hadn’t arrested him too! In fact, my son had identified his brother and hidden so as to avoid facing me. (Sohrab’s mother begins to cry) My son couldn’t bring himself to tell me that they had murdered his brother. He felt so bad, so shocked, his face pale, very tense, he couldn’t speak. I finally found him and asked him: “Siamak, I can see something in your eyes. Something has happened, tell me!” He couldn’t hold it back and finally said: “Mother, Sohrab is dead.” I asked why, when, where?

(addresses the City Hall audience) I can’t describe to you what happened that day for us. I beg you! I just want to know why my son died? Why? For his vote? For his protest? (Sohrab’s mother is crying more and more) For whatever reason, a 19-year-old kid, who was going to sit his university entrance exams, and who had not yet fulfilled any of his dreams, was killed on whose orders? By who? For what reason? I’m asking you, I’m asking the City Council, just what was the boy asking the government for? What was he asking his country for? Apart from peace of mind and the freedom of thought? Apart from the right to vote for someone and know that this vote had really been taken into account? Simply because he was a supporter of Mr Mousavi (Sohrab’s mother shows Sohrab’s photo on a City Council brochure)? Did he deserve to die for that? For what crime? For what offence?

My son was young, he was only 19. He was just about to begin life as a young man. He hadn’t fulfilled any of his dreams. I swear to you, I pray night and day for this tyranny to cease.

I apologise, I’m monopolising all your time. Excuse me, Sir.

4 commentaires:

  1. Why didn't you translate the part 1 of 2?

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  2. Thanks for cooperation.
    Leave me a private message on youtube when you finished translating. I can add your translation as subtitle of the video, if you permit.

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  3. sure. please feel free to copy the content from these pages. send email to this blog if you need more info.

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